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Chris Cattle; Barry Kay
Chaque élection donne lieu à moult débats parmi les sondeurs, les universitaires
et les élus à propos de lexactitude des sondages préélectoraux. Lun des
outils danalyse auxquels les universitaires se sont peu intéressés jusquici
est limpact du vote par anticipation. En 2004, le scrutin anticipé sest
tenu les 18, 19 et 21 juin et lélection générale, le 28 juin. Lopinion
publique a-t-elle changé radicalement pendant les derniers jours de la
campagne? Le présent article tente de répondre à deux questions : le choix
des électeurs qui votent par anticipation est-il représentatif de celui
de lensemble de lélectorat canadien au moment où il est exprimé? Le choix
des électeurs qui ont voté par anticipation en 2004 se démarquait-il suffisamment
de celui du reste des électeurs qui ont voté le jour de lélection générale
pour laisser croire à un revirement radical durant les derniers jours de
la campagne?
Personne
sans doute na été plus surpris des résultats de lélection fédérale
du 28 juin 2004 au Canada que les nombreuses maisons de sondage qui avaient
été régulièrement consultées tout au long de la campagne. Lopinion publique
navait pourtant pas été un modèle de stabilité. Au contraire, presque
toute la campagne électorale a pris des allures de course en dents de scie.
En Ontario, par exemple, où les résultats du vote sont généralement déterminants,
les résultats combinés et pondérés des sondages montrent que les libéraux,
qui devançaient les conservateurs de 23 % dans les intentions de vote avant
le 15 mai, cest-à-dire une semaine avant le déclenchement des élections,
tiraient de larrière par 2 % cinq semaines plus tard, soit le 18 juin, mais
ont ensuite rebondi et dominé le scrutin de 13 % le soir de lélection1.
La surprise des spécialistes des sondages sexplique plutôt par le fait
que la série de sondages publiés dans la semaine qui a précédé lélection
témoignait dune remarquable constance des intentions de vote. Le tableau 1
fait état des résultats de sept sondages distincts publiés par six maisons
de sondage différentes au cours de la dernière semaine de la campagne.
Ces résultats se fondent sur des entrevues menées entre le 17 et le 24 juin.
Lécart entre ces chiffres et les résultats de lélection a été par la
suite abondamment commenté dans les journaux par des journalistes sceptiques
qui nen revenaient de voir comment les sondeurs sétaient trompés2. Si
les sondeurs ne sont effectivement pas à labri de lerreur, il y a dautres
facteurs à considérer pour expliquer lécart entre les résultats des derniers
sondages et lissue du scrutin de 2004. Lincidence de ces facteurs a dû
être particulièrement déterminante, si lon en juge par lexactitude des
résultats des sondages de fin de campagne réalisés lors dautres scrutins
fédéraux récents3.
L’autre hypothèse la plus plausible qui peut être avancée pour expliquer
l’erreur des sondeurs réside dans la possibilité d’une volte-face tardive de
l’opinion publique, dans certaines régions du pays du moins, après la série de
sondages préélectoraux réalisée avant le 24 juin.
Les données recueillies par deux maisons de sondage qui ont continué à
prendre le pouls de lélectorat après la publication des résultats de la
dernière série de sondages préélectoraux fournissent des pistes. La veille
de lélection, cest-à-dire le dimanche 27 juin, Ipsos-Reid faisait état
dune poussée des libéraux en Ontario denviron 15 % par rapport aux jours
précédents4. Bien que fondée sur un échantillon relativement modeste, cette
observation était bel et bien annonciatrice des conclusions dun sondage
mené par Compas le jour de lélection pour le compte de Global Television5.
Lenquête effectuée le jour de lélection a été réalisée auprès dun échantillon
de 1 200 personnes. Ce qui étonne le plus dans ses résultats, cest de constater
que 21,8 % des répondants affirment avoir décidé le jour de lélection pour
qui ils allaient voter. Ces données, qui sont présentées au tableau 2, montrent
aussi quau-delà de 40 % des personnes interrogées ont arrêté leur choix
pendant la dernière semaine de la campagne et que, parmi ce groupe, 45 %
ont voté en faveur des libéraux6. À partir des statistiques, on peut déduire
que, parmi les électeurs interrogés qui ont pris leur décision avant la
dernière semaine, seulement 31 % ont voté en faveur des libéraux. Il semble
bien que la sous-estimation du vote libéral dans les résultats des sondages
résumés au tableau 1 sexpliquerait par lampleur incroyable de cette prise
de position tardive en faveur des libéraux. Lessentiel des changements
se sont produits une fois que les sondeurs ont eu terminé leur travail.
Résultats du vote par anticipation
Lautre façon daborder cette question consiste à analyser les résultats
du vote par anticipation. Parce que cest une technique de recherche rarement
utilisée, lévaluation de lincidence du vote par anticipation doit se
faire avec circonspection. Ce nest pas parce quun groupe de citoyens
choisit de voter une semaine ou plus avant la date de lélection générale
quil faut nécessairement voir dans leur choix un indice fidèle de létat
de lopinion publique à ce moment précis. Il est tout à fait possible que
les électeurs qui votent par anticipation se distinguent systématiquement
du reste de lélectorat et que toute tentative pour établir leur représentativité
soit vouée à léchec.
Il est permis de présumer quune partie des personnes qui votent par anticipation
le font parce quelles sattendent à être loin de leur lieu de résidence
ou à travailler dans un bureau de scrutin le jour de lélection ou parce
quelles sont handicapées et trouvent plus pratique de voter avant tout
le monde pour éviter la cohue. Reste à savoir si leurs préférences partisanes
et celles des autres électeurs qui préfèrent voter avant tout le monde
sont très différentes de celles des autres Canadiens.
En fait, un nombre record dau-delà de 1 200 000 électeurs ont participé au
scrutin par anticipation de 2004, soit une augmentation de plus de 60 % par
rapport à lélection de 2000, où quelque 750 000 électeurs avaient voté par
anticipation. Le fait que lélection générale coïncidait avec le début
des vacances scolaires a, sans aucun doute, contribué à cette affluence.
Il est difficile détablir une corrélation entre les facteurs démographiques
et la participation au vote par anticipation, mais, en 2004, lOntario a
été la région où cette participation a été la plus élevée et les Prairies,
celle où elle a été la plus faible. Nulle part, toutefois, lécart na
varié de plus de 1,5 point de pourcentage par rapport à la moyenne nationale
de 9,2 %7. Il est intéressant de noter que les trois circonscriptions où
le taux de participation au scrutin anticipé a été le plus élevé se trouvent
toutes dans la région dOttawa, avec Nepean-Carleton en tête de lice.
Tableau 1
Résultats des sondages publiés pendant la
dernière semaine de la
campagne 2004
|
|
Lib.
|
Cons.
|
NDP
|
BQ
|
Léger 21-24 juin
|
33
|
32
|
17
|
12
|
Ekos 21-24 juin
|
33
|
32
|
19
|
11
|
SES 20-24 juin
|
34
|
30
|
20
|
12
|
Compas 22-23 juin
|
34
|
33
|
15
|
13
|
Ipsos-Reid 21-23 juin
|
32
|
31
|
17
|
12
|
Environics 17-22 juin
|
33
|
33
|
18
|
11
|
Ipsos-Reid 18-20 juin
|
34
|
28
|
16
|
13
|
Résultats du scrutin
|
36,7
|
29,6
|
15,7
|
12,4
|
|
Tableau 2
Moment du choix électoral final
|
Moment du choix
|
Fréquence
|
%
|
% cumulatif
|
Jour de lélection
|
262
|
21,8
|
21,8
|
Veille de lélection
|
55
|
4,6
|
26,4
|
Semaine précédente
|
168
|
14,0
|
40,4
|
1 à 4 semaines avant lélection
|
276
|
23,0
|
63,4
|
1 à 6 mois avant lélection
|
146
|
12,2
|
75,6
|
Plus de 6 mois avnt lélection
|
169
|
14,1
|
89,7
|
Ne sait pas
|
113
|
9,5
|
99,1
|
Refus de répondre
|
11
|
0,9
|
100,0
|
|
En raison du peu de recherches consacrées aux scrutins anticipés, on connaît
très mal les facteurs qui incitent les Canadiens à y participer et à voter
ainsi avant tout le monde.
La façon la plus simple dévaluer la valeur des scrutins par anticipation
comme expression de lopinion publique une semaine avant lélection générale
consiste à voir quel parti était en avance lors du scrutin anticipé dans
chacune des 308 circonscriptions fédérales. Vous trouverez cette information
au tableau 3, accompagnée de la variation en pourcentage par rapport aux
résultats définitifs de lélection générale pour chaque parti dans chacune
des régions du pays. Ce qui en ressort, cest que les conservateurs auraient
obtenu une pluralité simple de cinq sièges, comme le prévoyaient les projections
faites dans les derniers jours de la campagne concernant le nombre de sièges
de chaque parti. Ce résultat est surtout attribuable au succès remporté
par les conservateurs lors du scrutin par anticipation en Ontario (17 sièges
de plus) et en Colombie-Britannique (6 sièges de plus) et est représentatif
de lavance de 4,5 % des conservateurs à léchelle nationale une semaine
avant lélection. Même si cette avance était manifeste dans chacune des
provinces du pays, elle était plus marquée en C.-B. (7,0 % plus dappuis
lors du scrutin par anticipation) et en Ontario (où lécart en faveur des
conservateurs était de 6,2 %). Comme il fallait sy attendre, si les conservateurs
ont perdu du terrain entre le vote par anticipation et le jour de lélection,
la remontée des libéraux nété ni spectaculaire ni uniforme. À léchelle
nationale, les appuis aux libéraux ont progressé de 0,7 % le jour de lélection,
mais la performance du parti variait beaucoup dune région à lautre, sa
cote étant en hausse de 2,6 % en C.-B. et de 2,3 % en Ontario mais en baisse
de 3,1 % au Québec par rapport aux résultats du scrutin anticipé.
Tableau 3
Total des sièges remportés lors des scrutins par anticipation
et le jour de lélection avec les résultats du vote par région
lors des
élections de 2004, 2000, 1997 et 1993
|
|
Atlantique
|
Québec
|
Ontario
|
|
2004
|
2000
|
1997
|
1993
|
2004
|
2000
|
1997
|
1993
|
2004
|
2000
|
1997
|
1993
|
Parti libéral
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
22
|
21
|
15
|
31
|
25
|
55
|
49
|
28
|
59
|
96
|
97
|
99
|
Jour de lélection
|
22
|
19
|
11
|
31
|
21
|
36
|
26
|
19
|
75
|
100
|
101
|
98
|
Taux de variation
|
-0,7
|
-2,7
|
-2,9
|
0,3
|
-3,1
|
-7,7
|
-5,6
|
-3,0
|
2,3
|
-0,4
|
2,2
|
-0,3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Parti conservateur
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
7
|
9
|
15
|
1
|
0
|
1
|
5
|
5
|
41
|
0
|
4
|
0
|
Jour de lélection
|
7
|
9
|
13
|
1
|
0
|
1
|
5
|
1
|
24
|
0
|
1
|
0
|
Taux de variation
|
-3,5
|
1,1
|
-3,3
|
-4,7
|
-1,4
|
4,6
|
-0,1
|
-5,1
|
-6,2
|
1,1
|
-4,4
|
-3,0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Parti allianciste ou réformiste
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
s/o
|
0
|
0
|
0
|
s/o
|
0
|
0
|
0
|
s/o
|
5
|
0
|
0
|
Jour de lélection
|
s/o
|
0
|
0
|
0
|
s/o
|
0
|
0
|
0
|
s/o
|
2
|
0
|
1
|
Taux de variation
|
s/o
|
0,4
|
2,1
|
2,9
|
s/o
|
0,8
|
0,8
|
0
|
s/o
|
-2,2
|
1,8
|
1,8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Nouveau Parti démocratique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
3
|
2
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
6
|
1
|
1
|
0
|
Jour de lélection
|
3
|
4
|
8
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
7
|
1
|
0
|
0
|
Taux de variation
|
3,3
|
2,1
|
4,6
|
1,2
|
0,3
|
0,8
|
0,6
|
0,2
|
2,6
|
1,0
|
0,0
|
0,2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Bloc Québécois
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
-
|
-
|
-
|
-
|
50
|
19
|
21
|
41
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Jour de lélection
|
-
|
-
|
-
|
-
|
54
|
38
|
44
|
54
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Taux de variation
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2,7
|
0,9
|
5,0
|
8,3
|
-
|
-
|
-
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1
|
1
|
Jour de lélection
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
0
|
1
|
1
|
|
Tableau 3 (suite)
Total des sièges remportés lors des scrutins par anticipation
et le jour de lélection avec les résultats du vote par région
lors des
élections de 2004, 2000, 1997 et 1993
|
|
Prairies*
|
Alberta
|
Colombie-Britannique
|
Total
|
|
2004
|
2000
|
1997
|
1993
|
2004
|
2000
|
1997
|
1993
|
2004
|
2000
|
1997
|
1993
|
2004
|
2000
|
1997
|
1993
|
Parti libéral
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
6
|
9
|
10
|
21
|
0
|
2
|
2
|
4
|
6
|
6
|
5
|
5
|
118
|
189
|
178
|
188
|
Jour de lélection
|
7
|
10
|
9
|
19
|
2
|
2
|
2
|
4
|
8
|
5
|
6
|
6
|
135
|
172
|
155
|
177
|
Taux de variation
|
2,4
|
0,6
|
0,2
|
1,2
|
1,9
|
0,1
|
1,5
|
0,9
|
2,6
|
-0,5
|
-0,1
|
2,0
|
0,7
|
-2,4
|
-0,8
|
-0,4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Parti conservateur
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
19
|
1
|
1
|
0
|
28
|
0
|
0
|
0
|
28
|
0
|
0
|
0
|
123
|
11
|
25
|
6
|
Jour de lélection
|
20
|
1
|
1
|
0
|
26
|
1
|
0
|
0
|
22
|
0
|
0
|
0
|
99
|
12
|
20
|
2
|
Taux de variation
|
-3,8
|
1,4
|
-2,2
|
-2,8
|
-4,8
|
3,7
|
-2,3
|
-2,2
|
-7,0
|
1,5
|
2,5
|
-2,0
|
-4,5
|
1,3
|
-2,0
|
-3,5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Parti allianciste ou réformiste
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
s/o
|
14
|
7
|
3
|
s/o
|
24
|
24
|
22
|
s/o
|
27
|
26
|
25
|
na
|
70
|
57
|
50
|
Jour de léletion
|
s/o
|
14
|
11
|
5
|
s/o
|
23
|
24
|
22
|
s/o
|
27
|
25
|
24
|
na
|
66
|
60
|
52
|
Taux de variation
|
s/o
|
-2,0
|
2,7
|
2,1
|
s/o
|
-5,0
|
0,9
|
-0,8
|
s/o
|
-4,0
|
-2,1
|
-1,3
|
na
|
-1,6
|
1,3
|
1,2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Nouveau Parti démocratique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
6
|
7
|
13
|
7
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
3
|
2
|
16
|
11
|
19
|
9
|
Jour de lélection
|
4
|
6
|
10
|
7
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
2
|
3
|
2
|
19
|
13
|
21
|
9
|
Taux de variation
|
0,8
|
-0,3
|
-1,6
|
-1,3
|
1,4
|
1,0
|
1,4
|
0,5
|
3,3
|
1,3
|
-1,2
|
0,0
|
1,9
|
1,0
|
0,5
|
0,15
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Bloc Québécois
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Scrutin par anticipation
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
50
|
19
|
21
|
41
|
Jour de lélection
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
54
|
38
|
44
|
54
|
Taux de variation
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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Scrutin par anticipation
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-
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-
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-
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-
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-
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-
|
-
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-
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1
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-
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-
|
-
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1
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1
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1
|
1
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Jour de lélection
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-
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-
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-
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-
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-
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-
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-
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-
|
1
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-
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-
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-
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1
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0
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1
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1
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Si les données tendent à montrer un flottement des intentions de vote pendant
la dernière semaine de la campagne de 2004, il y a lieu de se demander
si le phénomène tient en fait à quelque particularité des électeurs qui
votent par anticipation. Quils aient choisi de voter avant les autres
en raison de limminence des vacances ou dun autre facteur, ces électeurs,
qui représentaient 9,2 % de lélectorat, étaient-ils plus enclins que les
autres à voter pour le Parti conservateur8? Il est impossible de laffirmer
avec certitude à partir de données agrégées, mais une comparaison avec
les élections précédentes permet de dégager une tendance historique en
ce sens.
Le tableau 3 fait aussi état du nombre total de sièges « remportés » lors
des scrutins par anticipation et du taux de variation du vote par région
pour chacune des trois élections fédérales précédentes jusquà celle de 1993,
année où la liste des partis en présence a commencé à être plus ou moins
la même quaujourdhui. On constate que les résultats du vote par anticipation
diffèrent toujours un peu de ceux du scrutin général, mais il est indéniable
que les libéraux du Québec font toujours meilleure figure lors des votes
par anticipation que lors des élections générales. Cette constatation vaut
pour toute la durée de la période observée, mais en particulier pour les
élections de 1997 et de 2000.
Daucuns pourraient même être tentés de conclure que, au Québec, proportionnellement
plus de libéraux votent par anticipation. Lécart entre les résultats a
été de 3,0 % en 1993, de 5,6 % en 1997, de 7,7 % en 2000 et de 3,1 % en 2004, doù
des écarts de 9, 23, 19 et 4 sièges respectivement entre les deux séries
de résultats. La seule autre constante observée dans les variations entre
les résultats des scrutins par anticipation et ceux des élections générales
dune région à lautre concerne le Parti réformiste/Alliance canadienne
et son successeur, le nouveau Parti conservateur unifié en Colombie-Britannique.
Les candidats de ce parti ont eux aussi obtenu plus de voix lors des scrutins
par anticipation, mais pas dans les mêmes proportions que les libéraux
du Québec et, mis à part lélection de 2004, cette différence na guère
influé sur le nombre de sièges du parti.
Un examen plus approfondi des résultats des élections de 1993 à 2004 permet
de constater des variations importantes du nombre des sièges de chaque
parti entre le vote par anticipation et le scrutin général, mais, abstraction
faite de lélection de 2004, celles-ci sont en grande partie attribuables
au Québec9. Si lon exclut le Québec, par exemple, il ny a jamais eu
de variation de plus de deux sièges en faveur des libéraux lors de lune
ou lautre des élections de 1993 à 2000. On remarque toutefois un autre changement
notable dans la répartition des sièges, lui aussi peut-être attribuable
à un revirement de dernière minute de lopinion publique. Certains se rappelleront
que lors de lélection de 1997, les néo-démocrates ont surpris tout le monde
en faisant un percée inattendue au Canada atlantique, et lécart noté par
rapport au scrutin par anticipation donne à penser que ce changement de
dernière minute avait lui aussi échappé en partie aux derniers sondages
préélectoraux.
Tableau 4
Pourcentage des voix recueillies par chaque parti, par région,
lors de lélection de 2004 : résultats de lélection,
du vote par anticipation
et des derniers sondages*
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|
Atlantique
|
Québec
|
Ontario
|
Prairies
|
Alberta
|
C.-B.
|
Total
|
Parti libéral
|
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|
|
|
|
Élection
|
43,8
|
33,9
|
44,7
|
30,4
|
22,0
|
28,0
|
36,7
|
Vote par anticipation
|
44,5
|
37,0
|
42,4
|
28,0
|
20,1
|
25,5
|
36,0
|
Sondages préélectoraux
|
41
|
28
|
39
|
30
|
22
|
29
|
33
|
Parti conservateur
|
|
|
|
|
|
|
|
Élection
|
30,1
|
8,8
|
31,5
|
40,4
|
61,6
|
36,2
|
29,6
|
Vote par anticipation
|
33,6
|
10,2
|
37,7
|
44,2
|
66,4
|
43,2
|
34,1
|
Sondages préélectoraux
|
32
|
10
|
34
|
39
|
57
|
41
|
32
|
Nouveau Parti démocratique
|
|
|
|
|
|
|
|
Élection
|
22,6
|
4,6
|
18,1
|
23,5
|
9,5
|
26,6
|
15,7
|
Vote par anticipation
|
19,1
|
4,3
|
15,5
|
22,7
|
8,1
|
22,7
|
13,8
|
Sondages préélectoraux
|
24
|
6
|
20
|
25
|
12
|
26
|
18
|
Bloc Québécois
|
|
|
|
|
|
|
|
Élection
|
-
|
48,8
|
-
|
-
|
-
|
-
|
12,4
|
Vote par anticipation
|
-
|
46,1
|
-
|
-
|
-
|
-
|
11,7
|
Sondages préélectoraux
|
-
|
50
|
-
|
-
|
-
|
-
|
12
|
* Les résultats des derniers sondages sont des chiffres approximatifs arrondis
au pourcentage le plus près.
|
Que nous apprennent les écarts régulièrement relevés entre les résultats
des votes par anticipation et ceux des scrutins généraux? Quatre élections
ne constituent peut-être pas un échantillon suffisant pour tirer des conclusions
probantes, mais mis à part lhabituelle propension des libéraux du Québec
à voter massivement lors des scrutins par anticipation, rien ne permet
daffirmer quil existe des preuves systématiques pour sinterroger sur
lutilisation du vote par anticipation en 2004 comme un indice de lopinion
publique une semaine avant la tenue de lélection. Les données tirées des
autres sources citées ainsi que les résultats des votes par anticipation
présentés ici semblent confirmer lhypothèse selon laquelle les décisions
de dernière minute et les changements de camp tardifs des électeurs expliquent
le revirement qui sest produit entre le moment où les derniers sondages
ont été effectués et le soir de lélection. Il convient de rappeler que
les dernières entrevues réalisées durant la dernière série de sondages
préélectoraux ont été menées le 24 juin, soit quatre jours avant lélection.
Un dernier ensemble de données, présenté au tableau 4, a toutefois été examiné.
Ces chiffres permettent de comparer les résultats des sept derniers sondages
préélectoraux, qui sont résumés au tableau 1, par région, au pourcentage
obtenu par chaque parti le soir de lélection et lors du vote par anticipation.
Il est difficile de dégager des tendances dune région à lautre et den
tirer des conclusions, mais les résultats pour lensemble du pays et les
chiffres pour lOntario montrent que les résultats pondérés et regroupés
des derniers sondages par région sapparentent de très près aux résultats
du vote par anticipation, qui sest tenu très peu de temps avant que les
répondants ne soient interrogés. Par exemple, au niveau national, les sondages
préélectoraux chiffraient lavance des libéraux sur les conservateurs à
1 % en moyenne, alors quelle a été de 1,9 % lors du vote par anticipation
et de 7,1 %, le soir de lélection. En Ontario, les sondages préélectoraux
donnaient les libéraux gagnants par 5 %; ils ont devancé les conservateurs
de 4,7 % lors du vote par anticipation, mais de 13,2 %, le soir de lélection.
Léchantillon combiné de ces sondages préélectoraux était constitué de
15 000 répondants à léchelle nationale, dont environ 5 000 répondants en Ontario,
mais les sous-échantillons régionaux étaient plus modestes, soit entre
1 000 et 1 500 répondants, si bien que lerreur déchantillonnage qui leur
est associée pourrait expliquer lirrégularité des tendances observées
ailleurs. Les données pour le Québec confirment, par contre, la tendance
largement observée des sondages à sous-estimer le nombre délecteurs dallégeance
libérale et fédéraliste10.
Sans vouloir tirer de conclusions trop hâtives à partir des chiffres peu
concluants reproduits au tableau 4, il reste que ces données confirment
les constatations faites précédemment. Globalement, on constate que les
résultats des sondages qui se fondent sur des entrevues réalisées entre
le 17 et le 24 juin sont généralement conformes aux résultats du vote par
anticipation qui sest tenu du 18 au 21 juin, et, que lorsque ce nest pas
le cas, en particulier au Québec, cela peut sexpliquer par le fait que
lappui libéral exprimé lors des sondages est toujours inférieur à la réalité
et que les électeurs dallégeance libérale votent massivement lors des
scrutins par anticipation, comme nous venons de le constater dans le présent
document. Lélection du 28 juin 2004 confirme la véracité dun adage souvent
repris par les spécialistes des sondages dopinion : les sondages ne permettent
pas de prédire lavenir; il ne fournissent quune image ponctuelle de lopinion.
Il est rare que les données de sondages menés quatre jours seulement avant
une élection diffèrent des résultats effectifs, mais cela arrive. Cela
devrait nous rappeler ce que nous savons déjà, à savoir que lopinion publique
est changeante.
Notes
1. Données présentées par Barry Kay dans son article « Polls, Projections,
Pundits and Prestidigitation », Options politiques, volume 25, no 8 (septembre 2004),
p. 71.
2. Larticle de Peter Calamai dans lédition du 30 juin 2004 du Toronto Star
est particulièrement éloquent à cet égard.
3. Par exemple, une analyse des sondages préélectoraux réalisés en 2000
par six maisons de sondage nationales montre que leur exactitude au niveau
régional variait de 1,8 à 2,8 % par parti. Voir aussi le document de Claude
Emery, Les sondages dopinion au Canada, Bibliothèque du Parlement, Direction
de la recherche parlementaire (1994).
4. Propos recueillis lors dune entrevue auprès de Darrel Bricker, PDG dIpsos-Reid,
le 30 juin 2004.
5. Une autre source dinformation confirme cette remontée de dernière minute
des libéraux, comme en témoigne larticle « How the Race was Won », E. Gidengil,
A. Blais, J. Everitt, P. Fournier et N. Nevitte, paru dans lédition du 14 juillet 2004
du quotidien The Globe and Mail.
6. Émission de Global Television sur les élections diffusée le 28 juin 2004.
7. À léchelon provincial, toutefois, cest invariablement le Nouveau-Brunswick
et Terre-Neuve qui se sont classés respectivement bon premier et bonne
dernière pour ce qui est du taux de participation aux scrutins anticipés
lors des quatre dernières élections.
8. Les taux de participation au vote par anticipation lors des élections
précédentes ont été respectivement de 6,0 % en 2000, de 5,4 % en 1997 et de
4,6 % en 1993.
9. Le recensement des circonscriptions où il y a eu un tel changement entre
le scrutin anticipé et lélection générale entre 1993 et 2000 montre que
53 (sur 90), soit 58,9 %, étaient situées au Québec, tandis quen 2004, seulement
huit des 40 circonscriptions concernées (20 %) se trouvaient dans cette province.
10. Claire Durand, André Blais et Sébastien Vachon, « A Late Campaign Swing
or a Failure of the Polls? The Case of the 1998 Quebec Election », Public
Opinion Quarterly, vol. 65 (printemps 2001), p. 108-123.
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