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Chambre des communes
Le
23 juin dernier, la Chambre a ajourné ses travaux pour la saison estivale. Les
semaines précédant cet ajournement se sont déroulées à un rythme plus accéléré et
l'adoption de mesures législatives a dominé la majeure partie des travaux.
Entre autres, des projets de loi ont consacré une forme d'autonomie à certaines
communautés autochtones du Yukon. Le gouvernement a aussi présenté une série de
mesures relatives à l'éthique. Ainsi, il a proposé la nomination d'un
conseiller chargé de l'éthique et a proposé de resserrer la Loi sur
l'enregistrement des lobbyistes. Il entend également clarifier et renforcer
le Code sur les conflits d'intérêts pour les titulaires de charge publique.
Enfin, il projette d'établir un code de conduite pour les députés et sénateurs.
D'autres événements ont aussi retenu l'attention.
Décisions du Président
La
période de questions donne souvent lieu à des échanges très vifs. Le Président
est souvent appelé à rendre des décisions sur les propos tenus par les députés.
Rarement toutefois, doit-il juger de la recevabilité d'une citation de
Shakespeare. Or, il fut confronté à cette tâche le 28 avril 1994 lorsque, en
réponse à une question d'un député, le ministre de l'Industrie, John Manley,
cita l'illustre auteur anglais et déclara : «C'est un récit conté par un
idiot, plein de son et furie, ne signifiant rien». Tout en précisant qu'il ne
saurait reprocher à quiconque de citer de grands auteurs, et surtout
Shakespeare, le Président demanda au Ministre de retirer ses paroles jugées
antiparlementaires.
Avec
ses neuf représentants élus, le Nouveau Parti démocratique a fait une requête
auprès du Président dans le but d'être reconnu officiellement comme parti à la
Chambre des communes. Le député Bill Blaikie, qui a soulevé la question,
a fait valoir que cette reconnaissance est importante pour les partis
politiques et que les avantages qui y sont reliés sont considérables. Elle peut
notamment assurer une plus grande visibilité à un parti lors de la période de
questions et peut aussi permettre aux députés du parti d'être assis en groupe à
la Chambre. Dans sa décision rendue le 16 juin 1994, le Président a statué que
toute interprétation du terme «parti» aux fins du Règlement devra être faite
par la Chambre elle-même. Il a néanmoins permis à ce groupe de députés de
siéger ensemble et d'être identifié comme le caucus du Nouveau Parti
démocratique sur le plan de la Chambre. (Le texte intégral de la décision paraît
ailleurs dans le présent numéro.)
Un
article du Règlement adopté récemment mettait en place un système de listes de
membres associés pour les différents comités permanents. Ces listes sont en
quelque sorte une réserve de substituts pour les membres réguliers des comités.
Le Règlement précise que les remplaçants de ces derniers doivent être choisis
parmi lesdites listes. Or, Audrey McLaughlin a tout de même agi à titre
de substitut dans une réunion régulière d'un comité même si son nom ne figurait
pas sur ces listes. Du même coup, son vote fut enregistré lors de mises aux
voix pendant l'étude d'amendements à une mesure législative. Invité à rendre
une décision sur cette question, le Président a statué que le Règlement avait
été enfreint puisque la députée n'avait pas le droit de participer à aucun des
votes. Les voix enregistrées par Mme McLaughlin ont été annulées,
mais cela n'a pas eu pour effet de modifier l'issue d'aucun des votes.
Attribution de temps
La
Chambre a eu recours à une disposition particulière du Règlement pour la
première fois le 21 juin 1994. La procédure en question permet au gouvernement
de proposer que soit attribuée une période de temps précise à une étape donnée
de l'adoption d'un projet de loi, pourvu que la majorité des divers partis
soient d'accord. Cette disposition fut invoquée à quatre reprises au cours de
cette séance et ce, pour quatre projets de loi distincts. En général,
l'attribution de temps à une étape d'un projet de loi est obtenue avec l'appui
du seul gouvernement ou de tous les partis représentés à la Chambre.
Affaires émanant des députés
Plusieurs
motions et projets de loi présentés par les députés ont obtenu l'approbation de
la Chambre. Tout d'abord, une motion présentée par Beryl Gaffney suggère
au gouvernement de ne plus considérer les paiements de pension alimentaire
comme un revenu imposable pour le bénéficiaire.
Rey Pagtakhan a pour sa part fait adopter une motion
proposant au gouvernement de veiller à ce que la date d'expiration ou la
mention «meilleur avant» figure sur l'emballage des aliments et des boissons.
Une
autre motion approuvée par les députés invite le gouvernement à adopter pour
règle que la défaite d'une mesure gouvernementale, même s'il s'agit d'une
dépense, n'entraîne pas automatiquement la défaite du gouvernement. Il est
précisé dans cette motion de Daphne Jennings que seule l'adoption d'une
motion de censure entraînerait la défaite du gouvernement.
Enfin,
la Chambre a procédé à l'adoption d'un projet de loi parrainé par Jean-Robert
Gauthier qui permet dorénavant au vérificateur général de faire rapport au
Parlement jusqu'à quatre fois par année. Les parlementaires espèrent ainsi que
les problèmes signalés par le vérificateur général puissent être résolus plus
rapidement.
Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre
Dans
son 27e rapport, le Comité permanent de la procédure et des affaires
de la Chambre a recommandé des modifications au Règlement. Ces changements ont
largement pour but de corriger des anomalies et des incohérences techniques qui
s'y sont glissées avec le temps. Par exemple, les dispositions touchant
l'évacuation des étrangers et l'obligation d'avoir la tête découverte pour
prendre la parole ont été modifiées. La Chambre a procédé à l'adoption du
rapport le 10 juin 1994.
Mesures législatives
Les
projets de loi suivants ont reçu la sanction royale :
C-2,
Loi modifiant la Loi sur le ministère du Revenu national et d'autres lois en
conséquence;
C-4,
Loi modifiant la Loi sur la responsabilité civile de l'État et le contentieux
administratif;
C-6,
Loi modifiant la Loi sur les opérations pétrolières au Canada, la Loi
fédérale sur les hydrocarbures, la Loi sur l'Office national de l'énergie et
d'autres lois en conséquence;
C-8,
Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur la protection des pêches
côtières (force nécessaire);
C-9,
Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu;
C-12,
Loi modifiant la Loi sur les sociétés par actions et d'autres lois en
conséquence;
C-13,
Loi modifiant la Loi sur la taxe d'accise et une loi connexe;
C-15,
Loi visant à adapter certaines dispositions législatives relatives à l'impôt
sur le revenu au texte révisé de la Loi de l'impôt sur le revenu et des Règles
concernant l'application de l'impôt sur le revenu;
C-16,
Loi approuvant, mettant en vigueur et déclarant valide l'entente conclue
entre Sa Majesté la Reine du chef du Canada et les Dénés de Colville Lake,
Déline, Fort Good Hope et Fort Norman, ainsi que les Métis de Fort Good Hope,
Fort Norman et Norman Wells, représentés par le conseil tribal du Sahtu, et
modifiant une autre loi;
C-17,
Loi modificative portant exécution de certaines dispositions du budget
déposé au Parlement le 22 février 1994;
C-18,
Loi suspendant l'application de la Loi sur la révision des limites des
circonscriptions électorales;
C-21,
Loi modifiant la Loi sur la sécurité ferroviaire;
C-23,
Loi mettant en oeuvre la convention pour la protection des oiseaux
migrateurs au Canada et aux États-Unis;
C-24,
Loi modifiant la Loi sur la faune du Canada et une autre loi en conséquence;
C-26,
Loi modifiant la Loi sur la Bibliothèque nationale;
C-27,
Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu, les Règles concernant
l'application de l'impôt sur le revenu, le Régime de pensions du Canada, la Loi
sur les sociétés par actions, la Loi sur la taxe d'accise, la Loi sur
l'assurance-chômage et des lois connexes;
C-28,
Loi portant octroi de prêts d'études et d'autres formes d'aide financière
aux étudiants, modifiant la Loi fédérale sur les prêts aux étudiants, prévoyant
l'abrogation de celle-ci et modifiant une autre loi en conséquence;
C-29,
Loi modifiant la Loi sur la protection des pêches côtières;
C-30,
Loi modifiant la Loi sur le ministère du Travail;
C-31,
Loi modifiant la Loi sur la Société de développement de l'industrie
cinématographique canadienne;
C-32,
Loi modifiant la Loi sur la taxe d'accise, la Loi sur l'accise et la Loi de
l'impôt sur le revenu;
C-33,
Loi approuvant, mettant en vigueur et déclarant valides les accords sur les
revendications territoriales conclus entre Sa Majesté la Reine du chef du
Canada, le gouvernement du territoire du Yukon et certaines premières nations
du Yukon, permettant d'approuver, de mettre en vigueur et de déclarer valides
les accords ainsi conclus après l'entrée en vigueur de la présente loi et
modifiant d'autres lois en conséquence;
C-34,
Loi relative à l'autonomie gouvernementale des premières nations du Yukon;
C-35,
Loi constituant le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration et
modifiant certaines lois en conséquence;
C-40,
Loi visant à corriger des anomalies, contradictions ou erreurs relevées dans
les Lois du Canada et à y effectuer d'autres modifications mineures et non
controversables ainsi qu'à abroger certaines dispositions ayant cessé d'avoir
effet par caducité ou autrement;
C-207,
Loi modifiant la Loi sur le vérificateur général (rapports);
C-212,
Loi reconnaissant le hockey et la crosse comme les sports nationaux du
Canada;
S-2,
Loi mettant en oeuvre une convention conclue entre le Canada et la
République de Hongrie, un accord conclu entre le Canada et la République
fédérale du Nigéria, un accord conclu entre le Canada et la République du
Zimbabwe, une convention conclue entre le Canada et la République argentine et
un protocole conclu entre le Canada et le Royaume des Pays-Bas, en vue d'éviter
les doubles impositions et de prévenir l'évasion fiscale en matière d'impôts
sur le revenu et apportant des modifications connexes à d'autres lois;
S-3,
Loi autorisant la continuation de La Sécurité, Compagnie d'Assurances
Générales du Canada sous forme de corporation régie par les lois de la province
de Québec; et
S-5,
Loi constituant en personne morale l'Association canadienne des
congrégations luthériennes.
Le
retour des parlementaires à la Chambre s'effectuera le 19 septembre.
D'importants rapports de comités seront déposés à l'automne ou au début de
l'hiver. Ils alimenteront les débats déjà amorcés sur la réforme des programmes
sociaux, la politique étrangère du Canada et la politique de défense
canadienne. Cela s'ajoutera à l'examen de plusieurs mesures législatives prévu
pour cette période.
André Gagnon, Greffier à la procédure, Direction des
recherches pour le Bureau,
Manitoba
La
cinquième session de la 35e assemblée législative du Manitoba a pris
fin le 5 juillet 1994. Cette session a été plus tranquille qu'on ne s'y
attendait; en effet, on prévoyait qu'elle serait tumultueuse, compte tenu de la
situation sans précédent créée par le fait que la Chambre était pour ainsi dire
«paralysée» en raison du nombre quasi égal de députés des deux côtés. Cela ne
signifie pas pour autant qu'il n'y a pas eu de questions de procédure et
d'événements intéressants.
La session
La
Chambre a siégé 61 jours au total. Le programme législatif était moins chargé
qu'il ne l'est normalement, puisque 37 projets de loi ont été adoptés (soit 33
projets de loi d'initiative gouvernementale, un projet de loi d'initiative
parlementaire et trois projets de loi d'intérêt privé). Outre qu'elles
représentaient un programme peu chargé, les mesures législatives en question
n'ont été guère controversées; il y a eu en tout 14 présentateurs de projets de
loi à l'étape de l'étude en comité. Les comités permanents se sont réunis 17
fois, dans la plupart des cas pour étudier les rapports annuels de diverses
sociétés d'État provinciales, comme l'exige la loi.
Le Comité des subsides
L'un
des principaux points d'intérêt au cours de la session a été l'activité du
Comité des subsides, qui est chargé d'examiner et d'approuver le budget des
dépenses principal du gouvernement pour la nouvelle année financière. La
composition du Comité plénier était telle que l'opposition détenait une
majorité d'un siège (28 contre 27), étant donné que le Président de la Chambre
est exclu du Comité plénier et que le président du Comité comme tel était un
membre du gouvernement. En supposant que tous les députés soient présents,
l'opposition aurait pu bloquer toute dépense si elle l'avait voulu. De même,
elle aurait pu bloquer la motion d'approbation relative à toutes les
résolutions budgétaires, à la fin des 240 heures consacrées par le Comité à
l'étude du budget des dépenses.
En
fin de compte, aucun obstacle majeur n'a entravé l'activité du Comité des
subsides. Toutefois, le gouvernement a perdu deux votes. Dans le premier cas,
il s'agissait d'une motion de blâme visant le ministre de l'Éducation et, dans
l'autre, d'une résolution budgétaire limitant le salaire de la ministre de la
Justice et de ses cadres supérieurs.
Le
ministère de l'Éducation a été parmi ceux qui ont été le plus sur la sellette
au cours de la session qui vient de prendre fin, en raison des compressions
touchant un programme d'enseignement postsecondaire pour les étudiants
défavorisés. Le ministre de l'Éducation, qui était l'ancien ministre des
Finances, Clayton Manness, a régulièrement été la cible des critiques de
l'Opposition officielle à la Chambre et au sein du Comité des subsides
relativement à cette question. Lors de l'étude du budget du ministère de
l'Éducation, la porte-parole du NPD en matière d'éducation, Jean Friesen,
a déposé une motion de blâme contre le Ministre, au motif que celui-ci n'avait
pas protégé les intérêts des étudiants défavorisés. La motion a fait l'objet
d'un vote consigné en comité et a été approuvée par une voix de majorité. Au
Manitoba, de telles motions sont déposées à l'occasion, mais il est rare
qu'elles soient approuvées. Cette situation a causé un certain embarras au
Ministre et au gouvernement, mais elle n'a pas eu de conséquences graves.
Vers
la fin des 240 heures allouées à l'étude du budget des dépenses, le
porte-parole du NPD en matière de justice, Gordon Mackintosh, a déposé
une motion visant à réduire le traitement de la ministre de la Justice. La
motion fut débattue jusqu'à l'expiration de la période de 240 heures. À ce
moment-là, le débat a pris fin et la Chambre a voté relativement à toutes les
résolutions budgétaires sur lesquelles elle ne s'était pas encore penchée.
Étant donné qu'on l'avait empêchée de voter uniquement à l'égard de la question
du traitement de la Ministre, l'opposition vota contre la résolution budgétaire
qui englobait le salaire de la Ministre et celle-ci fut rejetée par une voix.
Malgré cette mesure sans précédent et l'embarras encore une fois causé à un
ministre et au gouvernement, la situation ne fut pas fatale. La résolution fut
présentée de nouveau à la Chambre au moyen d'une motion.
Questions de privilège
Deux
importantes questions de privilège ont été soulevées au cours de la session qui
vient de prendre fin. La première portait sur le statut du Président, tandis
que la seconde avait trait à des propos injurieux prétendument formulés par un
député à l'endroit d'un autre député.
Environ
un mois après le début de la session, le leader parlementaire de l'Opposition
officielle, Steve Ashton, a soulevé la question de privilège
relativement à des propos tenus par le premier ministre lors d'une entrevue
télévisée. M. Ashton déposa une transcription dans laquelle le premier ministre
est cité comme ayant déclaré : «Lorsqu'un vote se tient, nous avons 29 voix et
ils en ont 28. Il continuera d'en être ainsi et je ne pense pas que cette
situation soit très différente de celle qui prévalait dans les années
précédentes». M. Ashton a fait valoir qu'en tenant de tels propos, le premier
ministre ne considérait pas le Président de la Chambre comme un président de
séance indépendant, mais plutôt comme un membre du caucus du gouvernement
comptable au whip du gouvernement.
Lorsqu'il
a pris la parole relativement à la question de privilège, le premier ministre a
déclaré qu'il ne mettait pas, et qu'il ne mettrait jamais en doute
l'impartialité du Président de la Chambre. Il va sans dire que cette situation
plaçait le président Denis Rocan dans une position délicate. Celui-ci
s'est dit très préoccupé par cette affaire, étant donné que son impartialité
s'en trouvait mise en cause, et il a pris la question en délibéré. Après étude
du cas, il a conclu à l'absence de la question de privilège. Le Président a
d'abord expliqué que l'affaire portait sur deux perceptions différentes d'une
même déclaration, pour ensuite juger que les propos en question ne
sous-entendaient pas directement que la présidence était partiale. Le président
Rocan a conclu en disant que, depuis quelque temps, les médias et certains
députés faisaient allusion au fait que le gouvernement jouissait d'une majorité
à la Chambre. Le Président a précisé que le gouvernement ne jouissait pas d'une
majorité puisqu'il y avait 28 membres du gouvernement, 28 députés de
l'opposition et un Président à la Chambre.
L'autre
question de privilège importante avait trait à un incident survenu au cours
d'une séance du Comité des subsides, qui a par la suite fait l'objet d'un
certain nombre de mesures de procédure. Le tout a commencé lorsque Marianne
Cerilli a soulevé la question de privilège en Chambre relativement à des
propos qui, selon elle, avaient été tenus à son endroit par le ministre de l'Énergie
et des Mines (Don Orchard) au cours d'une séance du Comité des subsides.
La députée a déclaré que le Ministre lui avait dit qu'elle méritait «une bonne
claque» et «une bonne fessée». Après avoir pris l'affaire en délibéré, le
Président a jugé que celle-ci était irrecevable à titre de question de
privilège, au motif que l'incident est survenu en comité et que le Président ne
peut statuer sur de tels cas, sauf si le comité lui-même lui en fait la
demande. Le Président a ensuite informé Mme Cerilli que le recours
approprié dans ce cas consistait pour elle à faire part de l'affaire au comité,
qui déciderait d'en saisir ou non la Chambre.
Dans
un second temps, le ministre de l'Énergie et des Mines a déclaré que Mme Cerilli
avait soulevé la question de privilège essentiellement pour attirer l'attention
des médias. Mme Cerilli invoqua alors le Règlement pour dire que le
ministre de l'Énergie et des Mines imputait des motifs à la question de
privilège soulevée par la députée. Le Président a alors pris le rappel au
Règlement en délibéré.
La
troisième étape survint lorsque Mme Cerilli souleva la question de
privilège au cours de la séance suivante du Comité des subsides, relativement à
l'affaire dont elle avait saisie la Chambre. Après un long débat houleux et un
vote consigné, le comité décida de saisir la Chambre de la question. Sur
présentation du rapport du président de comité, le président de la Chambre, M.
Rocan, prit encore une fois l'affaire en délibéré le lendemain.
Avant
de rendre une décision sur la question de privilège, le Président trancha
d'abord le rappel au Règlement en disant que le Ministre avait prêté des
intentions à Mme Cerilli et il lui demanda de retirer ses propos.
Par la suite, le Président déclara, relativement à la question de privilège
dont lui avait fait part le Comité des subsides, qu'il n'existait aucune preuve
prima facie. Dans un premier temps, le président Rocan déclara que la
définition de privilège est très étroite et que l'allusion à un langage non
parlementaire devait faire l'objet d'un rappel au Règlement et non d'une
question de privilège, ajoutant ensuite que les propos en question n'ont pas
été consignés dans le hansard et ne figurent pas sur les rubans
d'enregistrement. Enfin, le Président a rappelé à tous les députés que des mots
identiques peuvent avoir un sens distinct pour différentes personnes et il leur
a demandé d'être conscients de cette réalité lorsqu'ils s'expriment.
Démissions
Deux
membres de l'Assemblée ont annoncé qu'ils ne solliciteraient pas un nouveau
mandat. Après avoir fait partie de l'Assemblée législative durant 13 ans, Jerry
Storie quittera son siège pour devenir directeur régional de l'enseignement
de la Frontier School Division #48. Au cours de sa carrière à l'Assemblée
législative, M. Storie a été vice-président de la Chambre et a détenu divers
portefeuilles, notamment ceux du Logement, des Affaires indiennes, de
l'Expansion commerciale et du Tourisme, de l'Éducation, ainsi que de l'Énergie
et des Mines. M. Storie a remis sa démission au président Rocan le 20 juillet
1994.
Par
ailleurs, Gerry Ducharme a annoncé, après huit années à la Chambre,
qu'il ne solliciterait pas un autre mandat. M. Ducharme a commencé sa carrière
politique comme commissaire d'école avant de siéger au conseil municipal de
Winnipeg durant six ans. Au cours de sa carrière à l'Assemblée législative, M.
Ducharme a été ministre des Affaires urbaines et ministre du Logement, avant
d'occuper ses fonctions actuelles de ministre des Services du gouvernement et
ministre responsable des Personnes âgées.
Judy White, Greffière des comités, Assemblée législative du
Manitoba
Québec
La
troisième session de la trente-quatrième Législature, qui a débuté le 17 mars
1994, s'est poursuivie jusqu'au 17 juin, date à laquelle elle a été prorogée
par le Lieutenant-gouverneur, Son Excellence Martial Asselin.
L'Assemblée
a tenu 40 séances au cours desquelles 62 projets de loi ont été adoptés, dont
44 d'intérêt public et 18 d'intérêt privé. La plupart des projets de loi
publics étaient de nature technique et découlaient de la réorganisation
administrative qui a fait suite à la formation d'un nouveau Conseil des
ministres en début d'année.
Malgré
sa brièveté, cette session parlementaire a été féconde en motions de censure.
En effet, l'opposition a présenté deux motions de censure dans le cadre du
débat sur le discours d'ouverture, quatre lors du débat sur le budget, en plus
des six permises par le règlement.
L'économie
et l'emploi ont été les deux principaux sujets de discussion à l'Assemblée
nationale ce printemps. Le dépôt du budget du ministre des Finances André
Bourbeau, le 12 mai dernier, a évidemment donné le ton. Ce budget prévoit
notamment : une réduction de l'impôt des particuliers totalisant un
demi-milliard de dollars en 1994-1995; l'uniformisation de la taxe de vente du
Québec (TVQ) à 6,5 %; un soutien additionnel aux familles à compter du deuxième
enfant à charge et un autre pour l'hébergement des aînés à domicile; des
mesures encourageant la formation professionnelle et les stages dans des entreprises;
la lutte accrue contre l'évasion fiscale dans le commerce illégal des boissons
alcooliques et la perception de la taxe de vente sur les produits usagés; une
compression de 30 p. 100 des dépenses de fonctionnement et une réduction
additionnelle de 2 p. 100 de l'effectif des ministères et organismes
gouvernementaux; une baisse de la croissance des transferts dans les réseaux de
l'éducation, de la santé et des services sociaux et une accélération de la
privatisation des sociétés d'État.
Le
gouvernement du Québec prévoit pour 1994-1995 des revenus de 37,3 milliards de
dollars et des dépenses de 41,72 milliards, donc un déficit de 4,42 milliards.
Les
périodes de questions ont reflété l'intérêt des parlementaires pour ces sujets.
Ceux-ci ont bombardé les titulaires de ministères de questions portant sur les
impacts des compressions budgétaires dans divers domaines d'intervention
gouvernementale comme l'aide juridique et les services hospitaliers. La pénurie
de médecins spécialistes en région, les mises à pied dans la fonction publique,
l'accord de libre-échange entre les provinces, l'aide financière aux étudiants
et à la recherche universitaire, la vente de la station de ski du
Mont-Sainte-Anne, le projet d'autoroute électronique, le plan d'immobilisation
d'Hydro-Québec, la fermeture par le gouvernement fédéral du collège militaire
de Saint-Jean, la politique gouvernementale de développement régional et, bien
sûr, la tenue prochaine d'élections générales ont fait l'objet d'échanges
nombreux et fréquents.
Le
26 mai, le Président, M. Jean-Pierre Saintonge, rendait une décision
relative à une demande d'intervention sur une violation de droit ou de
privilège formulée par le député de Lévis, M. Jean Garon.
Celui-ci alléguait que les dirigeants de la Société de l'assurance automobile
du Québec (SAAQ) avaient commis un outrage à l'Assemblée en faisant
l'acquisition de biens et de services d'une valeur de plusieurs millions de
dollars pour l'application éventuelle d'un projet de loi modifiant le Code de
la sécurité routière. Or, ce projet de loi n'avait pas encore été adopté par
l'Assemblée.
Selon
le Président, ce geste ne constituait pas un outrage au Parlement et il étayait
ainsi sa décision :
«La
Présidence n'a pas à déterminer si la SAAQ jouit d'une habilitation législative
lui permettant de faire les dépenses mentionnées par le député de Lévis dans
son avis. L'interprétation des lois, sous réserve de celles qui renferment des
dispositions portant sur la procédure parlementaire, relève de la juridiction
des tribunaux et non de celle de la Présidence de l'Assemblée nationale.»
De
plus, il expliquait que la Présidence n'avait aucun contrôle sur l'engagement
de fonds publics par des ministères ou des organismes publics et que les faits invoqués
par le député de Lévis n'avaient aucune incidence sur le processus d'adoption
dudit projet de loi par les parlementaires, qui pouvaient toujours décider de
lui apporter des amendements ou de ne pas l'adopter.
Subséquemment,
ce projet de loi est mort au Feuilleton lors de la prorogation.
En
mai, l'Assemblée adoptait à l'unanimité une nouvelle version anglaise de son
Règlement et, le 14 juin, elle présentait une motion soulignant le trentième
anniversaire du Journal des débats.
Le
31 mai 1994 marquait le décès de Mme Reine Gagné-Johnson.
Cette femme occupe désormais une place privilégiée dans l'histoire du Québec,
puisqu'elle a été à la fois l'épouse d'un ancien premier ministre, le regretté Daniel
Johnson, et la mère du premier ministre actuel, M. Daniel Johnson,
et de M. Pierre-Marc Johnson, qui a également occupé ce poste.
Le
président de l'Assemblée nationale, M. Jean-Pierre Saintonge, a présidé
la vingtième session annuelle de l'Assemblée internationale des parlementaires
de langue française, qui s'est tenue à Paris du 11 au 13 juillet 1994. Au cours
de cette rencontre, les parlementaires ont traité prioritairement des sujets
suivants : l'utilisation du français dans les organismes internationaux, la
production et la circulation de biens culturels francophones, la coopération
internationale, la situation économique et monétaire des pays en voie de
développement et les conséquences de l'accord du GATT, les femmes agents de
développement durable et l'observation d'élections.
Finalement,
le 24 juillet dernier, le premier ministre Johnson a annoncé la tenue
d'élections générales le 12 septembre 1994.
Jean Bédard et Nancy Ford, Secrétariat de l'Assemblée nationale,
Activités des commissions
Contrairement
aux années précédentes, les mois de mai et juin ont connu un rythme de travail
plus modéré.
Ainsi,
le dernier trimestre fut principalement consacré à l'étude détaillée de divers
projets de loi.
À
ces activités, l'on ajoute la tenue de séances d'interpellation qui permettent
aux députés de l'Opposition d'échanger avec les différents ministres sur toute
question d'intérêt général relevant de leurs compétences.
L'interpellation
sur l'avenir des télécommunications au Québec tenue par la Commission de la
culture retient notre attention. On se souviendra du récent jugement de la Cour
Suprême du Canada dans l'affaire Téléphone Guévremont. Cette décision a eu un
impact majeur dans ce secteur d'activités en confirmant la juridiction du
gouvernement fédéral en cette matière.
Un
bref survol des travaux des différentes commissions nous apprend que la
Commission de l'aménagement et des équipements, fidèle à la coutume, a été
celle qui a le plus étudié de projets de loi, parmi lesquels l'on retrouve une
majorité de projets de loi d'intérêt privé issus du milieu municipal.
La
Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement et d'autres
dispositions législatives a, à elle seule, nécessité neuf séances pour près
de 32 heures de travail, au cours desquelles furent tenues des consultations
particulières. Ce projet de loi avait pour objectif la réforme du domaine de la
gestion des déchets au Québec et l'application d'un protocole national sur
l'emballage.
Examinons,
pour la Commission des affaires sociales, le projet de loi modifiant la Loi
sur la protection de la jeunesse : droits de l'enfant, objectifs qui
doivent guider les interventions sociales et judiciaires, obligation de
signaler les situations considérées comme compromettant la sécurité et le
développement de l'enfant sont autant de sujets qui ont alimenté les discussions
au cours de l'étude détaillée, qui a nécessité une vingtaine d'heures de
travail.
La
Commission du budget et de l'administration a, pour sa part, poursuivi le
traditionnel débat débuté à l'Assemblée sur le discours du budget et dont
l'obligation lui est confiée chaque année; ainsi trois séances de près de sept
heures ont été consacrées à ce mandat. Mentionnons qu'il s'agissait du premier
budget du gouvernement de M. Daniel Johnson.
En
matière fiscale, cette commission a notamment consacré quatre séances pour un
total de 15 heures à l'étude détaillée du projet de loi modifiant la Loi de
l'impôt.
Enfin,
la Commission a participé à la Seizième conférence du Conseil canadien des
comités des comptes publics tenue à Charlottetown, les 10, 11 et 12 juillet derniers.
Cette activité annuelle se veut un partage des expériences et des pratiques en
matière de comptes publics entre chacune des provinces et le fédéral, à
laquelle participent aussi les vérificateurs généraux de chaque gouvernement.
La
Commission de la culture a, quant à elle, consacré une partie de son temps à
l'examen du rapport de la Commission d'accès à l'information du Québec (4
séances, près de 14 heures), obligation que lui conférait la loi créant cet
organisme d'en examiner le fonctionnement après cinq années d'existence.
La
Commission a aussi procédé à l'étude détaillée du projet de loi instituant la
Société de développement des entreprises culturelles, qui aura pour mandat de
promouvoir et soutenir, dans toutes les régions du Québec, l'implantation et le
développement des entreprises culturelles.
À
la Commission de l'éducation, deux projets de loi retiennent notre attention.
Tout
d'abord, elle a terminé l'étude du projet de loi modifiant le Code des
professions et d'autres lois professionnelles et qui amène une réforme en
profondeur dans le monde des professions. Il avait d'abord été déposé à la fin
de 1993. Devant l'absence de consensus du milieu, l'étude n'avait alors pu être
complétée.
En
second lieu, la Commission s'est vu confier le mandat d'étudier la Loi sur
l'acupuncture. Une nouvelle corporation professionnelle a vu le jour et, après
plusieurs années d'efforts, les acupuncteurs voient leur profession reconnue.
C'est
la consultation sur le régime des décrets de convention collective et l'étude
du rapport du Comité interministériel sur les décrets de convention collective
de février 1994 qui ont le plus occupé les travaux de la Commission de
l'économie et du travail. Pendant plus de 25 heures, 28 organismes des milieux
syndical et patronal ont présenté leur mémoire aux membres de la Commission.
Le
projet de loi sur la Société du tourisme du Québec a par ailleurs fait l'objet
d'une étude détaillée par la Commission. Rappelons que la Société du tourisme
aura pour mandat de soutenir l'industrie touristique en faisant notamment la
promotion du Québec comme destination touristique.
Pour
la Commission des institutions, le projet de loi modifiant la Loi sur les
droits de chasse et de pêche dans les territoires de la Baie James et du
Nouveau-Québec retiendra notre attention. Dorénavant, il sera permis aux
autochtones, de façon exclusive, de chasser à des fins commerciales et de
garder en captivité ou d'élever certaines espèces de la faune, comme le caribou
et le boeuf musqué, le tout, en conformité avec l'esprit de la convention de la
Baie James et du Nord québécois.
L'ajournement
estival et la tenue prochaine d'une élection générale mobilisant les
parlementaires dans leur circonscription respective permettront, sans aucun
doute, de consacrer les prochains mois à l'organisation des travaux pour la
rentrée parlementaire de l'automne prochain.
Hélène
Ménard, Secrétaire de la Commission des institutions, Assemblée nationale
Colombie-Britannique
La
troisième session de la trente-cinquième législature de la Colombie-Britannique
a ajourné le 8 juillet après quatre-vingts jours de séance. La session a compté
dix jours et vingt-trois projets de loi de moins que la précédente, mais elle a
en revanche comporté cinq semaines de séances en soirée, dont certaines ont
duré jusqu'à quatre heures du matin. Au bout du compte, la totalité des 57
projets de loi d'initiative gouvernementale ont été adoptés, de même qu'un
projet de loi d'initiative parlementaire, si bien que la session a été à la
fois intéressante et productive.
Législation
Trois
importants projets de loi concernant l'exploitation forestière et l'aménagement
des terrains dans la province déposés par le ministre des Forêts Andrew
Petter ont dominé le programme législatif du gouvernement. La Loi sur le
code de pratiques forestières fournit le cadre dans lequel s'inscriront une
myriade de mesures législatives, de normes et de règlements qui régiront à
l'avenir l'exploitation forestière. Les normes prescriront la taille et
l'emplacement des coupes claires, forceront les sociétés forestières à
effectuer des analyses du sol avant la coupe et à soumettre des plans détaillés
de sylviculture et d'aménagement des parcours, et verront au respect de normes
de qualité visuelle. Ces normes s'appliqueront à toutes les terres forestières
publiques et privées aux termes de la Loi sur la réserve de terrains
forestiers. Cette loi, dont le fonctionnement sera combiné aux plans
régionaux d'aménagement des terrains produits par la Commission des ressources
et de l'environnement, vise à protéger la base de terrains forestiers
commerciaux d'une manière analogue à ce qui se passe avec la réserve de
terrains agricoles. La loi crée par ailleurs une commission indépendante des
terres forestières chargée de statuer sur les demandes de retrait de terrains
de la réserve soumises par les propriétaires privés. Aux termes de la Loi
sur la régénération des forêts, des recettes additionnelles de 400 millions
de dollars par an issues de l'augmentation des droits de coupe seront investies
directement dans le secteur des forêts, principalement pour améliorer le
reboisement et la sylviculture. Ces fonds serviront aussi à aider les
compagnies qui produisent des produits du bois à valeur ajoutée à éponger leurs
coûts de démarrage et de recherche de débouchés.
La
Loi sur les évaluations environnementales établit un processus unique
d'évaluation des conséquences environnementales des grands projets des secteurs
énergétique, minier et industriel au lieu des divers processus actuellement en
place. Les dispositions de la Loi pourront être étendues par règlement aux
grands projets du tourisme, des transports, de l'aquaculture, du
conditionnement des produits alimentaires et de traitement des eaux et des déchets,
ainsi qu'à d'autres activités controversées. Les promoteurs des projets, le
public, les administrations fédérale et locales et les premières nations
pourront tous participer au processus d'examen. Le projet de loi avait été
déposé initialement la session précédente, mais il avait été retiré pour
permettre de plus amples consultations.
Le
procureur général Colin Gabelmann a déposé la Loi sur le rappel et
l'initiative populaire. Comme on s'y attendait, les dispositions de la loi reposent
sur les recommandations du Comité permanent spécial de la réforme
parlementaire. La Loi précise le processus que doivent suivre les citoyens qui
veulent rappeler leur député ou soumettre un projet de loi à un référendum.
Dans le cas d'une initiative populaire, les organisateurs ont 90 jours pour
recueillir les signatures d'au moins 10 p. 100 du nombre total des électeurs de
chaque circonscription de la province; ils doivent aussi déposer un
avant-projet de loi. Ce processus se déroule sous la surveillance du directeur
général des élections. Après ce stade, un comité permanent spécial de la
législature doit déposer dans les 120 jours un rapport recommandant soit que le
projet de loi soit déposé directement à la législature pour un débat, soit
renvoyé au directeur général des élections, qui surveillera le déroulement d'un
scrutin provincial sur la mesure en question. Pour l'emporter, il faut une
double majorité : 50 p. 100 du nombre total des électeurs de la
province et plus de 50 p. 100 des voix dans les deux tiers au moins
des circonscriptions de la Colombie-Britannique. Si ces conditions sont
remplies, le gouvernement doit alors dans les meilleurs délais déposer le
projet de loi à l'Assemblée législative.
La
Loi porte qu'un député peut être rappelé pour n'importe quel motif, mais pas
dans les 18 mois suivant son élection. Il ne peut pas non plus faire l'objet de
plus d'une procédure de rappel par mandat. Une pétition de rappel doit indiquer
les motifs pour lesquels les organisateurs de la pétition réclament le rappel
du député et les signatures d'au moins 40 p. 100 des électeurs de la
circonscription en question. Si ces conditions sont remplies, le siège de
député devient vacant et des élections partielles ont lieu. C'est le directeur
général des élections qui atteste la pétition et organise les élections
partielles.
Ce
projet de loi longtemps attendu a suscité un vif débat, car les députés de
l'opposition considéraient que les seuils d'appui populaire étaient trop élevés
à la fois pour les initiatives populaires et les pétitions de rappel et que les
exigences en général étaient trop difficiles à remplir. Le gouvernement a
répondu qu'il convenait que le rappel d'un député élu et l'élaboration de
nouvelles mesures législatives ne soient pas des procédures faciles, parce que
l'inverse susciterait des abus pour des raisons partisanes et entraînerait des
dépenses publiques inutiles.
La
ministre des Services sociaux, Joy MacPhail, a déposé deux lois visant à
mieux protéger les enfants et les jeunes de la province. La Loi sur
l'enfance, la famille et les services communautaires remanie
considérablement les mesures législatives précédemment en vigueur qui mettaient
l'accent sur le retrait des enfants des familles en difficulté. La nouvelle loi
a été élaborée après de vastes consultations publiques. Elle énonce les
principes régissant la protection des enfants, dont les suivants : les enfants
ont le droit d'être protégés contre les mauvais traitements et la négligence;
la famille demeure l'environnement privilégié pour le soin des enfants; il faut
tenir compte de l'opinion de l'enfant avant de prendre une décision concernant
sa garde; l'identité culturelle des enfants autochtones doit être préservée; et
des services de soutien doivent être offerts aux familles dans le besoin. La
Loi précise également les droits des enfants pris en charge par le Ministère et
établit une commission d'examen de l'enfance et de la famille chargée d'étudier
les allégations de non respect de ces droits et d'y remédier.
En
outre, la Loi sur la protection des enfants, des jeunes et des familles
a été déposée. Elle porte création du bureau d'un protecteur indépendant chargé
de veiller aux intérêts des enfants et des familles qui reçoivent certains
services publics. Le protecteur sera un haut fonctionnaire de la législature et
aura un mandat de six ans. Un comité spécial de la législature est chargé de
recommander une personne pour ce poste, comme cela se passe pour les autres
hauts fonctionnaires de la législature. Le protecteur aura le pouvoir de faire
enquête sur réception d'une plainte; d'effectuer de sa propre initiative des
examens de services désignés; de formuler des recommandations de mesures
législatives, de politiques et de procédures concernant les enfants et leur
famille; et de conclure des ententes avec les ministères, les organismes
publics et les groupes communautaires pour assurer la prestation de services de
protection dans les collectivités locales. Le protecteur ne peut pas faire
office de conseil juridique ni formuler d'ordonnances exécutoires visant le
gouvernement.
Affaires courantes
Les
effectifs des partis ont de nouveau changé durant la session. Le député du
crédit social Lyall Hanson (Okanagan-Vernon) a joint les rangs du Parti
réformiste : avec quatre membres, ce parti a désormais statut de parti
officiel. Le caucus du Parti du crédit-social a été ramené à deux personnes. À
la fin de la session, les effectifs se répartissaient de la façon suivante :
NPD 51, Libéraux 15, Parti réformiste 4, Crédit social 2, Alliance progressiste
démocratique 2, Indépendant 1.
Questions de procédure
Le
17 juin, le président Emery Barnes a fait une déclaration concernant le
statut des secrétaires parlementaires qui posent des questions orales aux
ministres. Il a fait remarquer que le poste de secrétaire parlementaire était
relativement récent en Colombie-Britannique et que les présidents précédents
n'avaient pas rendu de décision sur leur statut durant la période des
questions. Dans d'autres assemblées, les secrétaires parlementaires ne sont pas
autorisés à interroger leur propre ministre, mais cela s'est produit à quelques
reprises en Colombie-Britannique, sans que cela ne suscite de réactions
défavorables. En conséquence, le Président a décidé que l'usage à l'Assemblée
était déjà établi et qu'il convenait de l'attester.
Activités des comités
Aux
termes de la Loi sur la protection des enfants, des jeunes et des familles,
un comité spécial a été constitué et chargé de recommander à l'unanimité une
personne pour le poste de protecteur des enfants, des jeunes et des familles.
Présidé par le député Jim Beattie (Okanagan- Penticton), le Comité
recevra des candidatures et effectuera des entrevues comme les autres comités
chargés de nommer les hauts fonctionnaires de la législature.
Autres événements
Le
7 juin, le ministre des Services gouvernementaux Robin Blencoe a annoncé
que l'Afrique du Sud enverrait une équipe aux XVes Jeux du
Commonwealth qui auront lieu en Victoria en août. C'est la première grande
compétition sportive internationale à laquelle participe l'Afrique du Sud
depuis le démantèlement de l'apartheid et la levée des sanctions économiques et
culturelles imposées par la communauté internationale. Durant les Jeux, la
législature et le port de Victoria accueilleront une série de concerts, d'expositions
et d'activités célébrant la diversité artistique et culturelle des pays du
Commonwealth. On s'attend à une augmentation considérable du nombre des
touristes qui visiteront les édifices de la législature, et des mesures de
sécurité spéciales ont été prises en conséquence.
Neil Reimer, Greffier de comité adjoint
Le Sénat
Le
Sénat a été saisi d'un nombre considérable de mesures au cours des premiers
mois de la nouvelle législature. Il a étudié et débattu de nombreux projets de
loi et motions dans les semaines précédant l'ajournement de l'été. En fait,
entre le 1er mai et le 7 juillet, la sanction royale a été donnée à
des projets de loi à quatre reprises et près de 30 projets de loi ont été
promulgués. Bon nombre de ces mesures étaient de nature administrative et elles
étaient peu controversées. Il y avait notamment les projets de loi visant à
modifier les lois sur l'accise et sur le ministère du Revenu national, ainsi
que la Loi de l'impôt sur le revenu. D'autres mesures tendaient à
modifier la Loi fédérale sur les prêts aux étudiants, la Loi sur la
Bibliothèque nationale, la Loi sur la sécurité ferroviaire, ainsi
que les lois sur la faune du Canada et la convention concernant les oiseaux
migrateurs.
Un
projet de loi auquel on a accordé la priorité était le C-29, la Loi sur la
protection des pêches côtières; il a été adopté à toutes les étapes en une
journée. Il autorise le gouvernement canadien à saisir au-delà de la limite des
200 milles tout bateau de pêche pris en train de piller les stocks de poisson
pratiquement épuisés. Certains projets de loi portant sur les questions
autochtones ont également été étudiés rapidement par le Sénat. Le projet de loi
C-16 rendait valides les ententes conclues avec certains groupes de Dénés et de
Métis des Territoires du Nord-Ouest et les projets de loi C-33 et C-34
concernaient les accords relativement aux revendications territoriales et à
l'autonomie gouvernementale des autochtones du Yukon. Ces trois projets de loi
ont été adoptés au Sénat en quelques jours.
Ce
ne sont pas toutes les mesures législatives qui ont reçu la sanction royale
durant cette période qui n'étaient pas controversées. En fait, dans le cas du
projet de loi C-18, Loi suspendant l'application de la Loi sur la révision
des limites des circonscriptions électorales, le Sénat a exercé son droit
de modifier en profondeur une mesure déjà adoptée par la Chambre des communes.
Comme l'a expliqué le sénateur Derek Lewis dans le cadre du débat en
deuxième lecture, ce projet de loi tendait à dissoudre les commissions de
délimitation des circonscriptions électorales afin de réexaminer le processus
actuel de révision des limites des circonscriptions électorales établies depuis
1964. S'opposant au projet de loi, le sénateur Lowell Murray a déclaré
que le projet de loi aurait un autre résultat, à savoir qu'il était fort
possible que les prochaines élections générales soient tenues en fonction des
données recueillies lors du recensement de 1981 plutôt que de celui de 1991.
Les audiences du comité sur le projet de loi ont permis de mieux cerner l'objet
des critiques contre ce texte. Dans son rapport, le comité a proposé que le
projet de loi soit modifié afin de suspendre les travaux des commissions pour
une période de huit mois, plutôt que les abolir. En outre, aux termes de ces
amendements, les commissions devraient reprendre leurs travaux si le Parlement
n'adoptait pas une autre loi d'ici au mois de février 1995. Selon l'opposition,
cela garantirait que les commissions puissent terminer leurs travaux à temps
pour les prochaines élections générales.
Pendant
que le projet de loi était encore discuté au Sénat, le gouvernement a proposé
un compromis qui consistait à suspendre les travaux des commissions pour treize
mois et à garantir que les prochaines élections seraient tenues en fonction des
nouvelles limites fixées aux termes du recensement de 1991. L'opposition a
refusé, cependant, de retirer ses amendements et s'est servie de sa majorité
pour faire adopter par le Sénat, le 25 mai, dans le cadre d'un vote par appel nominal,
le projet de loi prévoyant une suspension de huit mois. Le gouvernement, à la
Chambre des communes, a décidé d'accepter les modifications apportées par le
Sénat si ce n'est qu'il a prolongé la suspension de plusieurs mois, jusqu'à
juin 1995. Le Sénat a souscrit à cette modification et le projet de loi ainsi
modifié a été promulgué.
Le
projet de loi C-18 a été amendé sur les instances de l'opposition. À l'heure
actuelle, l'opposition progressiste- conservatrice peut compter sur
cinquante-six sénateurs alors qu'il n'y a que quarante et un sénateurs
libéraux, trois indépendants et quatre postes vacants. L'opposition va
probablement maintenir cet avantage durant tout le mandat du gouvernement
actuel. Conscient de sa position inhabituelle, surtout en fonction de la
situation à la Chambre des communes, le chef de l'opposition au Sénat a signalé
que l'opposition n'utiliserait pas sa majorité pour faire obstruction aux
travaux du gouvernement.
On
a peut-être atteint les limites de cet engagement dans le cas des modifications
apportées à un autre projet de loi, le C-22, touchant les entrepreneurs visés
par l'aéroport Pearson. Le projet de loi qui a été adopté par la Chambre des
communes annule les contrats négociés entre le gouvernement précédent et un
consortium d'entreprises pour l'agrandissement et l'administration de
l'aéroport Pearson. En outre, il dégage le gouvernement de toute responsabilité
à la suite de l'annulation des contrats et charge plutôt le ministre des
Transports de négocier un règlement avec les intéressés. Lorsqu'il a exposé sa
position, le gouvernement a précisé clairement qu'il avait promis de présenter
ce projet de loi durant la dernière campagne électorale et qu'il entendait
tenir cette promesse. L'opposition a reconnu que le gouvernement avait le droit
d'annuler les contrats, mais elle a prétendu qu'il n'avait pas le pouvoir de
retirer aux parties en cause le droit d'obtenir une indemnisation par
l'entremise des tribunaux pour les profits perdus. S'appuyant sur sa majorité
au comité des affaires juridiques et constitutionnelles, l'opposition a modifié
le projet de loi afin de reporter la date d'annulation des contrats au 13 avril
1994, journée de présentation du projet de loi à la Chambre des communes, et de
supprimer l'article dégageant le gouvernement de toute responsabilité.
Même
si les sénateurs ministériels se sont élevés contre les actions de
l'opposition, ils n'étaient pas suffisamment nombreux pour rejeter les
amendements proposés. Ces derniers ont été, par la suite, adoptés par le Sénat
et le projet de loi l'a été dans sa version modifiée le jour même où le Sénat
s'est ajourné pour l'été, le 7 juillet. Un message faisant part des actions du
Sénat relativement au projet de loi C-22 sera lu à la Chambre des communes
lorsqu'elle reprendra ses travaux à la mi-septembre.
Travaux des comités
Pendant
que le Sénat attirait l'attention des médias du fait de la controverse
entourant les projets de loi C-18 et C-22, les comités ont poursuivi leurs
travaux. Dans l'ensemble, la plupart des rapports présentés par les comités
permanents pendant cette période portaient sur des mesures législatives, et la
majorité d'entre eux ne proposaient aucun amendement aux projets de loi. En
tant que Chambre de réflexion, le Sénat est censé examiner les projets de loi
rapidement et proposer des modifications seulement lorsque cela s'impose pour
les améliorer. Ainsi, les comités doivent souvent étudier en toute hâte les
questions qui leur sont soumises. Normalement, cela ne pose pas de graves
problèmes, mais le Comité des peuples autochtones a récemment signalé qu'il
n'appréciait pas toujours cette façon de procéder.
Le
23 juin, le Comité a été chargé d'examiner les projets de loi C-33 et C-34
portant sur les revendications territoriales des autochtones et leur autonomie
gouvernementale au Yukon. Le Comité croyait au départ qu'il fallait étudier ces
mesures rapidement pour s'assurer de leur adoption avant l'ajournement de
l'été. Ce n'est que dans le cadre de ses travaux qu'il a appris que ces deux
projets de loi ne seraient pas promulgués tant qu'un troisième projet de loi
sur les droits de surface au Yukon, qui n'avait pas encore été présenté au
Parlement, ne serait pas promulgué. Ainsi, le Comité a joint à son rapport du 6
juillet une série de recommandations; il a exhorté alors le gouvernement et la
nation Kaska à poursuivre les négociations au cours des prochains mois et
laissé entendre qu'il allait suivre de près ces négociations et chercher à
obtenir que ce troisième projet de loi lui soit renvoyé.
Durant
la période visée, il n'y a eu qu'un seul rapport sur une étude spéciale; le 21
juin, le Comité des transports et des communications a présenté un rapport sur
la situation actuelle de Radio-Canada International. Le Comité a formulé six
recommandations de base exhortant la Société Radio-Canada à réexaminer le
mandat de son service international de radiodiffusion en consultation avec le
ministère des Affaires étrangères en ce qui concerne la radiodiffusion vers des
pays comme le Japon, l'Allemagne et la Chine. Le Comité a également proposé
qu'on ramène aux niveaux de 1990 les crédits affectés au service et qu'à
l'avenir, les crédits soient fournis en fonction d'une entente quinquennale
conclue entre le ministère des Affaires étrangères et la Société Radio-Canada.
Le
Comité spécial sur l'euthanasie et le suicide assisté poursuit son travail.
Dans le cadre de ses efforts pour informer les Canadiens intéressés, le Comité
publie un bulletin régulier qui fournit des notes biographiques sur les membres
du Comité, explique le mandat du Comité, résume certains des témoignages
entendus de la part d'experts et fait part de quelques-unes des lettres reçues
du grand public. On imprime un millier d'exemplaires aux fins de distribution
aux médias régionaux du pays et à tous ceux qui écrivent au Comité pour faire
connaître leur point de vue et obtenir des renseignements sur ses travaux.
Retraites, démissions et hommages
Deux
sénateurs ont pris leur retraite ce printemps. Il s'agit du Sénateur Solange
Chaput-Rolland, qui a atteint l'âge obligatoire de la retraite à la mi-mai
et qui siégeait au Sénat depuis 1988. Un mois plus tard, le sénateur Daniel
Lang a également pris sa retraite après plus de trente ans de service. Le
22 juin, le sénateur Heath Macquarrie a annoncé son intention de
démissionner avant la reprise des travaux du Sénat à la fin de septembre. Dans
la même semaine, un autre sénateur, Mario Beaulieu, a démissionné à la
suite de la décision du gouvernement d'accorder à sa société de construction,
Simard-Beaudry, un important contrat de travaux publics.
Le
21 juin, le leader du gouvernement et plusieurs autres sénateurs ont honoré la
mémoire de l'ancien sénateur Frederick Rowe, de Terre-Neuve, qui avait
rendu d'éminents services au pays et qui s'était éteint la veille, à St.
John's, à l'âge de 81 ans.
Charles Robert, Direction des comités,
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