Merle Fabien
The Ontario Collection, Fern Bayer, Fitzhenry & Whiteside, Markham, Ontario, 1984, 389
pages (500 illustrations dont 100 sont en couleurs).
The Ontario Collection témoigne de l'engagement ou de
l'absence d'engagement du gouvernement provincial à promouvoir les arts visuels
en Ontario depuis 1850 à ce jour. Outre une série d'articles instructifs
décrivant cette période, l'ouvrage contient un catalogue détaillé des oeuvres
d'art acquises par la province. L'auteur, Fern Bayer, conservatrice de la
collection provinciale d’œuvres d'art, semble avoir aussi bien rempli les
fonctions de détective que de conservatrice pour retrouver non seulement des oeuvres
manquantes, mais également des collections entières et de la documentation qui
avaient disparu. Son livre décrit les changements et l'évolution des goûts et
des valeurs qui se sont opérés chez les Ontariens sur une période de 130 ans.
Le premier des quatre articles, intitulé Objects of
Taste, décrit les efforts qu'a déployés le révérend Egerton Ryerson, en vue de
constituer, au milieu du XIXe siècle, une collection d’œuvres d'art pour le
Haut canada. Ryerson était d'avis, comme bon nombre de ses contemporains, que
la collection devait s'édifier à partir de copies de toiles signées par les
grands maîtres, de moulages en plâtre de statues de l'Antiquité, de bustes de
personnages connus et d'ornements architecturaux. Les centaines d'objets qu'il
a rassemblés au cours de ses voyages en Europe ont servi de noyau au premier
musée des beaux-arts au Canada. Ce chapitre décrit en détail les antécédents de
Ryerson, ses idées sur l'art et l'éducation à l'époque, la mise sur pied
proprement dite de la collection et l'essor du musée. D'après Baver, ce serait
le révérend Ryerson qui aurait inspiré au gouvernement assez d'intérêt envers
les arts pour permettre la mise en place, dès 1875, d'une politique officielle
prévoyant des achats annuels auprès de l'Ontario Society of Artists.
Le deuxième article, Politics and Painters, est
consacré à la période de trente-neuf ans qui part de 1875, durant laquelle le
gouvernement, par l'intermédiaire du ministère de l'Éducation, a acquis des
oeuvres d'art contemporain aux expositions annuelles de l'Ontario Society of
Artists. En 1914, année du dernier achat, plusieurs centaines d’œuvres avaient
déjà été acquises, dont 40 seulement figurent encore dans la collection.
Bayer relate la constitution et la dissolution de cette partie de la collection
et décrit les rapports tendus qui régnaient entre le gouvernement et la
Société. L'honorable George William Ross, un des personnages clés de l'époque,
avait adopté en 1895, en tant que nouveau ministre de l'Éducation, de nouvelles
politiques concernant l'acquisition d’œuvres d'art. Sa contribution fut
importante, il veilla notamment à financer des achats, à acquérir des portraits
en buste de Canadiens éminents et à faire exécuter les portraits de personnages
politiques pour les exposer dans l'édifice de l'Assemblée législative. D'après
l'auteur, Ross et Ryerson ont été les deux principales personnes qui ont marqué la
constitution de la collection d'art. Cette période d'acquisition
gouvernementale fut interrompue en 1914 pour ne reprendre qu'en 1966. La
décentralisation de la collection, qui a commencé en 1912, et une mauvaise
gestion des dossiers ont été à l'origine de la disparition de la plupart des
oeuvres.
L'établissement d'une collection de portraits picturaux
et de bustes en plâtre représentant d'importants hommes politiques et autres
personnages s'inscrivait mieux dans le rôle traditionnel du gouvernement, et la
majeure partie de cette collection a survécu, comme l'explique le troisième
article, Faces of History. On fit exécuter les portraits des
lieutenants-gouverneurs, des gouverneurs-généraux et des présidents de
l'Assemblée législative ainsi que de personnages historiques. Dans ce chapitre,
l'auteur relate en détail les événements qui ont entouré l'exécution de
certaines oeuvres et décrit les antécédents des
artistes et de leurs sujets. De nos jours, on commande encore les portraits du
lieutenant-gouverneur, du premier ministre de la province et du président de
l'Assemblée législative.
L'appui renouvelé de la province aux beaux-arts,
inspiré par l'honorable John Robarts en 1966, constitue le sujet du quatrième
et dernier article, Robarts and Renewal. Le nouveau programme
d'acquisition découlait d'une décision visant à allouer un pourcentage des
coûts de construction de l'édifice Macdonald (Queen's Park) à l'exécution de
murales et de sculptures par des artistes canadiens pour les exposer dans des
endroits publics. Au terme du projet, la somme de 328 550 $ avait financé
l'exécution de 23 murales et six sculptures, noyau d'une collection qui comprend
aujourd'hui plus de 500 oeuvres d'art contemporain. Dans ce chapitre également,
Bayer décrit les problèmes d'ordre politique et artistique qui ont entouré le
choix des oeuvres qui ornent aujourd'hui les édifices gouvernementaux de toute
la province, notamment le Palais de justice du comté de Middlesex, à London,
l'École de police de l'Ontario, à Aylmer, et le Bureau d'enregistrement des
droits immobiliers, à Kitchener. Bien que le projet de l'édifice Macdonald eût
été mis sur pied dans le cadre d'un concours national, la politique actuelle du
programme d'art en architecture a pour objet de favoriser les artistes
ontariens. Les acquisitions sont maintenant plus diversifiées et comprennent
des estampes originales, des oeuvres sur papier et d'autres oeuvres de dimensions plus petites.
Le catalogue est divisé en quatre parties,
correspondant aux chapitres susmentionnés. Les 1 100 oeuvres qui constituent la
collection de l'Ontario y sont décrites en détail : nature, dimensions, mode d'acquisition,
numéro de catalogue et renseignements sur les artistes. Plus de détails sont
fournis pour certaines oeuvres, surtout dans la partie consacrée aux portraits
où l'auteur donne de nombreux renseignements sur les modèles. Bon nombre
d'illustrations sont en couleurs. L'auteur a également joint une série
d'annexes utiles, une bibliographie détaillée par chapitre ainsi qu'un index
des artistes et des sujets. Le livre de Me Bayer, présenté de façon savante et
attrayante, sera apprécié des professionnels aussi bien que des amateurs.
Merle Fabian
Bibliothécaire
Ambassade du Canada à Washington, D.C.
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