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Québec
Le
18 juin dernier, l'Assemblée nationale ajournait ses travaux pour les vacances
estivales après avoir siégé 26 jours au cours des mois de mai et juin 1993.
Pendant cette période, 49 projets de loi ont été adoptés. Les parlementaires
ont également eu à approuver la politique budgétaire du gouvernement.
La
situation économique difficile qui prévaut depuis plusieurs mois au Canada a
inévitablement eu des répercussions sérieuses sur les finances du gouvernement
québécois. Aussi, le budget présenté le 20 mai dernier par le ministre des
Finances, M. Gérard D. Lévesque, n'est-il pas passé inaperçu. Il a fait
l'objet de beaucoup de commentaires et de nombreux débats à l'Assemblée et dans
les médias.
Selon
le ministre des Finances, le déficit gouvernemental devrait atteindre 4,15
milliards de dollars cette année, avec des revenus anticipés de 36,7 milliards
et des dépenses de 40,85 milliards. L'an dernier, le Ministre avait prédit que
le déficit atteindrait 3,8 milliards, alors que les résultats préliminaires de
l'année 1992-1993 laissent entrevoir qu'il se rapprochera des 5 milliards.
Dans
un effort de redressement des finances publiques, le ministre Levesque a donc
annoncé un train de mesures parmi lesquelles se trouvent : l'élimination de la
déduction pour emploi, la suspension pour un an de l'indexation des allocations
familiales et des prestations d'aide sociale, une nouvelle surtaxe à l'impôt
sur le revenu pour l'année en cours, l'imposition des primes de régimes privés
d'assurance-maladie ou d'assurance-vie payées par l'employeur, une réduction de
80 p. 100 à 50 p. 100 de la déductibilité des frais de repas et de
divertissement et une augmentation des frais de scolarité pour rejoindre la
moyenne canadienne.
C'est
donc dans cet esprit d'assainissement des dépenses publiques que l'Assemblée
nationale adoptait, au cours des derniers jours de séance préestivales, un
projet de loi portant sur les conditions de travail dans les secteurs public et
municipal. Cette loi, qui s'applique également au personnel cadre du
gouvernement, aux administrateurs d'État et aux effectifs d'organismes
municipaux, a pour objet de prolonger de deux ans la durée des conventions
collectives des organismes publics et de maintenir pour cette période les
échelles salariales aux taux actuels. Elle prévoit, par ailleurs, une réduction
de 1 p. 100 des dépenses reliées à l'application des conventions collectives
par l'octroi d'au plus trois jours de congé sans solde aux salariés concernés
ou par une autre mesure équivalente dont les parties visées pourraient
convenir. L'étude d'une telle loi ne s'est pas faite sans heurts, le leader du
gouvernement ayant dû recourir à une motion de suspension des règles afin de la
faire adopter.
Un
second projet de loi a également fait l'objet d'une motion de suspension des
règles de procédure. Il s'agit du projet de loi modifiant la Charte de la
langue française, qui vise à harmoniser certaines dispositions relatives à la
langue de la législation et de la justice, à la langue du commerce et des
affaires et à la langue de l'enseignement avec les décisions rendues par
différentes instances.
L'Assemblée
a adopté, bien sûr, des projets de loi moins contestés, mais tout aussi
importants. Il s'agit, entre autres :
du
projet de loi 101, qui oblige tout promoteur de projet d'établissement ou
d'agrandissement d'un lieu d'enfouissement sanitaire ou de dépôt de matériaux
secs à suivre la procédure d'évaluation et d'examen des impacts
environnementaux prévue dans la Loi sur la qualité de l'environnement;
du
projet de loi 68 sur la protection des renseignements personnels dans le
secteur privé, qui a pour objet d'établir des règles particulières pour la mise
en oeuvre des droits et obligations découlant des articles du Code civil du
Québec en matière de protection des renseignements personnels. Il impose
aux exploitants d'entreprise l'obligation d'assurer la confidentialité des
renseignements personnels qu'ils détiennent et utilisent sur autrui et interdit
de communiquer ces renseignements à des tiers sans le consentement de la
personne concernée. Il balise aussi les renseignements personnels qui peuvent
être recueillis sur une personne par un exploitant et la façon dont ils peuvent
être rassemblés. Enfin, il établit les modalités de consultation des dossiers
que possèdent ces entreprises;
des
projets de loi 82 et 83, qui consacrent la réforme de l'enseignement collégial.
Le premier vise à la fois les activités que peuvent exercer les collèges et
leur organisation interne. Il habilite le gouvernement à établir un régime
d'études collégiales balisant, notamment, l'admission, les programmes d'études,
l'évaluation des apprentissages et la sanction des études. Le second institue
la Commission d'évaluation de l'enseignement collégial, qui aura pour mission
d'évaluer au besoin les politiques d'apprentissage et les programmes d'études
de chaque établissement.
Toujours
dans le domaine législatif, signalons l'adoption de deux projets de loi
présentés par des députés du groupe parlementaire formant le gouvernement. Le
projet de loi 198 limite le remplacement des personnes qui oeuvrent pour le
gouvernement ou un organisme public et qui quittent leur emploi et prévoit la
diminution du personnel d'encadrement et l'imputabilité des administrateurs
d'État et des dirigeants d'organismes. Le projet de loi 197, quant à lui, a
pour objet de favoriser les dons d'organes et de tissus humains.
Parmi
les événements politiques marquants de cette fin de session printanière,
mentionnons la démission d'un député de la majorité ministérielle, M. Guy
Bélanger. Ce dernier représentait les électeurs de la circonscription de
Laval-des-Rapides et assumait la fonction de président de la Commission de
l'économie et du travail.
De
plus, lors d'une élection complémentaire tenue le 5 juillet dernier, le
candidat du Parti québécois, M. Roger Bertrand, a été élu député de
Portneuf. Cette circonscription était détenue depuis 1973 par M. Michel Pagé
qui, au moment de quitter la vie politique, était ministre de l'Éducation et
leader parlementaire du gouvernement.
La
répartition des sièges à l'Assemblée nationale est maintenant la suivante : 87
députés du Parti libéral; 33 députés du Parti québécois; 3 députés du Parti
Égalité; 1 député indépendant et 1 siège vacant.
Enfin,
soulignons que, à l'occasion de la XIXe rencontre de l'Assemblée
internationale des parlementaires de langue française, qui s'est déroulée à
Libreville (Gabon) au début de juillet 1993, le président de l'Assemblée
nationale du Québec, M. Jean-Pierre Saintonge, a été élu au poste de
président de cette assemblée. Il en était le premier vice-président depuis
septembre 1991.
Nancy Ford et Jean Bédard, Secrétariat de l'Assemblée
Travaux des commissions
Au
cours du dernier trimestre, les commissions permanentes ont tenu 83 séances.
Comme
à chaque année, les mois de mai et juin ont été des périodes intenses de
travail. D'ailleurs, du début de juin jusqu'à l'ajournement des travaux le 18
juin, les commissions ont été appelées à siéger de 10 heures le matin jusqu'à
minuit, et ce du lundi au vendredi.
Le
mois de mai a été fort occupé. Il a été marqué par la variété des mandats. Dix
séances ont été nécessaires pour terminer l'étude des crédits budgétaires des
ministères, commencée en avril. Dix séances ont été consacrées à des
consultations générales. Deux interpellations, deux séances de vérification
d'engagements financiers et quinze séances consacrées à l'étude détaillée de
projets de loi ont aussi marqué ce mois.
Mentionnons
enfin qu'une délégation de la Commission de l'éducation a participé à un
colloque sur l'expérience helvétique en matière de rétention scolaire et de
formation professionnelle qui s'est tenu du 9 au 15 mai à Lausanne.
Le
mois de juin a surtout été consacré à l'étude détaillée de projets de loi (41
séances, soit 49 p. 100 des séances du trimestre). D'autres mandats ont aussi
été accomplis. Mentionnons, entre autres, la tenue d'audiences publiques afin
d'entendre les parties relativement aux modifications à apporter au décret de
la construction.
Le
mois de juillet est normalement consacré à la mise à jour ou à la préparation
de dossiers et est libre d'activités parlementaires.
Toutefois,
cette année, des représentants de la Commission du budget et de
l'administration ont participé à la 15e Conférence annuelle du
Conseil canadien des Comités des comptes publics qui s'est tenue à Toronto du 4
au 7 juillet 1993.
Rappelons
que les travaux des commissions en mai et juin sont consacrés principalement à
l'étude détaillée de projets de loi. Ces mandats ont représenté 67 p. 100 de
l'ensemble des activités des commissions. Parmi les 34 mandats législatifs
donnés aux commissions, un seul n'a pu être complété, une motion de clôture
adoptée à l'Assemblée ayant mis fin aux travaux de la Commission de la culture.
Quelques
mandats donnés aux commissions ont retenu notre attention. À la Commission de
l'Aménagement et des équipements, ce sont essentiellement les secteurs de
l'environnement, des municipalités et du transport qui ont fait l'objet de ses
travaux. Cette commission a étudié un projet de loi important modifiant le Code
de la sécurité routière. Ce projet de loi visait, entre autres, à apporter des
améliorations à la sécurité des autobus scolaires, à déterminer des points
routiers critiques, à uniformiser certaines amendes et à mieux organiser
l'échange électronique des données.
Dans
le domaine de l'environnement, un projet de loi visait à constituer des
réserves écologiques et un autre visait l'établissement et l'agrandissement de
lieux d'élimination des déchets.
Dans
le domaine des affaires municipales, deux projets de loi d'intérêt privé et
public ont fait l'objet d'une étude détaillée.
La
Commission du budget et de l'administration a eu un trimestre fort occupé.
Soulignons d'abord la consultation générale qu'elle a tenue les 4, 5 et 6 mai
derniers sur le document L'appui au secteur financier: des dividendes pour
le Québec. Les échanges visaient à proposer des politiques pour le secteur
financier au Québec. Treize organismes ont été entendus durant plus de 13
heures.
Comme
à chaque année, le débat en Commission sur le discours du budget a été confié à
la CBA. Deux séances et près de 8 heures ont été consacrées à ce débat.
La
Commission a étudié un projet de loi important visant à lutter contre la fraude
en matière d'impôt sur le tabac. Deux séances et plus de 12 heures ont été
nécessaires pour en faire l'étude détaillée.
Suite
à la consultation générale tenue en février et mars derniers, la Commission de
la culture a procédé à l'étude détaillée du projet de loi 68 sur la protection
des renseignements personnels dans le secteur privé. Ce projet de loi fort
attendu par certains a donné lieu à des échanges intéressants.
Ce
sont les consultations particulières et l'étude détaillée du projet de loi 86
sur la Charte de la langue française qui ont le plus occupé les travaux de la
Commission de la culture. Près de 60 heures durant les mois de mai et juin ont
été consacrées aux consultations et à l'étude détaillée. Vingt-quatre
organismes ont été entendus lors des consultations et vingt-huit mémoires ont
été déposés. L'étude détaillée qui a suivi a été marquée par une absence de
consensus. Ainsi, après quatre séances, l'étude détaillée du projet de loi
était terminée puisqu'elle a fait l'objet d'une motion de clôture adoptée à l'Assemblée
et qui visait à mettre fin aux travaux de la Commission.
La
Commission de l'éducation a tenu, entre autres choses, des consultations
particulières au mois de mai sur les collèges d'enseignement général.
Vingt-cinq organismes ont été entendus durant les quatre journées qu'ont duré
ces consultations. L'étude détaillée du projet de loi 82 qui a suivi a
nécessité deux séances. Ce projet de loi visait à modifier les champs
d'activités des collèges, à modifier l'organisation interne des collèges, à habiliter
le gouvernement à établir un régime des études collégiales et proposait des
modifications quant aux droits de scolarité, aux règles budgétaires et à la
réglementation.
Deux
mandats de la Commission de l'économie et du travail retiennent notre attention,
dont celui de faire une étude détaillée d'un projet de loi d'intérêt privé - le
projet de loi 261 sur l'Association de villégiature de Mont-Tremblant -, ce qui
est rarement demandé à la Commission.
La
Commission a débuté également la deuxième ronde d'audiences publiques sur le
décret de la construction. Cette ronde, moins controversée que la première, a
permis à cinq associations syndicales et patronales d'être entendues par le
ministre du Travail, et de faire valoir les raisons pour lesquelles il est
impossible de parvenir à une entente sur les modifications à apporter au décret
de la construction.
La
Commission des institutions a eu des mandats variés et nombreux. Nous en
soulignons deux.
Le
projet de loi 84 a fait l'objet de consultations particulières avant son étude
détaillée. Cet important projet de loi, modifiant plusieurs lois, visait à
instituer une Régie des alcools, des courses et des jeux et à lui attribuer des
pouvoirs et des compétences. Huit organismes ont été entendus durant les deux
journées qu'ont duré les auditions.
Dans
le cadre de la vérification des engagements financiers du Protecteur du citoyen
et de l'examen de son rapport annuel 1991-1992, la Commission a discuté du rôle
et des fonctions du Protecteur du citoyen.
Signalons
enfin que la Commission a reçu de l'Assemblée le mandat de tenir des audiences
publiques sur le Régime d'aide juridique au Québec, qui doivent débuter le 21
septembre 1993. Les mois de juillet et d'août seront donc consacrés à répondre
aux demandes des organismes et à la réception des mémoires.
François Rousseau, Secrétaire de la Commission de l'économie et du
travail,, Direction du Secrétariat des commissions
Saskatchewan
Le
25 février 1993, la Troisième session de la XXIIe Législature
a été ouverte par la lieutenant- gouverneur Sylvia Fedoruk. Dans
son Discours du Trône de trente minutes, Mme Fedoruk a annoncé
des mesures gouvernementales dans les secteurs du développement économique, de
l'aide à l'agriculture, de l'éducation, de la justice sociale et de
l'imputabilité gouvernementale, ainsi qu'une réforme du régime de soins de
santé. Elle a aussi parlé de la réduction de la dette, qui continuera à avoir
beaucoup d'importance dans la stratégie de «renouveau» du gouvernement. Le
leader de l'Opposition Rick Swenson, qui a remplacé Grant Devine
à ce titre le 1er janvier 1993, a critiqué le Discours du
Trône en le qualifiant de «stratégie douteuse de développement économique» et
dénoncé le gouvernement pour ses augmentations du fardeau fiscal et des frais
des services publics. La leader du Parti libéral, Lynda Haverstock,
l'a qualifié pour sa part de «document insatisfaisant» truffé «d'allusions
vagues» et de «rhétorique creuse».
Budget
Le
Budget 1993-1994 a été présenté le 18 mars par la ministre des Finances, Janice MacKinnon,
qui l'a décrit comme un «plan budgétaire complet et équilibré». Dans son
discours, Mme MacKinnon a déclaré que la province doit faire
des sacrifices pour combattre son énorme déficit, qui s'élèverait, a-t-elle
dit, à 15 000 $ pour chaque homme, chaque femme et chaque enfant de
la Saskatchewan. Elle a annoncé que les dépenses gouvernementales seraient
comprimées grâce à l'élimination d'un quart des conseils et organismes
provinciaux, à la rationalisation du système de prestation des soins de santé,
à l'élimination du Régime de médicaments d'ordonnance gratuits pour tous les
habitants, sauf les personnes à faible revenu ou celles qui ont de gros frais
de médicaments, à de nouvelles politiques d'appel d'offres et d'achat pour les
écoles, au partage des frais de prestation des services avec les municipalités,
au gel des traitements des députés ainsi qu'à une réduction de 5 p. 100 du
traitement des ministres. Pour augmenter les revenus, Mme MacKinnon
a notamment imposé une augmentation de deux cents le litre de la taxe sur
l'essence, ainsi qu'une hausse d'un point de la taxe de vente, qui la porte à
9 p. 100. Elle a prédit que ces mesures, combinées avec d'autres,
permettraient de ramener le déficit à 269 millions de dollars, soit une
baisse de 30 p. 100 par rapport au déficit de 592 millions de dollars
de 1992-1993.
La
Ministre a déclaré qu'une économie saine est un élément clé du plan qu'elle a
formulé pour équilibrer le budget d'ici quatre ans. La création d'emplois est
la première priorité de ce plan; pour stimuler l'emploi, Mme MacKinnon
a annoncé une baisse de 20 p. 100 du taux d'impôt sur le revenu des
corporations pour les petites entreprises et les coopératives, un crédit
d'impôt pour les sociétés manufacturières et de traitement, ainsi que des
investissements gouvernementaux dans la recherche et le développement complétés
par une augmentation de 10 p. 100 des projets d'immobilisation. Les autres
mesures comprennent l'octroi d'une subvention d'aide de 320 millions de
dollars au secteur agricole.
Le
leader de l'Opposition, Rick Swenson, a déclaré que le Budget
reniait la promesse que le Premier ministre avait faite au moment des élections
en s'engageant à ne pas augmenter les impôts. M. Swenson a déclaré que,
pour chaque dollar qu'il s'est engagé à économiser, le gouvernement a augmenté
de deux dollars les impôts des contribuables. Selon lui, ce rapport aurait dû
être inversé. L'Opposition a aussi critiqué les compressions budgétaires du gouvernement,
en disant qu'elles équivaudraient à faire payer un demi-milliard de dollars par
d'autres instances gouvernementales. Elle a déclaré que le Budget se soldera
par une augmentation de 2 000 $ du fardeau fiscal familial.
La
leader libérale, Lynda Haverstock, a critiqué le gouvernement pour
ce qu'elle a décrit comme une démarche pré-budgétaire de présentation du «pire
scénario possible», qui a détruit la confiance dans l'économie. Elle a dit que
le gouvernement n'a pas compris qu'il faudrait commencer par sacrifier une
partie de l'appareil gouvernemental, en ne s'attaquant à la qualité de vie des
citoyens qu'en dernier recours.
Mesures législatives
On
a déposé 91 projets de loi d'intérêt public et deux projets de loi
d'intérêt privé pendant la session. Quatre de ces projets de loi, y compris un
projet de loi d'intérêt public déposé par l'Opposition, sont morts au
feuilleton à l'ajournement, le 22 juin. Il n'a pas été possible de déposer
les autres projets de loi envisagés - au nombre de 53 -, dont un
projet de loi d'intérêt public et d'initiative parlementaire parrainé par un
député du gouvernement. Sur les 87 projets de loi adoptés, une dizaine ont
fait l'objet de grands débats. Les pages qui suivent sont un résumé des faits
saillants qui ont entouré l'introduction des plus controversés d'entre eux, qui
ont rendu la session extrêmement orageuse.
Le
projet de modifier radicalement le système de soins de santé de la province a
été l'initiative la plus controversée annoncée dans le Discours du Trône. Le gouvernement
s'était déjà lancé dans la mise en place de ce qu'il appelle le «modèle du
bien-être» des soins de santé, qui met l'accent sur la prévention, l'adoption
de modes de vie sains et les programmes de santé communautaire. Ce dernier
aspect du modèle suppose «la coordination et l'intégration des services de
santé en vue de la mise en oeuvre d'un système de santé plus sensible aux
besoins et plus efficient». La ministre de la Santé, Louise Simard,
a déposé un projet de loi en ce sens le 3 mars 1993. D'après elle,
l'un des principaux objectifs de ce projet de loi 3, An Act respecting
Health Districts, devait consister à remplacer plusieurs centaines de
services fragmentés de prestation de soins de santé par 25 commissions
intégrées et coordonnées. En outre, les commissions locales devaient être
investies du pouvoir décisionnel et du pouvoir de contrôler les services dans
leur région.
Parmi
les raisons qu'il a invoquées pour justifier la réforme, le gouvernement a
notamment déclaré qu'il faut réduire le coût annuel des soins de santé. En
avril, il a annoncé qu'il allait réduire ses subventions à 52 établissements de
soins actifs, ce qui allait mener à la conversion ou à la fermeture de nombreux
hôpitaux ruraux. L'Opposition officielle a protesté en disant qu'on manquerait
de soins d'urgence dans les régions rurales, et que ces fermetures d'hôpitaux
auraient de graves conséquences économiques. Le critique de la Santé, Bill Neudorf,
a dit que le projet de loi allait entraîner le démantèlement du réseau rural de
soins de santé. La leader du Parti libéral a demandé au gouvernement de mettre
son projet à l'essai dans un district pilote avant de l'étendre à toute la
province. En réponse aux questions soulevées, la Ministre a reconnu qu'il y
aurait des pertes d'emplois, mais elle a déclaré que de nombreux établissements
ruraux seraient convertis en «centres de bien-être». Elle a aussi donné des
assurances que les ruraux continueraient à avoir accès à des soins actifs
d'urgence. Un débat très émotionnel a suivi, marqué par une série de tactiques
d'atermoiement conçues par l'Opposition officielle qui, avec ses dix députés,
s'est efforcée de contraindre le gouvernement à changer de politique.
Les
votes par appel nominal ont été très nombreux : il y en a eu 49 sur des motions
d'ajournement, 52 sur l'introduction de projets de loi d'intérêt public et
d'initiatives parlementaires et beaucoup aussi sur des motions de remplacement.
L'Opposition a eu recours à des rappels au règlement, à la présentation de
pétitions, à des avis oraux de motion, à des demandes de débats d'urgence et
enfin à la règle de la suspension de trois jours, tout cela pour tenter
d'éviter l'étude du projet de loi 3. Et elle a effectivement réussi à
empêcher à plusieurs reprises l'Assemblée législative de passer même à l'ordre
du jour. Pour sa part, presque au tout début du débat, le gouvernement a tenté
de le limiter à une période donnée, mais il a été contraint d'avoir recours à
la clôture pour y arriver. Le projet de loi n'a fini par franchir l'étape de la
troisième lecture que le 29 avril, à 4 h 15 du matin, et encore,
seulement après un vote par appel nominal sur chacun de ses 45 articles.
Dans
le Discours du Trône, le gouvernement avait déclaré qu'il présenterait un
projet de loi interdisant la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle,
l'état civil ou le fait que la personne visée est bénéficiaire de l'aide
publique. Le 17 mars, le ministre de la justice, Bob Mitchell,
a effectivement déposé le projet de loi 38, an Act to Amend the
Saskatchewan Human Rights Code. Quand il a présenté une motion pour que le
projet de loi passe en deuxième lecture, environ deux mois et demi plus tard,
la question des droits des homosexuels était devenue le point focal d'une vive
opposition au projet de loi. Pendant son discours à cette occasion-là, le
Ministre a tenté de désamorcer la controverse en déclarant que la protection
prévue par le Code serait étendue aux personnes qui font l'objet de
discrimination en raison de leur orientation sexuelle dans les domaines de
l'emploi et du logement. Il a dit que le projet de loi ne portait nullement sur
l'acceptation individuelle des comportements homosexuels et ne reconnaissait
pas les mariages entre homosexuels, pas plus qu'il ne leur donnait droit aux
avantages des conjoints, ni d'adopter des enfants. Il a conclu que le projet de
loi 38 n'était pas «le fer de lance de la reconnaissance des droits légaux
des homosexuels».
Les
membres de l'Opposition officielle ont pris le contre-pied de cette attitude en
disant que, par l'ajout de l'expression «orientation sexuelle» au Code des
droits de la personne, le gouvernement «ouvrait la porte à des
revendications plus importantes». Le critique de la Justice, Don Toth,
a déclaré qu'on avait abrogé des lois analogues au Colorado et en Oregon pour
cette raison même. Il a allégué que l'extension de la protection prévue par le
Code à l'orientation sexuelle était inutile, puisque cette protection est déjà
assurée par la Charte canadienne des droits et libertés. Comme le projet
de loi ne contient aucune définition de l'orientation sexuelle et des valeurs
familiales, l'Opposition a conclu qu'il laissait une trop grande place à
l'interprétation. Et c'est pour cette raison qu'elle l'a contesté, et qu'il a
fait l'objet d'un long débat. D'emblée, le leader de l'Opposition a réclamé
qu'on tienne un vote libre sur son adoption, mais le caucus du gouvernement a
refusé de le faire. Néanmoins, deux des députés du gouvernement ont annoncé
qu'ils n'appuieraient pas le projet de loi 38, et ils se sont abstenus de
voter. Le débat sur le projet de loi s'est prolongé jusqu'aux dernières minutes
de la session (ce fut le dernier projet de loi adopté avant l'ajournement, le
22 juin).
Deux
autres projets de loi ont été vertement critiqués par l'Opposition : le
projet de loi 55, An Act to Amend the Workers' Compensation Act, et
le projet de loi 56, An Act respecting Occupational Health and Safety.
Lorsqu'il a expliqué la raison d'être de ces deux projets de loi connexes, le
ministre du Travail, Ned Shillington, a déclaré qu'une
modernisation de la législation ouvrière de la province s'imposait dans le
domaine de l'assurance et dans ceux des prestations, des soins de santé et de
la réadaptation des victimes d'accidents du travail, ainsi que de la sécurité
des lieux de travail. Au cours du débat de deuxième lecture, il a souligné que
les dispositions les plus controversées des deux projets de loi seraient celles
qui autorisent la Commission provinciale des accidents du travail à réduire ou
à augmenter les calculs des employeurs en se fondant sur des notions de santé
occupationnelle et sur les pratiques de sécurité. Le critique du Travail de
l'Opposition, Jack Goohsen, a contesté la projection que le
Ministre avait faite du coût accru que les mesures projetées allaient représenter
pour les employeurs, en disant que les changements équivalaient à une taxe sur
la liste de paye. Il a accusé le gouvernement de tenter de faire absorber les
frais du système provincial de soins de santé par les gens d'affaires, en
augmentant les primes qu'ils auraient à verser.
L'Opposition
a aussi invoqué des facteurs économiques pour s'opposer à l'adoption du projet
de loi 39, An Act to Amend the Education Act, qui avait pour objet
de donner aux Fransaskois le pouvoir de gérer et de contrôler leurs propres
conseils scolaires. La ministre de l'Éducation, Carol Teichrob, a
dit que l'adoption du projet de loi s'imposait pour que la Saskatchewan
s'acquitte des obligations qui lui sont imposées par l'article 23 de la Charte
des droits et libertés. Elle a déclaré qu'il n'en résulterait pas
d'augmentation des coûts, puisque la province allait avoir accès aux crédits
fédéraux. Elle a dit prévoir la création de huit à dix conseils scolaires
francophones.
Le
critique de l'Éducation, Dan D'Autremont, a rétorqué qu'il ne
faudrait pas créer une troisième structure de conseils scolaires à un moment où
les contribuables ont déjà du mal à financer des écoles publiques et des écoles
séparées. Il a déclaré que le retrait des élèves francophones des écoles
rurales actuelles allait accentuer le problème des fermetures d'écoles et
causer des augmentations de coûts en raison du transport par autobus des élèves
vers les écoles des plus grandes villes.
Par
ailleurs, après les élections de 1991, le nouveau gouvernement avait entrepris
une série d'examens de toutes les ententes prévoyant des «mégaprojets» conclues
par l'ancien gouvernement progressiste- conservateur. L'un de ces examens a
porté sur l'entente intervenue en 1986 entre le gouvernement provincial et le
gouvernement fédéral, d'une part, et Federated Cooperatives Limited (FCL),
d'autre part, en vue de la construction et de l'exploitation d'une usine de
valorisation du pétrole lourd à la raffinerie de FCL, à Regina. L'entente
créait NewGrade Energy Inc., la compagnie qui a fait l'objet d'une mesure
controversée, le projet de loi 90, An Act to Protect the Financial
Viability of NewGrade Inc.
Après
que la commission d'enquête formée par le gouvernement et dirigée par le juge
Estey eut étudié les modalités de l'entente, le gouvernement a entrepris des
négociations pour la modifier, en disant qu'elle exemptait FCL de l'obligation
d'investir quoi que ce soit dans la nouvelle usine et d'assumer le moindre
risque à cet égard, tout en lui donnant le pouvoir exclusif d'en contrôler
l'exploitation et en lui garantissant la moitié des profits réalisés. Au cours
du débat de deuxième lecture, le ministre de la Justice, Bob Mitchell,
a déclaré que FCL avait arraché ces conditions à l'ancien gouvernement au
milieu de la campagne électorale de 1986, et que ce dernier les avait acceptées
plutôt que de subir les conséquences politiques de l'échec du projet.
M. Mitchell a soutenu que l'entente devait être modifiée, dans l'intérêt
des contribuables. C'est le refus de FCL d'accepter l'offre de règlement du
gouvernement (fondée d'après M. Mitchell sur une solution recommandée dans
le rapport du juge Estey) qui aurait mené au dépôt du projet de loi.
Le
leader de l'Opposition, Rick Swenson, a dit qu'il ne s'opposait pas
à une renégociation des «éléments de base» de l'entente, mais il a condamné le
projet de loi en le qualifiant d'antidémocratique. Il a déclaré que le Ministre
allait être investi d'un pouvoir absolu, illimité et «totalitaire» de modifier
l'entente, sans possibilité d'appel pour FCL. Il a pressé le gouvernement de
négocier de façon «honnête et directe». La leader du Parti libéral, Lynda
Haverstock, a dit craindre que le projet de loi n'ait des répercussions
négatives sur les activités commerciales dans la province, parce que les investisseurs
susceptibles de signer des contrats avec le gouvernement allaient désormais se
méfier. C'est ainsi qu'a commencé une action concertée de l'Opposition
officielle, d'abord pour retarder l'adoption du projet de loi 90, puis
pour le modifier. À cette fin, l'Opposition a employé une grande partie des
tactiques qu'elle avait déjà utilisées contre le projet de loi 3, à telle
enseigne qu'en une occasion, l'Assemblée n'a pas pu passer à l'ordre du jour.
Qui plus est, l'Opposition a invoqué la règle de suspension de trois jours.
Le
gouvernement a aussi été critiqué pour le projet de loi 79, An Act to
Provide for the Division of Saskatchewan into Constituencies for the Election
of Members of the Legislative Assembly, qui avait essentiellement pour
objet de réduire de 66 à 58 le nombre des sièges à l'Assemblée législative.
C'était la première fois depuis la Crise que ce nombre allait être réduit.
Le
projet de loi dispose que le nouveau nombre de sièges soit fixé en faisant
passer de juste un peu moins de 10 000 à environ 11 400 le nombre
moyen d'électeurs dans chaque circonscription. L'écart admis du quotient
électoral serait de plus ou moins 5 p. 100, ce qui est de loin inférieur à
l'écart de 25 p. 100 toléré par l'ancienne Loi. De plus, le projet de loi
prévoit l'élimination de la distinction jusque-là admise entre les
circonscriptions rurales et urbaines.
L'Opposition
officielle a dit être d'accord en principe avec le gouvernement sur sa
proposition de réduire le nombre de sièges, tout en déclarant que les changements
proposés étaient en réalité le fruit d'une décision politique ayant pour objet
de «faire taire les voix de la Saskatchewan rurale» en créant des
circonscriptions rurales plus grandes et plus difficiles à représenter. Le
leader de l'Opposition a proposé que les limites des circonscriptions
électorales soient plutôt tracées en divisant chacune des
14 circonscriptions fédérales en quatre circonscriptions provinciales, ce
qui aurait donné 56 sièges en tout. Cette idée a été rejetée par le gouvernement.
Dans
un autre ordre d'idées, le gouvernement a réagi à ce que le ministre de la
Justice a décrit comme une préoccupation constante du public au sujet de
certaines «violations de confiance» en présentant un projet de loi régissant les
conflits d'intérêts des députés, le projet de loi 1, An Act respecting
the Conduct of Members of the Legislative Assembly and Members of Executive
Council respecting Conflicts of Interest, grâce auquel il espérait éviter
les conflits d'intérêts en les définissant clairement et en obligeant les
députés à une divulgation plus complète de leurs biens et de ceux de leurs
conjoints et enfants à charge. Le projet de loi prévoyait aussi la création
d'un poste de Commissaire aux conflits d'intérêt chargé de donner des conseils,
de préparer des avis - sur demande - sur l'observation des règles et
de mener des enquêtes au besoin. L'Opposition a jugé le projet de loi
imparfait, mais elle a consenti à l'appuyer et à entériner aussi une résolution
distincte établissant un «Code d'éthique».
Comités
Le
27 août 1992, l'Assemblée législative a créé un Comité permanent de
l'environnement chargé d'étudier les mesures législatives portant sur les
questions environnementales, puis d'en faire rapport. Le lendemain, ce comité, présidé
par la députée de Regina Nord, Kim Trew, a reçu mandat d'analyser
la question des droits et responsabilités environnementales (DRE) dans le
contexte du projet de loi sur ce sujet, qui avait été déposé plus tôt cette
année-là. Au cours de l'hiver, le Comité a entendu témoigner plus de cent
citoyens aux audiences publiques qu'il a tenues dans une quinzaine de localités
de la province. Il s'est fondé sur ces témoignages (ainsi que sur plus de
70 mémoires) pour présenter une série de recommandations dans un rapport
de 50 pages déposé à l'Assemblée législative le 19 avril 1993.
Le ministre de l'Environnement, Berny Wiens, a accepté de se fonder
sur ce rapport, adopté par l'Assemblée le 18 mai, pour élaborer un nouveau
projet de loi sur les DRE.
Le
4 mai 1993, l'Assemblée législative a renvoyé un premier projet de
loi au Comité permanent des sociétés d'État. Le projet de loi 42, An
Act respecting the Creation and Supervision of Certain Crown Corporations,
a été conçu par le gouvernement pour améliorer l'imputabilité des sociétés
d'État et les pouvoirs de supervision de la Société des investissements
gouvernementaux (CIC), la société de portefeuille chargée de superviser la
plupart des sociétés d'État de la province. Le Vérificateur provincial, Wayne Strelioff,
a déclaré que le projet de loi améliorerait la situation, mais il a demandé au
gouvernement de soumettre les budgets d'immobilisation et de fonctionnement des
sociétés d'État à l'Assemblée pour qu'elle puisse les analyser. L'Opposition
officielle s'est inspirée de cette déclaration du Vérificateur et d'autres
observations qu'il avait formulées pour proposer de nombreux amendements au
projet de loi. Le ministre responsable de la CIC, John Penner, a
réagi en déclarant que la nature commerciale des sociétés d'État empêchait le
gouvernement de les contraindre à fonctionner et à rendre compte de leurs
activités de la même façon que des ministères.
Le
Vérificateur provincial a aussi déploré la relation entre les sociétés d'État,
les vérificateurs du secteur privé et son Bureau dans son rapport spécial sur
le projet de loi 42. Ce rapport a été soumis au Comité permanent des
comptes publics, qui a analysé le recours des sociétés d'État aux vérificateurs
du secteur public, compte tenu des responsabilités statutaires du Vérificateur
provincial. Après avoir conclu son étude, le Comité a publié un rapport
provisoire dans lequel il a déclaré ne pas souscrire au principe que seul le
Vérificateur provincial devrait analyser les dossiers, les comptes et les états
financiers de la CIC. Dans le cadre de son étude du projet de loi 42, le
Comité des sociétés d'État a étudié et accepté les recommandations du Comité
des comptes publics, bien que sa conclusion doive faire l'objet d'un examen
ultérieur. Néanmoins, la CIC a déclaré qu'elle continuerait pour une période
donnée à faire vérifier ses livres par le Vérificateur provincial, avant de
prendre une autre décision.
Le
Comité des comptes publics a par ailleurs eu l'occasion d'étudier le projet de
loi 41, An Act respecting the Financial Administration of the
Government of Saskatchewan, qui lui a été renvoyé le 4 mai et qui a
pour objet l'établissement d'un système de comptabilité d'exercice dans
l'administration provinciale comprenant notamment la présentation obligatoire
d'états financiers résumés dans les comptes publics de la province.
Enfin,
par suite de l'examen de ses procédures de fonctionnement, le Comité des
comptes publics a demandé que le gouvernement produise une réponse complète à
ses rapports dans les 120 jours suivant leur dépôt à l'Assemblée.
Gregory Putz, Greffier adjoint
Chambre des communes
Au
cours des derniers mois de séance de la 34e Législature, la Chambre
a étudié de nombreuses mesures qui pourraient changer fondamentalement le
visage politique du Canada. Elle a adopté des projets de loi visant à créer le
Nunavut, un nouveau Territoire du Nord, et à mettre en oeuvre un Accord de
libre-échange nord-américain (ALENA) à l'échelle de tout un continent. On y a
rendu hommage à Brian Mulroney, le premier ministre sortant, et à Kim
Campbell, qui a été élue chef du Parti progressiste-conservateur avant de
prêter serment en tant que nouvelle première ministre du Canada. Plusieurs
ministères ont été restructurés et, le 25 juin, les titulaires de ces
ministères ont été présentés lors de la cérémonie de prestation de serment des
membres du nouveau Cabinet. La Chambre a été dissoute à la mi-juin, avant la
présentation du nouvel exécutif; la nouvelle première ministre et les membres
de son Cabinet n'ont donc pas encore pris part aux débats de la Chambre, sur
les banquettes ministérielles.
Les
hommages rendus à l'ex-premier ministre et à la nouvelle première ministre se
sont accompagnés de fréquents hommages à l'endroit d'autres députés, anciens et
actuels, et notamment un long hommage au Président John Fraser et des
échanges de compliments entre les députés de « la promotion de 68 ».
De nombreux souvenirs heureux ont été évoqués, mais il y avait une certaine
tristesse dans l'air alors que plusieurs des députés qui ont fait partie du
paysage politique durant tant d'années annonçaient l'un après l'autre leur
décision de quitter la vie politique. Le député libéral chevronné Marcel
Prud'homme et le député progressiste conservateur Len Gustafson ont remis
leur démission au Président en quittant la Chambre pour assumer leurs nouvelles
fonctions au Sénat, et le député néo-démocrate Derek Blackburn a remis
la sienne après avoir été nommé au sein de la Commission de l'immigration et du
statut de réfugié. Ces trois départs portent à six le nombre des sièges vacants
à la Chambre. Si l'on songe qu'au moment où sont écrites ces lignes, plus de 60
autres députés de la législature actuelle ont annoncé leur décision de ne pas
se représenter aux prochaines élections fédérales, on peut s'attendre à ce que
la 35e Législature prenne une visage bien différent.
Le
sentiment de nostalgie et de collégialité qui transcendait les allégeances
politiques lors des hommages n'a cependant pas empêché les députés de reprendre
leurs rôles d'adversaires quand vint le temps de débattre des questions
controversées et de contester les arguments présentés. Le 25 mai, par exemple,
les députés de l'Opposition, qui protestaient contre le calendrier établi par
le gouvernement concernant l'étude du projet de loi sur l'ALENA, ont proposé de
prolonger le débat à l'étape du rapport au-delà de l'heure d'ajournement
habituelle; le débat s'est donc poursuivi toute la nuit, jusqu'à 12 h 43 le
lendemain après-midi. À l'étape de la troisième lecture, la même journée, le
projet de loi a été adopté par 140 voix contre 124.
Lors
des débats consacrés aux travaux des subsides pendant cette période,
l'Opposition s'est attaquée au gouvernement en proposant des motions ainsi
libellées : « Que, de l'avis de cette Chambre, le Budget est, pour
reprendre l'expression du whip en chef du gouvernement, une honte » (4
mai); « Que la Chambre condamne le gouvernement parce qu'il étouffe le
débat sur l'ALENA et d'autres projets de loi importants liés au commerce par
une utilisation abusive de la clôture, imposée au moyen des dispositions sur
l'attribution de temps » (5 mai); « Que la Chambre regrette que,
malgré toutes les grandes déclarations qu'il a faites devant les instances
internationales et malgré le fait que deux années et demie se soient écoulées
depuis le lancement du Plan vert, le gouvernement n'ait pas réussi à faire du
développement durable un objectif fondamental complètement intégré à la
politique officielle » (13 mai); « Que la Chambre condamne le
gouvernement d'avoir manqué lamentablement de leadership et de direction à
l'égard des banques canadiennes et d'autres institutions de crédit pour
qu'elles soient en mesure d'offrir les ressources financières adéquates pour la
croissance et le développement des petites et moyennes entreprises et ainsi
d'assurer la création de milliers de nouveaux emplois » (14 mai);
« Que la Chambre condamne le gouvernement pour n'avoir pas réussi à
protéger les intérêts canadiens en ce qui concerne le transfert entre bassins
hydrographiques, comme le démontrent le projet Kemano, la rivière Thompson
Nord, de même que le Traité du fleuve Columbia et l'Accord de libre-échange
nord-américain » (28 mai); « Que la Chambre regrette l'incapacité
chronique dont fait preuve le gouvernement de mettre un terme à la tragédie du
chômage, surtout chez les jeunes et particulièrement en ce qui concerne la
formation scolaire et professionnelle et le recyclage des travailleurs, et
demande qu'un programme national d'apprentissage et un programme national de
services axés sur les jeunes soient immédiatement mis en place pour redresser
cette situation » (31 mai). Ayant donné à l'Opposition l'occasion
d'exposer ses griefs, conformément à la tradition parlementaire, la Chambre a,
le 2 juin, accordé des crédits au gouvernement et adopté le Budget principal
des dépenses pour 1993-1994 et le Budget des dépenses supplémentaire (A) pour
1993-1994.
Le
Comité mixte permanent d'examen de la réglementation s'est attaché lui aussi
pendant cette période à obliger le gouvernement à rendre des compte pour ses
décisions et ses politiques. Dans ses neuvième et dixième rapports, déposés le
3 juin, le comité a poursuivi sa tradition de mettre en question les décisions
du gouvernement. Plus précisément, comme le coprésident du comité pour la
Chambre des communes, M. Derek Lee, l'expliquait à propos du neuvième
rapport :
-Dans
ce rapport, le Comité mixte continue de s'opposer vigoureusement à ce que l'on
accorde des dérogations à l'application de la législation par délégation sans
l'autorisation expresse du Parlement. C'est en 1977 que le Comité avait dénoncé
pour la dernière fois cette pratique, qu'il juge à la fois illégale et
contraire aux principes constitutionnels.
-L'adoption
de ce rapport vient de ce que l'exécutif semble à nouveau prétendre avoir le
pouvoir d'exempter certaines personnes de l'application de la législation par
délégation ou d'y déroger dans certaines circonstances. Seul le Parlement peut
accorder cette autorisation.
-Ce
rapport traite de deux cas en particulier, celui d'une disposition du règlement
d'application de la Loi de l'impôt sur le revenu et celui du décret de
1990 sur les lignes directrices concernant la réalisation du projet Kemano.
-Le
comité exprime également son complet désaccord avec les remarques incidentes
faites récemment dans une décision rendue par la Cour d'appel fédérale, qui
semble corroborer la revendication de ce pouvoir de dérogation par l'exécutif.
À
propos du dixième rapport du Comité, M. Lee faisait les observations suivantes
:
-...
Dans ce rapport, le comité rappelle que, dans sa réponse à un rapport que le
Comité mixte avait présenté en 1987, le gouvernement s'était engagé à présenter
une mesure législative visant à valider rétroactivement certaines proclamations
faites en vertu de l'article 4 de la Loi sur les Indiens, proclamations
qui, autrement, seraient invalides.
-Le
Comité mixte a voulu rappeler à la Chambre qu'il continue de considérer ces
proclamations illégales et que le gouvernement n'a toujours pas rempli
l'engagement qu'il avait pris il y a cinq ans.
-Nous
trouvons regrettable que les questions soulevées dans le sixième rapport soient
demeurées sans réponse, et aimerions que le gouvernement, dans un proche avenir
et sans que le comité n'ait à prendre d'autres initiatives, présente une mesure
législative qui valide rétroactivement ces proclamations et ces questions.
Le
neuvième rapport du Comité mixte a été adopté le 7 juin 1993.
La
période précédant le congé d'été est toujours très occupée sur le plan
législatif, mais elle a été marquée cette année par plusieurs événements
importants. Le Comité spécial mis sur pied pour étudier le projet de loi C-116,
Loi sur les conflits d'intérêt chez les titulaires d'une charge publique,
a fait rapport le 3 juin à la Chambre pour recommander de ne pas en poursuivre
l'étude. Par une décision peu habituelle, le Sénat a rejeté le projet de loi
C-93, Loi budgétaire de 1992 (organismes gouvernementaux), tendant à
fusionner et restructurer un certain nombre d'organismes gouvernementaux et
d'institutions. La règle d'attribution de temps a été utilisée à propos de
nombreux projets de loi et à de nombreuses occasions et, comme je le faisais
remarquer plus haut, les députés ont tenu un débat qui a duré toute une nuit
sur le projet de loi de mise en oeuvre de l'ALENA. Finalement, avant que la
plupart des députés ne rentrent dans leur circonscription pour l'été, la
sanction royale a été donnée aux projets de loi suivants:
C-62,
Loi sur les télécommunications;
C-72,
Loi sur la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie;
C-73,
Loi modifiant la Loi sur la Société canadienne des postes;
C-83,
Loi sur le transport des marchandises par eau;
C-88,
Loi modifiant la Loi sur le droit d'auteur;
C-89,
Loi modifiant la Loi sur Investissement Canada;
C-92,
Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu, le Régime de pensions du
Canada, la Loi sur l'interprétation des conventions en matière d'impôt sur le
revenu, la Loi sur la cession du droit au remboursement en matière d'impôt, la
Loi sur l'assurance-chômage et certaines lois connexes;
C-97,
Loi sur l'assurance maritime;
C-101,
Loi modifiant le Code canadien du travail et la Loi sur les relations de
travail dans la fonction publique;
C-102,
Loi modifiant le Tarif des douanes, la Loi sur l'accise, la Loi sur la taxe
d'accise, la Loi sur les douanes, le Code criminel et une loi connexe;
C-103,
Loi d'abrogation de la Loi sur les titres de biens-fonds;
C-106,
Loi modifiant certaines lois concernant les hydrocarbures en ce qui touche
les critères de participation canadienne et confirmant la validité d'un
règlement;
C-107,
Loi modifiant la Loi sur les explosifs;
C-109,
Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur la responsabilité civile de
l'État et le contentieux administratif et la Loi sur la radiocommunication;
C-110,
Loi concernant l'ouvrage de franchissement du détroit de Northumberland;
C-112,
Loi modifiant la Loi sur la taxe d'accise, la Loi sur l'accès à
l'information, le Régime de pensions du Canada, la Loi sur les douanes, la Loi
sur la Cour fédérale, la Loi de l'impôt sur le revenu, la Loi sur la Cour
canadienne de l'impôt, la Loi sur la cession du droit au remboursement en
matière d'impôt, la Loi sur l'assurance-chômage et une loi connexe;
C-114,
Loi modifiant la Loi électorale du Canada;
C-115,
Loi de mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange nord-américain;
C-117,
Loi de 1993-1994 sur le pouvoir d'emprunt;
C-118,
Loi modifiant la Loi sur l'expansion des exportations;
C-121,
Loi modifiant la Loi sur la marine marchande du Canada;
C-122,
Loi modifiant le Tarif des douanes (réduction du tarif sur le textile);
C-123,
Loi sur l'administration des biens saisis;
C-124,
Loi modifiant la Loi sur la monnaie;
C-125,
Loi corrective de 1993;
C-126,
Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur les jeunes contrevenants;
C-128,
Loi modifiant le Code criminel et le Tarif des douanes (pornographie
juvénile et corruption des moeurs);
C-132,
Loi sur le Nunavut;
C-133,
Loi concernant l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut;
C-134,
Loi de crédits no 2 pour 1993-1994;
C-371,
Loi sur la journée de l'enfant;
S-8,
Loi sur la sécurité automobile;
S-17,
Loi d'actualisation du droit de la propriété intellectuelle;
et
S-20, Loi modifiant le nom de l'Association médicale canadienne.
La
Chambre a été dissoute le 8 septembre 1993, et les prochaines élections
fédérales auront lieu le 25 octobre.
Barbara Whittaker, Greffier à la procédure
Colombie-Britannique
Entre
autres traits marquants, la session de printemps de la deuxième session de la
35e Législature de la Colombie- Britannique passera pour avoir été
celle où l'on a le plus parlé jusqu'à maintenant. Après 90 jours de séances
étalés sur 20 semaines, y compris une série de séances nocturnes et de séances
simultanées en comité, le hansard compte près de 5 000 pages, un record
pour une session dans cette province.
Ce
fut une longue et difficile session pour les membres de l'Assemblée législative
et le personnel travaillant dans l'édifice du Parlement. Les parlementaires ont
examiné et approuvé les budgets des dépenses de 19 ministères ainsi que de
l'Assemblée législative, ils ont été saisis de 80 projets de loi d'initiative
gouvernementale, dont 73 ont été adoptés, et sept comités législatifs ont
déposé des rapports.
Poursuivant
une réforme de la procédure entamée lors de la première session, le Comité des
subsides a été scindé en deux. Cela a permis d'étudier simultanément les
budgets des dépenses pour deux ministères, ou d'étudier des projets de loi à la
Chambre en même temps qu'on étudiait le budget des dépenses au Comité A. On a
apporté une autre modification au Règlement au cours de la deuxième session
pour permettre aux sous-ministres de répondre directement aux questions au
Comité des subsides à la demande du ministre.
Le
gouvernement Harcourt a déclaré que l'ensemble des projets de loi présentés
pendant cette session représentait le gros du programme législatif du NPD pour
son mandat actuel. L'une des mesures les plus controversées de la session a été
le projet de loi modifiant la Loi sur les droits de la personne. Il a
pour objet d'assurer une véritable protection aux individus et aux groupes qui
sont victimes de propagande et d'actes haineux en interdisant la publication,
la distribution ou l'étalage de documents à caractère discriminatoire ou qui
pourraient exposer un groupe ou une catégorie de personnes à la haine et au
mépris. Les partis d'opposition ont reproché au projet de loi de limiter la
liberté d'expression et ont dit craindre qu'il ne serve à bâillonner les
critiques du gouvernement.
Le
Local Elections Reform Act, touchant la réforme des élections locales, a
été le projet de loi le plus volumineux de la session. Ses 300 pages de texte
englobent un certain nombre de dispositions visant à réviser et à mettre à jour
le processus électoral local. Le projet de loi oblige à divulguer les dépenses
électorales et les contributions à la campagne électorale, abaisse l'âge de
vote à 18 ans et supprime les privilèges des sociétés en matière électorale.
Le
projet de loi modifiant la Loi sur l'accès à l'information et la protection
de la vie privée propose d'étendre l'application de la loi provinciale à
cet égard aux municipalités, aux commissions scolaires, aux hôpitaux, aux corps
policiers, aux universités et collèges et aux organismes professionnels
autonomes. Le gouvernement de la Colombie-Britannique est le premier au Canada
à vouloir soumettre à ce genre de loi les universités, les hôpitaux et les
organismes autonomes.
Le
Treaty Commission Act établit une Commission des traités qui sera
chargée de superviser et de faciliter les négociations de traités avec les
autochtones en Colombie-Britannique.
Vingt-six
projets de loi d'initiative parlementaire ont été présentés à la Chambre, où
ils ont été lus pour la première fois. David Mitchell a présenté un
certain nombre de projets de loi touchant la réforme de la procédure de
l'Assemblée législative, dont un projet de loi visant à faire élire le
Président par scrutin secret, un projet de loi tendant à équilibrer le budget
et un autre sur le calendrier parlementaire. Jack Weisgerber, le chef du
troisième parti, a proposé un Initiative Act, touchant l'initiative
populaire, un Recall Act, permettant la destitution de députés, et un Free
Votes Enabling Act, pour la tenue de votes libres. Leonard Krog a
présenté un projet de loi visant à accroître la liberté d'expression en
modifiant la loi actuelle pour que les journaux ne risquent plus de se faire
poursuivre quand ils publient dans leur tribune des lecteurs des lettres qui
sont par la suite considérées diffamatoires.
Activités des comités
Huit
comités législatifs ont été actifs pendant la deuxième session, et sept d'entre
eux ont déposé des rapports avant l'ajournement de la Chambre en juillet.
Le
Comité permanent des ressources forestières, énergétiques, minières et
pétrolières a examiné la question de l'approvisionnement en bois pour les
petites entreprises de transformation. Le premier rapport du Comité a été
déposé le 3 juin 1993 par son président, Corky Evans. Le Comité
recommande au gouvernement de la Colombie- Britannique de produire un énoncé de
politique proclamant clairement que la production à valeur ajoutée constitue un
secteur essentiel de l'industrie. Il l'exhorte également à se donner pour
objectif de doubler le nombre des emplois dans le secteur de la transformation
d'ici l'an 2000, surtout grâce à l'augmentation du volume de bois rond destiné
aux petites entreprises. D'autres recommandations proposent d'établir des
programmes de formation pour l'industrie du bois dans les établissements
d'enseignement; d'offrir aux petites entreprises de l'aide au développement et
à la commercialisation des produits; et de limiter les exportations de bois.
Le
Comité permanent des affaires autochtones a effectué un examen du programme de
prêts du First Citizens' Fund. Institué en 1988, le programme offre des prêts,
dont la moitié deviendra une subvention, aux entrepreneurs autochtones désireux
de lancer ou de développer une petite entreprise. Le premier rapport du Comité,
déposé le 15 juin 1993 par son président, Jim Beattie, recommande de
maintenir la conception actuelle du programme et son mécanisme d'exécution, et
de travailler davantage à promouvoir le programme et à en améliorer
l'accessibilité dans toute la province.
Le
Comité permanent du développement économique, des sciences, du travail, de la
formation et de la technologie a examiné les conséquences que l'Accord de
libre-échange nord-américain pourrait avoir pour la Colombie-Britannique et le
Canada. Après avoir déposé son premier rapport le 29 avril 1993, le Comité a
tenu 13 audiences publiques dans 12 villes un peu partout dans la province. Le
Comité en arrive à la conclusion qu'il n'y a pas eu suffisamment de
consultations et de débats publics avant de négocier l'Accord pour ensuite le
parapher et le conclure, et recommande au gouvernement provincial d'exhorter le
gouvernement fédéral à ne pas promulguer la loi de mise en oeuvre de l'ALENA
avant qu'il n'ait fait l'objet d'un débat pendant la campagne électorale
fédérale. Le Comité craint également que l'ALENA ne limite la compétence de la
province pour gérer et conserver ses ressources en eau. Le Comité recommande au
gouvernement de la Colombie-Britannique d'insister auprès du gouvernement
fédéral pour qu'il présente de nouveau une loi fédérale visant à limiter
l'exportation de l'eau canadienne.
Le
Comité permanent de la justice, des affaires constitutionnelles et des
relations intergouvernementales s'est vu confier la tâche d'étudier le rapport
du Comité consultatif de 1992 sur la rémunération et à faire des
recommandations à l'Assemblée législative concernant l'établissement des
traitements des juges de la Cour provinciale. Gretchen Brewin, la
présidente du Comité, a déposé le 28 juin 1993 un rapport recommandant de fixer
à 118 402 $ le traitement annuel des juges puînés de la Cour
provinciale de la Colombie-Britannique, et de porter de 9 000 à
10 000 $ le supplément annuel de traitement accordé au juge en chef.
Le
Comité spécial chargé de nommer un Commissaire à l'information et à la
protection de la vie privée a été autorisé par l'Assemblée législative à
sélectionner et à recommander à l'unanimité un candidat à ce poste. Institué
par la Loi sur l'accès à l'information et la protection de la vie privée,
ce poste est le premier du genre en Colombie-Britannique. Le Comité a reçu 222
candidatures de personnes possédant divers antécédents professionnels de la
Colombie-Britannique, du reste du Canada et d'Europe. Le président du Comité, Barry
Jones, a déposé le 13 juillet 1993 un rapport recommandant à l'unanimité de
nommer David H. Flaherty au poste de Commissaire à l'information et à la
protection de la vie privée pour la province de Colombie-Britannique.
Le
Comité permanent des comptes publics a examiné les comptes publics pour
l'exercice financier se terminant le 31 mars 1992. Le président du Comité, Fred
Gingell, a déposé deux rapports pendant la session du printemps. Le
premier, présenté le 15 juin 1993, comporte un certain nombre de
recommandations concernant la conservation et l'élimination des documents. Le
second, déposé le 27 juillet, fait des recommandations touchant la Loi sur
la gestion des finances publiques, la Loi sur l'information financière,
la Loi sur la divulgation de renseignements de nature financière, la Loi
d'interprétation, de même que les sociétés d'État, la Commission des jeux
de hasard de la Colombie-Britannique, le Service des archives et des documents
de la Colombie-Britannique, et la communication des résultats de la mesure de
l'efficacité.
La
Loi sur le Comité de la gestion de l'Assemblée législative prévoit
l'établissement d'un Comité de la gestion de la Chambre se composant du
Président de la Chambre, qui en préside les délibérations, et d'un ministre, du
leader parlementaire du gouvernement et du chef du caucus des députés
ministériels, du leader parlementaire de l'Opposition et du chef du caucus des
députés de l'Opposition officielle ainsi que d'autres députés choisis parmi le
parti ministériel et chacun des autres partis. Le Comité a compétence pour
s'occuper de toutes les questions touchant les finances, l'administration, la
dotation en personnel, la sécurité, la prestation de services et
d'installations aux membres de l'Assemblée législative, de même que la
rémunération des députés. Le Comité a tenu 13 réunions au cours de la deuxième
session et a pris un certain nombre de décisions, dont celle d'augmenter de 2
p. 100 l'indemnité accordée aux députés pour leur bureau et leur adjoint de
circonscription, ainsi que leur budget consacré aux communications pour leur
bulletin parlementaire. Il a également décidé de créer un poste de conseiller
en personnel pour l'Assemblée législative.
Le
Comité permanent de la réforme parlementaire, de l'éthique, du Règlement et des
projets de loi privés étudie les résultats du référendum d'octobre 1991 en
Colombie- Britannique pour déterminer quelles conséquences pourrait avoir la
mise en oeuvre dans la province des processus d'initiative populaire et de
destitution. Le Comité a tenu 24 audiences publiques de novembre 1992 à juillet
1993. Il a reçu 171 mémoires et entendu 261 témoins lors des audiences
publiques. Il étudie présentement les divers mémoires et interventions et
prévoit terminer son premier rapport avant la fin de 1993.
Le
29 juillet 1993, un comité spécial a été formé afin de sélectionner et de
recommander à l'unanimité à l'Assemblée législative la nomination d'un
vérificateur général. Le comité prévoit avoir choisi un candidat et faire
rapport à la Chambre d'ici la fin de 1993.
Événements spéciaux
L'Assemblée
législative de la Colombie-Britannique a célébré le centième anniversaire du
début de la construction de l'édifice du Parlement le 7 juin 1993. Une
cérémonie composée de prières et de discours par les représentants autochtones
locaux et d'un spectacle donné par les députés et le personnel de l'Assemblée
législative a eu lieu sur les marches du palais législatif. Une exposition des
dessins d'architecture de Francis Rattenbury se tiendra jusqu'à la fin
de l'année.
Avant
l'ajournement de la Chambre le 29 juillet 1993, les chefs des trois partis
représentés à l'Assemblée législative ont rendu hommage au greffier de la
Chambre, Ian Horne, sur le point de prendre sa retraite. Le président, Joan
Sawicki, a remis à M. Horne un bâton d'orateur de six pieds, oeuvre du
sculpteur Joe Peters Jr., de l'île Cormorant. Le bâton a été sculpté
expressément pour le Greffier sortant et dénote un homme de grande influence et
de grand savoir. Après avoir occupé ce poste pendant 20 ans et passé 37 années
à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique, M. Horne quitte ses
fonctions pour jouer un rôle consultatif à titre de greffier consultant.
Adrienne Cossom et Neil Reimer, Recherchistes pour
les comités
Ontario
L'Assemblée
législative, dont la session du printemps s'est ouverte le 13 avril 1993,
a interrompu ses travaux pour l'été, le 3 août 1993.
Le
19 mai 1993, le ministre des Finances, Floyd Laughren, a déposé un
budget qui mettait l'accent sur le besoin de réduire la dette et de créer des
emplois. Le Ministre disait notamment :
-«À
mon sens, la question n'est pas de savoir si nous devons limiter la
croissance de la dette, mais bien de savoir comment y parvenir. Nous
devons freiner la croissance de la dette d'une manière juste et équilibrée, tout
en protégeant les Ontariens et Ontariennes les plus vulnérables. Nous devons
utiliser des moyens de soutenir nos investissements dans l'emploi, de protéger
les services publics importants et de rendre ces services plus efficaces.»
Le
budget renfermait les mesures fiscales suivantes :
Une
hausse de 3 p. 100 de l'impôt sur le revenu des particuliers, le
portant à 58 p. 100 de l'impôt fédéral à verser.
La
surtaxe imposée aux personnes aisées passe à 20 p. 100 de l'impôt sur
le revenu des particuliers de l'Ontario supérieur à 5 500 $ auquel
s'ajoute 10 p. 100 de l'impôt provincial qui dépasse
8 000 $.
Un
impôt minimal sur le revenu des sociétés.
La
limitation des déductions des sociétés à 50 p. 100 des frais de repas
et de représentation.
L'extension
de la taxe de vente au détail à l'assurance de biens et l'assurance-automobile.
Imposition
d'une nouvelle taxe aux consommateurs qui produisent leur bière et leur vin.
Élimination
de la taxe sur les pneus neufs et de l'impôt sur les concentrations
commerciales.
Le
gouvernement a annoncé une stratégie fiscale à trois volets pour restreindre le
déficit de l'Ontario : limitations des dépenses, mesures visant à hausser
les recettes, et économies de deux milliards $ en salaires par la
conclusion d'un «contrat social» avec les 950 000 employés du secteur
public pris au sens large. Devant l'échec des discussions sur le «contrat
social», le gouvernement a déposé le projet de loi 48, Loi visant à
favoriser la négociation d'accords dans le secteur public de façon à protéger
les emplois et les services tout en réduisant les dépenses et traitant de
certaines questions relatives au programme de réduction des dépenses du
gouvernement. Le but de cette mesure était de réduire de deux
milliards $ les paiements de transfert aux huit secteurs publics visés.
Face au niveau cible de réduction des dépenses qui lui était fixé, chaque
secteur devait s'entendre sur les façons de compenser la réduction des
paiements de transfert gouvernementaux sous peine de se voir imposer les
dispositions de sauvegarde énoncées dans la Loi, et notamment un gel des
salaires pendant trois ans et jusqu'à douze jours de congé non payés. Adoptée
le 7 juin 1993, cette mesure demeure en vigueur jusqu'au 31 mars
1996. Elle ne vise pas les personnes dont le revenu est inférieur à
30 000 $.
Pour
donner suite au but et à l'intention de la Loi, le salaire, les indemnités et
les allocations des députés furent réduits d'environ 5,5 p. 100.
Dans
d'autres domaines, l'Assemblée législative a adopté les mesures
suivantes : le projet de loi 38 sur l'ouverture des commerces le dimanche
(qui a fait l'objet d'un vote libre en deuxième lecture); le projet de loi 164,
qui augmente les indemnités versées en vertu du régime d'assurance-automobile
sans faute; le projet de loi 96 créant le Conseil ontarien de formation et
d'adaptation de la main-d'oeuvre; le projet de loi 1, qui transforme le Ryerson
Polytechnical Institute en université autorisée à conférer des grades; et le
projet de loi 32 qui traite de la fraude fiscale à la vente des voitures
d'occasion.
Le
projet de loi 124, un projet de loi d'intérêt privé parrainé par Dianne
Cunningham obligeant les cyclistes à porter des casques protecteurs fut
adopté en troisième lecture le 28 juillet 1993.
Le
Président Warner a été appelé à trancher plusieurs questions de
procédure :
Il
a décidé que des questions pouvaient être posées, pendant la Période de
questions, à des ministres sans portefeuille qui ne siègent pas au Conseil des
ministres.
Il
a décidé qu'une fiche de suppléance à l'égard d'un membre d'un comité n'enlève
pas au membre permanent du comité le droit d'assister à une réunion pour
laquelle il a manifestement été remplacé si celui-ci affirme son droit d'y
assister, de voter, de participer au débat et de présenter des motions. Si,
lorsqu'une réunion de comité est déclarée ouverte, le membre n'affirme pas ce
droit dans un délai de trente minutes, la suppléance devient valable et
l'emporte sur le droit du membre permanent pour cette réunion.
Le
Président a aussi décidé qu'un membre peut cumuler les fonctions d'adjoint
parlementaire et de président de comité.
Dans
un appel interjeté d'une décision du président du Comité permanent des budgets
des dépenses, le Président a décidé que le président du Comité aurait dû
laisser à un membre du Comité l'occasion d'en appeler au Règlement de ce qui
s'était passé lors de la réunion du Comité tenue la veille.
Comités
Lors
de la réunion d'organisation du Comité permanent du développement des
ressources, les noms de deux membres furent proposés à la présidence du Comité.
Bien qu'il s'agisse dans les deux cas de membres permanents, une fiche de
suppléance avait été transmise au greffier du Comité par le whip en chef du
gouvernement pour l'un d'eux, Peter Kormos. Comme M. Kormos était
présent et mettait en doute la validité de la suppléance, la discussion a donné
lieu à des rappels au Règlement et à des questions de procédure. Le Comité
n'ayant pas encore élu de président, il n'était toutefois pas possible d'y
donner suite. L'autorité du greffier du Comité, qui présidait alors la réunion,
se limitait à la tenue de l'élection et rien ne lui permettait de trancher des
rappels au Règlement. Comme le désordre persistait, le greffier a levé la
séance.
Dans
l'intervalle qui a précédé la réunion d'organisation suivante du Comité, à
laquelle Bob Huget fut élu président, le leader du gouvernement à
l'Assemblée a saisi celle-ci d'une motion modifiant la composition du Comité en
remplaçant M. Kormos par un autre député du parti ministériel, et la
motion fut adoptée.
L'incident
a soulevé des questions concernant le statut relatif des membres permanents et
suppléants des comités, ce que le Président a tiré au clair en rendant sa
décision, résumée ci-dessus, sur des rappels au Règlement soulevés à
l'Assemblée.
Le
Comité a terminé l'étude article par article du projet de loi 96, Loi créant
le Conseil ontarien de formation et d'adaptation de la main-d'oeuvre.
Pendant
le congé d'été, le Comité se propose de tenir des audiences publiques sur le
projet de loi 42, Loi prévoyant des entreprises agricoles et le financement
des organismes agricoles qui offrent des services d'éducation et d'analyse en
matière de questions agricoles pour le compte des agriculteurs. Cette
mesure aura, entre autres, comme conséquence d'obliger les entreprises
agricoles dont le revenu annuel brut dépasse un montant prescrit à
s'enregistrer comme entreprises agricoles auprès du ministère, d'exiger
l'agrément des organismes agricoles pour obtenir des fonds en vertu de la Loi,
et d'obliger les entreprises agricoles forcées de s'enregistrer à acquitter des
droits d'un montant prescrit.
Le
Comité tiendra également des audiences sur un avant-projet de loi concernant un
système de délivrance des permis de conduire par étapes. Il s'agit de délivrer
les permis progressivement afin que les nouveaux conducteurs acquièrent les
connaissances et aptitudes nécessaires pour conduire un véhicule à moteur en
toute sécurité. L'Assemblée devrait être saisie de la mesure à l'automne, une
fois que le Comité aura étudié la question.
Le
Comité permanent de l'administration de la justice, présidé par Rosario
Marchese, a terminé ses audiences publiques sur une question proposée, en
vertu de l'article 125 du Règlement, par le député progressiste-conservateur Cam
Jackson concernant les victimes d'actes criminels. Au total, 20 groupes et
particuliers ont comparu comme témoins. Le Comité espère déposer son rapport à
l'automne.
Le
Comité a prévu d'amorcer ses audiences publiques au sujet du projet de loi 79, Loi
prévoyant l'équité en matière d'emploi pour les autochtones, les personnes
handicapées, les membres des minorités raciales et la femme. Les audiences
doivent commencer le 16 août 1993 et se prolonger pendant deux ou trois
semaines selon la demande.
À
la première réunion du Comité permanent des comptes publics, Joseph Cordiano
en fut élu président. Le Comité est ensuite revenu sur un certain nombre de
questions qu'il avait abordées plus tôt dans l'année. En novembre 1992, il
avait adopté une motion demandant que le vérificateur provincial entreprenne
une vérification comptable spéciale du projet de construction d'un nouveau
siège de l'Office d'indemnisation des accidents du travail au centre-ville de
Toronto. Des hauts fonctionnaires de l'Office ont comparu devant le Comité en
janvier. Le vérificateur provincial a présenté son rapport au Comité en
juillet. Celui-ci a alors adopté une motion indiquant qu'il réexaminera la
question lorsque l'Office lui fera de nouveau rapport en 1996.
Le
Comité a également poursuivi son examen de la partie du rapport du vérificateur
provincial pour 1992 portant sur le système d'inscription du ministère de la
Santé. La discussion fut axée sur les façons d'empêcher l'usage frauduleux des
cartes de santé, dont le recours à la technologie des «cartes à puce». Le
Comité projette de poursuivre son étude.
Le
Comité a continué son examen du logement sans but lucratif. Il projette
d'inviter des représentants d'organismes de logement sans but lucratif à comparaître
devant lui lorsque la question reviendra à l'ordre du jour.
Le
Comité des comptes publics a demandé au vérificateur provincial de procéder à
des vérifications spéciales, comme l'y autorise la Loi sur la vérification
des comptes publics. Il lui a notamment demandé de se pencher sur le
remplacement et l'entreposage de meubles à la Cour de l'Ontario (Division
générale) ainsi qu'à l'Ontario Hydro, et d'examiner la Régie des transports en
commun de la région de Toronto (GO Transit). Le Comité s'attend à recevoir ces
rapports au début de 1994.
Le
Comité permanent des comptes publics fut l'hôte de la 15e Conférence
annuelle du Conseil canadien des Comités des comptes publics qui s'est déroulée
du 4 au 7 juillet 1993 avec la participation de la plupart des régions
administratives. Les participants se sont penchés sur divers aspects de l'image
que projettent les Comités des comptes publics. Un groupe de discussion s'est
penché sur la façon dont le gouvernement de l'heure perçoit le comité, tandis
qu'un autre englobait des personnalités médiatiques qui se sont livrées à des
observations sur ce que les Comités pourraient faire pour que les médias
fassent état de leurs travaux. La discussion a porté, lors de la session
conjointe avec les vérificateurs législatifs, sur la question des dettes et
déficits.
Le
Comité permanent des finances et des affaires économiques, que préside Paul
Johnson, tiendra des audiences publiques à Windsor, Sault Ste. Marie,
Ottawa, Niagara Falls et Toronto sur le projet de loi 8, Loi de 1993 sur la
Société des casinos de l'Ontario, pendant le congé d'été. En plus de créer
la Société, cette mesure énonce ses fonctions concernant l'exploitation des
casinos. Le Comité prévoit que bon nombre de résidants de Windsor, où le
premier casino doit ouvrir ses portes, ainsi que des gens d'affaires, des
organismes et des citoyens intéressés des autres endroits viendront exposer
leurs points de vue. À la suite des audiences publiques, il procédera à
l'examen article par article du projet de loi.
Sur
un tout autre plan, l'Assemblée a exprimé ses condoléances à l'occasion du
décès de Smirle Forsyth, qui fut greffier adjoint et greffier des comités de
1981 à 1992. M. Forsyth est décédé chez lui le 20 juin 1993.
Peter Sibenik, Greffier à la procédure (Recherche),Division des
comités et Rosemarie Singh, Adjointe à la recherche, Division des
comités
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