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Québec
Cet
automne, l'Assemblée nationale n'a siégé que 17 jours, soit du 24 novembre
au 21 décembre 1992. La tenue du référendum sur l'accord constitutionnel de
Charlottetown, le 26 octobre dernier, explique la brièveté de cette partie
de session. Néanmoins, l'Assemblée a adopté 28 projets de loi, dont 21
d'intérêt public.
La
reprise de la session a été marquée par la démission du leader du gouvernement,
M. Michel Pagé, qui oeuvre maintenant au sein d'une importante entreprise
privée. Il a été remplacé à titre de leader du gouvernement par le ministre de
l'Environnement, M. Pierre Paradis, tandis que l'intérim de la direction
du ministère de l'Éducation a été confié à la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, Mme Lucienne Robillard.
L'économie
a été le principal sujet de discussion des parlementaires, particulièrement au
cours des périodes de questions et réponses orales. En effet, le gouvernement a
été interrogé à plusieurs reprises sur les thèmes suivants : le plan de relance
économique, l'ouverture de casinos, la liquidation de la compagnie d'assurances
Les Coopérants, les conséquences du démembrement de la chaîne alimentaire
Steinberg, les répercussions sur l'agriculture québécoise des négociations du
GATT, la signature de l'Accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis
et le Mexique, la vente possible du géant de l'alimentation Provigo à des
intérêts américains. Ce dernier sujet a même été l'objet du seul débat
d'urgence tenu cet automne.
D'autres
matières ont également suscité l'intérêt des élus pendant cette période. Il
s'agit, notamment, de l'accessibilité des immigrants à l'école anglaise, de la
révision de la loi 101 (Loi sur la Charte de la langue française) de
même que de la Loi sur l'affichage commercial, de la nouvelle exigence
gouvernementale prévoyant que la photo du titulaire apparaisse sur son permis
de conduire et sur sa carte d'assurance-maladie. La relocalisation du centre
hospitalier de l'Hôtel-Dieu à l'extérieur du centre-ville de Montréal a aussi
été abordée à plusieurs reprises. Ce déménagement a même fait l'objet du seul
débat tenu dans le cadre des affaires inscrites par les députés de
l'opposition.
Quelques
projets de loi à caractère économique ont été présentés. Le projet de loi
modifiant la Loi sur les heures et les jours d'admission dans les
établissements commerciaux est sûrement celui qui a suscité les plus vifs
débats à l'Assemblée et dans la population. Ce projet de loi vise à permettre
l'ouverture des magasins le dimanche et tous les soirs de la semaine. Le leader
du gouvernement a dû avoir recours à une motion de suspension des règles pour
le faire adopter ainsi que trois autres projets de loi. Deux d'entre eux
donnent suite à la réforme annoncée par le ministre titulaire en vue d'un
nouveau partage des responsabilités entre le gouvernement et les municipalités,
entre autres, en ce qui concerne l'entretien du réseau routier local.
En
ce qui concerne le projet de loi 61, Loi modifiant la Loi sur la qualité de
l'environnement, le leader du gouvernement a choisi de procéder à son étude
détaillée en commission plénière, et non en commission parlementaire, en dépit
du fait qu'il s'agissait d'un projet de loi contesté. La commission plénière a
donc dû innover à maintes reprises en adaptant à ses besoins les règles
prévalant en commission parlementaire.
Une
loi créant le Conseil des aînés a été adoptée avant Noël. Ce Conseil a
principalement pour fonction de promouvoir les droits et les intérêts des
personnes âgées et leur participation à la vie collective. La création de cet
organisme survient alors que le débat sur l'imposition d'un ticket modérateur
de 2 $ sur les médicaments pour les personnes âgées se poursuit toujours à
l'Assemblée.
Il
importe de souligner l'adoption de deux projets de loi concernant la culture.
Le premier prévoit la création du ministère de la Culture en remplacement du
ministère des Affaires culturelles, attribuant au ministre titulaire des
pouvoirs dans les domaines du patrimoine, des arts, des lettres, des industries
culturelles et des bibliothèques publiques. Le ministre pourra aussi élaborer
une politique d'intégration des arts à l'architecture et à l'environnement.
Le
deuxième projet de loi institue le Conseil des arts et des lettres du Québec,
qui aura pour fonction de soutenir la création, l'expérimentation et la
production, notamment dans les secteurs de la littérature, des métiers d'art et
des arts visuels, et d'en favoriser le rayonnement au Québec, dans le reste du
Canada et à l'étranger.
Signalons
la présentation, par un député du gouvernement, d'un projet de loi ayant pour
but de favoriser la divulgation d'activités injustifiées de la part d'un
organisme public ou d'une entreprise liée par contrat à cet organisme. Ce
projet de loi prévoit certaines règles pour protéger la personne qui divulgue
une telle information.
Pour
donner suite à des demandes de retrait d'avis de motion ou d'avis de projet de
loi d'intérêt privé, le Président a rendu une décision en privé (private
ruling) stipulant qu'un préavis de projet de loi ou de motion peut être retiré
en tout temps du Feuilleton par l'entremise d'une demande écrite adressée au
Secrétaire général ou d'une demande verbale adressée, en cours de séance, au
Président.
Le
17 décembre 1992, l'Assemblée nationale a tenu une cérémonie officielle afin de
commémorer la première session du premier Parlement du Bas-Canada. Cette
cérémonie s'inscrivait dans le cadre des activités du Bicentenaire des
institutions parlementaires du Québec. Les députés de 1792 avaient alors
procédé à l'élection de leur premier orateur, M. Jean-Antoine Panet, avant de
débattre de l'usage des langues française et anglaise à l'Assemblée.
La
dernière activité officielle des fêtes du Bicentenaire s'est déroulée du 21 au
24 janvier 1993. Il s'agissait du Forum étudiant 1992-1993 sur les institutions
parlementaires, dont l'objectif consistait à initier les élèves d'institutions
d'enseignement collégial réparties dans tout le Québec à la vie et au travail des
parlementaires ainsi qu'au fonctionnement de l'Assemblée nationale. C'est par
l'intermédiaire d'une simulation des travaux parlementaires que les
participants ont fait cet apprentissage.
Jean Bédard et Nancy Ford,Direction du Secrétariat, Assemblée nationale
Travaux des commissions parlementaires
Au
Québec, le fait que l'Assemblée nationale a repris ses travaux le 24 novembre
1992, soit avec près de quatre semaines de retard sur son horaire régulier
d'automne, n'a pas empêché les travaux parlementaires de se poursuivre en
commission.
Ainsi,
dès le 4 novembre, la Commission de l'éducation a entrepris une consultation
générale afin de faire le point sur l'enseignement collégial québécois.
Cette
consultation coïncidait avec le 25e anniversaire de l'adoption de la
Loi sur les collèges d'enseignement général et professionnel et de la
création des premiers collèges publics. Au cours des 16 séances consacrées aux
auditions publiques, la dernière s'étant tenue le 18 décembre 1992, la
Commission a pris connaissance de 222 mémoires et a entendu quelque 109
personnes et organismes intéressés, ce qui a nécessité plus de 103 heures de
travail.
Compte
tenu du nombre de mémoires reçus, il appert que, depuis l'adoption de la
Réforme parlementaire en mars 1984, cette consultation est parmi celles qui ont
suscité le plus vif intérêt du public dans le cadre d'un mandat exécuté par une
commission permanente de l'Assemblée. En effet, elle se situe troisième après
la consultation sur l'avant-projet de Loi sur la santé et les services
sociaux (266 mémoires) et celle portant sur la Proposition de politique de
la culture et des arts (264 mémoires).
L'étude
détaillée du projet de loi 141 réformant l'enseignement privé a complété
l'ensemble des activités de cette Commission.
La
session intensive de décembre a surtout été marquée par l'exécution de mandats
législatifs.
En
effet, 29 projets de loi ont été déférés pour étude détaillée en commission.
Les commissions ont consacré 60 séances, soit plus de 187 heures de travail, à
bonifier les projets de loi qui leur étaient ainsi soumis. L'étude de deux
projets de loi n'a pu être complétée, une motion de clôture des travaux ayant
été adoptée par l'Assemblée.
Parmi
les projets de loi étudiés en commission, plusieurs retiennent notre attention.
Il
s'agit d'abord du projet de loi 59 modifiant la Loi sur les heures et les
jours d'admission dans les établissements commerciaux afin de permettre
notamment l'ouverture des commerces le samedi et le dimanche de 8 heures à 17 heures
et, sur semaine, d'en étendre l'ouverture entre 8 heures et 21 heures. Les
discussions sur ce projet de loi et, plus particulièrement, sur l'ouverture des
commerces le dimanche a fait en sorte que, malgré quatre séances totalisant
plus de 26 heures de discussion, la Commission de l'économie et du travail n'a
pu compléter son mandat avant qu'il ne soit rappelé par la Chambre.
L'entreprise
québécoise était également visée par deux autres projets de loi étudiés par
cette commission, soit le projet de loi 48 modifiant la Loi favorisant
l'augmentation du capital des petites et moyennes entreprises et le projet
de loi 49 concernant certains règlements pris en application de la Loi sur
les Sociétés de placements dans l'entreprise québécoise : trois séances ont
suffi pour mener à terme ces deux mandats.
Au
chapitre des transports, la Commission de l'aménagement et des équipements a eu
à examiner deux importants projets de loi. Le premier, le projet de loi 46
modifiant la Loi sur la Société de l'assurance automobile du Québec,
avait essentiellement pour objet d'autoriser la société à verser
275 000 000 $ au fonds consolidé du revenu comme suite à la
contribution annoncée dans le Discours sur le budget 1992-1993. Le projet de
loi 57 portant principalement sur le partage de la gestion du réseau routier
entre le ministère des Transports et les municipalités a fait l'objet d'une
motion de clôture après plus de 18 heures de discussion en commission.
Après
quatre séances, la Commission a toutefois pu mener à terme l'étude du projet de
loi 55 modifiant la Loi sur la fiscalité municipale et d'autres
dispositions législatives, qui avait soulevé plusieurs débats. Ce projet de loi
a notamment pour effet, sauf pour les municipalités exclues, d'obliger les
citoyens qui possèdent une automobile à verser une contribution annuelle pour
le financement de certains services de transport en commun.
De
plus, la Commission est toujours saisie du projet de loi 56 modifiant la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme et d'autres dispositions législatives,
dont l'étude a débuté le 15 décembre dernier : seuls les 6 premiers
articles des 140 qu'il contient ont été examinés à ce jour.
D'autre
part, suite aux modifications apportées à la Loi sur
l'assurance-stabilisation des revenus agricoles par le projet de loi 18, la
Régie des assurances agricoles du Québec s'est vu confier le pouvoir de
contracter des emprunts afin d'effectuer des transactions relatives à des
instruments et contrats de nature financière. La Commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation a consacré une séance à étudier ce projet de
loi.
À
la Commission des affaires sociales, deux projets de loi ont retenu
l'attention. Le premier est le projet de loi 51 instituant le Conseil des aînés
et lui attribuant principalement pour fonction de promouvoir les droits des
personnes âgées, leurs intérêts et leur participation à la vie collective et de
conseiller le ministre sur les questions les concernant.
Le
second, le projet de loi 30 modifiant la Loi sur les régimes complémentaires
de retraite, a levé le moratoire interdisant depuis quatre ans le versement
de tout ou partie des excédents d'actif des régimes de retraite aux employeurs
parties à ces régimes. Ce projet de loi tente de solutionner la question fort
complexe de la paternité de l'excédent des caisses de retraite – que certains
évaluent à 12 000 000 000 $ – en prévoyant un cadre de négociations entre
patrons et travailleurs sur le partage de ces excédents. À défaut d'entente sur
le mode de partage, un tribunal d'arbitrage tranchera définitivement.
La
Commission de la culture a pour sa part été saisie du projet de loi 52, Loi
instituant le ministère de la Culture, et du projet de loi 53, instituant
le Conseil des arts et des lettres du Québec, organisme qui constitue en
quelque sorte le «pendant» du Conseil des arts du Canada à l'échelle
provinciale.
Pour
la Commission des institutions, décembre fut un mois fort occupé. Elle a
d'abord examiné l'imposante pièce législative que constitue le projet de loi
38, Loi sur l'application de la réforme du Code civil, dont les 697
articles ont été bonifiés par quelque 319 amendements. Comprenant 686 articles,
le projet de loi 42 concernant l'application de certaines dispositions du Code
de procédure pénale et modifiant diverses dispositions législatives a également
nécessité plusieurs heures de discussions.
Moins
volumineux mais tout aussi attendu, le projet de loi 50 modifiant le Code de
procédure civile concernant le recouvrement des petites créances a fait l'objet
d'une étude par la Commission. Les objets principaux du projet de loi sont,
d'une part, d'augmenter de 1 000 $ à 3 000 $ le montant des
créances qui pourront faire l'objet d'un recouvrement et, d'autre part, de
permettre aux personnes morales qui comptent au plus cinq employés d'y avoir
accès, à titre de créancier, pour recouvrer une petite créance.
Enfin,
le projet de loi 11 modifiant la Loi sur la protection du consommateur
et d'autres dispositions législatives et le projet de loi 14 modifiant le Code
de procédure civile concernant la médiation familiale sont venus compléter le
menu législatif de la Commission. L'ensemble de ces mandats a nécessité 19
séances et plus de 42 heures de travail.
Par
ailleurs, la fonction publique a été le centre des préoccupations de la
Commission du budget et de l'administration. Elle a d'abord étudié le projet de
loi 47 concernant le versement d'une allocation de retraite et d'autres
prestations et modifiant la Loi sur le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics, puis le projet de loi 66, modifiant
les régimes de retraite des secteurs public et parapublic et modifiant d'autres
dispositions législatives.
Le
15 décembre, la Commission débutait l'examen du projet de loi 198, Loi sur
la limitation de l'embauche dans les organismes publics et l'imputabilité des
administrateurs d'État et des dirigeants d'un organisme public. Ce projet
de loi a la particularité d'être parrainé par M. Henri-François Gautrin, député
de Verdun, membre du groupe formant le gouvernement sans toutefois faire partie
de l'équipe ministérielle.
Pour
compléter ce survol des principaux mandats législatifs confiés aux commissions,
on constate que seulement quatre projets de loi d'intérêt privé, soit deux du
domaine des successions et deux autres concernant des municipalités, ont été
examinés par les commissions compétentes au cours de quatre séances tenues à
cette fin.
La
Commission de l'Assemblée nationale s'est réunie à deux reprises en séance de
travail pour revoir la composition de la Commission de l'économie et du travail
et de la Commission des institutions ainsi que la répartition des droits de
vote entre les groupes parlementaires au sein de ces commissions et pour
statuer sur diverses affaires courantes.
Parmi
les activités des commissions pour le trimestre en cours, on remarque qu'en
janvier, la Commission de l'aménagement et des équipements consacrera trois
séances à la vérification des engagements financiers du ministère des
Transports, alors que la Commission de l'économie et du travail examinera au
cours de deux séances ceux du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie.
De
plus, il importe de souligner que, peu avant l'ajournement des travaux de
l'Assemblée le 21 décembre dernier, six des huit commissions permanentes se
sont vu confier le mandat de consulter le public sur certaines matières. La
première de ces consultations débutera le 2 février 1993.
Ainsi,
la Commission du budget et de l'administration procédera à une consultation
générale et tiendra des auditions publiques sur le financement des services
publics au Québec; la Commission de l'éducation, sur l'avant-projet de loi
modifiant le Code des professions et d'autres lois professionnelles; la
Commission de l'économie et du travail, sur la proposition de plan de
développement 1993-1995 d'Hydro-Québec; la Commission de la culture, sur le
projet de loi 68, Loi sur la protection des renseignements personnels dans
le secteur privé; la Commission des affaires sociales, sur les thérapies
alternatives; et la Commission des institutions, sur l'Accord de libre-échange
nord-américain. À l'heure de tombée de cet article, ces commissions sont à
organiser leurs travaux.
Denise Lamontagne, Secrétaire de la Commission des affaires
sociales, Secrétariat des commissions
Nouveau-Brunswick
L'Assemblée
législative s'est réunie 1er décembre 1992 après six mois
d'ajournement. Au cours de la session d'automne qui a duré huit jours, la
Chambre a adopté le budget des dépenses 1993-1994, étudié et adopté 39 projets de
loi d'initiative ministérielle ainsi que trois projets de loi d'intérêt privé.
De plus, et elle a débattu et adopté diverses résolutions, dont l'une avait
pour objet d'inscrire dans la Constitution le principe de l'égalité des
communautés linguistiques francophone et anglophone de la province.
Questions de procédure
Le
4 décembre, Dennis Cochrane, chef du Parti progressiste-conservateur, souleva
la question de privilège pour demander à la Présidente une décision concernant
la vacance du siège de la circonscription de Carleton-Nord à l'Assemblée
législative.
En
attendant de se prononcer, la Présidente, Shirley Dysart, informe la Chambre
qu'elle a reçu une attestation selon laquelle Fred Harvey, député de
Carleton-Nord, aurait enfreint les dispositions du paragraphe 111(1) de la Loi
électorale. En vertu de ce dernier, est coupable d'un acte illicite
quiconque incite ou encourage une autre personne à voter à une élection,
sachant que cette autre personne est, pour un motif quelconque, inhabile à
voter à cette élection.
En
vertu de l'alinéa 119c) de la Loi électorale, le siège d'un
député de l'Assemblée législative reconnu coupable d'une infraction constituant
une manoeuvre frauduleuse ou un acte illicite devient vacant à la date d'une
telle déclaration de culpabilité. Le 8 décembre, la Présidente rendit sa
décision. Elle informa la Chambre que la cause du député de Carleton-Nord avait
été portée en appel.
La
Présidente estima qu'en l'absence de certaines circonstances, il serait
imprudent que les députés invoquent les dispositions de l'article 119 en vue de
rendre un siège vacant tant que son titulaire n'aura pas épuisé son droit
d'interjeter appel ou que ce droit ne sera pas échu. L'affaire étant en
instance, la Présidente pria les députés de s'abstenir d'en faire état dans les
débats ou autrement.
Activités des comités
Le
Comité permanent de modification des lois, qui a étudié la Loi sur les
pourvoyeurs et proposé des modifications à la Loi sur le droit à
l'information, a tenu des audiences publiques en novembre et décembre. La Loi
sur les pourvoyeurs, adoptée lors de la session de 1990, n'a jamais été
proclamée. Elle a pour objet de réglementer l'activité des pourvoyeurs sur le
territoire du Nouveau-Brunswick, notamment l'émission des licences et
l'imposition de sanctions. Aux termes de la loi, un «pourvoyeur» est «une
personne qui organise ou offre d'organiser des expéditions de chasse, de pêche
à la ligne ou de canoë à des clients à titre onéreux». La Loi sur les
pourvoyeurs veut limiter le nombre de ces derniers en fonction des
ressources disponibles en matière de poisson, de gibier et de loisirs, et du
nombre de pourvoyeurs actuels dans l'industrie.
Le
Comité permanent de modification des lois a présenté son rapport le 10
décembre.
Le
Comité a recommandé de suspendre la proclamation de la Loi sur les
pourvoyeurs jusqu'à ce que les questions touchant les problèmes de fond
invoqués lors des audiences publiques aient été tranchées et que l'Assemblée
ait été saisie des modifications à apporter à des lois connexes.
Le
Comité a recommandé d'étendre la Loi sur le droit à l'information aux
conseils scolaires et hospitaliers, et de tenir compte de la nécessité de
modifier la liste des exceptions prévues à l'article 6, en fonction des
activités ou des organisations pertinentes, particulières aux nouvelles entités
visées.
Trois
mesures législatives déposées durant la session d'automne ont été renvoyées
pour étude au Comité permanent de modification des lois : le projet de loi 89, Loi
modifiant la Loi sur la location de locaux d'habitation; le projet de loi
115, Loi visant à équilibrer les dépenses et les recettes au compte
ordinaire de la province et le projet de loi 121, Loi sur les sûretés
relatives aux biens personnels.
Le
1er décembre 1992, le Comité spécial sur la représentation et la
délimitation des circonscriptions électorales, chargé d'étudier le rapport
intérimaire de la Commission du même nom, a présenté son rapport provisoire à
l'Assemblée législative.
Il
renferme les recommandations suivantes :
Que
le nombre de circonscriptions électorales soit fixé à 55 et que l'une d'entre
elles consiste exclusivement en les îles de la baie de Fundy, en raison de leur
caractère unique sur le plan de la géographie et de la représentation.
Que
l'électorat moyen des circonscriptions électorales soit fixé à 9 411
personnes.
Que
le facteur de variation admissible pour l'électorat des circonscriptions
électorales soit fixé à plus ou moins 25 %, à l'exception de la
circonscription proposée pour les îles de la baie de Fundy.
Que
la Commission sur la représentation et la délimitation des circonscriptions
électorales n'ouvre pas d'autres consultations auprès de la communauté
autochtone en ce qui a trait à la représentation des autochtones à l'Assemblée
législative du Nouveau-Brunswick, sauf si la communauté autochtone demande de
telles consultations.
Le
Comité permanent d'administration de l'Assemblée législative, qui a étudié les
avantages et les services de soutien aux parlementaires, a présenté son rapport
le 11 décembre 1992.
Par
la suite, le document de travail, intitulé Services aux parlementaires du
Nouveau-Brunswick, a été déposé à la Chambre et renvoyé au Comité pour un
débat public. Le document traite de diverses questions concernant les services
aux parlementaires et propose des options à envisager. Le Comité
d'administration de l'Assemblée législative demandera l'avis du public sur les
services et avantages offerts aux parlementaires avant de déposer son rapport
définitif à l'Assemblée législative.
Au
dernier jour de la session, le député Michael McKee (libéral) a remis sa
démission. Il siégeait depuis dix-huit ans à l'Assemblée législative. M. McKee,
élu pour la première fois à la Chambre en 1974 comme député de Moncton-Nord,
avait été réélu aux élections générales de 1978, 1982, 1987 et 1991. Au cours
de la 51e législature, M. McKee a été ministre du Travail et
ministre responsable du Multiculturalisme. Après les élections de 1991,
M. McKee a été élu vice-président de la Chambre et président des comités
pléniers.
Après
quarante-huit jours de séance, la première session de la 52e législature
de l'Assemblée législative a été prorogée le 11 décembre 1992.
Loredana Catalli Sonier, Greffière adjointe à la procédure
Alberta
L'Assemblée
législative a entrepris la quatrième session de sa 22e législature
le 25 janvier. Cette session spéciale de trois semaines avait été convoquée par
le nouveau premier ministre, Ralph Klein. Le principal sujet à l'ordre du jour
a été le projet de loi 55 tendant à modifier la loi sur la délimitation des
circonscriptions électorales (Electoral Divisions Statutes Amendment Act
(1993)).
La
délimitation des circonscriptions électorales de l'Alberta est à l'étude depuis
1989. En août 1989, un comité spécial (Select Special Committee on Electoral
Boundaries) a été chargé de consulter les Albertains sur cette question. Le
26 novembre 1990, le comité spécial déposait son rapport à la Chambre. Ce
rapport, d'un comité où tous les partis étaient représentés, donnait suite à la
consultation publique et à un examen de la Charte canadienne des droits et
libertés.
Dans
son rapport, le comité spécial sur la délimitation des circonscriptions
électorales formulait les recommandations suivantes :
que
le nombre de circonscriptions électorales demeure fixé à 83;
que
l'on tienne compte, pour l'établissement de circonscriptions électorales, des
facteurs suivants : la densité de la population; les intérêts communautaires,
notamment ceux des réserves indiennes, des collectivités métisses, des zones
spéciales et des zones d'aménagement.
que
l'on tienne compte du nombre de municipalités, de commissions scolaires et de
conseils d'administration d'hôpital dans une région ainsi que de facteurs
géographiques comme les réseaux routiers;
qu'aucun
député en exercice de l'Assemblée législative ne fasse partie de la Commission
de délimitation des circonscriptions électorales.
Le
comité a également recommandé que le facteur de variation de l'électorat soit,
pour 95 % au moins des circonscriptions, fixé à plus ou moins 25 % de
la moyenne des circonscriptions de l'Alberta. La dernière recommandation
prévoyait que les circonscriptions électorales soient réparties en deux
catégories, selon qu'elles représentent une seule ou plusieurs municipalités.
L'Assemblée
a par la suite créé une commission indépendante chargée de redécouper les
circonscriptions à l'aide de ces recommandations. Elle était formée de cinq
citoyens et du directeur général des élections de l'Alberta.
La
commission a préféré un écart de plus ou moins 10 % de l'électorat moyen
au lieu de l'écart de plus ou moins 25 % que l'Assemblée législative avait
recommandé et que la Cour d'appel de l'Alberta et la Cour suprême du Canada ont
ensuite approuvé. Le rapport définitif de la commission se composait des
rapports personnels de ses cinq membres. En l'absence d'une décision
majoritaire, l'Assemblée a adopté une résolution qui renvoyait à un nouveau
comité spécial, formé de représentants de tous les partis, le soin de délimiter
les circonscriptions électorales de l'Alberta.
Ce
nouveau comité spécial se composait de sept députés ministériels, de quatre
députés de l'opposition officielle et d'un député du Parti libéral.
L'opposition officielle et le Parti libéral ont toutefois refusé de siéger au
sein du comité spécial. Les deux partis d'opposition ont invoqué la possibilité
de conflit d'intérêts du fait que ce soit les membres de l'Assemblée
législative qui tracent eux-mêmes les limites de leurs circonscriptions
électorales.
Le
comité spécial de délimitation des circonscriptions électorales s'est fortement
inspiré des documents, mémoires, procès-verbaux, travaux de recherche et
données provenant du travail réalisé par le comité spécial sur la délimitation
des circonscriptions électorales qui l'avait précédé (1989-1990) ainsi que par
la commission sur la délimitation des circonscriptions électorales (1991-1992).
Le
comité spécial a donc recommandé de conserver les 83 circonscriptions
électorales existantes. Celles-ci se répartissent ainsi : 39 circonscriptions
qui représentent plusieurs municipalités, 20 circonscriptions pour Calgary, 18
pour Edmonton, deux pour Lethbridge et une circonscription chacune pour Fort
McMurray, Medecine Hat, St. Albert et Sherwood Park. Dans quatre
circonscriptions classées comme circonscriptions électorales à caractère
particulier en raison de leur superficie importante, de leur population
clairsemée et de la distance qui les sépare de la capitale, l'écart pourra
dépasser le taux admissible de plus ou moins 25 %.
Les
recommandations du comité spécial ont été réunies dans le projet de loi 55,
adopté en première lecture le 25 janvier et en deuxième lecture le 8 février.
Plusieurs modifications, dont des changements d'appellation, ont été adoptées
lors de l'étude en comité plénier, le 10 février. Le projet de loi 55 a franchi
l'étape de la troisième lecture le 12 février et, le 16 février, il a reçu la
sanction royale. La nouvelle délimitation des circonscriptions électorales a
été soumise à la Cour d'appel de l'Alberta afin qu'elle se prononce au
préalable sur son admissibilité en vertu de la Charte canadienne des droits
et libertés.
Cette
loi a entre autres pour effet d'accorder deux nouveaux sièges à la municipalité
de Calgary et un autre à la municipalité d'Edmonton, les deux principales
villes de la province. Ces dernières, qui renferment 54 % des habitants de
la province, auront dorénavant 46 des 83 sièges de l'Assemblée législative de
l'Alberta. La circonscription la plus peuplée de l'Alberta est celle
d'Edmonton-Strathcona qui compte 37 961 habitants. La moins peuplée est celle
de Chinook, dont la population ne s'élève qu'à 15 815 âmes.
Jessica Benjamin et Surah Mustapha, Stagiaires
parlementaires, Assemblée législative de l'Alberta
Manitoba
Le
rejet de l'Accord de Charlottetown le 26 octobre 1992 rendait inutile la
convocation de l'Assemblée législative pour en faire l'étude. Le gouvernement
pouvait donc donner suite à son calendrier législatif. La quatrième session de
la 35e législature s'est ouverte le jeudi 26 novembre 1992. Le juge
en chef Richard Scott a donné lecture du discours du trône à la place du
lieutenant-gouverneur, George Johnson, empêché de prendre part aux cérémonies
d'inauguration en raison de son état de santé.
Travaux parlementaires
La
Chambre a siégé pendant quinze jours avant de suspendre la séance pour le congé
de Noël. Le débat sur le discours du trône a duré les huit jours permis par le
Règlement. L'opposition officielle néo-démocrate de même que l'opposition
libérale ont présenté des motions de défiance qui ont été rejetées. Le reste
des travaux a comporté la présentation et l'adoption, du moins en première
lecture, de vingt projets de loi d'intérêt public, dont treize provenaient du
gouvernement. Les autres projets de loi étaient d'initiative parlementaire. La
mesure la plus controversée jusqu'ici est la Loi sur l'ouverture de
commerces de détail les jours fériés (modifications temporaires). Elle
tendait à modifier rétroactivement la Loi sur les jours fériés dans le
commerce de détail, qui permet aux commerces de quatre employés ou moins
d'ouvrir le dimanche de 12 à 18 heures, de manière à accorder ce droit aux
commerces de plus de quatre employés. Cette modification temporaire vise la
période allant du 29 novembre 1992 au 6 avril 1993.
L'opposition
officielle s'est fermement opposée à cette mesure pour diverses raisons. L'une
des principales, c'est que le gouvernement avait décidé de permettre
temporairement l'ouverture des commerces le dimanche avant que l'Assemblée
n'adopte le projet de loi. Le chef du second parti d'opposition, Sharon
Carstairs, a laissé les députés libéraux voter librement, estimant que cette
question était pour chacun une affaire de conscience. Toutefois, les libéraux
déploraient aussi que le gouvernement n'ait pas suivi le processus législatif
normal et, au deuxième jour de séance, ils en ont fait une question urgente
d'intérêt public avant que le projet de loi ne soit présenté. Le Président a
cependant décidé que le critère d'urgence n'était pas rempli. Vingt-deux
députés ont pris la parole lors du débat en deuxième lecture du projet de loi,
qui a été mis aux voix le dernier jour de séance, adopté avec dissidence et
renvoyé à un comité parlementaire. L'opposition souhaitait que le comité se
réunisse et tienne des audiences publiques pendant l'ajournement, mais cela ne
s'est pas produit.
La
Chambre a levé la séance le 16 décembre 1992 jusqu'au 1er mars 1993.
Modification de la composition de la Chambre
Depuis
le dernier rapport, l'Assemblée législative manitobaine a subi de nouvelles
modifications. Reg Alcock (Osborne) a annoncé le 12 novembre 1992 son intention
de se présenter à l'investiture libérale dans la circonscription fédérale de
Winnipeg-Sud, représentée actuellement par la députée progressiste-conservatrice
Dorothy Dobbie. Pendant cinq ans, M. Alcock a été le porte-parole libéral
à la Chambre en matière de finances ainsi que pour l'industrie, le commerce et
le tourisme. Elijah Harper (Rupertsland) a annoncé sa démission le 27 novembre
1992. M. Harper, qui a représenté les peuples autochtones dans leur opposition
à l'Accord du lac Meech, s'est rendu célèbre par son obstruction à l'étude du
document par l'Assemblée législative manitobaine. Il songe à se présenter comme
candidat libéral aux prochaines élections fédérales. Le 27 janvier 1993,
Judy Wasylycia-Leis (St. Johns) a annoncé son intention d'être candidate
du NPD dans la circonscription fédérale de Winnipeg-Nord en vue de remplacer le
député libéral actuel, Rey Pagtakhan. Mme Wasylycia-Leis a été
chef adjoint du NPD provincial et porte-parole de son parti en matière de
santé.
Questions de procédure
Malgré
la brièveté de la session, les députés n'ont pas mis longtemps à s'affronter,
ce qui a obligé à maintes reprises le Président, M. Denis Rocan, à rétablir
l'ordre. Lors d'un débat particulièrement houleux durant la période des
questions, le ministre des Services gouvernementaux, Gerry Ducharme, a soulevé
la question de privilège. Steve Ashton, leader parlementaire de l'opposition
officielle, avait accusé le ministre de faire du lobbying auprès des membres du
Cabinet en faveur d'agents d'assurance du Manitoba. M. Ducharme a sommé M.
Ashton de fonder ses allégations ou de les retirer et de s'excuser. Après
réflexion, M. Rocan a décidé qu'il ne s'agissait pas d'une question de
privilège puisqu'elle n'empêchait pas M. Ducharme de s'acquitter de ses
obligations parlementaires. En outre, l'accusation avait été portée en sa
qualité de ministre et non de député. Toutefois, le Président a jugé que
l'accusation personnelle était non parlementaire et que M. Ashton devait la
retirer, ce qu'il fit.
Nouveau lieutenant-gouverneur
Le
22 janvier 1993, les Manitobains apprenaient la nouvelle tant attendue de la
nomination d'Yvon Dumont au poste de lieutenant-gouverneur, comme successeur de
George Johnson qui avait exercé ces fonctions au cours d'un mandat prolongé qui
a duré un peu plus de six ans. M. Dumont, âgé de 42 ans, est président de la
Manitoba Metis Federation depuis 1984. Membre respecté de sa communauté, il
s'occupe depuis les années 1960 de faire progresser les droits de son peuple.
Ces dernières années, il s'est fait connaître sur la scène nationale comme l'un
des quatre chefs autochtones à avoir négocié avec les premiers ministres
l'Accord de Charlottetown. Il a également pris part au mouvement en vue de
faire reconnaître Louis Riel comme héros national à la Chambre des communes. M.
Dumont entrera en fonction le 5 mars 1993.
Judy White, Greffière des comité, Assemblée législative du
Manitoba
Chambre des communes
À
la fin de 1992 et au début de 1993, tant les événements politiques à
l'extérieur de la Chambre que l'activité de celle-ci ont retenu l'attention des
observateurs. Un remaniement ministériel, des débats parfois orageux à propos
de certains textes de loi et, il va sans dire, l'annonce de la démission
prochaine du premier ministre n'ont été que quelques-unes des nombreuses
questions qui ont tenu les journalistes, le Parlement et le public en haleine.
Lorsque la Chambre a repris ses travaux le 16 novembre, les députés ont
débattu de la Loi sur l'immigration, de la Loi sur la fonction
publique, de la Loi budgétaire , de la Loi sur les brevets et
des questions concernant l'Accord de libre-échange nord-américain. En décembre
et au début de la nouvelle année, la Chambre a adopté une modification à la
Constitution destinée à accorder un statut égal aux collectivités linguistiques
d'expression française et anglaise au Nouveau-Brunswick et a tenu un débat
spécial sur les opérations d'aide humanitaire en Somalie.
Au
cours de cette période, à l'occasion des débats qui se sont tenus les jours
consacrés à l'étude des subsides, l'opposition a réclamé la tenue d'élections
générales (20 novembre); a demandé que la Chambre rejette l'Accord de
libre-échange nord-américain (1er décembre); a déclaré que la
politique du gouvernement de ne plus verser de prestations d'assurance-chômage
aux travailleurs qui quittent leur emploi ou qui sont renvoyés est «trop
sévère», «trop draconienne», «place les gens dans une situation désespérée», est
«injuste», «extrémiste» et «réactionnaire» et ne peut donc être acceptée par le
peuple canadien (3 février); et a condamné le gouvernement pour son
«...entêtement à poursuivre sa désastreuse politique économique de la misère
par ruissellement» (7 décembre); pour avoir manqué à sa parole envers les
agriculteurs canadiens en modifiant certaines politiques (9 février); et
pour «n'être pas encore parvenu à établir et à respecter un code d'éthique
clair et strict relatif au secteur public...» (17 février). Par ailleurs,
sur la scène financière, le vérificateur général a déposé son rapport annuel et
son rapport au Sénat et à la Chambre des communes sur des questions d'intérêt
commun, le gouvernement a présenté un important exposé économique le
2 décembre; et les budgets supplémentaires des dépenses A et B pour
l'exercice 1992-1993 ainsi que le budget des dépenses principal pour l'exercice
1993-1994 ont été déposés.
Privilège
Au
début de décembre 1992, Don Boudria a soulevé la question de privilège
concernant les prétendues menaces proférées à l'endroit d'un témoin qui a
comparu devant le Sous-comité chargé de la recodification de la Partie générale
du Code criminel (un sous-comité du Comité permanent de la justice et du
solliciteur général). Le 24 novembre 1992, Cheryl Eckstein a comparu
devant le sous-comité et a présenté, dans le cadre de son exposé, un court
enregistrement magnétoscopique d'un film nazi intitulé «I Accuse», qui
présentait l'euthanasie sous un jour positif. (Il s'agissait d'un extrait d'une
émission intitulée «Selling Murder», basée sur une production britannique et
télédiffusée par la Société Radio-Canada dans le cadre de la série The Fifth
Estate.) Après sa comparution devant le sous-comité, Mme
Eckstein s'est entretenue, le 3 décembre 1992, avec Kelly Chrichton, la
productrice exécutive de la série The Fifth Estate. Au cours de cet
entretien, Mme Chrichton a expliqué la question des droits d'auteur
que soulève l'utilisation d'un extrait d'une émission réalisée par la Société
Radio-Canada, a exprimé ses préoccupations quant à l'utilisation d'émissions de
la Société Radio-Canada hors contexte et pour appuyer une cause ou un point de
vue particulier, puis aurait prétendument menacé d'intenter des poursuites au
nom de la Société Radio-Canada en raison du témoignage donné devant le Comité.
Après cet entretien avec Mme Chrichton, Mme Eckstein a
communiqué avec Don Boudria.
Dans
le cadre de l'argument qu'il a présenté devant la Chambre, M. Boudria a
soutenu que les témoins qui comparaissent devant les comités jouissent des
mêmes privilèges que les députés et se voient donc accorder la protection
temporaire de la Chambre. En ce qui concerne les prétendues menaces proférées
contre Mme Eckstein, il a ajouté que si on laissait passer cet
incident, les témoins risquent de se voir privés de la sécurité dont ils
jouissent depuis toujours pour ce qui est de témoigner devant les comités, sans
crainte d'être menacés, poursuivis ou intimidés. Le député a signalé que la
conversation téléphonique entre Mme Eckstein et Mme
Chrichton a été confirmée et vérifiée par un journaliste indépendant. Il a
conclu en déclarant qu'étant donné que le Comité en question avait interrompu
ses travaux pour les quelques prochains mois, il se verrait dans
l'impossibilité de soulever cette question en comité. Deux autres députés de la
Chambre ont également pris la parole à ce sujet, l'un d'entre eux soutenant que
le coeur du problème était la question du droit d'auteur et qu'elle devait être
examinée par le Comité permanent de la gestion de la Chambre. Le Président a
alors jugé que le bien-fondé de la question de privilège reposait sur une
présomption suffisante et a ajouté que bien que les problèmes qui surgissent
dans un comité doivent habituellement être renvoyés au comité intéressé, «...étant
donné les circonstances qu'on m'a expliquées, je pense que ce n'est pas ce
qu'il convient de faire cette fois-ci.» Il a invité M. Boudria à présenter
sa motion et avec l'accord de la Chambre, la question des menaces proférées
contre Mme Eckstein a été déférée au Comité permanent de la gestion
de la Chambre.
Le
Comité a entendu les témoignages de M. Boudria, de Mme Eckstein
et de Mme Chrichton et, comme l'a indiqué le rapport déposé à la
Chambre le 18 février 1993, la majeure partie des témoignages a porté sur
la question des droits d'auteur se rattachant aux enregistrements vidéo. Le
rapport a expliqué le rôle et l'importance du privilège parlementaire en ce qui
concerne les témoins qui comparaissent devant les comités et a conclu par les
observations suivantes :
Dans
le cas qui nous occupe, Mme Chrichton a reconnu que Mme Eckstein
avait le droit de dire tout ce qu'elle voulait devant le sous-comité. Le Comité
en conclut qu'au moment de la conversation téléphonique, Mme Chrichton
et ses conseillers n'étaient pas au courant de la loi du Parlement garantissant
la protection des personnes appelées à témoigner devant un comité
parlementaire. Le Comité s'interroge sur l'effet qu'a pu avoir cette absence de
connaissance sur la conversation.
L'abrogation
du privilège parlementaire requiert une disposition expresse d'un texte de loi.
Comme il n'est dit nulle part dans la Loi sur le droit d'auteur que
celle-ci s'applique à la Chambre des communes, on peut conclure que cette loi
ne s'applique pas aux délibérations parlementaires et qu'un député ou un témoin
puisse citer une oeuvre sans avoir obtenu au préalable la permission du
titulaire du droit d'auteur. On peut aussi dire, sur cette question, que les
recours normalement disponibles en cas de violation du droit d'auteur ne le
sont pas dans le cas des délibérations parlementaires. (Et ce, en plus des
moyens de défense normaux qu'on peut invoquer en cas d'accusation d'atteinte
aux droits d'auteur, comme celui de l'usage loyal.) Il serait utile que les
députés et les témoins fassent état de la source des matériaux qu'ils utilisent
et qu'ils en attribuent tout le mérite à leurs auteurs ou créateurs.
Le
Comité prend acte des préoccupations de la Société Radio-Canada et de Mme
Chrichton au sujet de l'intégrité journalistique de leurs travaux. D'autre
part, il appert qu'elles ont peut-être fait preuve d'un excès de zèle dans leur
assertion de ces préoccupations, dans le cas présent. Il importe qu'on
reconnaisse les droits du Parlement et que l'enthousiasme des témoins ne soit
pas «refroidi» par la perspective de poursuites judiciaires pour leur emploi de
matériaux protégés par un droit d'auteur.
Il
n'y a pas suffisamment de preuves, dans le cas présent, qu'il y a eu tentative
d'intimidation d'un témoin de nature à justifier une déclaration d'outrage au
Parlement. Nous croyons que la comparution des témoins devant le Comité a été
un exercice salutaire qui a donné aux parties en cause la possibilité
d'expliquer leurs actions et leurs motifs.
Le
Comité croit que Mme Eckstein avait tout à fait raison de porter
cette affaire à l'attention de M. Boudria et nous tenons à remercier ce
dernier d'avoir soulevé la question de privilège. Nous estimons qu'il nous a
donné l'occasion de rappeler les principes généraux régissant l'ingérence à
l'égard des témoins qui comparaissent devant les comités parlementaires. La
question est très sérieuse. Il est important pour le fonctionnement du
Parlement et des comités parlementaires que les témoins ne fassent pas l'objet
de quelque forme que ce soit d'intimidation ou d'ingérence. Il est important
que les organismes tels que la Société Radio-Canada comprennent et respectent
le privilège parlementaire relatif aux témoins.
Le
Comité recommande que le Président de la Chambre écrive à la Société
Radio-Canada et à Mme Chrichton pour les informer de la teneur du
présent rapport. (Comité permanent de la gestion de la Chambre,
soixante-cinquième rapport, Procès-verbaux et témoignages,
18 février 1993, fascicule 46:10)
Le
rapport a été adopté le 25 février 1993.
Comités
La
radio-télédiffusion a également fait l'objet d'un autre rapport du Comité de la
gestion de la Chambre, plus particulièrement la radio-télédiffusion des
délibérations de la Chambre des communes. Dans son 57e rapport,
déposé le 4 décembre, le Comité a commenté des réactions positives qui ont
accueilli les nouveaux angles de prise de vues utilisés à l'essai depuis
quelques mois et a souligné l'importance pour le Comité de continuer à suivre
de près et à étudier la radio-télédiffusion des délibérations. Par conséquent,
le Comité a recommandé que la Chambre continue d'utiliser les angles de prise
de vues plus ouverts au cours de la diffusion de la période des questions et au
moment du vote, et que le Comité permanent de la gestion de la Chambre continue
de suivre de près les expériences du personnel de la Chambre des communes et de
collaborer avec lui à la diffusion d'une image plus fidèle de la Chambre. Le
Comité a conclu en demandant que ces recommandations soient adoptées de façon
permanente à la Chambre des communes. Le rapport a été adopté le 11 décembre
1992.
Le
Comité de la gestion de la Chambre a également présenté ses 55e et
56e rapports, qui recommandaient, respectivement, des changements à
la composition des membres de certains comités permanents ainsi qu'à la liste
générale de députés du Secteur économie. La présentation des rapports le
27 novembre a été suivie de l'adoption d'une motion de la Chambre visant à
permettre, nonobstant tout ordre spécial ou article du Règlement, aux
présidents et vice-présidents des comités de continuer à remplir leurs
fonctions jusqu'à ce que le comité en décide autrement. Lorsque les présidents
et vice-présidents cesseront d'être membres du comité par suite de l'adoption
dudit rapport, le comité devra procéder à l'élection d'un nouveau président,
comme étant le premier point inscrit à l'ordre de ses travaux, ainsi que des
vice-présidents que le comité juge nécessaires.
Parmi
les autres activités des comités qui ont retenu l'attention au cours de cette
période, mentionnons l'étude exhaustive, par le Comité permanent de la
consommation et des affaires commerciales et de l'administration
gouvernementale, de la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes et
l'examen de la violence à la télévision par le Comité permanent des
communications et de la culture. L'activité du Comité mixte permanent d'examen
de la réglementation a également été remarquée. Dans son sixième rapport déposé
le 19 novembre, le Comité a recommandé l'annulation d'un règlement controversé
établi en 1990 concernant les actes nuisibles sur des ouvrages publics. Ce
règlement interdisait à quiconque de manifester, de produire des bruits
distrayants ou de distribuer toute publication dans un rayon de cinquante
mètres d'une porte des édifices parlementaires pendant la semaine de travail.
En vertu des règles de la Chambre, la recommandation de révoquer le règlement
deviendrait un ordre de la Chambre à moins qu'il soit contesté dans les quinze
jours de séance. Le 1er février 1993, Derek Lee, coprésident du
Comité, a avisé la Chambre qu'étant donné que la recommandation n'avait pas été
contestée, le rapport du Comité serait adopté et le règlement serait par
conséquent annulé.
Réforme électorale
Le
13 février 1992, le rapport de la Commission royale sur la réforme électorale
et le financement des partis a été déposé à la Chambre. Le jour suivant, la
Chambre des communes a adopté une motion afin de constituer un comité spécial
de huit membres chargé de procéder à l'étude exhaustive de ce rapport. Le
11 décembre 1992, le comité a déposé son premier rapport sur la question
de la réforme électorale. Dans ce rapport, le comité a exposé un plan en trois
phases pour l'étude des questions soulevées dans le rapport de la Commission
royale. La première phase a donné lieu à une ébauche de projet de loi visant à
réformer la Loi électorale du Canada, ébauche qui était incluse dans le
rapport. Les modifications proposées par le projet de loi portaient
principalement sur les activités d'Élections Canada qui précèdent la journée
des élections et celles qui ont lieu cette journée même. Plus précisément, le
comité a recommandé des modifications aux systèmes afin de faciliter
l'inscription des Canadiens sur les listes électorales et de rendre l'acte de
voter accessible à un plus grand nombre de Canadiens. La deuxième phase de
l'étude du comité portera sur des éléments qui devront entrer en vigueur avant
les prochaines élections. On y traitera entre autres de la radiodiffusion, de
la divulgation de renseignements lors de sondages d'opinion, de la publicité
par une tierce partie, de la dépénalisation de certaines infractions
électorales et du financement des campagnes électorales aux échelons local et
national. Enfin, la phase trois de l'étude du comité mettra l'accent sur des
changements à long terme aux systèmes qui, même s'ils ne seront pas en vigueur
au moment des prochaines élections, n'en demeurent pas moins importants. Il
sera entre autres question de l'attribution de sièges aux provinces, du tracé
des circonscriptions électorales, de mesures visant à accroître le nombre de
candidates ainsi que de l'établissement de circonscriptions pour les
représentants des peuples autochtones. Le 22 février 1993, le gouvernement
a déposé le projet de loi C-114 - Loi modifiant la Loi électorale du Canada,
basé sur les recommandations de la Commission royale et le rapport du Comité.
Selon le libellé actuel, la Loi limite le montant des frais de publicité
engagés par des particuliers et des groupes pour favoriser un politicien ou un
parti; applique aux groupes de revendication indépendants, que leur action soit
associée directement ou indirectement à un candidat ou à un parti,
l'interdiction de faire la publicité d'un parti politique pendant quatre
semaines au début d'une campagne et au cours des 48 dernières heures; et
interdit la publication et la diffusion des résultats de sondages pendant les
72 dernières heures de la campagne électorale.
Initiatives législatives
Plusieurs
autres initiatives législatives ont tenu les médias et les parlementaires
occupés. Le projet de loi C-113, Loi portant compression des dépenses
publiques (projet de loi qui élimine les prestations d'assurance-chômage
pour ceux qui quittent volontairement leur emploi sans raison valable); le
projet de loi C-110, Loi concernant l'ouvrage de franchissement du détroit
de Northumberland ( projet de loi qui met en branle les procédures pour
l'établissement d'un raccordement permanent entre l'Île-du-Prince-Édouard et le
continent); et le projet de loi C-115, Loi portant mise en oeuvre de
l'Accord de libre-échange nord-américain ont été déposés au cours de cette
période. Les projets de loi suivants ont été adoptés par la Chambre et sont en
train d'être étudiés par le Sénat : les projets de loi C-69, Loi
modifiant le Code criminel (sécurité aérienne et maritime); C-76, Loi
budgétaire de 1992 (mesures fiscales); C-79, Loi modifiant la Loi sur le
divorce et la Loi d'aide à l'exécution des ordonnances et des ententes
familiales; C-88, Loi modifiant la Loi sur le droit d'auteur; C-99, Loi
modifiant la Loi sur les prêts aux petites entreprises; et C-111, Loi
sur la vente du tabac aux jeunes.
Députés de la Chambre des communes
Les
événements et les déclarations des derniers mois ont changé et changeront le
visage de la Chambre des communes. Au sein du groupe parlementaire du
gouvernement, Jim Edwards a remplacé Jim Hawkes à titre de whip en chef du
gouvernement et Charles Langlois a assumé les fonctions de secrétaire
parlementaire auprès du leader parlementaire du gouvernement. Au début de
janvier 1993, le gouvernement a procédé à un remaniement ministériel à la suite
duquel plusieurs ministres ont changé de portefeuille. À la fin février,
l'ancien premier ministre et ministre actuel responsable des Affaires
constitutionnelles, Joe Clark, a annoncé qu'il ne se présenterait pas aux
prochaines élections. Et, tout particulièrement, le 24 février, le premier
ministre, Brian Mulroney, a annoncé qu'il démissionnerait après qu'un
successeur serait choisi au cours d'un congrès d'investiture qui doit se tenir
à Ottawa du 9 au 13 juin 1993.
À
la Chambre des communes même, Catherine Callbeck, députée de Malpeque, a
renoncé à son siège après avoir été élue chef du Parti libéral de
l'Île-du-Prince-Édouard, puis assermentée comme premier ministre de la
province. Plus récemment, la Chambre a appris avec tristesse la disparition du
député de Vancouver-Nord, Chuck Cook, mort du cancer le 23 février. Des
élections partielles destinées à combler les sièges laissés vacants dans les
circonscriptions de Shefford au Québec (qu'occupait l'ancien membre du Bloc
québécois, Jean Lapierre) et de Malpeque se tiendront le 25 octobre, à moins
bien entendu que des élections générales soient déclenchées d'ici là. Aucune
date n'a encore été fixée pour les élections partielles dans la circonscription
de Vancouver-Nord. Le 8 mars 1993, la répartition des sièges à la Chambre des
communes était la suivante : Parti progressiste-conservateur, 157, Parti
libéral, 80; Nouveau Parti démocratique, 44, autres (y compris les membres du
Bloc québécois, du Parti réformiste et du Parti conservateur indépendant),
11 : et trois sièges vacants.
Barbara Whittaker, Greffière à la procédure, Direction des
recherches pour le Bureau
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