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Saskatchewan
Le
21 octobre 1991, la Saskatchewan élisait à une forte majorité un nouveau
gouvernement. Le premier ministre Roy Romanow, du Nouveau Parti
démocratique, a remporté 55 des 66 circonscriptions. L'ancien premier ministre
progressiste-conservateur, Grant Devine, dirige maintenant l'opposition
officielle composée de dix députés. Le Parti libéral est représenté à
l'assemblée législative par son chef, Lynda Haverstock.
Un
cabinet «transitoire» de dix membres dont six n'avaient jamais siégé à
l'Assemblée législative a été formé le 1er novembre. Ed Tchorzewski
est devenu vice-premier ministre, et le ministre de la Diversification
économique et du Commerce, Dwain Lingenfelter, a été nommé leader
parlementaire. Bill Neudorf est le leader parlementaire de l'opposition.
Élection du Président
La
première session de la 22e Législature s'est ouverte le 2 décembre
avec, comme premier point à l'ordre du jour, l'élection du Président.
Né
à Annaheim, en Saskatchewan, le président Rolfes est diplômé de l'université de
la Saskatchewan. Enseignant de profession, il oeuvre en politique depuis près
de vingt ans. Élu pour la première fois à l'Assemblée législative de la
Saskatchewan en 1971, il a été réélu en 1975 et en 1978. Il a fait partie du
cabinet Blakeney en qualité de ministre des Services sociaux, de ministre de
l'Éducation permanente et, enfin, de ministre de la Santé. En 1982, il a perdu
son siège, mais il a été réélu lors d'élections générales quatre ans après.
Avant sa dernière élection, le 21 octobre 1991, il était le porte-parole de son
parti pour l'enseignement supérieur. Le 2 décembre 1991, M. Rolfes a été
élu au poste de président. Comme il était le seul candidat, il n'a pas été
nécessaire de recourir à la procédure de scrutin secret adoptée par l'assemblée
en 1991. M. Rolfes est le dix-neuvième président.
Dans
son discours inaugural, le président Rolfes a fait état du cynisme manifesté
dans l'opinion publique à l'égard des hommes politiques et des institutions
démocratiques et il a invité l'ensemble des députés à se comporter dignement et
à respecter le décorum. Harry Van Mulligen a été élu vice-président,
tandis que Glenn Hagel était élu à la vice-présidence des comités.
Discours du trône
Le
lieutenant-gouverneur, Sylvia Fedoruk, a fait lecture du discours du
trône, qui fut bref et de portée restreinte. Celui-ci prévoyait que le
principal objectif de la session serait d'accorder au gouvernement les crédits
dont il aurait besoin jusqu'à la fin de l'année financière, de façon à éviter
tout nouveau recours à des mandats spéciaux. En effet, le gouvernement
fonctionnait depuis le mois de juin précédent grâce à des mandats spéciaux,
quand l'Assemblée s'est ajournée avant l'adoption du budget. Le premier
ministre Romanow avait critiqué, dans l'opposition, le bien-fondé du recours
aux mandats spéciaux. Le discours du trône mentionnait que le projet de loi de
crédits serait forcément basé en grande partie sur les prévisions du
gouvernement précédent et que le nouveau gouvernement présenterait son propre
budget de dépenses au début du printemps 1992.
Le
discours du trône annonçait également la création d'une commission chargée
d'étudier la gestion financière, en vue de rendre les finances provinciales
transparentes. L'opposition officielle a immédiatement riposté à cette mesure
pour en faire une question de privilège sur laquelle nous revenons ci-dessous.
Il a aussi été question de l'agriculture, secteur où le gouvernement entend
prendre des mesures afin de protéger les exploitations familiales, notamment
par la stabilisation du revenu agricole et l'adoption d'un plan de secours.
Programme législatif
Au
total, 19 projets de loi ont été présentés et 17 ont été adoptés. La plupart
étaient d'ordre administratif, et bon nombre avaient été présentés le printemps
précédent, sans que l'Assemblée ne puisse les adopter avant sa prorogation, en
juin. Dans cette catégorie, il convient de mentionner entre autres un projet de
loi prévoyant des modifications dans le but de réduire la subvention
hypothécaire offerte par le gouvernement aux propriétaires de maison. L'ancien
gouvernement avait annoncé la mesure au début de 1991, mais celle-ci était
restée au Feuilleton. Il avait alors refusé de rétablir le programme
initial. La légalité de sa position ayant été contestée devant les tribunaux,
le gouvernement s'était vu fixer jusqu'à la fin de décembre pour adopter le
projet de loi ou rembourser les propriétaires selon les dispositions du
programme initial. En vertu de cette décision, il devenait urgent de présenter
à nouveau le projet de loi, qui fut adopté en troisième lecture le 19 décembre.
La
fiscalité a constitué une question primordiale au cours de la dernière session
et de la campagne électorale. Le discours du trône annonçait que la mesure
tendant à harmoniser la taxe de vente provinciale et la TPS fédérale serait
révoquée dans le but de stimuler l'économie de la Saskatchewan. Le nouveau
gouvernement avait déjà demandé aux commerçants de cesser de percevoir la taxe
de vente majorée. Le projet de loi a été présenté et adopté, et il est entré en
vigueur le 21 décembre.
Conformément
à une autre promesse électorale, le gouvernement a présenté une modification à
la Legislative Assembly Act, pour assurer la tenue d'une élection
partielle dans les six mois suivant une vacance dans une circonscription. Il y
a également eu la présentation de deux projets de loi tendant à rétablir le
système de sections électorales à l'échelle des municipalités, mesures
renvoyées pour étude au Comité permanent du droit municipal. Fait intéressant,
c'était la première fois, en décembre 1991, que ce comité siégeait depuis 1959.
Des audiences publiques sur les deux projets de loi sont prévues pour janvier
et février 1992.
Une
mesure a suscité beaucoup de controverse. Il s'agit du projet de loi 18, loi
qui prévoit la divulgation publique des contrats des employés de l'État, énonce
des dispositions en matière de rémunération à l'échéance ou à la révocation des
contrats des employés de l'État, annule les dispositions actuelles de ces
contrats en la matière et met fin à tout droit d'entamer des poursuites ou
d'obtenir une indemnisation à l'égard de pertes ou dommages résultant de
l'entrée en vigueur ou de la mise en application de la présente loi. La mesure
avait pour but d'annuler les dispositions concernant les indemnités de départ,
prévues dans les contrats de certains hauts fonctionnaires et de certains
dirigeants des sociétés d'État. Elle prévoyait aussi la divulgation publique de
tous les contrats des employés de l'État.
Le
problème s'est fait jour dans la période suivant immédiatement les élections,
lorsque le gouvernement s'est mis à étudier les contrats de certains employés
supérieurs de l'État. Il a accusé son prédécesseur d'avoir conclu en secret un
certain nombre de contrats de travail qui prévoyaient «des dispositions
extraordinairement généreuses en cas de démission ou de renvoi». Le président
de Saskatchewan Power Corporation, en particulier, dont l'indemnité de départ
était censée s'établir à 1,3 million de dollars, est devenu l'exemple favori du
gouvernement.
L'opposition
officielle a qualifié le projet de loi de «vendetta politique» et reproché au
gouvernement d'avoir privé les individus de tout recours aux tribunaux. Pour le
leader parlementaire de l'opposition, Bill Neudorf, cette mesure portait
atteinte aux droits de la personne et allait à l'encontre de la Charte
canadienne des droits et libertés. Le chef libéral, Lynda Haverstock,
a comparé l'approche du gouvernement au «labourage d'une récolte tout entière
pour venir à bout de quelques mauvaises herbes». Le ministre de la Justice, Bob
Mitchell, a répondu que le projet de loi n'écartait le recours en justice
que pour les personnes qui se sentiraient déshonorées du fait de la divulgation
de leur contrat ou dont l'indemnité de départ aurait été supprimée. Il a ajouté
que le gouvernement ne pouvait pas nuire impunément à la réputation d'un
employé qui aurait été renvoyé.
Questions de procédure
Avant
même que ne commence le débat sur le discours du trône, le chef de
l'opposition, M. Devine, a demandé un débat d'urgence sur la crise agricole qui
frappait la Saskatchewan. Quand le gouvernement s'est opposé à la demande et
qu'il a exigé le vote, les députés de l'opposition officielle ont laissé la
sonnerie retentir pendant trente minutes avant de permettre la tenue du
scrutin. Ce n'était pas la dernière fois que l'opposition conservatrice allait
utiliser la sonnerie comme moyen d'expression. Au cours d'un débat de procédure
concernant l'adoption d'un projet de loi de crédits, la sonnerie a retenti
pendant six heures. Le premier ministre avait prévu une courte session de deux
semaines pour «faire le ménage». Néanmoins, il a fallu trois semaines, avec
prolongation des séances, pour terminer le programme législatif.
La
commission chargée d'examiner la gestion financière, annoncée dans le discours
du trône, a immédiatement été prise d'assaut par l'opposition officielle. Cette
commission qui, selon le gouvernement, devait être indépendante et sans parti
pris, ne l'était pas selon l'opposition officielle. Ainsi, l'annonce voulant
que le vérificateur de la province ait été invité à agir à titre de «conseiller
spécial» de la commission a suscité la controverse. Le porte-parole de
l'opposition en matière de finances, Rick Swenson, a soulevé la question
de privilège, en disant que le gouvernement avait dérogé à l'indépendance du
vérificateur en le nommant à la commission. Dans son argumentation, M. Swenson
a fait valoir que le fait que la commission ait recours au vérificateur minait
l'aptitude des députés à s'acquitter de leur devoir d'examen.
Le
ministre des Finances, Ed Tchorzewski, avait mentionné que le rapport de
la commission pourrait être renvoyé pour étude au comité permanent des comptes
publics. M. Swenson, qui occupe également la présidence de ce comité, s'est
demandé, dans sa question de privilège, comment le vérificateur, Wayne
Strelioff, pourrait agir en même temps à titre de conseiller et enquêteur
principal du comité et de conseiller spécial de la commission. Ce double emploi
mettrait nécessairement en péril les rapports du vérificateur avec le comité et
son président.
Le
Président en a conclu qu'il n'y avait pas à prime abord d'atteinte au
privilège, principalement parce que l'Assemblée avait elle-même prévu dans la Provincial
Auditor's Act des dispositions qui permettent au vérificateur d'exécuter
des fonctions particulières au nom du lieutenant-gouverneur en conseil. En
rendant sa décision, le président Rolfes s'est dit d'avis que lorsque la
Chambre avait adopté cette mesure, elle avait confirmé le fait que le
vérificateur, s'il acceptait de l'exécutif une fonction particulière, ne
compromettrait pas nécessairement son indépendance ni ne diminuerait son
aptitude à servir l'Assemblée législative.
Enfin,
pour en revenir à la question des crédits pour le reste de l'année financière,
le ministre des Finances, M. Tchorzewski, a présenté une motion pour demander à
l'Assemblée de renoncer à la procédure budgétaire normale en épargnant au
gouvernement le soin de présenter des prévisions de dépenses. Le Ministre a
fait valoir que son gouvernement était paralysé du fait que son prédécesseur
n'avait pu adopter de budget avant la prorogation de l'Assemblée. Il a ajouté
que, dans la conjoncture, il serait impossible d'établir un nouveau budget en
raison du peu de temps qu'il restait jusqu'à la fin de l'année financière. Selon
lui, le gouvernement n'avait pas l'intention de recourir aux mandats spéciaux
pour fonctionner.
L'opposition
a réagi en disant que la proposition ne respectait pas le principe qui lui
donne le droit de démontrer pourquoi les crédits doivent être refusés. Pour le
leader parlementaire de l'opposition, Bill Neudorf, la motion consistait
à «suspendre la constitution de la Saskatchewan» à des fins politiques. Le chef
de l'opposition a accusé le gouvernement de tenter de cacher l'inexpérience de
ses ministres en les soustrayant à l'examen des prévisions de dépenses de leur
ministère. Pour sa part, le gouvernement a répondu que c'est l'opposition,
lorsqu'elle formait le gouvernement, qui avait passé outre au principe de faire
«grief» au sujet des crédits, en recourant aux mandats spéciaux au lieu
d'adopter un budget lorsqu'elle en avait eu la chance. Le Ministre a indiqué
que, en vertu de sa proposition, le projet de loi de crédits serait examiné
selon les règles et que les députés de l'opposition auraient tout le temps
voulu pour poser des questions et poursuivre le débat. Le débat sur la motion
de procédure en matière de finances s'est prolongé jusqu'à tard dans la soirée
du samedi 21 décembre. Le projet de loi portant affectation de crédits a
ensuite été déposé, le débat a eu lieu et la sanction royale a été donnée peu
après minuit.
L'Assemblée
doit reprendre ses travaux en mars.
Gregory A. Putz, Greffier adjoint
Alberta
Chaque
année, le Comité permanent du Fonds d'épargne du patrimoine de l'Alberta étudie
les placements de ce fonds pour s'assurer que les sommes engagées correspondent
au mandat du Fonds. Le 21 octobre 1991, les quinze membres du Comité permanent
ont commencé leur examen annuel dans l'enceinte de l'Assemblée législative.
Parmi les témoins entendus, mentionnons le premier ministre, le trésorier
provincial, divers ministres provenant de treize ministères, le vérificateur
général et des représentants de l'Alberta Heritage Foundation for Medical
Research.
Le
trésorier de la province, Dick Johnston, a été le premier à comparaître
devant le Comité. Il a confirmé que, au 31 mars 1991, la valeur globale du
Fonds du patrimoine dépassait 15,3 milliards de dollars sous forme d'actifs
financiers et présumés l'être. Il convient aussi de signaler que, en 1990-1991,
le Fonds du patrimoine a versé 1,34 milliard de dollars aux recettes générales.
Parmi
les ministres invités à comparaître devant le Comité, il y avait celui de
l'Énergie, Rick Orman. Le Ministre a répondu aux questions du Comité
permanent relatives aux investissements dans le projet Syncrude. L'usine de
traitement biprovinciale de Lloydminster, par exemple, financée conjointement
par le Fonds du patrimoine et divers autres investisseurs, a reçu du Fonds
109 millions de dollars. Le projet doit créer 1500 emplois permanents.
Le
ministre de l'Enseignement supérieur, John Gogo, a témoigné devant le
Comité permanent au sujet du principal projet de son portefeuille, l'Alberta
Heritage Scholarship Fund. Depuis sa création en 1981-1982, ce fonds a versé au
delà de 88 millions de dollars à 63 000 étudiants. Les boursiers doivent s'être
distingués dans les domaines des arts, des sciences sociales, des sciences et
des sports.
Ray Speaker, ministre des Affaires municipales, a répondu aux
diverses questions du Comité. Celui-ci l'a interrogé entre autres sur la
décision de se départir d'une fraction de l'actif de l'Alberta Mortgage and
Housing Corporation qui n'était pas destiné au programme de logement social du
gouvernement. Le Ministre a aussi traité de la réorganisation au sein de la
Société et de l'incidence de cette mesure sur la gestion et la coordination du
programme. Au fil des ans, le Fonds du patrimoine a aidé à financer plus de 40
000 unités d'habitation à l'intention des personnes âgées et des familles à
faible revenu, des personnes handicapées et des personnes ayant des besoins
particuliers.
Fred Stewart, ministre de la Technologie, de la Recherche et
des Télécommunications, a aussi témoigné devant le Comité. Il a répondu aux
questions touchant l'Electronics Test Centre, l'Alberta Heritage Foundation for
Medical Research, l'Alberta Microelectric Centre et l'Individual Line Service
Program. Il a également été question de la privatisation de l'Alberta
Government Telephones, accomplie par le lancement public d'actions de la
société TELUS. L'offre, qui a rapporté 896 millions de dollars, constitue la
vente d'actions ordinaires la plus importante de l'histoire du Canada.
À
la fin des audiences, le Comité permanent s'est acquitté de sa seconde mission,
formuler des recommandations touchant les investissements du Fonds d'épargne du
patrimoine de l'Alberta. Chaque recommandation doit être débattue, votée puis
approuvée par le Comité permanent. Un document intitulé The Report of the
Standing Committee on the Alberta Heritage Savings Trust Fund Act sera
bientôt rendu public. Le rapport donnera le compte rendu général des séances du
Comité.
En
résumé, les sommes provenant du Fonds d'épargne du patrimoine de l'Alberta
continueront à constituer une source importante de revenu pour la province. Il
ne faut pas s'attendre à ce que le Fonds du patrimoine s'accroisse aussi
rapidement qu'auparavant, étant donné la baisse du prix du pétrole et du gaz
naturel et le ralentissement général de l'économie. Toutefois, pour la
viabilité à long terme du Fonds, il est essentiel d'effectuer un examen annuel
en bonne et due forme de ses investissements afin que les citoyens de l'Alberta
soient convaincus que ceux-ci sont conformes au mandat initial établi pour le
Fonds en 1976.
Laurie MacKay et Mark Patton, Stagiaires de
l'Assemblée législative, Assemblée législative de l'Alberta
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