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Seizième
colloque parlementaire
La Région
du Canada de l'Association parlementaire du Commonwealth (APC) a tenu son
seizième colloque parlementaire à Whitehorse, au Yukon, du 14 au 16 novembre
1991.
Le
président de l'Assemblée législative du Yukon, Sam Johnston, a ouvert la
conférence. La première séance avait pour thème le législateur des années 1990
et le cynisme des Canadiens.
Le
premier conférencier était le président de l'Assemblée législative de
l'Alberta, David Carter, qui a donné quelques exemples de comportement
d'élus qui contribuaient à renforcer le cynisme de la population. Il avait
apporté une cassette sur laquelle avaient été enregistrés quelques incidents
récents de conduite indigne d'un parlementaire, y compris celui du député
fédéral contre lequel une motion de blâme a été portée pour avoir tenté
d'arracher la Masse au Sergent d'armes afin de protester contre l'ajournement
de la Chambre des communes. On a pu aussi voir quelques exemples de désordre
général survenus durant le débat sur la TPS au Sénat.
D'autres
participants ont fait remarquer la norme de «deux poids deux mesures» qui
s'applique souvent aux représentants élus accusés de mauvaise conduite. Pour
bien des gens, la piètre image que l'on a des parlementaires est attribuable en
grande partie à la couverture des médias alors que, pour d'autres, c'est le
régime parlementaire de gouvernement comme tel qu'il faut mettre en question.
D'aucuns ont proposé que les députés n'avaient qu'à s'en prendre à eux-mêmes si
les Canadiens ne comprenaient pas leur forme de gouvernement ou le rôle des
membres d'assemblées législatives.
La
deuxième séance, elle, portait sur le réseau national de transport qui, pour
reprendre les termes de Joe Comuzzi qui a lancé la discussion, est la
colle qui empêche le pays d'éclater. Il a souligné certains problèmes qui
sévissent dans le secteur des transports par camion, par air et par chemin de
fer, mais il a laissé entendre que le cœur du problème était le manque de la
planification intégrée du transport qui permettrait aux responsables de tous
les ordres de gouvernement de se concerter. D'autres délégués ont fait observer
que la capacité de pouvoir voyager facilement et à bon marché est essentielle à
l'unité du pays. Nos problèmes constitutionnels actuels seraient bien moindres
si plus de Canadiens pouvaient visiter d'autres régions du pays. Tous étaient
d'accord pour dire qu'un comité national du transport réunissant des
représentants de toutes les assemblées législatives devrait être créé afin de
surmonter de façon plus rationnelle toutes les difficultés que connaît le
secteur des transports. Cependant, fidèles à la tradition des conférences de
l'APC, les délégués n'ont pas adopté de résolution en ce sens ou à tout autre
sujet.
La troisième
séance, qui était consacrée aux possibilités d'assurer une représentation
efficace des Premières nations au sein du régime parlementaire, a été ouverte
par Margaret Joe, du Yukon, qui a exposé différentes valeurs politiques
des peuples autochtones, plus à l'aise dans un contexte consensuel que dans un
régime d'opposition. Les gens ne prennent la parole que s'ils ont quelque chose
à dire et le genre d'interruptions que l'on voit habituellement dans un débat
parlementaire est considéré comme un manque de politesse.
D'après
d'autres membres, les Canadiens auraient beaucoup à apprendre du régime
politique des peuples autochtones. Il n'en demeure pas moins que notre régime
parlementaire repose sur le principe de l'opposition. Certains établissaient un
parallèle entre les revendications des autochtones et le désir du Québec
d'assumer lui-même le contrôle de son processus politique.
La
quatrième séance, portant sur la démocratie directe, reprenait certains thèmes
abordés lors d'une séance antérieure. Le premier à parler, Carmen McClelland
d'Ontario, a posé un certain nombre de questions au sujet du recours à des
référendums, à des rappels, à des initiatives d'intérêt privé et aux autres
formes de démocratie directe. De concert avec d'autres, il a fait remarquer qu'elles
représentaient des armes à double tranchant puisqu'elles permettaient à plus de
personnes de participer au processus politique, mais qu'elles ouvraient aussi
la voie au gouvernement par la majorité et à l'oppression des groupes
minoritaires.
La dernière
séance, ayant pour thème le tourisme, a été ouverte par Ross Young, de
l'Île-du-Prince-Édouard. Il a relevé plusieurs questions ayant une influence
marquée sur le tourisme au Canada, y compris la TPS, le prix élevé de l'essence
et l'augmentation du magasinage outre-frontière. D'autres ont affirmé que, en
insistant davantage sur les services offerts et en nous assurant que nous
protégeons notre environnement, le plus important attrait touristique du Canada
demeurerait ses paysages et ses richesses naturelles. De nombreux délégués ont
de nouveau fait ressortir la nécessité d'une concertation de toutes les
compétences.
Bien que
la conférence n'ait duré que deux jours, elle regroupait des délégués de la
plupart des juridictions canadiennes. À la fin, ceux-ci ont pu visiter la Yukon
Game Farm et se rendre brièvement aux sources chaudes de Takhimi, où
quelques-uns se sont joints aux résidants pour faire un plongeon dans cette
piscine extérieure naturelle. Le colloque s'est clôturé par un banquet d'adieu
tenu dans la plus pure tradition du Yukon. C'était la première fois que la
plupart des délégués visitaient le Yukon, et ils se souviendront longtemps de
l'accueil chaleureux, de l'excellente hospitalité et de la beauté spectaculaire
de ce territoire du Nord canadien.
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