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Nouveau-Brunswick
L'année
1991 a été la quatrième et dernière de l'historique assemblée législative à
parti unique. D'une durée de 25 jours, la session du printemps a été l'une des
plus courtes de l'histoire du Nouveau-Brunswick.
Le
22 août 1991, la 51e législature a été dissoute par une proclamation
ordonnant l'émission de brefs pour l'élection des membres de la 52e
législature.
Voici
les résultats des élections du 23 septembre dernier : Libéraux, 46;
Confederation of Regions Party, 8; Progressistes conservateurs, 3;
Néo-démocrates, 1. Le chef du Parti progressiste conservateur, Dennis
Cochrane, et le chef du Nouveau Parti démocratique, Elizabeth Weir,
ont été élus à l'assemblée législative, tandis que le chef du Confederation of Regions
Party, Arch Pafford, n'est pas parvenu à se faire élire dans
Miramichi-Newcastle.
Trois
ministres libéraux ont perdu leur siège : Aldéa Landry, anciennement
vice-premier ministre et ministre des Affaires intergouvernementales; Al
Lacey, anciennement ministre du Commerce et de la Technologie et président
de la Société d'énergie du Nouveau-Brunswick; et Hubert Seamans,
anciennement ministre des Affaires municipales.
Deux
semaines après les élections qui ont fait du Confederation of Regions Party
l'opposition officielle, le premier ministre Frank McKenna a dévoilé son
nouveau Cabinet. Dans le but de rapetisser la bureaucratie et d'améliorer
l'efficience, il a combiné plusieurs ministères, le nouveau Cabinet comptant 18
membres au lieu de 24.
Le
premier ministre McKenna est devenu président du Conseil exécutif et ministre
responsable de la Société de développement régional, tout en restant ministre
responsable du Conseil consultatif de la situation de la femme.
Pour
la première fois dans l'histoire du Nouveau-Brunswick, une femme présidera
l'assemblée législative. La présidente désignée, Shirley Dysart,
ancienne enseignante, a été élue pour la première fois dans Saint John Park en
1974. Elle a été réélue en 1978, 1982, 1987 et 1991. Elle a été chef intérimaire
du Parti libéral pour deux mois en 1985. Nommée ministre de l'Éducation le 27
octobre 1987, elle l'a été jusqu'au 8 octobre, jour de sa nomination au poste
de président en remplacement de Frank Branch. La nomination de Mme
Dysart porte à cinq le nombre de femmes ayant le statut de ministre, ce qui est
sans précédent au Nouveau-Brunswick.
Pour
faire face à l'augmentation prévue de la charge de travail et pour faciliter
l'exécution des fonctions législatives, le premier ministre McKenna a désigné
deux présidents adjoints : Michael McKeen et Reg MacDonald.
Depuis
1988, le gouvernement McKenna ajourne la session du printemps à l'automne, ce
qui permet le dépôt hâtif du budget d'investissement. Le 17 octobre, le leader
parlementaire du gouvernement, J. Raymond Frenette, a annoncé que la
première session de la 52e législature s'ouvrirait le 11 février
1992. En tenant une session en février pour la première fois en 25 ans, le
gouvernement envisage de continuer de déposer le budget d'investissement avant
le début de l'exercice financier.
Loredana Catalli Sonier, Greffière adjointe
Territoires du Nord-Ouest
Le
15 octobre 1991, des élections territoriales se sont déroulées afin de pourvoir
les 24 sièges de l'Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest. On
trouvera les résultats dans une autre section du présent numéro.
Points saillants de la dernière session
Lors
de la huitième session de la onzième législature, l'Assemblée législative a
modifié la Legislative Assembly and Executive Council Act en vue d'y
intégrer des lignes directrices concernant les conflits d'intérêts que peuvent
avoir les membres de l'Assemblée.
En
vertu de l'ancienne loi, les membres n'étaient tenus de déclarer un conflit
d'intérêts que s'il avait des répercussions financières directes ou indirectes
sur toute question intéressant l'Assemblée ou l'un de ses comités; ils devaient
en outre s'abstenir de participer aux discussions sur le conflit en question.
Toujours
aux termes de la même loi, il incombait au public de déceler toute entorse à la
loi sur les conflits d'intérêts et, le cas échéant, de porter la cause devant
la Cour suprême.
Les
nouvelles lignes directrices renferment un mécanisme de divulgation de
renseignements financiers suivant lequel les membres sont tenus de déclarer
annuellement leurs actifs et leurs passifs ainsi que leurs intérêts financiers
auprès du greffier de l'Assemblée législative. Ce dernier rédige alors un
document d'information qui contient tous ces renseignements et qui est ensuite rendu
public.
Conformément
aux nouvelles lignes directrices, il est interdit aux membres d'utiliser des
renseignements, à des fins personnelles, ou d'user de quelque influence que ce
soit qu'ils aient pu obtenir dans le cadre de leurs fonctions.
Au
cours de leur mandat, les membres, ainsi que leur conjoint et leurs enfants à
charge, n'ont pas le droit d'exécuter un contrat pour le compte du
gouvernement. Les conjoints et les personnes à charge sont toutefois autorisés
à travailler pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Les conjoints
et les personnes à charge des ministres et du président de l'Assemblée
législative n'ont pas le droit de travailler pour l'organe gouvernemental dont
ces derniers ont la charge.
Les
ministres et le président de l'Assemblée législative ne peuvent exploiter une
entreprise ni occuper un emploi à l'extérieur durant la durée de leur mandat.
Une fois le mandat expiré, ils doivent pendant encore 12 mois s'abstenir
d'exécuter un contrat ou de faire du lobbying auprès de l'organe gouvernemental
dont ils avaient la responsabilité.
Tout
comme l'ancienne loi, la nouvelle mesure législative renferme des dispositions
prévoyant la divulgation de renseignements et le retrait des discussions
portant sur des questions abordées par l'Assemblée législative, les comités, le
Conseil exécutif ou le Bureau de gestion et des services et pour lesquelles le
député est en conflit d'intérêts.
Les
membres sont tenus de refuser toute rémunération ou tout cadeau lié à
l'exercice de leurs fonctions. Ils peuvent toutefois faire exception lorsqu'il
s'agit de respecter le protocole ou pour s'acquitter de certaines obligations
sociales. Tout cadeau évalué à plus de 400 $ devient la propriété du
gouvernement et non du membre.
Les
lignes directrices prévoient également un mécanisme d'exécution. Les plaintes
doivent être examinées par le Comité permanent de l'éthique et des conflits
d'intérêts. Les responsables font enquête, après quoi ils peuvent rejeter la
plainte ou la déférer au Comité, qui tiendra une enquête publique en bonne et
due forme. S'il juge que le député a contrevenu aux lignes directrices, le
Comité peut recommander à l'Assemblée législative une vaste gamme de sanctions,
entre autres déclarer le siège du membre de l'Assemblée vacant.
La
nouvelle loi ne vise pas à remplacer les recours civils et les peines
criminelles qui régissent toujours la conduite fautive des membres. Elle
établit un code de conduite et des sanctions supplémentaires qui s'imposent
pour sauvegarder la confiance du public à l'égard des membres de l'Assemblée.
Pleine participation au processus constitutionnel
Le
gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et les peuples autochtones veulent
être des partenaires à part entière au processus constitutionnel. C'est de ce
message dont étaient porteurs MM. Michael Ballantyne, Richard
Nerysoo et John Ningark, tous trois membres du Comité spécial des
Territoires du Nord-Ouest sur la réforme de la Constitution, lorsqu'ils se sont
présentés à Ottawa le 1er mai 1991.
Lors
de leur comparution devant le Comité mixte spécial de la Chambre des communes
et du Sénat sur le processus de modification de la Constitution du Canada, les
trois politiciens des Territoires du Nord-Ouest ont déclaré que depuis 10 ans,
ils réclament eux aussi voix au chapitre au même titre que les autres
Canadiens.
Le
président du Comité spécial des Territoires du Nord-Ouest sur la réforme de la
Constitution, M. Ballantyne, ainsi que les deux membres MM. Nerysoo et Ningark,
ont déclaré qu'un plébiscite, à l'échelle nationale, donnerait aux
gouvernements fédéral et provinciaux le mandat nécessaire pour entamer la
réforme de la Constitution.
M.
Ballantyne a énoncé six principes qui, de l'avis de son Comité, devraient être
intégrés aux lois fédérales, provinciales et territoriales et en même temps
servir de balises au processus d'amendement. Ils sont les suivants :
Les
gouvernements doivent détenir un mandat clair avant d'opérer tout changement
majeur à la Constitution du Canada.
Toute
nouvelle formule de modification doit garantir aux Canadiens une pleine et
entière participation à toutes les étapes des changements constitutionnels
d'importance.
Toute
nouvelle formule de modification doit faire en sorte qu'une grande majorité de
membres de chacune des Assemblées législatives appuie les modifications
proposées. Le vote libre serait un moyen de s'en assurer.
Toute
nouvelle formule de modification doit assurer un équilibre clair et dosé entre
le rôle de l'exécutif et celui des Canadiens et de leurs représentants élus qui
siègent aux Assemblées législatives.
Les
peuples autochtones doivent être assurés d'avoir un rôle à jouer dans tout
processus de modification de la Constitution mettant en cause leurs intérêts
premiers.
Tout
changement à la formule de modification actuelle ou toute formule nouvelle doit
prévoir la participation des habitants des Territoires et de leurs
représentants élus aux discussions sur des questions qui touchent directement à
la Constitution dans les Territoires ainsi que sur le rôle des habitants des
Territoires dans les affaires nationales. Toute nouvelle formule de
modification susceptible de faire appel à la représentation des régions doit
reconnaître les Territoires du Nord-Ouest et du Yukon comme une région
distincte du Canada et non comme un groupe d'intérêt que l'on consulte de façon
officieuse.
Cérémonie de dédicace de la nouvelle Assemblée législative
Le
27 juin 1991, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a tenu une
cérémonie de dédicace sur l'emplacement du futur édifice qui abritera
l'Assemblée législative et qui devrait ouvrir ses portes au cours de l'été de
1993.
Plus
de 100 dignitaires, invités et membres du public ont assisté à la cérémonie,
sur l'emplacement même du futur édifice situé près du Centre du patrimoine
septentrional du Prince de Galles.
Les
habitants des Territoires du Nord-Ouest, les seuls Canadiens à ne pas avoir
d'édifice permanent abritant leur Assemblée législative, ne seront plus obligés
de louer des installations temporaires. Le commissaire, M. Norris, a ajouté
qu'ils vont profiter du nouvel édifice dans lequel les membres seront en mesure
d'assurer des services de meilleure qualité.
La nouvelle session
Plus
de 76 p. 100 des 21 021 électeurs (16 053) ont participé au scrutin du 15
octobre. Deux nouvelles circonscriptions électorales ont été créées, pendant
que deux autres disparaissaient. Les nouvelles circonscriptions sont celles de
Yellowknife-Frame Lake et de Keewatin-Centre; cette dernière est composée des
localités de Rankin Inlet et de Whale Cove. Rankin Inlet faisait partie
antérieurement de la circonscription d'Aivilik, et Whale Cove, de la
circonscription de Kivallivik.
Les
deux circonscriptions disparues sont celles de Pine Point et de Baie d'Hudson.
Celle-ci a été amalgamée à la circonscription de Baffin-Sud, tandis que la
fermeture de la mine et de la ville de Pine Point a entraîné la disparition de
la circonscription du même nom.
Après
les élections, les 24 députés se sont rendus dans la salle de l'Assemblée législative
à la mi-novembre pour tenir une réunion publique du Territorial Leadership
Committee (TLC) et amorcer la première session de la 12e
législature.
Les
membres de la 12e législature ont dérogé de façon marquée à la
tradition en décidant de rendre public le processus de sélection du Président,
du Chef du gouvernement et du Conseil exécutif. Les revendications des
partisans d'un gouvernement plus transparent et responsable sont à l'origine de
cette décision.
Dans
la matinée du mardi 12 novembre, le TLC a élu à la présidence de l'Assemblée le
député de Yellowknife-Nord, Michael Ballantyne. Plus tard dans la
journée, les députés ont élu la députée de Nunakput, Nellie Cournoyea,
Chef du gouvernement; c'est la première fois qu'une femme autochtone détient un
tel poste au Canada. Avant le scrutin secret, Mme Cournoyea et le
député de Sahtu, Stephen Kakfwi, ont répondu pendant plus de quatre
heures aux questions des 22 autres députés.
Le
mercredi 13 novembre, les sept autres membres du Conseil exécutif ont été élus
par l'ensemble des députés. La Chef du gouvernement, Nellie Cournoyea, a
annoncé les affectations ministérielles des huit membres de son Cabinet le
vendredi 22 novembre.
La
première session de la 12e législature a été inaugurée dans
l'après-midi du 13 novembre. Dans son discours d'ouverture, le commissionnaire Dan
Norris a jugé opportun de faire remarquer la rapidité des changements et
des améliorations que l'Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest a
subis sur le plan tant de la forme que de la représentation.
Le
commissionnaire a rappelé que le Conseil des Territoires du Nord-Ouest ne
comptait que trois membres élus en 1951. Le nombre de représentants élus, par
opposition à ceux nommés par Ottawa, n'a cessé d'augmenter au cours des ans, si
bien que, en 1975, la population des T.N.-O. allait aux urnes pour élire, pour
la première fois, une Assemblée législative complète de 15 députés. Le Chef du
gouvernement a assumé, en 1986, la présidence du Cabinet.
Brad Heath, Service des communications, Assemblée
législative des T. N.-O.
Le Sénat
Le
18 juin 1991, le Sénat adoptait une série de modifications au Règlement du
Sénat, marquant ainsi un point tournant dans ce qui fut une longue bataille de
procédure entre les sénateurs conservateurs et les sénateurs libéraux. Depuis
que les libéraux avaient été écartés du pouvoir en 1984, ils avaient profité de
leur vaste majorité au Sénat pour frustrer le désir des conservateurs de faire
adopter les projets de loi de manière expéditive. Le temps a fait son œuvre et
modifié peu à peu l'équilibre du pouvoir au Sénat, à mesure que la retraite
obligatoire à 75 ans a créé une vacance de sièges. Le Premier ministre a alors
pu nommer au Sénat des personnes soucieuses d'appuyer les politiques du
gouvernement. Quand le Premier ministre a demandé à la Couronne d'invoquer
l'article 26 de la Loi sur le Canada, pour lui permettre de nommer huit
autres sénateurs et donner ainsi aux conservateurs l'avantage du nombre au
Sénat, on a supposé au début que le gouvernement pourrait enfin faire appliquer
sa volonté.
Le
Règlement du Sénat, tel qu'il se présentait alors, ne prévoyait pas de méthode
officielle garantissant que les travaux du Sénat étaient menés à terme avec
efficience. En conséquence, les libéraux se sont servis de la procédure pour
retarder ces travaux. Après une tactique qui a laissé le timbre d'appel du
Sénat sonner sans arrêt, le président Guy Charbonneau a pris la décision
controversée de fixer une limite arbitraire à l'appel, et le scrutin s'est
déroulé sans la participation des libéraux. Des règles provisoires négociées et
convenues par les deux partis ont permis au Sénat d'achever les débats sur la
TPS et sur d'autres projets de loi controversés, et l'année s'est terminée dans
une atmosphère pleine d'inquiétude.
La
prorogation de la 2e session de la 34e législature a
laissé le Sénat avec son ancien règlement. Les conservateurs ont réagi en
déposant au Sénat le Premier rapport du Comité permanent du Règlement et de la
procédure le 11 juin 1991.
Les
modifications proposées et adoptées par la suite visaient principalement à
permettre aux affaires courantes du Sénat, et surtout à celles qui étaient
qualifiées d'« affaires émanant du gouvernement », de progresser dans l'ordre
et sans entraves. À cette fin, des délais rigoureux ne prévoyant que peu ou pas
de prorogations ont été établis afin de régir le déroulement des déclarations
de sénateurs, des affaires courantes, de la période de questions et des
réponses différées, afin que les affaires émanant du gouvernement puissent être
examinées dans un temps déterminé. En plus des délais mentionnés ci-dessus, on
a établi d'autres limites sur la façon dont les questions de privilège et le
Règlement peuvent (ou ne peuvent pas) être invoqués. En outre, le président a
désormais le pouvoir d'intervenir directement dans les débats sans avoir été
invité à le faire par un sénateur et de rendre des décisions sans invitation
d'un sénateur. Avant la modification du Règlement, ce pouvoir était contesté.
En plus de ce rôle d'intervention clairement défini, le président peut
maintenant, si les circonstances le justifient selon lui, interrompre la séance
du Sénat pendant une période ne dépassant pas trois heures afin de laisser les
esprits se calmer.
Une
autre modification du Règlement confirme que l'étude préalable des projets de
loi est une procédure acceptable. Immédiatement après avoir été nommé leader de
l'opposition au Sénat, le sénateur Allan J. MacEachen avait dirigé
l'opposition à la pratique établie selon laquelle un ordre de renvoi était
adressé aux comités sénatoriaux pour leur demander d'étudier les questions se
rapportant directement aux projets de loi étudiés à la Chambre des communes. Le
temps nécessaire pour adopter les projets de loi a donc augmenté, puisque les
sénateurs, ne s'étant pas familiarisés au préalable avec ces questions, avaient
besoin de plus de temps pour étudier les projets de loi en comité. Les
défenseurs du rétablissement de l'ancienne pratique consistant à attendre
l'arrivée des projets de loi soutiennent que des travaux importants et des
interventions de valeur qui sont souvent intégrés aux projets de loi avant que
ceux-ci ne quittent la Chambre des communes passent souvent inaperçus et ne
sont pas reconnus par le public. Les défenseurs de l'étude préalable soutiennent
que ces travaux accélèrent le processus et ont plus de chance d'influencer les
projets de loi puisque les interventions du Sénat sont reçues plus
favorablement lorsque le projet de loi est à l'étape de l'étude en comité à la
Chambre des communes qu'après que la Chambre a terminé le long processus des
débats et des compromis nécessaires pour adopter un projet de loi.
Enfin,
le Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l'administration
s'est vu doté d'un nouveau règlement de renvoi. Ce comité, à qui il incombe
d'examiner l'administration du Sénat et d'établir des politiques sur ce sujet
(sous réserve de l'adoption de ses rapports par le Sénat), doit maintenant
ouvrir ses réunions au public. Le Comité ne pourra siéger à huis clos que dans des
circonstances spéciales.
Les
lecteurs intéressés à obtenir un exemplaire du nouveau Règlement du Sénat du
Canada peuvent s'adresser au bureau du sous-greffier.
Comités
La
prorogation du Parlement et le début de la 3e session de la 34e législature
ont eu un effet profond sur les comités du Sénat. Comme nous l'avons indiqué
ci-dessus, l'équilibre des sénateurs représentant les partis au Sénat a changé
de manière spectaculaire par rapport à celui qui existait au début de la
présente législature. Au moment même où le discours du Trône était lu et où le
Sénat étudiait quelques motions courantes de régie interne, les conservateurs
ont proposé la création du Comité de sélection chargé de déterminer la
répartition des sénateurs aux divers comités permanents du Sénat. Cette motion
a été adoptée sans commentaire et les conservateurs ont pu, parce qu'ils
avaient désigné dans la motion les sénateurs qui siégeraient au Comité de
sélection, obtenir le contrôle ultime de ce comité et, par conséquent, de
l'équilibre des sénateurs dans les autres comités. Après avoir pris conscience
de la manœuvre, les libéraux ont protesté.
Au
sein du Comité de sélection, le sénateur Royce Frith (alors leader
suppléant et désormais leader de l'Opposition au Sénat) a soutenu que, s'il
était vrai que le comité avait été établi par le Sénat, cette décision avait
toutefois été prise au moment où les sénateurs étaient distraits par
l'agitation qui suit un discours du Trône et que la pratique passée avait été
violée lorsque des noms ont été ajoutés dans la motion. S'il avait remarqué
cette anomalie à l'époque, il s'y serait certainement opposé, a-t-il fait
valoir. De plus, les conservateurs avaient agi de manière déplacée en
s'accordant une nette majorité à ce comité, alors que leur majorité n'était pas
aussi évidente au Sénat.
Le
Comité de sélection est allé de l'avant, malgré les objections et le retrait
ultérieur des libéraux. Les conservateurs ont décidé de présenter au Sénat un
rapport dans lequel ils nommaient des sénateurs représentant le Parti
conservateur dans une proportion qui leur accordait une majorité au sein de
chaque comité, mais, lorsque les libéraux n'avaient pas indiqué de noms pour
certains comités, ils laissaient également ces postes vacants. Le sénateur
MacEachen en a profité pour invoquer un vice de procédure et soutenir que le
rapport était inacceptable puisqu'il ne satisfaisait pas l'obligation de nommer
tous les membres des comités, comme l'exige le Règlement. Dans sa réponse à
l'objection du sénateur MacEachen, le président a attiré l'attention sur les
rapports précédents qui, eux non plus, ne désignaient pas tous les membres et a
décidé que le nombre indiqué dans le Règlement correspondait au nombre maximum
de sénateurs et non à un nombre obligatoire.
Les
libéraux ont boycotté pendant un certain temps leur participation à presque
tous les comités sénatoriaux. Au 1er décembre 1991, le Comité
des privilèges, du Règlement et de la procédure est le seul comité sénatorial
permanent qui ne compte aucun sénateur libéral. Le Comité mixte d'examen de la
réglementation attend le rapport du Comité de sélection. Le Comité des pêches
est le seul sans président.
Parmi
les comités qui ont travaillé, certains ont abattu une besogne intéressante. En
plus d'effectuer son examen normal du budget, le Comité des finances nationales
étudie divers aspects de Fonction publique 2000. Il a entendu à deux reprises
des représentants du Conseil privé et s'attend de continuer avec le Conseil du
Trésor, le Centre canadien de gestion et le Forum des politiques publiques, et,
après Noël, avec d'autres témoins comme la Commission de la fonction publique
et le Vérificateur général.
C'est
toutefois le Comité mixte d'examen de la réglementation qui a fait le plus
grand bruit. Dans son deuxième rapport et dans un geste sans précédent, ce
comité a recommandé de révoquer un règlement ministériel. Selon le règlement
régissant le mandat du Comité mixte, le rapport déposé par celui-ci doit être
respecté et le règlement en question récrit, à moins que le gouvernement ne
réagisse par un texte de loi qui indique le contraire. Après avoir examiné le
règlement proposé par le ministère de l'Agriculture, le Comité mixte a
déterminé que des aspects de ce règlement contrevenaient directement aux
prérogatives financières du Parlement. Un malheur ne vient jamais seul. Peu
après le deuxième rapport, le comité publiait son troisième rapport, ordonnant
la révocation de certains articles du Règlement sur la santé des Indiens, qui,
selon le comité, violent la Charte des droits et libertés et ne
satisfont pas à certains critères du Comité mixte relatifs à l'examen
minutieux.
Modifications
Le
sénateur John Lynch-Staunton a succédé au sénateur William Doody
comme leader suppléant du gouvernement. Le sénateur Frith a remplacé le
sénateur MacEachen comme leader de l'Opposition, tel que nous l'avons mentionné
ci-dessus, et le sénateur Gildas Molgat a pris la place du sénateur
Frith comme leader suppléant de l'Opposition. Enfin, le sénateur Jacques
Hébert assume les fonctions de whip de l'Opposition, en remplacement du
sénateur William Petten.
Blair Armitage, Greffier, Le Sénat
Ontario
La
session d'automne de la Chambre, qui a débuté le 23 septembre, a été marquée
par l'actualité sur le front constitutionnel, par les efforts du gouvernement en
vue de sortir la province d'une récession qui s'éternise, par les décisions du
président sur la pertinence des irruptions de la police à l'Assemblée
législative, par des modifications des responsabilités ministérielles et
parlementaires et par un programme des comités bien rempli.
Le
premier jour de la session, Mike Farnam a été nommé premier
vice-président du Comité plénier. Murray Elston, élu chef intérimaire du
Parti libéral pendant l'été, a été reconnu chef de l'Opposition. Le 19
novembre, James Bradley est devenu le nouveau chef intérimaire des
libéraux et chef de l'Opposition.
Le
gouvernement a annoncé trois décisions importantes au sujet de l'économie
ontarienne. Le 23 septembre, le premier ministre Bob Rae a informé la
Chambre que le renouveau économique serait le principal objectif de son
gouvernement. Il a déclaré que le gouvernement ontarien chercherait à améliorer
le climat économique, afin de favoriser la création d'emploi et
l'investissement, et à accroître la confiance entre le gouvernement fédéral et
les provinces. Il a également informé la Chambre qu'il rencontrerait le Conseil
du Premier ministre sur le renouveau économique afin de discuter de l'économie
et de demander conseil au sujet de la politique économique.
Le
2 octobre, le trésorier Floyd Laughren a informé la Chambre que le
gouvernement réaffecterait des crédits afin de répondre aux besoins
grandissants de l'assistance sociale, de la lutte contre les incendies dans le
nord de l'Ontario et des pensions des enseignants ontariens, postes budgétaires
qui sont tous devenus plus coûteux que prévu à cause de la conjoncture
économique. Des fonds supplémentaires seront également consacrés à l'aide
agricole et à la Commission des droits de la personne de l'Ontario. Le
Trésorier a également annoncé que des économies seraient réalisées en réduisant
les budgets de fonctionnement des ministères; en faisant absorber par les
ministères une partie de leurs budgets salariaux et en reportant le financement
des commissions scolaires locales, le nouveau programme de protection des
salaires et l'équité salariale. Il a indiqué que ces mesures permettraient au
gouvernement de faire face à la récession, d'assurer une plus grande équité et
une plus grande justice et de promouvoir le renouveau économique.
Le
19 novembre, M. Laughren a informé la Chambre des modifications des prévisions
des recettes de la province par suite du déclin des recettes tirées de l'impôt
sur le revenu des particuliers. Il a informé la Chambre que la province aurait
droit à des paiements de rajustement fédéraux qui compenseraient une partie de
ce manque à gagner fiscal. La province se retrouvera toutefois avec un déficit
budgétaire pour le présent exercice. Par conséquent, le Trésorier a annoncé que
certains achats seraient bloqués dans tous les ministères; que la province
vendrait ses actions dans SkyDome et qu'elle vendrait des propriétés
excédentaires et des dividendes de sociétés d'État. M. Laughren s'est dit
confiant que ces mesures permettraient à la province de résister aux pressions budgétaires.
Sur
le front constitutionnel, le Premier ministre a fait une déclaration importante
à la Chambre le 26 septembre au sujet de la réforme constitutionnelle et des
propositions constitutionnelles fédérales. Il a résumé les principes
fondamentaux que le gouvernement estimait importants pour régler la question de
la réforme constitutionnelle. Premièrement, le processus de la réforme devait
être ouvert et devait toucher à tous les Canadiens. Deuxièmement, le processus
de la réforme constitutionnelle devait renforcer l'unité du pays.
Troisièmement, la Constitution devait témoigner des intérêts et des aspirations
de tous les Canadiens. Quatrièmement, le gouvernement de l'Ontario devait
continuer de mettre en place un réseau complet de programmes sociaux. Enfin,
l'économie devait continuer de jouer un rôle important dans le règlement des
problèmes relatifs à l'unité nationale. En terminant, le Premier ministre a
répété que les propositions fédérales et la réforme constitutionnelle feraient
l'objet de négociations et de discussions intenses.
Le
25 novembre, le lieutenant-gouverneur Lincoln Alexander donnait la
sanction royale à 32 projets de loi. Le Premier ministre, le chef de
l'Opposition et Don Cousens, au nom du chef du Parti conservateur, ont
rendu hommage à M. Alexander, puisque ce dernier entrait probablement pour la
dernière fois dans la Chambre à titre de lieutenant-gouverneur. Vingt-deux des
projets de loi qui ont reçu la sanction royale se rapportaient aux professions
de la santé. Une modification à la Loi 43, Loi concernant la réglementation
des professions de la santé et d'autres questions relatives aux professions de
la santé, qui accorde aux autochtones une plus grande autonomie afin
d'offrir les services de guérison traditionnels, a grandement intéressé la
profession. Une autre loi qui a attiré l'attention des médias est la Loi 56, Loi
concernant la réglementation de la profession de sage-femme, qui a établi
le Collège des sages-femmes de l'Ontario et reconnu la profession de
sage-femme.
La
Loi 115, Loi modifiant la Loi sur les jours fériés dans le commerce de
détail et la Loi sur les normes d'emploi en ce qui concerne l'ouverture des
établissements de commerce de détail et l'emploi dans ces établissements, a
également reçu la sanction royale le même jour. Cette loi prévoyait l'ouverture
des établissements de commerce de détail le dimanche, en décembre.
Décision du président
Le
15 octobre, Murray Elston a soulevé une question de privilège à la
Chambre, au sujet d'une irruption de membres de la Police provinciale de
l'Ontario dans ses bureaux de l'Assemblée législative. M. Elston estimait que
cette irruption de la police l'avait empêché d'effectuer son travail et que ce
dérangement violait les privilèges parlementaires. Le 17 octobre, le président David
Warner a décidé qu'aucun privilège n'avait été violé, mais a indiqué que «
les forces policières ne peuvent pas s'arroger le droit d'interroger un
occupant de l'enceinte parlementaire » et a ajouté qu'elles devaient obtenir le
consentement du président. En terminant, le président a déclaré que, à
l'avenir, toute infraction à la procédure décrite dans sa décision
constituerait une violation d'un privilège ou un outrage à l'autorité. Dans une
décision connexe rendue le 23 octobre en réponse à une question de privilège
soulevée par James Bradley, le président a indiqué que son autorité se
limitait à l'enceinte parlementaire.
Comités
Le
Comité spécial sur le rôle de l'Ontario au sein de la Confédération, dirigé par
son nouveau président, Dennis Dranville, demeure très occupé. Il a tenu
quatre semaines d'audiences en juillet et en août. Après les audiences à
Queen's Park, le Comité s'est scindé en deux et s'est rendu dans l'Ouest et
dans le Nord du Canada pour tenir des réunions non officielles avec les législateurs
de ces régions. Des rencontres semblables ont eu lieu dans la région de
l'Atlantique et au Québec.
Du
17 au 19 octobre, le Comité a parrainé à Toronto une conférence à laquelle ont
participé 130 délégués représentant des groupes et organismes sociaux,
économiques et culturels des plus divers. Quelques députés ont également
participé à cette conférence. Les délégués ont discuté d'une vaste gamme de
sujets constitutionnels dans une série d'ateliers. Le rapport rédigé par
l'animateur aidera le Comité à rédiger son rapport final.
Le
Comité a également tenu une réunion conjointe avec le Comité mixte spécial
fédéral sur le renouvellement du Canada à l'Assemblée législative, à Queen's
Park. Cette réunion a permis un échange de vues entres les membres des deux
comités au sujet des questions constitutionnelles.
Après
la publication des propositions constitutionnelles fédérales, le Comité a tenu
des audiences pendant tout le mois de novembre afin d'entendre quelques
organismes. Il a examiné le rôle de l'Ontario dans le cadre des propositions
présentées par le gouvernement fédéral. Le Comité devrait déposer son rapport à
la Chambre en février 1992.
Durant
l'été, le Comité permanent des affaires économiques et financières, présidé par
Ron Hansen, a tenu des audiences sur le budget provincial 1991-1992. Il
est en train de rédiger un rapport à la Chambre à ce sujet. D'ici peu, le
Comité tiendra probablement des consultations prébudgétaires et examinera les
questions économiques.
Le
Comité permanent de l'administration de la justice, d'abord présidé par Drummond
White, puis récemment par Mike Cooper, a tenu des audiences pendant
le congé d'été afin d'étudier le projet de loi 115, Loi modifiant la Loi sur
les jours fériés dans le commerce de détail et la Loi sur les normes d'emploi
en ce qui concerne l'ouverture des établissements de commerce de détail et
l'emploi dans ces établissements. Ce projet de loi vise à modifier les
dispositions de la Loi sur les jours fériés dans le commerce de détail
relatives à l'ouverture des établissements de commerce de détail le dimanche et
pendant d'autres jours fériés et à modifier les dispositions de la Loi sur
les normes d'emploi relatives à l'emploi dans les établissements de
commerce de détail. Le Comité a tenu des audiences à Collingwood, Thunder Bay,
Sudbury, North Bay, Ottawa, Kingston, Peterborough, Windsor, London, Hamilton
et Toronto. Il étudie actuellement ce projet de loi article par article.
Le
Comité prévoyait tenir des audiences publiques sur quatre projets de loi connexes.
Le projet de loi 74, Loi concernant la prestation de services d'intervenants
en faveur des personnes vulnérables, cherche à établir un cadre pour la
prestation de services d'intervenants sociaux aux personnes qui, à cause d'un
handicap, ont du mal à exprimer leurs désirs ou à les faire respecter ou encore
à affirmer ou à exercer leurs droits. Le projet de loi 108, Loi prévoyant la
prise de décisions au nom d'adultes en ce qui concerne la gestion de leurs
biens et le soin de leur personne, porte sur les décisions relatives à la
gestion des biens et au soin de la personne prises au nom des handicapés
mentaux. Le projet de loi 109, Loi concernant le consentement au traitement,
porte sur le consentement au traitement administré par des professionnels de la
santé. Le projet de loi 110, Loi modifiant certaines lois de l'Ontario par
suite de l'adoption de la Loi de 1991 sur le consentement au traitement et de
la Loi de 1991 sur la prise de décisions au nom d'autrui, abrogerait la Loi
sur l'incapacité mentale et modifierait 23 autres lois. Les audiences
relatives à ces projets de loi devraient se poursuivre pendant le congé
d'hiver.
Le
Comité permanent des comptes publics, présidé par Robert Callahan, poursuit
son examen des centres de désintoxication. Il visite des centres de traitement
de la région torontoise. La moitié des membres du Comité se sont rendus aux
États-Unis en août afin de visiter cinq centres de traitement fréquentés par
des Ontariens. Depuis le début de la session, le Comité au complet a continué
son examen. Il espère pouvoir présenter son rapport sur ces centres cet hiver.
Le
Comité permanent du développement des ressources, présidé par Peter Kormos,
a étudié le projet de loi 70, Loi portant modification de la Loi sur les
normes d'emploi par création d'un Programme de protection des salaires des
employés et par adoption de certaines modifications. Il a consacré une
semaine aux audiences et une semaine à l'étude article par article.
À
la demande de ses membres conservateurs, le Comité a ensuite examiné les
services offerts par la Commission des accidents du travail aux termes du
règlement 123, qui permet à un comité d'étudier une question désignée par un
des partis pendant une période pouvant aller jusqu'à douze heures. Le rapport
sera probablement publié en novembre. À la demande des membres libéraux, le
Comité a examiné la crise dans le secteur des oléagineux et des légumineuses à
grain en vertu d'une autre désignation conforme au règlement 123. Il a tenu des
audiences publiques sur la question et entendu divers groupes agricoles. Le
rapport du Comité devrait paraître en novembre.
En
août, le Comité permanent des affaires gouvernementales, présidé par Remo
Mancini, a terminé ses audiences publiques sur le projet de loi 121, Loi
révisant les lois relatives à la réglementation des loyers d'habitation.
L'étude article par article a débuté à la fin d'octobre et s'est poursuivie en
novembre.
Le
Comité a également terminé l'étude d'une question désignée conformément au
règlement 123 au sujet de la fermeture de quatorze bureaux d'enregistrement des
droits immobiliers en Ontario. Le Comité a achevé la rédaction d'un rapport sur
la question le 24 octobre.
Le
Comité permanent des organismes gouvernementaux, présidé par Robert Runciman,
a continué de consacrer la plus grande partie de ses séances à l'examen des
nominations prévues dans les organismes, conseils et commissions du
gouvernement de l'Ontario. Il a également examiné le fonctionnement de la Commission
des affaires municipales de l'Ontario, de deux conseils de santé régionaux, de
TVOntario et de la Société de développement de l'Est de l'Ontario. Un rapport
est en cours de rédaction et devrait être présenté pendant la session
d'automne.
Le
Comité permanent de l'Assemblée législative, présidé par Noel Duignan, a
terminé son examen triennal de la Loi de 1987 sur l'accès à l'information et
la protection de la vie privée.
Le
Comité permanent du développement social a tenu des audiences publiques sur les
projets de loi 43 à 64, qui régissent les professions de la santé, et effectué
l'étude article par article de ces projets de loi. Le 7 novembre, le
projet de loi 135, Loi prévoyant le paiement des cotisations des médecins et
d'autres paiements à l'Ontario Medical Association, a été renvoyé au
Comité. Ce projet de loi vise à rendre obligatoire le paiement des cotisations
et les évaluations de l'Ontario Medical Association pour tous les praticiens.
Le Comité est en train d'étudier la question.
Tonia Grannum, Attachée de recherche, Direction des comités
Chambre des communes
Le
respect de la dignité de nos institutions et les droits de nos compatriotes
canadiens; souvent nous considérons que leur importance va de soi. Or, il ne
fait aucun doute que cela a été le thème de pratiquement toutes les mesures
prises par la Chambre et des événements qui s'y sont déroulés au cours des
trois derniers mois. Les débats et les discussions sur le contrôle des armes à
feu, la violence faite aux femmes, le décorum et le comportement à la Chambre
des communes, ainsi que sur la Constitution et ses répercussions sur les
relations entre autochtones et non-autochtones, francophones et anglophones,
riches et pauvres, élus et électeurs, ont tous, d'une façon ou d'une autre,
obligé les députés de la Chambre et les Canadiens à examiner la manière dont
ils traitent les autres et l'importance que l'on y attache.
Les
injures sexistes et racistes que se sont lancés certains députés de la Chambre
des communes, les allégations d'autres cas d'utilisation de langage
antiparlementaire et de gestes obscènes à la Chambre reflètent la tension et le
malaise qui existent dans l'ensemble du pays même si certains prétendent que
les politiciens n'y peuvent rien, il n'en faut pas moins reconnaître la nécessité
de prendre certaines mesures. C'est pourquoi, le 23 octobre 1991, le
gouvernement a présenté la motion suivante :
Que
la Chambre reconnaisse qu'elle tient lieu de tribune nationale chargée
d'examiner les problèmes et les défis auxquels tous les Canadiens font face;
Que
la Chambre reconnaisse que les députés ont été élus par les citoyens du Canada
en vue de les représenter d'une façon qui appelle le respect mutuel et qui
tient compte du droit de chacun d'exprimer des opinions divergentes;
Que
les Canadiens ont exprimé de l'inquiétude face à l'esprit de parti excessif et
à l'absence de décorum et de civisme trop souvent manifestés à la Chambre;
Que
la Chambre reconnaisse que le comportement indiscipliné, les interruptions
verbales, y compris le langage abusif, dévalorisent l'institution du Parlement
et les députés et portent atteinte au respect qu'on leur témoigne;
Que
les députés de la Chambre collaborent ensemble en vue d'éliminer l'utilisation
de propos ou de gestes abusifs dirigés contre d'autres députés au cours de la
période des questions, de débats ou en tout autre temps à la Chambre; et
Que
la Chambre appuie l'application stricte par le Président du paragraphe 16(2) et
de l'article 18 du Règlement, notamment les parties qui interdisent à tout député
d'interrompre un autre député qui a la parole, sauf pour soulever un rappel au
Règlement, ou de se servir d'expressions irrévérencieuses ou offensantes pour
l'une ou l'autre des deux Chambres ou pour un de ses membres.
Voici
les amendements qui ont été apportés à cette motion :
Qu'on
modifie la motion en supprimant tous les mots qui suivent le mot
"abusifs", et en les remplaçant par ce qui suit :
—
y compris sexistes ou racistes, dirigés contre d'autres députés au cours de la
période des questions, de débats ou en tout autre temps à la Chambre; et
Que
la Chambre confirme son appui aux articles 16 et 18 du Règlement, ainsi qu'à
tout autre article du Règlement et pratiques de la Chambre concernant le
décorum, et réaffirme sa confiance au Président pour ce qui est de
l'application stricte de ces règles et pratiques.
Qu'on
modifie l'amendement en ajoutant immédiatement après les mots «temps à la
Chambre», ce qui suit :
Que
les chefs des partis, les leaders à la Chambre et les whips soient responsables
du comportement de leur caucus,
Et
en ajoutant immédiatement après les mots «règles et pratiques» ce qui
suit :
Que
la Chambre exprime au Président son soutien indéfectible et son appréciation
pour l'excellence de sa gouverne de la Chambre.
Au
moment d'écrire ces lignes, la motion est toujours au Feuilleton sous la
rubrique Affaires du gouvernement et a été débattue à trois occasions
distinctes. Des discussions sur cette motion, la mise sur pied d'un comité
consultatif du Président chargé d'examiner le sexisme et le racisme à la
Chambre, l'examen permanent des règles parlementaires et de la réforme par le
Comité de l'administration de la Chambre et deux décisions du Président mettant
en garde la Chambre contre les effets néfastes du langage antiparlementaire et
des allégations susceptibles de ternir la réputation de certains, voilà autant
de mesures qui ont permis de mieux prendre conscience des répercussions de ce
que l'on considère être un comportement «antiparlementaire».
L'importance
du décorum à la Chambre a été également mise en lumière par les événements qui
ont suivi la tenue d'un vote. Le soir du 30 octobre, les députés ont été
convoqués à la tenue d'un vote par appel nominal sur une motion émanant des
députés, concernant la perception d'impôts auprès des personnes âgées. Selon
l'usage en vigueur à la Chambre, on peut procéder au vote lorsque les whips du
gouvernement et de l'opposition officielle indiquent au Président que leurs
partis sont prêts pour le vote. À la demande des whips, les cloches ont cessé
de sonner avant la limite habituelle de quinze minutes et plusieurs députés ont
constaté, en entrant à la Chambre, qu'ils étaient arrivés trop tard pour voter.
Nombre d'entre eux ont protesté, considérant avoir été privés de la possibilité
d'exprimer leurs opinions à propos d'une motion émanant des députés – le genre
de motion qui fait habituellement l'objet d'un traitement dénué d'esprit de
parti. Le vice-président adjoint du Comité plénier, Charles DeBlois, a
alors déclaré que l'on avait procédé au vote conformément au Règlement. Après
que le président ait levé la séance, le sergent d'armes adjoint s'est avancé
jusqu'au Bureau où il a pris la masse, symbole de l'autorité de la Chambre et
du Président, et s'est dirigé vers la sortie de la Chambre. Le député de Port
Moody—Coquitlam, Ian Waddell, s'est alors précipité derrière lui et
s'est emparé de la masse. Le matin suivant, plusieurs députés ont soulevé des
questions de privilège à ce sujet. Après avoir entendu les députés de tous les
partis, y compris M. Waddell, le Président a déclaré qu'il existait des
présomptions suffisantes d'outrage à la Chambre. Jesse Flis a déposé une
motion proposant un moyen de remédier à la situation. Un débat a suivi et la
Chambre a ordonné à 13 heures cet après-midi-là, que M. Waddell soit
appelé à la barre pour y être réprimandé par le Président. C'était la première
fois depuis 1913 qu'un député était appelé à la barre pour y être réprimandé.
On a également consacré beaucoup d'attention à la situation des femmes dans notre
société et aux nombreuses formes de violence qui leur est faite. Le 15 août
1991, on a annoncé la constitution d'un comité canadien de la violence faite
aux femmes, annonce qui a été suivie de nombreux événements, tant à la Chambre
qu'en dehors de la Chambre, où cette question s'est trouvée au coeur des
débats. Le 29 octobre 1991, la sanction royale a été accordée au projet de loi
d'initiative parlementaire C-202, Loi instituant une journée nationale de
commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. Cette loi a
fait du 6 décembre, l'anniversaire du massacre de 14 femmes à l'École
Polytechnique de Montréal en 1989, une journée nationale de commémoration. Le
projet de loi C-17 sur le contrôle des armes à feu interdisant le genre d'arme
utilisée dans ce massacre, a reçu la sanction royale le soir du 5 décembre.
Enfin, une campagne nationale du ruban blanc, d'une durée d'une semaine, et
dans le cadre de laquelle les gens, pour la plupart des hommes, ont porté un
ruban blanc afin d'attirer l'attention sur la question de la violence faite aux
femmes, a pris fin le 6 décembre, ce nouveau jour de commémoration. À cette
occasion, la Chambre a d'ailleurs appuyé unanimement la motion suivante :
Que
la Chambre des communes appuie la campagne du ruban blanc en encourageant tous
les hommes à porter un ruban blanc pour manifester leur appui à la campagne
contre la violence faite aux femmes.
Par
ailleurs, au cours de la même période, le gouvernement a déposé sa réponse à La
guerre contre les femmes, le rapport du Comité permanent de la santé et du
bien-être social, des affaires sociales, du troisième âge et de la condition
féminine, qui a été rendu public en juin. Dans sa réponse, intitulée Living
Without Fear, Everyone's Goal, Every Woman's Right, le gouvernement indiqué
les plans prévus et les mesures déjà prises pour lutter contre la violence
faite aux femmes.
Toujours
au cours de cette période, la Chambre a été saisie de nombreuses questions
découlant des activités de ses comités et d'autres organismes d'enquête. Le
projet de loi C-43, Loi sur les conflits d'intérêts chez les parlementaires,
a été présenté et un comité mixte spécial a été constitué pour procéder à
l'étude préalable de la teneur du projet de loi. Un comité spécial a été établi
pour examiner certains articles de la Loi sur les douanes; et le
gouvernement a déposé des documents de travail intitulés "La compétitivité
mène à la prospérité" et annoncé la constitution d'une commission royale
d'enquête sur l'économie.
Enfin,
le Comité mixte spécial sur les propositions du gouvernement relatives au
renouvellement du Canada, comité établi pour examiner les propositions de
réforme constitutionnelle du gouvernement, a fait les manchettes lorsque des difficultés
administratives ont incité les députés membres de l'opposition à réclamer la
démission de l'un de ses coprésidents, la députée Dorothy Dobbie.
Aucune suite n'a été donnée à ces demandes de démission. Cependant, le
coprésident du Sénat, l'homme d'affaires québécois bien connu Claude
Gastonguay, a par la suite remis sa démission en raison de sa mauvaise
santé. Il a été remplacé par le sénateur Gérald Beaudoin, spécialiste
des questions constitutionnelles et professeur de droit qui avait coprésidé un
comité mixte précédent chargé d'examiner les propositions relatives à une
formule de modification de la Constitution. Une fois ces difficultés
administratives partiellement apaisées grâce à l'intervention de celui qui
avait prêté son concours à la réorganisation de la Commission Spicer au moment
où cette dernière éprouvait des problèmes, soit le sous-ministre des Affaires
des anciens combattants, M. David Broadbent, le Comité a repris ses
travaux à une beaucoup plus petite échelle. Le ministre des Affaires
constitutionnelles, Joe Clark, a également annoncé la tenue d'une série
de tribunes sur les questions constitutionnelles, destinées à faciliter
l'examen des points dont traitent les propositions gouvernementales. Des
conférences sur la répartition des pouvoirs, la réforme du Sénat, la société
distincte et la création d'une union économique auront lieu au début de 1992 à
Halifax, Calgary, Toronto et Montréal respectivement. Une conférence de clôture
aura lieu à Ottawa.
Sous
réserve des dispositions du Règlement et d'un ordre de la Chambre, la Chambre
des communes doit reprendre ses travaux le 3 février 1992.
Barbara Whittaker, Greffière à la procédure, Direction des
recherches pour le Bureau
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