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En mars 1991, la Commission sur l'avenir politique
et constitutionnel du Québec a déposé son rapport. La Commission proposait un
référendum sur la souveraineté au plus tard le 26 octobre 1992 et la création
de deux commissions parlementaires spéciales, une pour étudier toutes questions
afférentes à la souveraineté et la deuxième, d'apprécier toute offre d'un
nouveau partenariat de nature constitutionnelle qui viendrait du gouvernement
fédéral. En juin 1991, l'Assemblée nationale sanctionne le projet de loi 150
(Loi sur le processus de détermination de l'avenir politique et constitutionnel
du Québec) établissant ces deux commissions. La Commission d'étude des
questions afférentes à l'accession du Québec à la souveraineté est présidée par
M. Guy Bélanger. La Commission d'étude sur toute offre d'un nouveau
partenariat de nature constitutionnelle est présidé
par M. Claude Dauphin. Les deux
présidents furent interviewés en décembre 1991 par Gary Levy avec la
collaboration de François Côté.
Quelle
a été votre expérience dans le dossier constitutionnel?
M. Guy
Bélanger : Depuis
30 ans au Québec, on entend parler de la Constitution.
Sans vouloir exagérer, je pense qu'on pourrait déclarer une bonne majorité de
la population québécoise spécialiste des aspects constitutionnels parce qu'on
en a tellement entendu parler de toutes les façons. Lorsqu'on vient en
politique et qu'on a à cœur d'améliorer des choses dans notre province, je
pense que la première des choses qu'il va falloir régler, c'est le dossier
constitutionnel. Qu'on arrête d'en parler une fois pour toutes et qu'on
finalise les choses. On reste dans le Canada, bien voici comment on reste. Ou
on s'en va, bien voici comment on s'en va. Mais qu'on prenne une décision une
fois pour toutes et que ça soit fini.
M. Claude Dauphin : Le droit constitutionnel m'a toujours vivement
intéressé. Je peux vous avouer un secret. C'est que, si j'ai décidé de faire
mon cours de droit à Québec, c'est que je savais que le Parlement était tout
près. Je savais aussi qu'en droit public, l'Université Laval était très bien
cotée : Jean-Charles Bonenfant, Patrice Garant, Gil Rémillard et tout ça. Voilà
une des raisons pour lesquelles je suis déménagé de Montréal pour venir faire
mon cours de droit à Québec. Le droit public m'intéressait beaucoup, par
surcroît le droit constitutionnel. Maintenant, comme expérience pratique,
j'étais membre et membre du comité directeur de la Commission Bélanger-Campeau.
Lorsque le premier ministre m'a demandé de présider une des deux commissions,
c'était encore dans mes goûts personnels de continuer dans la même veine.
J'étais aussi membre de la Commission de l'Assemblée nationale sur l'Accord du
lac Meech.
Parlez-nous
du travail de votre Commission.
M. Guy
Bélanger : D'abord, on sait qu'il y a beaucoup de discussions, beaucoup
d'hypothèses, beaucoup de choses qui circulent autour du concept de
souveraineté. Alors, qu'est-ce qui est fondé, qu'est-ce qui ne l'est pas? C'est
bien difficile à dire. Le mandat de la Commission d'étude des questions
afférentes à l'accession du Québec à la souveraineté est d'abord de fournir des
éléments plus clairs sur cette éventuelle souveraineté, par exemple, au niveau
financier, d'établir les coûts le plus objectivement possible, d'établir aussi
les conséquences, autant positives que négatives, le plus objectivement
possible, de cette éventuelle sécession.
Le mandat
de la Commission, c'est de faire la lumière là-dessus et, en même temps, de
fournir cette information à la population, de faire un peu œuvre pédagogique au
niveau du grand public, d'informer le grand public des résultats de nos
travaux, pour que, le matin du référendum, lorsque nous aurons une éventuelle
décision à prendre, on ait à ce moment-là en main les données les plus
objectives, les plus réalistes pour prendre cette décision-là.
Le plan
de travail, d'abord, a été construit avec le parti au pouvoir et le parti
d'opposition. C'est un plan qui vise à couvrir tous les aspects que nécessite
l'éventuelle souveraineté du Québec, alors par exemple, qu'est-ce que la
déclaration de « souveraineté »? Comment cela devrait-il se faire? Le territoire,
qu'est-ce qu'il advient au territoire du Québec? Quelle monnaie devrait garder
le Québec ou devrait avoir le Québec souverain? Quelle va être la position du
Québec à l'égard de l'adhésion aux grands marchés tels que le GATT, à l'égard
de l'Europe, de tous les grands traités? Nous essayons de voir tous les aspects
possibles.
M.
Claude Dauphin : Notre mandat est le suivant. On doit analyser et apprécier des offres
fédérales provenant d'Ottawa. Cependant, il y a un article du projet de loi 150
qui stipule que pour que la Commission puisse analyser et apprécier ces
offres-là, les offres d'Ottawa doivent être formelles et lier le gouvernement
fédéral et les autres provinces. L'utilisation des mots est assez importante.
Nous avons débuté nos travaux à la fin août 1991 et la question qui se posait
était celle-ci : « Est-ce que la Commission peut siéger quand il n'y a pas
d'offres formelles liant tous les gouvernements? » Il a été décidé par la
présidence que la Commission pouvait siéger. Deuxième question, les
propositions constitutionnelles d'Ottawa du 24 septembre 1991, sont-elles des
offres formelles liant tous les gouvernements? Évidemment, ce n'en sont pas.
Cependant, la présidence a décidé que, même si ce n'étaient pas des offres
formelles liant tous les gouvernements, on pouvait commencer à siéger et à les
étudier comme des offres préliminaires.
Est-ce
que votre commission fonctionne de façon différente des autres commissions
parlementaires?
M.
Claude Dauphin : Au niveau de la procédure parlementaire, ce sont les
mêmes règles qui s'appliquent. Au niveau administratif, nous avons un budget du
personnel qui nous appartient, mais également nous avons une réglementation qui
est plus souple que celle de l'Assemblée nationale. Il y a un seul secrétariat
pour les deux Commissions. Nous avons une quarantaine de personnes qui
travaillent pour les deux Commissions. Nous avons évidemment des experts qui
nous aident, des économistes, des juristes, qui s'occupent de différents
dossiers que l'on doit toucher.
M. Guy
Bélanger : Dans une commission parlementaire, on va plutôt analyser des projets
de loi. Nos mandats nous viennent du Conseil des ministres ou de l'Assemblée
nationale. Alors qu'ici, il faut tout faire. Il faut d'abord choisir nos gens,
il faut sélectionner les sujets, il faut inviter nos experts et établir les
conclusions et faire un rapport là-dessus. Alors, c'est un peu un gros mandat
d'initiative, comme on pourrait avoir dans les commissions parlementaires
régulières.
Comment
avez-vous organisé le personnel?
M. Guy
Bélanger : D'abord nous avons M. Geoffrion, comme secrétaire général des deux
Commissions. Il est un ancien sous-ministre, qui a laissé sa fonction pour
venir prendre en charge le secrétariat général des deux Commissions. Donc,
c'est un homme qui connaît la machine gouvernementale parfaitement, dans tous
ses rouages et dans tous ses mécanismes, qui sait donc comment s'en servir lorsque
besoin en est, qui sait aussi un peu comment marchent ces mécanismes de
consultation. Avec M. Geoffrion, on a une équipe de constitutionnalistes, de
fiscalistes, d'économistes, d'avocats. Bref, on a une quantité de personnes
toutes plus qualifiées les unes que les autres, qui encadrent et qui font des
analyses préliminaires. Lorsqu'on parle de la monnaie, ils vont nous fournir un
état de la question, sur qu'est-ce qui s'est déjà dit, quelles sont les
hypothèses qui ont déjà circulé sur la monnaie et où en est rendu le Québec
dans ce dossier.
La loi
établissant la Commission Bélanger-Campeau prévoyait un comité de direction.
Est-ce que vous en avez un aussi?
M. Guy
Bélanger : Il n'y en a pas, pour une raison. C'est que le
premier ministre
voulait être sûr que les travaux iraient jusqu'au bout et ne seraient pas
dénoyautés ni d'un bord ni de l'autre. Il a donné au président des marges de
manœuvre là-dessus et des responsabilités très grandes qu'on n'a habituellement
pas lorsqu'on est président de Commission parlementaire, dans le but,
justement, de permettre à la commission d'avoir toute la marge de manœuvre et
toute la latitude possible et aussi pour éviter qu'il y ait des dérapages en
cours de route. Par exemple, supposons qu'on fait la preuve tellement éclatante
que la souveraineté est possible et que c'est bon et tout ça, et qu'à un moment
donné, ça commence à déraper dans ce sens-là.
Il y a
toujours la possibilité de revenir. Alors qu'avec un comité directeur, si le
comité directeur est plus fort dans un sens, il aurait pu influencer dans ce
sens-là. Avec la structure actuelle, c'est vraiment l'ensemble de la Commission
qui est le comité directeur. On n'a pas pris un petit groupe pour privilégier
des décisions, c'est l'ensemble des parlementaires qui participent au processus
qui deviennent le comité directeur. Ce qui est plus lourd à faire fonctionner,
qui demande plus de médiation, de conciliation et de négociations mais, une
fois l'entente faite, on est sûr qu'elle ne sera pas dénoncée, qu'elle ne sera
pas critiquée ou qu'il n'y aura pas de résistance passive de certains membres
du groupe. On est sûr que l'ensemble va bien donner ce qu'il a à donner à ce
moment-là.
M.
Claude Dauphin : Il n'y a pas de comité directeur et le président a beaucoup de
pouvoir. C'était d'ailleurs l'intention de la législation de donner beaucoup de
pouvoir aux présidents des deux Commissions. Je trouve ça un petit peu plus
difficile, en ce sens que vous devez trancher et, quand vous devez trancher,
règle générale, ce n'est pas à la satisfaction nécessairement de 100 p.
100 des individus.
Pouvez-vous
comparer un peu l'ambiance de cette commission, qui ne comprend que des
parlementaires, avec l'ambiance de Bélanger-Campeau?
M. Guy
Bélanger : Les règles parlementaires auxquelles on est habitué nous amènent à
avoir une façon de vivre entre nous, à créer une forme de synergie qui, à
Bélanger-Campeau, n'était pas la même, puisque les règles du jeu qui
fonctionnent, qui sont des ententes implicites en Chambre, ne fonctionnent pas
lorsqu'il y a des étrangers là. Eux, ils ne connaissent pas ces règles-là et ce
n'est pas implicite pour eux. Ce n'est pas automatique. Alors, c'était un petit
peu plus lourd à Bélanger-Campeau sous certains aspects, mais il y avait des
aspects plus riches, plus respectueux parce qu'ici on est entre parlementaires
qui vivons ensemble à l'année. Or, il y a des
familiarités, jusqu'à un certain point, qui existent et qui n'existaient pas à
Bélanger-Campeau, en tout cas, qu'il était difficile de faire jouer parce que
le contexte n'était pas le même.
M.
Claude Dauphin : De façon générale, l'ambiance est très bonne. Mon approche au cours
des 11 dernières années, comme député, était de rechercher un consensus. Alors,
ce que je fais, c'est que j'appelle le représentant de l'opposition avant de
prendre quelque décision que ce soit. Si ça ne fonctionne pas, bien là, il faut
que quelqu'un tranche à un moment donné. Il faut fonctionner. Mais je recherche
toujours le consensus des deux principaux partis.
Comment
procédez-vous pour choisir des témoins?
M.
Claude Dauphin : Selon l'article 12 de la loi 150, il est clairement stipulé que c'est
le président qui est maître de la procédure. Cependant, à un autre article,
plus précisément, à son article 22, on y mentionne qu'un député, membre de la
Commission peut, par motion, demander à ce que les choses soient ajoutées au
plan de travail. Alors, c'est ça qui a été décidé par la présidence comme étant
l'interprétation des articles 12 et 22 de la loi 150. Donc, en résumé, c'est le
président qui établit le plan de travail. Cependant, il recherche la volonté
générale des partis. J'ai demandé aux deux grands partis politiques, ainsi
qu'au représentant du Parti Égalité, M. Libman, de faire parvenir au
secrétariat leur liste d'experts qu'ils voulaient entendre. Le Parti libéral
m'a fait parvenir une liste; M. Libman m'a fait parvenir une liste et
l'opposition officielle n'a pas fait parvenir de liste, sa décision étant, en
effet, que cette Commission normalement ne devrait pas siéger. L'opposition
prétend que cette Commission ne devrait pas siéger tant et aussi longtemps que
nous n'avons pas des offres formelles liant tous les gouvernements. Alors, ils
se sont dits, pour être cohérents et logiques : « Si on dit que vous n'avez pas
le droit de siéger, on ne peut toujours bien pas vous envoyer des listes
d'experts à convoquer. » C'est la raison pour laquelle ils ne nous ont pas
envoyé de liste d'experts. La même chose actuellement, il y a eu une motion
d'un député ministériel, demandant à la Commission de convoquer sur invitation
des groupes représentatifs de la société québécoise. Cette motion a été adoptée
à la majorité. L'opposition votait contre, toujours pour la même raison. Selon
eux, si notre Commission, dans le fond, ne doit pas siéger, si notre Commission
ne doit pas entendre d'experts, d'autant plus, notre Commission ne devrait pas
entendre des groupes.
M. Guy
Bélanger : Une fois que notre plan de travail fut établi et bien décidé, chaque
parti en présence, c'est-à-dire le Parti libéral et le Parti québécois, le
pouvoir et l'Opposition, nous a donné sa liste d'experts qu'il voulait voir
inviter sur chacun des sujets. Partant de là, nous, ici, au secrétariat, on a
fait une sélection de ces experts en fonction de ce qu'ils ont déjà produit. On
a donc établi notre propre liste et fait des premières vérifications avec eux,
et ceux qui ont manifesté de l'intérêt nous ont produit des documents et, à
partir de ces documents-là, nous les avons entendus à la Commission. Il ne
s'agissait pas de filtrer dans le sens de filtrer le contenu, mais plus de voir
si c'était vraiment pertinent avec ce qu'on veut faire et s'ils étaient
capables d'aller aussi loin qu'on le voulait.
Il est
possible qu'on ait des audiences de groupe, mais on ne veut pas refaire Bélanger-Campeau
qui a entendu 650 mémoires et a rencontré 500 groupes. Je pense que tout a été
dit et que tout a été couvert et le plus loin que ces groupes-là pouvaient
aller, je pense que ça a été fait. Il est possible que certains groupes aient
poussé leurs réflexions plus loin. De façon plus pointue, leurs analyses se
sont raffinées. Il est possible qu'on entende quelques groupes sur invitation,
mais ça va être l'exception, ce ne sera pas la majorité.
Est-ce
que vous allez rencontrer les commissions parlementaires des autres provinces?
M.
Claude Dauphin : Ce n'est pas notre intention, sauf qu'à date, on a rencontré le Comité
constitutionnel de l'Ontario de façon informelle. Alors, on s'est rencontré un
soir, nous avons échangé ensemble, discuté ensemble, mais c'était informel. Il
n'y avait rien de planifié.
M. Guy
Bélanger : Les autres comités parlementaires, non. Ils font leur travail, on fait
le nôtre.
Qui
sont les experts qui ont impressionné le plus jusqu'ici?
M.
Claude Dauphin : On a entendu bien des experts et également des
acteurs de la scène politique des dernières années. Nous avons entendu Claude
Morin. Nous allons entendre en janvier Jean-Luc Pépin. Alors, ces gens-là sont
invités à titre d'acteurs de la scène politique canadienne et québécoise plutôt
que comme experts spécifiquement sur des points constitutionnels, des points de
droit. Un grand nombre, je dirais la presque totalité des experts ont été très
intéressants. À titre d'exemple, récemment nous avions deux experts sur la
signification de la clause de société distincte, qui est incluse dans les
propositions constitutionnelles, une dans la clause Canada et l'autre dans la
Charte canadienne. Nous avons entendu aussi un spécialiste, Me
Forest, sur le droit de propriété : qu'est-ce que ça voudrait dire pour
le Québec d'inclure le droit de propriété à l'intérieur de la Charte
canadienne? En fait, nous avons épluché finalement la plupart des grands
chapitres des propositions constitutionnelles avec des experts, québécois pour
la majorité, mais canadiens aussi. Nous avons reçu M. Courchene, Thomas
Courchene, qui est venu témoigner devant la Commission.
M. Guy
Bélanger : M. André Patry de l'Université Laval a apporté un témoignage
extrêmement intéressant, pour moi en tout cas. Il a amené une autre façon de
percevoir le dossier. Je pense aussi à certains experts qui nous ont fait port
de points de vue qui ont peut-être un peu fait réagir, choqué. Je pense à M.
Stephen Scott, sur le territoire. M. McCallum de McGill a donné un point de vue
très anglophone. Il nous dit : « Vous ne pourriez pas utiliser la monnaie
canadienne. » Mais plusieurs autres experts nous disent : « Il n'y a aucun
problème, il n'y aucun pays qui peut s'objecter, et c'est même à l'avantage du
Canada. » M. Pierre Fortin a apporté des nuances là-dessus très intéressantes.
Il les a restituées dans un contexte qui nous apparaissait plus acceptable ou
plus réaliste. Alors, tout ça a fait en sorte que les commissaires avancent,
que la pensée chemine. On en arrive à une pensée qui est différente.
Quelle
est la réaction de vos commettants à l'égard de votre rôle dans cette
Commission?
M. Guy
Bélanger : Je pense qu'ils sont très fiers de voir que leur député prend à cœur
les intérêts du comté d'autant plus que j'ai un comté qui a un fonds très
nationaliste. Il est évident que les positions que je prends à cet égard-là
suscitent beaucoup de passion, puis de réactions, autant dans un sens que dans
l'autre. J'ai donc à faire face à ces réactions autant positives que moins
positives. Mais cela donne lieu à des échanges très intéressants.
On me
demande souvent : « Parle-nous de la Commission. » Alors, je leur raconte un peu
ce qui se passe, puis je leur fais des synthèses. Les gens adorent cela.
Dernièrement, j'ai accepté de le faire pour cinq minutes, mais j'ai débordé et
après 20 minutes, j'ai dit : « Écoutez, ça fait assez longtemps. » Ils ont dit :
« Non, non, continuez. » Ils étaient 200 dans la salle. On m'a demandé de
continuer; ça a duré une heure et demie, dans un silence religieux. Alors, les
gens s'intéressent à ça, puis ils aiment avoir cette information plus pointue,
comme on le disait tout à l'heure, plus raffinée.
M.
Claude Dauphin : Moi, je dirais qu'il y a beaucoup d'intérêt chez une certaine partie
de la population. Je participais récemment à une activité où il y avait des
maires et des professionnels, avocats, et c'est sûr qu'eux, cela les intéresse.
Ça intéresse les gens d'affaires aussi, ça va de soi. Mais, dans la population
en général, on ne peut pas dire que ce soit le sujet de l'heure; c'est plutôt
l'économie. C'est plutôt la récession que les gens veulent endiguer, sauf que,
soyons réalistes, l'aspect constitutionnel est intimement relié à l'aspect
économique. On ne peut pas passer à côté.
On
parle, surtout au Canada anglais, d'une idée de convention constitutionnelle,
c'est-à-dire un groupe nommé pour discuter la Constitution. Avez-vous entendu
des témoins qui s'intéressent à cette idée?
M.
Claude Dauphin : Je sais que le gouvernement s'est fait une idée et il n'était pas
intéressé à cela. Et comme président de commission, ce n'est pas mon intention
d'organiser cela. Je pense que ce ne serait même pas dans notre mandat, non
plus. J'ai reçu beaucoup de mémoires de groupes. Mais aucun ne propose de
former une assemblée constituante.
M. Guy
Bélanger : Ce qu'on veut, c'est trouver une voie qui permettrait au Québec de
bien s'épanouir, de vivre son identité distincte, tout en permettant au reste
du Canada, aussi, de vivre la sienne et puis, autrement dit, de permettre à
chacun de vivre confortablement, dans ce pays-là, confortablement, eu égard à
son identité, puis à ses aspects distincts. Et je pense que le Canada est ce
genre de pays qui est capable de faire ce pas en avant, cette maturité. C'est
bien évident que j'ai circulé, j'ai parlé beaucoup avec des gens d'autres
provinces, j'ai fait beaucoup de lignes ouvertes, j'ai participé à des
émissions de télévision à travers le Canada. Il est évident qu'il y a des
provinces où les gens ne comprennent absolument rien à ce qui se passe, puis à ce
que veut le Québec. On a l'impression qu'on en veut plus, puis qu'on veut être au-dessus ou avoir un statut particulier. Il n'en
est pas question. Le Québec ne veut pas être au-dessus; il veut juste être
accepté comme étant différent. Ce sont ces différences-là qui vont nous
enrichir, puis qui vont permettre au Canada d'être très fort, et c'est ça qu'on
veut voir reconnu.
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