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Leonard « Red » Kelly est une ancienne
étoile des Red Wings de Détroit et des Maple Leafs de Toronto. Il a joué pour
huit équipes ayant remporté la Coupe Stanley, y compris la dernière équipe de
Toronto à l'avoir remportée en 1967. Il est également un ancien député, élu à
deux reprises à la Chambre des communes en 1962 et en 1963. Dans cette
entrevue, il se remémore l'expérience inhabituelle d'avoir participé simultanément
aux deux grands sports nationaux non officiels du Canada. L'entrevue a été
réalisée par Gary Levy, le 1er juin 1989, à New York, où M. Kelly s'est vu
décerner le Canadian Society of New York Hockey Achievement Award.
Il est un peu inhabituel pour un joueur de hockey de la Ligue nationale d'être élu à
la Chambre des communes. Comment cela s'est-il passé pour vous?
Je jouais à Détroit depuis 12 ans et demi lorsqu'on m'a informé que j'avais été échangé
aux Rangers de New York contre Bill Gadsby et Eddie Shack. Quel choc!
Comme ma carrière semblait être sur le point de s'achever, j'ai décidé
d'abandonner le hockey. Je possédais une ferme en Ontario, à l'époque, et
lorsque, quelques jours plus tard, on m'a informé d'une nouvelle entente visant
à m'échanger aux Maple Leafs de Toronto, j'ai décidé de modifier ma décision et
de me rendre à Toronto.
On m'a installé à l'hôtel Westbury, juste en face de la station radiophonique
appartenant à Foster Hewitt. Keith Davey, aujourd'hui sénateur, travaillait
pour Foster et nous déjeunions souvent ensemble au Westbury. Il m'a fait
participer à un certain nombre de projets à caractère communautaire pour les
Maple Leafs et c'est lui qui m'a éventuellement convaincu de me porter
candidat.
En 1962, les conservateurs, dirigés par John Diefenbaker, étaient encore au pouvoir. Je
n'étais pas sûr de pouvoir être à la foi député et joueur de hockey, mais Davey
a organisé une rencontre avec Lester Pearson à l'hôtel Park Plaza. J'ai dit à
M. Pearson que je ne croyais pas pouvoir combiner les deux et il a
acquiescé. Je croyais que Keith Davey allait tomber de sa chaise. Lester
Pearson avait le don du consensus et du compromis, et plus nous parlions
ensemble, plus je l'appréciais et je l'admirais. J'ai alors décidé de mettre
tout en œuvre pour l'aider à devenir premier ministre.
Essentiellement, on m'a donné le choix de me présenter dans l'une des cinq circonscriptions de
Toronto. York-Ouest était l'une d'entre elles, et on y retrouvait un candidat
conservateur très solide, John Hamilton. Comme je n'avais aucune expérience antérieure en politique, je me suis dit que j'étais aussi
bien de m'y présenter car, si j'étais défait, ni le parti ni moi-même n'aurions
vraiment perdu beaucoup. Keith Davey m'a aidé à mettre une organisation sur
pied et j'ai suivi les conseils des experts politiques. Quelques facteurs
inhabituels jouaient en ma faveur. Entre autres, les Maple Leafs étaient en voie
de remporter la Coupe Stanley et ma circonscription était l'une des premières à
bénéficier de la câblodiffusion, ce qui m'a permis d'obtenir beaucoup de
publicité gratuite et précieuse.
Comment s'est déroulée votre première campagne?
Elle a commencé sur une mauvaise note à ma première rencontre des candidats. Nous
avons tiré au sort pour déterminer l'ordre d'allocution et John Hamilton a pris
la parole en dernier. J'ai prononcé une allocution à caractère général qui
n'avait pas beaucoup de mordant, puis Hamilton, un conférencier expérimenté et
éloquent, s'est levé et, avec ses notes et sa rhétorique politique, a prononcé
une allocution très dynamique.
Une fois la rencontre terminée, je savais que je n'avais pas bien fait et je me suis
même excusé auprès du directeur de ma campagne, Clem Nieman, de l'avoir laissé
tomber. Cependant, nous n'avions pas le temps de nous apitoyer sur notre sort,
car nous devions nous rendre à une autre rencontre des candidats, le même soir,
et je pense avoir fait meilleure impression probablement parce que je m'en
voulais beaucoup et que j'obtiens de meilleurs résultats lorsque je m'en veux.
Quelques jours plus tard, Paul Martin m'a appelé pour me demander de me rendre à Windsor
pour faire campagne avec lui et participer à son assemblée de mise en
candidature. J'étais tellement occupé que j'ai demandé à ma femme d'appeler au
bureau de Martin pour lui dire que j'en avais plein les bras à Toronto et que
je ne croyais pas avoir le temps de m'y rendre. Elle a appelé et s'est fait
dire qu'on ne refuse pas des invitations de ce genre et que Martin me rendrait
la pareille en faisant campagne dans ma circonscription. C'est donc avec
réticence que je m'y suis rendu par avion, mais finalement, c'est la meilleure
chose qui soit survenue pendant ma campagne.
C'était un véritable politicien professionnel et, en une seule journée, j'ai vu comment
on devait mener une campagne. Tout était organisé à la minute près. Nous avons
visité des usines, des foyers, des centres commerciaux et nous avons rencontré
des centaines de personnes. Il savait comment gagner la sympathie de la foule.
J'avais un petit problème supplémentaire, car nous étions en séries
éliminatoires avec les Red Wings de Détroit, et partout où nous allons, les gens
disaient bonjour à M. Martin, puis essayaient de parler hockey avec moi.
Il me devançait, puis revenait m'extirper de la foule pour aller ailleurs.
Ce soir-là, je devais prendre la parole dans le cadre de son assemblée de mise en
candidature. Il y avait salle comble. Des gens étaient accrochés au
chevronnage. J'ai pris place sur la scène en attendant qu'il termine son
discours, mais il n'en finissait pas. Trente minutes, quarante, cinquante,
soixante, et la foule devenait de plus en plus bruyante. Je me demandais ce que
je pourrais dire lorsqu'il a enfin terminé. Pour être franc, je ne me souviens
même pas de ce que j'ai dit ce soir-là, mais ce fut une très belle expérience.
Ma femme affirme que c'est à ce moment-là que je suis devenu politicien.
Tel que promis, il est venu faire campagne dans ma circonscription, tout comme Judy
LaMarsh et d'autres personnalités. En fait, je me trouvais à Niagara, faisant
campagne pour Judy, lorsque ma femme, enceinte à l'époque, a dû se rendre à
l'hôpital. En trois ans, nous avons eu deux enfants, deux élections et trois
Coupes Stanley. Ce fut toute une période.
Le jour des élections, M. Diefenbaker est parvenu à former un gouvernement
minoritaire, mais je suis allé chercher York-Ouest pour les libéraux. Quelques
heures avant la fermeture des bureaux de scrutin, j'ai commencé à penser, pour
la première fois, que je pourrais effectivement gagner. John Hamilton a très
bien accepté sa défaite et sa dignité m'a beaucoup impressionné.
Quelles ont été vos premières impressions de la Chambre des communes?
Je suppose que j'ai d'abord été intimidé. J'étais intimidé par les règles, par
l'ambiance et par les personnalités politiques présentes. Éventuellement, j'ai
commencé à voir tout cela un peu comme un sport, assez semblable au hockey. Il
y avait plusieurs équipes, le Président de la Chambre était l'arbitre, le
sergent d'armes agissait comme un juge de ligne et on faisait parfois appel à
lui pour séparer les belligérants (et je me souviens d'avoir vu Gilles Grégoire
et Réal Caouette escortés à l'extérieur de la Chambre). Il y avait également
une tribune de la presse, pour nous indiquer si on était d'accord ou non avec
nos décisions, et des partisans dans la tribune réservée au public qui
applaudissaitent parfois pendant certains des débats fougueux qui caractérisaient
ces années-là. Cela ne se comparait pas à l'émeute pour Maurice Richard au
Forum de Montréal, mais j'ai vu au moins un coup de poing asséné à l'extérieur
de la Chambre et, évidemment, j'étais en Chambre le jour où une bombe a explosé
dans l'une des salles de bain à l'extérieur de la Chambre.
L'administration Diefenbaker n'a duré que quelques mois, et même si j'ai posé quelques
questions, je n'ai même pas prononcé mon premier discours avant que le
gouvernement ne soit défait et que de nouvelles élections ne soient appelées
pour le mois d'avril 1963.
Votre deuxième campagne a-t-elle ressemblé à la première?
Non, elle a été assez différente. Tout d'abord, j'étais déjà en poste. Et plus important
encore, mon adversaire était Al Eagelson. Il a porté des attaques personnelles
à mon endroit et il semblait également y avoir beaucoup plus de trouble-fête
professionnels à l'arrière de la salle, dans toutes les assemblées. Une fois,
je les ai écoutés pendant un moment, puis j'ai dit : « Je vous
remercie de me faire sentir comme chez moi. On jurerait entendre les partisans
du stade de Chicago. »
En ce qui a trait aux élections, le résultat a été le même, sauf que cette fois, nous
avons réussi à remporter suffisamment de sièges pour former le gouvernement, et
Lester Pearson est devenu premier ministre. Je n'ai pas eu beaucoup de temps
pour célébrer ma victoire. Nous devions disputer une partie des séries
éliminatoires le jour suivant et j'ai dû quitter la salle où nous célébrions la
victoire à 22 heures environ pour aller me reposer.
Quels souvenirs avez-vous de votre deuxième mandat?
Entre autres, il a été encore plus mouvementé que le premier. Les voyages n'en finissaient
pas. J'avais l'impression de me balader constamment d'un bout à l'autre du
pays. Les gens voulaient que je sois partout à la fois. On m'a dit que, mis à
part M. Pearson, j'ai reçu plus d'invitations à m'adresser à divers
groupes du pays que tout autre député libéral.
Des gens qui avaient des problèmes m'appelaient de tous les coins du pays et lorsque je
leur disais que je n'étais pas leur député, ils disaient ne pas le connaître,
mais ils me demandaient de leur venir en aide. Avec la famille, nous avions
déménagé à Ottawa, mais en raison du grand nombre d'appels, nous avons décidé
de retourner à Toronto. Des gens de la Colombie-Britannique m'appelaient à
minuit, c'est-à-dire 3 heures du matin à Toronto. Je ne pouvais aller nulle
part sans être reconnu. Tout le monde semblait me connaître. Un jour, après une
partie de hockey à New York, quelqu'un m'a pris par le bras à ma sortie du
Madison Square Garden et a insisté pour que je prenne connaissance d'un
dossier concernant le Syndicat international des marins.
En 1964, j'ai manqué la totalité du camp d'entraînement, car M. Pearson m'avait
demandé de le représenter aux Olympiques d'été de Tokyo. J'ai apporté mes
patins à Tokyo et j'y ai loué une patinoire pour essayer de garder la forme. Je
suis revenu à Toronto juste à temps pour la première partie de la saison et
l'entraîneur, Punch Imlach, a dit qu'il voulait que je m'habille et que je
prenne place sur le banc, même si je n'étais pas prêt à jouer. C'était la
première fois que je revêtais mon équipement cette année-là. La partie a mal
commencé et nous avons rapidement tiré de l'arrière 2 à 0. Imlach s'est tourné
vers moi et m'a dit : « Kelly, saute sur la patinoire. »
J'ai fait une découverte très importante ce soir-là. On avait imposé au reste de l'équipe
des exercices rigoureux, deux fois par jour, pendant un mois. Pourtant, je me
suis rendu compte que j'étais en aussi bonne forme, sinon meilleure, que
n'importe lequel d'entre eux, après avoir suivi mon propre programme, limité,
mais discipliné. Cela m'a convaincu d'une chose : il est de loin
préférable de faire quelque chose vous-même, plutôt que d'être forcé de le
faire.
En 1965, M. Pearson a appelé des élections rapides pour tenter de former un
gouvernement majoritaire. J'ai décidé que j'en avais assez et j'ai refusé de me
présenter de nouveau comme candidat. Dès que j'ai pris cette décision, je me
suis senti comme si on venait de m'enlever un poids de 200 livres des épaules.
Lorsque j'y repense maintenant, je me demande comment j'ai fait pour passer au
travers de ces deux ans et demi. À cette époque, nous jouions au hockey surtout
le mercredi soir, et les samedi et dimanche. La
Chambre des communes ne siégeait pas le mercredi soir, ni le week-end, mais les
sessions duraient jusqu'au milieu de l'été. Il m'arrivait souvent de ne pas
pouvoir pratiquer avec les Maple Leafs, mais j'apportais mes patins à Ottawa et
je louais une patinoire à 5 heures du matin, à Hull, ou au club de patinage Minto.
Y a-t-il des questions particulières qui vous ont motivé à vous lancer en
politique et avez-vous eu l'occasion de vous en occuper lorsque vous étiez en
poste?
Même si je viens d'une famille de libéraux, je ne m'étais jamais vraiment intéressé à
la politique. Au milieu des années 50, je me suis rendu en Corée et en
Extrême-Orient avec un groupe de joueurs de hockey. J'ai donné un atelier de
hockey au Japon et j'ai rencontré un certain nombre de représentants qui
s'intéressaient au hockey international. C'est probablement la première fois
que j'ai sérieusement pensé à la politique, mais c'était sur le plan de mon
identité en tant que Canadien et du fait de représenter le Canada à l'étranger,
plutôt que sur le plan de l'appartenance à un parti.
Il n'est donc pas surprenant de constater que j'ai prononcé mon premier discours pendant
le débat entourant l'adoption du drapeau canadien, en 1964. Je me suis prononcé
en faveur du nouveau drapeau en soutenant que l'ancien avait été emprunté. Le
temps était venu de le rendre et d'avoir notre drapeau distinctif.
Je me souviens de ce discours pour une autre raison. On me taquinait beaucoup parce
que je ne prenais pas la parole plus souvent à la Chambre. « Kelly peut
patiner, mais il ne peut pas parler », disait-on.
Les règles stipulent que vous ne devez pas lire votre discours, et je voulais
prononcer mon premier discours sur un sujet dont je pourrais parler librement
et avec authenticité, sans notes. Je devais prendre la parole en soirée et ma
femme m'a dit qu'elle me préparerait mon repas habituel d'avant-partie pour que
je sois prêt pour l'événement. Pour une fois, les choses se sont déroulées plus
rapidement que prévu à la Chambre et j'ai pris la parole en après-midi. Lorsque
je suis revenu à la maison pour mon dîner au steak, j'avais déjà prononcé mon
discours.
Je me souviens également d'une autre chose au sujet de ce discours. Lorsque j'ai eu
fini de parler de quitter les jupes de la Grande- Bretagne, un de mes
collègues, Russell Honey, s'est tourné vers moi et m'a dit : « Red,
je n'aurais jamais pu dire cela. Je ne serais jamais réélu. » Cela démontre
bien l'intensité des émotions de l'époque.
Comment les joueurs considéraient-ils votre deuxième emploi comme député. Vous
traitaient-ils différemment?
Non, pas du tout. Évidemment, le propriétaire, Conn Smythe, m'a donné du fil à retordre
au sujet du débat sur le drapeau canadien. Il m'a appelé à son bureau, un jour,
et m'a dit qu'il ne pourrait jamais accepter le drapeau à feuille d'érable. Il
avait servi pendant la Première Guerre sous le Union
Jack et il ne voyait pas de raison de changer. J'ai mentionné sa position à
certains collègues du caucus. Ils m'ont fait remarquer que les soldats
canadiens de la Première Guerre portaient une feuille d'érable sur leur
uniforme et m'ont donné un certain nombre d'autres bons arguments à son
intention. Lorsque je suis revenu à Toronto, j'ai demandé à le voir et je lui
ai présenté ces arguments. Il m'a écouté et n'a formulé aucun commentaire.
Quelques semaines plus tard, il m'a fait revenir à son bureau. De toute
évidence, il avait poursuivi ses recherches sur la question. Il m'a donné de
nouveaux arguments et m'a dit qu'il allait écrire à tous les députés pour leur
demander de voter contre le nouveau drapeau. C'était un coriace, mais il
m'avait écouté au moins.
Avez-vous gardé un vif intérêt pour la politique depuis que vous avez quitté le
Parlement?
Pas vraiment. J'ai continué de travailler dans le domaine du hockey professionnel
pendant plusieurs années, à titre d'entraîneur et de joueur, y compris pendant
huit ans aux États-Unis, à Los Angeles et à Pittsburgh. Lorsqu'on quitte le
pays pendant aussi longtemps, on a tendance à perdre
de vue ce qui se passe sur le plan politique.
Lorsque j'ai finalement abandonné le hockey en 1977, j'ai mis sur pied une petite
entreprise à Toronto. Nous fournissons des services d'entretien préventif pour
les avions. Au départ, c'était une toute petite entreprise et nous n'avions
aucune subvention du gouvernement et uniquement une secrétaire à temps partiel.
Nous travaillons sur des avions à réaction de compagnies, comme le Challenger.
Nous avons aujourd'hui neuf employés et nous assurons l'entretien de 1 400
avions, y compris les Dash 8 et d'autres avions de Toronto et de New York.
Nous fournissons également de l'information aux manufacturiers au sujet de
l'entretien de leurs pièces. Il s'agit d'une industrie qui prend rapidement de
l'ampleur et le travail est très intéressant. Nous venons de décrocher notre
premier contrat d'entretien préventif pour certains avions du ministère des
Transports.
Croyez-vous que l'entente de libre-échange entre le Canada et les États-Unis aura une
incidence sur votre entreprise?
En autant que je sache, je ne crois pas que cette entente aura des avantages ou des
inconvénients directs pour notre entreprise. J'ai suivi de près le débat
concernant l'entente et j'ai surtout eu de la difficulté à obtenir des
renseignements précis. Je suppose, comme beaucoup de gens, que je n'étais pas
absolument convaincu qu'il s'agissait là nécessairement de la meilleure chose
pour le Canada, mais j'espère qu'elle s'avérera avantageuse. Comme je ne suis
plus en politique, je n'ai pas tenté d'influencer qui que ce soit au chapitre
du choix de vote au cours des dernières élections.
Des joueurs de hockey envisageant de se lancer en politique vous ont-ils déjà demandé des
conseils et que leur avez-vous dit?
Au fil des ans, quelques joueurs au moins m'en ont parlé. Je ne peux que leur parler
de mon expérience. Ils doivent prendre leurs propres décisions. Cela dépend
beaucoup de la situation de chacun. Je recommanderais certainement à une
personne ayant de jeunes enfants d'y penser très soigneusement avant de prendre
une telle décision.
Je me souviens encore de l'incident qui m'a fait décider finalement et
irrévocablement de quitter la vie publique. Au moment où je revenais à Toronto
après un voyage, ma fille de quatre ans m'a vu entrer et s'est écriée :
« Regarde, maman, c'est Red Kelly. » C'était comme si elle m'avait vu
davantage à la télévision qu'en personne et ne me voyait même pas comme son
père.
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