David LaBallister
The Happy Warrior: Political Memoirs par Donald C. MacDonald, Markham,
Fitzhenry & Whiteside, 1988, 440 pages.
Dès que j'ai appris que Don MacDonald écrivait ses mémoires, je me suis mis à attendre ce
livre avec une fébrile impatience. Ayant toujours suivi la carrière de cet
homme politique avec beaucoup d'intérêt et lui ayant toujours voué une grande
admiration, je m'attendais de sa part à un récit truffé d'anecdotes, sans
détour, réfléchi et captivant. Je n'ai pas été déçu.
Le lecteur peut, dès la première page, et ce jusqu'à la dernière, s'imprégner
entièrement de ces mémoires. L'auteur nous fait partager ses humbles mais
déterminants débuts ainsi que ses expériences de professeur, de journaliste, d'agent
de renseignements pendant la guerre, de personnalité de la radio et de la
télévision, d'organisateur politique, d'homme public et enfin de chef du
CCF/NPD.
L'un des aspects les plus fascinants de ces mémoires (et ils sont nombreux) réside sans
doute dans la façon dont MacDonald en est venu à joindre les rangs du défunt
CCF avant que celui-ci ne devienne le NPD. Sa décision était loin d'être
doctrinaire et, grâce à ces mémoires, nous pouvons maintenant affirmer sans
crainte de se tromper que ce n'est rien de moins qu'un entretien avec le
premier ministre conservateur à la retraite R.B. Bennett, qui a convaincu
MacDonald d'adhérer au CCF, ancêtre du NPD, dont il devait diriger les
destinées de 1953 à 1970.
Pendant des années, il a littéralement été un chef « homme-orchestre »,
effectuant seul ses recherches et dactylographiant lui-même ses communiqués de
presse sur sa « fidèle Underwood 1938 ». Face à la dynastie torie et
à une opposition libérale parfois suffisante, il a travaillé d'arrache-pied
pour ériger le CCF/NPD et en faire une force politique crédible et active en
Ontario. Au cours de cette « traversée du désert », où il n'était pas
question de noliser un autobus ou un avion pour faire campagne, MacDonald a
sillonné la province au volant de sa voiture avec à sa suite,
quelques journalistes intéressés à son programme.
Les hauts et les bas inhérents à la vie des hommes publics nous sont décrits avec une
telle précision qu'ils semblent n'avoir rien perdu de leur actualité. C'est
donc des premières loges, pour ne pas dire des premières banquettes, que le
lecteur voit défiler les événements et les personnalités qui ont façonné la vie
politique ontarienne. L'auteur rappelle ainsi à notre mémoire la bataille en
faveur de l'accessibilité et de l'universalité des soins de santé, et le litige
soulevé par le financement des écoles séparées; il nous résume avec brio
l'histoire du scandale du gas naturel dans le nord de l'Ontario et nous fait
part de son point de vue sur le rôle de l'Ontario par rapport au Québec dans la
réalisation de l'unité nationale.
Direct comme toujours, M. MacDonald n'est pas tendre à l'endroit de certaines des
personnalités politiques qu'il lui a été donné de rencontrer sur les scènes
provinciale et fédérale. J'ai cependant été étonné de voir avec quelle rapidité
il est passé sur le règne de son successeur Stephen Lewis. N'importe qui se
serait attendu, je crois, à ce qu'il s'attarde davantage sur les « années
Lewis ». La même constatation s'applique, dans une moindre mesure
toutefois, au successeur de Lewis, Michael Cassidy. Le passage de ces deux
chefs à la barre du NPD est plus ou moins passé sous silence. Par contre,
MacDonald nous offre une analyse détaillée des premiers ministres conservateurs
de l'époque : Drew, Frost, Robarts et Davis.
Les mémoires proprement dits occupent un peu moins de 200 pages (à peu près la
moitié du livre). Ensuite, commence la partie consacrée aux « questions de
fond », dans laquelle MacDonald fait part de son point de vue sur les
grandes questions d'intérêt provincial comme la santé, l'éducation, les
affaires intergouvernementales et l'agriculture. L'opinion de MacDonald sur ces
sujets est aussi d'actualité que les dernières manchettes des journaux. A la fin
du livre, où l'auteur se livre à différentes réflexions, il est question du
rôle du NPD dans le monde syndical et dans l'ensemble de la scène politique
ontarienne.
Voilà donc un ouvrage agréable à lire, intéressant et instructif, dont l'auteur est
un vieux routier de l'arène politique ontarienne qui, pendant une trentaine
d'années, en a fréquenté les coulisses et en a même occupé l'avant-scène.
Ayant moi-même souvent déploré qu'il y ait si peu d'écrits sur la vie politique de
notre province, j'espère que ce remarquable ouvrage de M. MacDonald servira
d'inspiration à ses collègues. Non seulement la contribution généreuse de
Donald C. MacDonald aura-t-elle marqué notre vie politique, mais ses mémoires
resteront un précieux héritage pour notre histoire politique.
David LaBallister
Nepean (Ontario)
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