PDF
| Colombie-Britannique
| Manitoba
| Ontario
| Chambre des communes
|
Chambre des communes
Dans
le dernier numéro de la Revue, on faisait remarquer que les partis d'opposition
avaient menacé de se servir de la procédure pour retarder l'adoption du projet de
loi C-130, Loi de mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada
et les États-Unis d'Amérique. Ils avaient déjà contesté la nécessité de la
motion des voix et moyens dans ce contexte et, une fois cette motion adoptée,
ils se sont dits d'avis que la Chambre devait encore décider s'il convenait
d'autoriser la présentation de ce projet de loi.
Les
lilas fleurissaient à Ottawa lorsque l'opposition s'est engagée dans un débat
de procédure dans le cadre de l'étude du projet de loi proprement dit. Elle le
contestait sur trois fronts. Tout d'abord, elle prétendait qu'en raison de la
portée générale du projet de loi d'ensemble - qui vise à modifier 27 lois
-, les députés se trouvaient dans l'impossibilité d'en dégager un principe
unique pour se prononcer par un vote global à l'étape de la deuxième lecture.
Le leader parlementaire du Nouveau Parti démocratique, Nelson Riis, a
indiqué que si le projet de loi créait un nouveau mécanisme de règlement des
différends commerciaux, il aurait aussi comme effet de continentaliser le
marché de l'énergie, de libéraliser les règles d'investissement entre le Canada
et les États-Unis et de modifier l'équilibre des compétences entre les
autorités fédérales et provinciales.
Le
leader parlementaire de l'opposition, l'honorable Herb Gray, a repris
les propos tenus en 1971 par le président Lamoureux lorsqu'il signalait
qu'au-delà d'une certaine limite, le projet de loi d'ensemble devenait
inacceptable.
Deuxièmement,
M. Gray a fait remarquer que le titre du projet de loi n'énumérait pas les 27
lois à modifier. Troisièmement, le projet de loi C-130 vise à modifier certains
projets de loi qui n'ont pas encore été approuvés par le Parlement, et dont
certains sont même toujours à l'étude à la Chambre.
Dans
une longue décision rendue le 8 juin 1988, le président actuel a répondu à ces
arguments. Il a cité la deuxième édition du Précis de procédure publié sous
l'égide du greffier de la Chambre des communes (1987), la cinquième édition du
Beauchesne, la 20e édition du Erskine May ainsi qu'une décision du président
Jerome pour confirmer que la motion des voies et moyens avait été présentée
selon les règles de procédure en vigueur. Il a également montré que, dans ce
cas, il fallait mettre aux voix la question de la présentation du projet de
loi.
La
présidence a ajouté que même s'il s'agit d'un projet de loi d'ensemble, le
projet de loi C-130 avait pour unique objet la mise en oeuvre d'un accord
international. Au sujet de son titre, le président a signalé que, dans l'usage
canadien, il n'y avait pas lieu d'énumérer toutes les lois modifiées dans le
titre d'un projet de loi.
Finalement,
le président a cité des précédents remontant à l'époque du président Lamoureux
pour affirmer qu'il n'était pas contraire à l'usage d'adopter un projet de loi
qui modifie un autre projet de loi dont la Chambre n'est pas encore saisie ou
qui n'a pas encore reçu la sanction royale. « Cependant, si, à l'étape de
la troisième lecture, certaines circonstances faisaient que la Chambre était
encore saisie d'un projet de loi qui en modifie un autre, je serais disposé à
m'en tenir à la décision du président Lamoureux et à entendre d'autres
arguments à ce sujet. »
Tandis
que des débats sur la procédure et que des tactiques dilatoires occupaient le
temps de travail de la Chambre, le Sénat envoyait des messages à cette dernière
pour lui faire savoir qu'il avait modifié certains projets de loi. Ainsi, vers
la fin du mois de juin, la Chambre a été saisie des amendements du Sénat aux
projets de loi C-55 et C-84 concernant l'immigration, C-74 concernant
l'environnement et C-115 modifiant la Loi sur les Indiens (terres désignées).
Séances d'été
Après
que le gouvernement eut recours à la clôture le 21 juin 1988, la Chambre a
adopté la motion prévoyant la poursuite des travaux pendant l'été. Le leader
parlementaire adjoint du gouvernement a publié la longue liste des projets de
loi et des motions qui devaient être étudiés avant tout congé prolongé. Cette
liste comprenait onze projets de loi n'ayant pas encore atteint l'étape du rapport
ni de la troisième lecture, deux projets de loi à l'étude en comité, ainsi que
le débat en deuxième lecture sur le projet de loi de libre-échange. Ce n'est
que le 28 juillet que la Chambre s'est accordée une courte interruption; les
travaux reprenaient le 10 août. A l'ordre du jour: la garde des enfants et, de
nouveau, le libre-échange.
Avant
cette interruption, les députés ont débattu d'une motion gouvernementale sur
l'avortement. Un ordre spécial leur a permis de donner avis des amendements
qu'ils voulaient présenter, et le président a été chargé de choisir ces
amendements, de les regrouper et de déterminer le mode de scrutin qui convient.
Finalement, la motion principale proposant un projet de loi et tous les
amendements s'y rapportant ont été rejetés.
Affaires émanant des députés
Le
6 juin 1988, Paul McCrossan a présenté le projet de loi d'initiative
parlementaire C-292, Loi modifiant la Loi sur les banques (pratiques bancaires équitables).
Ce projet de loi reprenait les recommandations du Comité permanent des finances
figurant dans un rapport déposé à la Chambre le jour même, et présentait es
points de vue d'un comité regroupant l'ensemble des partis au sujet des frais
bancaires exigés pour les services financiers personnels. Ce projet de loi a
été désigné par le tirage au sort suivant et le Comité permanent des affaires
émanant des députés a décidé qu'il pouvait faire l'objet d'un vote,
c'est-à-dire qu'il pouvait faire l'objet d'un débat plus long et d'un vote à la
Chambre.
Dans
l'intervalle, d'autres simples députés avaient le plaisir de voir leur projet
de loi progresser à la Chambre. Ainsi, un comité législatif présentait ses
amendements au projet de loi de David Daubney sur les droits politiques
des fonctionnaires. Le projet de loi a été inscrit au bas de la liste des
priorités dans les débats, conformément au Règlement de la Chambre, et pouvait
faire l'objet d'une première heure de débat un mois plus tard et d'une série
finale de débats au cours du mois suivant.
Le
lendemain, le projet de loi C-264 de Bob Horner, concernant la
documentation et les instruments pour l'utilisation des stupéfiants, est revenu
à la Chambre pour l'étape du rapport et de la troisième lecture. Le projet de
loi C-210, modifiant la Loi sur l'Administration du pont Blue Water, a lui
aussi été inscrit sur la liste des priorités dans les débats aux étapes
finales.
Comités
Les
comités permanents de la Chambre ont poursuivi leurs travaux avec diligence.
Ils ont produit de précieux documents qui pourraient avoir une forte incidence
sur les politiques futures du gouvernement.
Parmis
ces rapports figure notamment celui du Comité permanent de la consommation et
des corporations sur la publicité trompeuse. C'est la présidente du comité, Mary
Collins, qui l'a déposé à la Chambre le 28 juin 1986. Ce comité a choisi
d'étudier la publicité trompeuse à cause des doléances et des interrogations
des électeurs. A l'occasion de cette étude, il a pu constater que la publicité
était réglementée par un ensemble confus de dispositions réparties dans plus de
cent lois fédérales ainsi que dans un grand nombre de lois provinciales et de
codes sectoriels.
Les
recommandations du comité portaient sur l'application des règles, sur l'éducation,
sur l'auto-réglementation au sein des diverses industries, les solutions
administratives, ainsi que sur les recours collectifs et les autres voies de
recours pour le consommateur.
Le
lendemain, Patrick Crofton a déposé un rapport concernant le Livre blanc
sur la Défense nationale, consacré en particulier à la réserve des Forces
canadiennes. Dans son introduction, le président du comité indique que si l'on
augmente les effectifs de la réserve et qu'on améliore la formation et
l'équipement des réservistes, on devrait pouvoir miser davantage sur la réserve
en cas de catastrophes naturelles, ainsi que lors des opérations de recherche
et de sauvetage.
Toujours
pendant le mois de juin, John Gormley a présenté le rapport du Comité
permanent des communications et de la culture intitulé «Pour une politique
canadienne de la radiodiffusion», qui mettait un terme à la vaste étude
entreprise par le comité en octobre 1986. Quelques jours plus tard, un projet
de loi déposé par la ministre des Communications, l'hon. Flora MacDonald,
franchissait l'étape de la première lecture. Dans sa déclaration, la ministre
reconnaissait que le point de vue du comité avait été pris en considération, et
que ses recommandations et conclusions faisaient partie intégrante de l'exposé
de principes du ministère intitulé «Des voix canadiennes pour un choix
véritable».
Nora S. Lever, Greffier principal et est responsable du Bureau
des affaires émanant des députés, Chambre des communes.
Colombie-Britannique
Le
présent rapport sur les activités législatives porte sur la période de
15 mai au 15 août 1988. La plus grande partie du travail de
l'Assemblée législative fut achevée le mercredi 29 juin 1988, avant
l'ajournement de l'été.
Le
lundi 30 mai 1988, l'honorable Elwood N. Veitch, en sa capacité
de secrétaire provincial, a prononcé une déclaration ministérielle relative à
un rapport préliminaire, en date du 27 mai 1988, de l'honorable juge Thomas K.
Fisher, dans laquelle il annonçait l'intention du gouvernement de demander
la création d'un comité spécial de l'Assemblée qui serait chargé d'étudier le
rapport ; il a déposé à cette occasion un exemplaire du document intitulé
Preliminary Report of Proposed Boundaries for British Columbia Electoral
Districts. Le leader de l'Opposition à l'assemblée, M. Mark Rose,
en réponse à la déclaration du secrétaire provincial, a déclaré qu'un comité
législatif serait le véhicule approprié pour examiner le rapport dans le
contexte de la réforme électorale en Colombie-Britannique.
Effectivement,
le mercredi 22 juin 1988, la Chambre a renvoyé le Rapport Fisher à un
comité spécial présidé par M. Jim Rabbitt. Le mandat du comité
était « de prendre connaissance du rapport préliminaire de la Commission
royale de Colombie-Britannique sur les limites électorales daté de mai 1988,
d'examiner la question et de formuler à l'unanimité des recommandations à la
Chambre, pour aider le commissaire aux limites électorales à rédiger son
rapport final ».
Parmi
les autres événements qui ont marqué la période figurent la démission du procureur
général, l'hon. Brian Smith, un remaniement ministériel intervenu le
jeudi 7 juillet 1988 qui a vu le renouvellement de huit portefeuilles sur
un total de 22 membres du Conseil exécutif et la nomination de
12 nouveaux secrétaires parlementaires, ainsi que le débat sur la motion
du premier ministre, l'hon. William Vander Zalm, demandant l'adoption
d'un résolution autorisant la modification de la Constitution du Canada (Accord
du lac Meech), le mercredi 29 juin.
Plusieurs
mesures législatives ont été présentées au cours de la session de printemps, et
notamment les projets de loi gouvernementaux suivants : Premier's Advisory
Council for Persons with Disabilities Act (Loi créant le Conseil consultatif du
premier ministre sur les personnes handicapées) ; Hydro and Power
Authority Privatization Act (Loi sur la privatisation de l'électricité et de
l'énergie) ; Victims Rights and Services Act (Loi sur les droits des
victimes et les services connexes) ; Budget Stabilization Fund Act (Loi
sur le Fonds de stabilisation du budget) ; Privatization Benefits Fund Act
(Loi sur le Fonds des profits de la privatisation) ; une nouvelle loi sur
les forces policières (Police Act) ; enfin la Commercial River Rafting
Safety Act (Loi sur la sécurité de l'exploitation commerciale des excursions de
descente en eau vive). Huit projets de loi d'initiative parlementaire restent
inscrits à l'ordre du jour, notamment An Act to Regulate Smoking in the
Parliament Buildings (Loi sur l'usage du tabac dans les immeubles du Parlement)
et An Act to Affirm the Rights of Permanent Hotel Residents (Loi sur les droits
des résidents permanents dans les hôtels).
Au
cours de cette 34e législature, 110 réunions en comité législatif ont eu
lieu. Le Comité permanent du travail, de la justice et des relations
intergouvernementales poursuit son étude du Builders Lien Act (Loi sur les
responsabilités des constructeurs ; le Comité permanent des forêts et des
terres a achevé une série de huit audiences publiques dans diverses villes de
la province et a commencé la rédaction d'un rapport sur les contrats de coupe
de bois d'oeuvre ; le Comité permanent des finances, des sociétés de la
Couronne et des services gouvernementaux doit tenir à l'automne des audiences
publiques sur la planification financière et les conseils financiers en
Colombie-Britannique ; le Comité permanent des comptes publics a soumis à
la Chambre son premier rapport de la 2e session le mardi 28 juin 1988,
mettant ainsi un point final à ses travaux sur le Rapport annuel de 1987 du Vérificateur
général ; le Comité permanent du Règlement, des projets de loi
d'initiative parlementaire et des services aux députés s'est penché sur quatre
projets de loi d'initiative parlementaire ; enfin, le Comité spécial des
limites électorales a tenu sa séance d'organisation et se prépare à examiner le
Rapport Fisher.
Craig H. James, Deuxième greffier adjoint et greffier des
comités, Assemblée législative de la Colombie-Britannique.
Ontario
Le
projet de loi 113, Loi portant modification de la Loi sur les jours fériés
dans le commerce de détail, et le projet de loi 114, Loi portant
modification de la Loi sur les normes d'emploi, ont franchi l'étape de la
deuxième lecture le 20 juin et ont été renvoyés au Comité permanent de
l'administration de la justice, lequel tiendra des audiences publiques un peu
partout dans la province durant l'été. Le projet de loi 113 permet aux
municipalités d'adopter des arrêtés autorisant les commerces de détail à ouvrir
ou à fermer le dimanche à condition de toujours fermer un autre jour de la
semaine, en raison des croyances religieuses de leur propriétaire. Grâce au
projet de loi 114, les employés des commerces de détail qui, selon la Loi
sur les jours fériés dans le commerce de détail, sont autorisés à ouvrir le
dimanche pourront refuser de travailler s'ils considèrent cela abusif. S'il y a
désaccord sur ce qui constitue une demande déraisonnable ou qu'un employé
s'estime puni ou traité incorrectement pour avoir refusé de travailler le
dimanche parce qu'il jugeait cela déraisonnable, une médiation est prévue aux
termes de la loi et un arbitre indépendant peut finalement être appelé à
trancher la question.
Le
2 juin, la ministre de la Santé, Elinor Caplan, a déposé le projet
de loi 147, Loi sur les établissements de santé autonomes. Ce projet de
loi autorise la mise sur pied et l'exploitation d'établissements de santé
autonomes. Le 29 juin, le ministre des Richesses naturelles, M. Vince
Kerrio, a déposé le projet de loi 175, Loi portant sur le transfert
d'eau. Cette mesure législative interdit de vendre de l'eau provenant d'un
bassin hydrographique provincial à moins d'en avoir obtenu l'approbation du
ministre des Richesses naturelles. Ces projets de loi sont, dans une certaine
mesure, une réponse à l'Accord de libre-échange entre le Canada et les
États-Unis d'Amérique. Le projet de loi 147 semble contrevenir à
l'article 1402 de l'Accord car il propose de privilégier les
établissements de santé canadiens à but non lucratif (l'article 1402
interdisant de montrer de telles préférences). Comme l'Accord de libre-échange
n'excluait pas expressément les exportations d'eau et que cette dernière
risquait d'être considérée comme un « bien » aux termes de l'Accord,
le gouvernement de l'Ontario a déposé le projet de loi 175.
Le
ministre délégué à la Condition féminine, M. Gregory Sorbara, a
annoncé le lancement d'un nouveau programme d'envergure, qui entraînera,
espère-t-on, une baisse des agressions sexuelles dont les femmes sont victimes,
en sensibilisant davantage la population au problème. Le programme sera mis en
oeuvre dans le cadre d'une campagne publicitaire télévisée. Pour étayer cette
campagne, le ministre créera un comité interministériel qui coordonnera le plan
d'action du gouvernement à l'égard des agressions sexuelles contre les femmes.
Pour
étendre le champ d'action des députés et accroître leur influence et leur
utilité, le député d'Etobicoke-Humber, M. Jim Henderson, a déposé
le projet de loi 136, Loi concernant les projets de loi d'intérêt public
émanant de députés, le 18 mai dernier. Celui-ci propose d'établir une
nouvelle procédure législative qui permettra à un certain nombre de projets de
loi d'initiative parlementaire d'être éventuellement adoptés. La mesure
législative prévoit l'établissement d'un Comité permanent des projets de loi d'intérêt
public émanant de députés, lequel déterminera, après une première lecture du
projet de loi, si celui-ci mérite d'être débattu, compte tenu des critères
énoncés dans le projet de loi, ainsi que l'ordre dans lequel ces projets de loi
seront étudiés à l'Assemblée législative. Si cette mesure est adoptée, deux
séances hebdomadaires de trois heures seront réservées à Queen's Park à l'étude
des projets de loi d'intérêt privé émanant de députés. Après la deuxième
lecture, les projets de loi seront renvoyés à un comité permanent ; une
disposition prévoit que les comités étudieront les mesures législatives
conformément à l'ordre dans lequel ils en ont été saisis, à moins que
l'Assemblée législative détermine qu'une question est urgente et qu'elle devrait
être traitée en priorité.
Le
27 juin, le président du Comité spécial sur la réforme constitutionnelle,
M. Charles Beer, a déposé le rapport de ce comité sur la
modification constitutionnelle de 1987. Les auteurs du rapport ont recommandé à
l'unanimité que l'Assemblée législative ratifie l'Entente du lac Meech et ils
ont fait diverses recommandations au sujet d'une éventuelle réforme
constitutionnelle. L'Assemblée législative a étudié le rapport en question et
l'a adopté par 112 voix contre 8. Le vote sur le rapport a été
interrompu par un groupe de femmes qui avaient pris place dans la tribune
publique de l'Ouest et dans celle du président et qui ont dénoncé en chantant
le projet de modification de la Constitution. Les protestataires, qui
appartenaient au Comité spécial des femmes et de la Constitution (AD HOC
Committee of Women on the Constitution) s'opposaient à l'adoption de l'Entente,
faute de modifications garantissant leurs droits.
L'Assemblée
législative a ensuite adopté, par 112 voix contre 8, une proposition
du premier ministre, M. David Peterson, proposition qui
sanctionnait une modification à la Constitution du Canada (modification
constitutionnelle de 1987). En adoptant la résolution, l'Ontario devenait la
sixième province à sanctionner la modification de la Constitution canadienne à
la suite de l'Accord du lac Meech. Dans un amendement à la proposition, le chef
du Parti progressiste-conservateur, M. Andy Brandt, a proposé que
le gouvernement ontarien demande à la Cour suprême de l'Ontario de déterminer
si les modifications constitutionnelles envisagées risquaient de porter
atteinte aux droits et libertés individuels garantis ou à leurs limites aux
termes de la Charte canadienne des droits et libertés, et qu'il demande
instamment aux gouvernements du Canada et des provinces de modifier le
paragraphe 2(1) de la Loi constitutionnelle de 1867, qui se trouve modifiée par
l'amendement constitutionnel de 1987, et de reconnaître que les populations
autochtones constituent un élément fondamental de la réalité canadienne, ainsi
que le caractère multiculturel de la société canadienne. L'Assemblée a rejeté
l'amendement par 92 voix contre 28.
Le
dernier jour avant le congé d'été, l'Assemblée a adopté une proposition
recommandant la nomination de l'honorable Gregory Evans au poste de
Commissaire aux conflits d'intérêts. M. Evans a fait une brillante
carrière à la Cour suprême de l'Ontario et a été juge en chef de la Haute Cour
de l'Ontario de 1976 à 1985.
Comités
Le
Comité spécial de l'éducation, présidé par Mme Dianne Poole, se
réunira durant le congé estival pour étudier le système d'enseignement en
Ontario ainsi que le processus de répartition des élèves par niveau,
l'établissement des programmes de chaque semestre, le passage au niveau
supérieur et les Écoles de l'Ontario aux cycles intermédiaire et supérieur
(EOCIS).
Le
Comité spécial de l'énergie, présidé par M. Doug Carrothers, se
réunira pour étudier le projet de stratégie d'Hydro-Ontario pour la
planification de l'offre et de la demande. Le Comité doit soumettre son rapport
à l'Assemblée en février 1989. Le Comité permanent des affaires
gouvernementales, présidé par Mme Norah Stoner, s'est réuni pour
étudier le projet de loi 106, Loi portant modification de la Loi sur les
élections municipales et de la Loi sur les municipalités. Cette mesure
législative établit un nouveau mécanisme de recomptage, limite les
contributions à la caisse électorale ainsi que les dépenses des candidats aux
élections municipales, et rend obligatoires la divulgation et l'exposé des contributions
et des dépenses liées à la campagne électorale. Le projet de loi a été amendé
par le Comité et renvoyé à la Chambre, où il a été adopté en troisième
lecture ; il a reçu la sanction royale le 8 juin.
Le
Comité permanent des règlements et des projets de loi d'intérêt privé, présidé
par M. David Fleet, a examiné 36 projets de loi d'intérêt
privé. Il a aussi tenu des audiences sur le processus de réglementation en
Ontario. Ces audiences ont débouché sur la publication d'un rapport qui
préconisait d'importants changements à ce chapitre.
Le
Comité permanent de la mise en valeur des ressources, présidé par M. Floyd
Laughren, a poursuivi ses travaux et rendu public son rapport sur les
accidents mortels et autres dans les mines ontariennes, à l'occasion d'une
conférence de presse qui a eu lieu à Sudbury, le 4 juillet. Le Comité a
aussi tenu des audiences sur le rapport annuel de la Commission des accidents
du travail pour 1986. Des représentants de la Commission, de bureaux affiliés à
celle-ci, des groupes d'employeurs, des représentants syndicaux et des groupes
de travailleurs qui ont été blessés ont participé aux audiences. Le Comité
compte rédiger un rapport qui fera état de ses constatations plus tard durant l'année.
Le
Comité permanent des affaires sociales, présidé par M. Peter Adams,
a étudié un certain nombre de mesures législatives, dont le projet de
loi 109, Loi portant création d'un conseil scolaire de langue française
pour la municipalité régionale d'Ottawa-Carleton. Le projet de loi proposait de
regrouper en deux conseils, l'un anglais, l'autre français, les conseils
anglais et français des écoles publiques et des écoles catholiques romaines, et
de subdiviser chacun en deux sections, celle des écoles publiques et celle des
écoles catholiques romaines. Il proposait aussi de réduire le nombre de
commissaires au sein des deux conseils. Le Comité a tenu des audiences
publiques à Ottawa les 25 et 26 mai 1988, et à Toronto, les 30 et
31 mai. Le 22 juin, le projet de loi a été adopté en troisième
lecture ; il a reçu la sanction royale le 29 juin.
Le
Comité permanent des finances et des affaires économiques, présidé par M. David
R. Cooke (Kitchener), a poursuivi ses audiences sur l'Accord de
libre-échange entre le Canada et les États-Unis d'Amérique. Le Comité mettra la
dernière touche à son rapport durant le congé d'été.
Le
Comité permanent des organismes gouvernementaux, présidé par M. Allan
McLean, a étudié le fonctionnement de la Commission de la Fonction publique,
de la Commission du Marché des produits alimentaires de l'Ontario, de la
Commission des valeurs mobilières de l'Ontario et de la Commission des régimes
de retraite de l'Ontario. Dans son rapport à l'Assemblée, le Comité a demandé
que le Conseil de gestion du gouvernement envisage la possibilité de modifier
la Loi sur la fonction publique de façon à transférer toutes les fonctions et
responsabilités de la Commission de la Fonction publique au Secrétariat des
ressources humaines. Il a aussi proposé que le ministère des Institutions
financières demande au Vérificateur de la province d'effectuer une vérification
d'efficience de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, et que la
Commission des régimes de retraite de l'Ontario examine le Fonds de garantie
des prestations de retraite pour déterminer quel rôle il devrait jouer
dorénavant. Le Comité estime en outre que la Commission du Marché des produits
alimentaires de l'Ontario devrait entamer des négociations avec les locataires
actuels afin de supprimer la disposition de « perpétuité » incluse
dans les baux originaux. Le Comité continuera de surveiller les activités de la
Commission des valeurs mobilières de l'Ontario et de la Commission du Marché
des produits alimentaires de l'Ontario, et formulera sans doute d'autres
recommandations au sujet de ces deux organismes.
Le
Comité permanent des comptes publics, présidé par M. Ed Philip, a
publié son premier rapport provisoire de 1988 le 26 mai dernier ;
celui-ci traitait de la section 4.8 (Faiblesse des mécanismes de contrôle
du Programme d'assurance-maladie) et de la section 4.9 (Problèmes en
matière de soins visant la santé mentale, ministère de la Santé) du rapport du
Vérificateur de la province pour l'année 1987. Ce dernier a décelé des faiblesses
dans trois systèmes informatiques utilisés par le Régime d'assurance-maladie de
l'Ontario (OHIP). Le Comité a recommandé que le ministère crée et mette en
application un nouveau système informatique pour remédier aux faiblesses
signalées par le Vérificateur, et qu'entre-temps, il prenne toutes les mesures
possibles pour combler les différentes lacunes relevées par celui-ci. Le Comité
a aussi recommandé au ministère d'améliorer le système ontarien de traitement
des demandes venant de l'extérieur de la province, de façon à empêcher que ne
se reproduisent les erreurs signalées par le Vérificateur. Il a également
recommandé au ministère d'améliorer ses systèmes d'information de gestion, de
revoir ses exigences concernant l'accréditation des foyers de soins spéciaux et
de prendre les mesures voulues pour avoir une capacité d'évaluation adéquate,
afin d'augmenter les services de santé mentale en milieu communautaire. Il a en
outre proposé que le Comité permanent des affaires sociales envisage
d'entreprendre une étude exhaustive des besoins des patients qui sortent
d'établissements psychiatriques, au chapitre du logement, des services de santé
mentale et autres services communautaires, ainsi que de l'efficacité des
services existants et à venir, et des solutions prévues pour combler les
lacunes.
Le
Comité des comptes publics a aussi déposé ses deuxième et troisième rapports
provisoires concernant la section 4.7 (Nécessité d'améliorer les mesures
d'application de la réglementation touchant la pollution, ministère de l'Environnement)
et la section 5.2 (Problèmes de fonctionnement, Régie des alcools de
l'Ontario) du rapport du Vérificateur provincial pour 1987.
Le
Comité a déposé, le 2 juin, son rapport spécial sur le processus
budgétaire. Le Vérificateur a exprimé certaines réserves au sujet du processus
budgétaire de l'Assemblée législative ontarienne et il a recommandé certaines
réformes ainsi que le resserrement du protocole de responsabilité vis-à-vis de
l'Assemblée. Dans son rapport, il propose de former un Comité permanent des
prévisions budgétaires, qui serait présidé par un député de l'opposition et qui
devrait effectuer, chaque année, une étude exhaustive des prévisions
budgétaires de certains ministères. Le Comité des prévisions budgétaires
comprendrait trois membres du Comité des comptes publics, soit un représentant
de chaque parti. Le Comité a proposé que, chaque année à tour de rôle,
l'opposition officielle, le troisième parti et le parti ministériel choisissent
les six budgets qui seront examinés, et que l'on complète cet exercice, au
besoin, par des question écrites aux autres ministères.
Franco Carrozza, Greffier des comités, Assemblée législative de
l'Ontario.
Manitoba
La
première session de la 34e législature du Manitoba s'est ouverte le 21 juillet
dernier, à 13 h 30. Le premier point à l'ordre des travaux a permis
d'élire M. Denis Rocan, député progressiste conservateur de Turtle
Mountain, au poste de président.
L'honorable
George Johnson, lieutenant-gouverneur du Manitoba, a prononcé le discours
du trône.
Il
s'est dit heureux que la nouvelle Assemblée législative et le nouveau
gouvernement permettent de jeter un regard neuf sur la province, d'évaluer où
elle en est et de déterminer ce que les Manitobains attendent de l'avenir.
Dans
le discours, le nouveau gouvernement promettait de gérer les institutions
gouvernementales et les sociétés d'État de façon plus prudente et plus efficace
et d'élaborer des politiques et procédures qui l'obligeront à être plus ouvert
et à rendre compte de ses activités aux citoyens du Manitoba. C'est dans cet
esprit que la Loi sur la liberté d'accès à l'information a d'ailleurs été
promulguée le 30 septembre 1988. Aux termes de cette loi, les principales
sociétés d'État sont tenues de publier des états financiers trimestriels.
Le
gouvernement a déclaré dans son discours qu'en vue de renforcer l'économie, il
instaurerait un climat économique qui incitera les Manitobains à prendre des
risques et qui récompensera l'esprit d'initiative. Pour y arriver, il faudra
tout d'abord éliminer les mesures qui découragent l'entreprise au lieu
d'accorder de nouvelles subventions ou d'offrir des mesures d'encouragement.
Une élimination graduelle des cotisations sociales de l'employeur permettra de
réduire le nombre de mesures qui nuisent à la création d'emplois. Par ailleurs,
une réforme du régime de prestations au titre des accidents du travail visera à
protéger les travailleurs. Une amélioration du réseau routier de la province,
la mise en valeur des ressources naturelles du Manitoba et une saine gestion
des problèmes particuliers au nord de la province devraient renforcer les
assises économiques. De plus, les dispositions relatives à l'arbitrage des
propositions finales de la Manitoba Labour Act seront modifiées.
Le
nouveau gouvernement a précisé que les services de santé constituaient l'une de
ses priorités. Il mettra ainsi sur pied un comité consultatif qui fera appel
aux compétences de représentants des services de santé et de non-professionnels
du secteur privé, qui seront chargés d'aborder les principaux problèmes
d'orientation et de participer à la conception et à la mise en place de
meilleurs services de santé.
Dans
le domaine de l'enseignement, le gouvernement a l'intention de s'attaquer à
l'analphabétisme en adoptant des stratégies à long terme qui viseront à combler
les besoins des Manitobains. Il désire en effet réduire considérablement le
taux d'analphabétisme d'ici l'exercice 1990-1991, année de l'alphabétisation
décrétée par les Nations Unies.
De
plus, le discours du trône mentionnait que le gouvernement a également comme
priorité d'améliorer les services sociaux. Ainsi, l'Assemblée législative se
penchera, au cours de la prochaine session, sur les questions suivantes :
la protection de l'enfance, la Direction générale de la condition féminine, le
groupe de travail sur les services de garde, le programme d'aide aux familles
monoparentales et le Livre blanc sur les mauvais traitements infligés aux
personnes âgées.
Le
gouvernement procédera aussi à des réformes en vue de réduire les lenteurs du
système pénal. La Commission de réforme du droit va être reconstituée et une
commission d'enquête sur l'administration de la justice et les autochtones sera
mise sur pied.
Un
certain nombre de motions ayant trait à l'organisation et au fonctionnement de
l'Assemblée législative ont été présentées et adoptées à la suite du discours
du trône. Une de ces motions a permis d'élire M. Mark Minenko,
député libéral de Seven Oaks, au poste de président adjoint. C'est d'ailleurs
la première fois qu'un député de l'opposition est élu membre de la présidence
de l'Assemblée législative du Manitoba.
L'opposition
a déclaré que le discours de trône n'était pas réaliste et qu'il n'établissait
pas assez de priorités. Elle a critiqué le gouvernement parce qu'il semble
n'avoir prévu aucun plan précis et qu'il va encore constituer d'autres groupes
de travail ou d'étude, et organiser d'autres tables rondes.
Le
chef de l'opposition, Mme Sharon Carstairs (parti libéral), n'a pas
présenté le traditionnel amendement de défiance lors de la présentation de la
motion d'adresse en réponse au discours du trône car elle a choisi de
« donner sa chance au coureur ».
M. Gary
Doer (chef du NPD) était du même avis : « Les Manitobains ont
choisi d'élire un gouvernement minoritaire le 26 avril dernier. Nous
devons tous travailler de façon positive en leur nom. Nous prions donc
instamment le gouvernement d'être juste envers tous les Manitobains et leur
famille, et de déterminer, avant de prendre une décision, les avantages et les
inconvénients de chaque mesure pour les citoyens du Manitoba. Nous croyons que
la présente session peut être productive si tous les partis adoptent une
attitude souple et constructive, et acceptent de collaborer. Nous ne
présenterons aucune motion à l'égard du discours du trône, car nous avons
l'intention de garder un esprit positif au nom de nos commettants et de tous
les Manitobains. »
Le
premier ministre, Gary Filmon, a relevé le défi que lui lançaient les
partis d'opposition en déclarant : « Le présent gouvernement s'engage
à améliorer la qualité de vie et la prospérité de ses citoyens. C'est là
l'objectif du Parti progressiste conservateur du Manitoba et celui de notre
gouvernement.
Je
suis donc fier d'appuyer le discours du trône, qui nous offre d'excellentes
possibilités pour atteindre nos objectifs. »
Le
vote qui a suivi le débat sur le discours du trône sortait de l'ordinaire, car
aucun amendement de la motion d'adresse en réponse au discours n'a été
présenté. De plus, l'Assemblée législative n'a pas demandé que le Journal des
débats indique que la motion avait été adoptée « avec dissidence »,
et personne n'a exigé de vote par appel nominal.
W.H. (Binx) Remnant, Greffier, Assemblée législative du Manitoba
|