Graham White
Robert J. Fleming, dir., Canadian Legislatures 1987/1988, Ampersand Communications Services, Ottawa, 1988.
Les parlementaires, les universitaires, le personnel des services législatifs qui
ne peuvent plus se passer de cet annuaire précieux apprendront avec plaisir
qu'il continuera à être publié, même si le directeur a quitté l'Assemblée
législative de l'Ontario qui publiait les éditions précédentes. Ils seront
moins heureux de constater que le transfert à un éditeur du secteur privé a eu
pour effet de pratiquement tripler le prix de cet ouvrage.
Canadian Legislatures continue d'être une source d'information autorisée sur les
structures administratives, les budgets, les services de soutien à la
disposition des députés, les indemnités et allocations des députés et une foule
de sujets connexes. Les données, qui concernent la Chambre des communes, les
dix assemblées législatives provinciales et les deux assemblées territoriales,
sont présentées sous forme de tableaux faciles à lire. Comme pour les éditions
précédentes, les tableaux s'accompagnent d'un bref commentaire. Même si le
texte signale les changements les plus importants survenus depuis l'année
précédente, il aurait peut-être mieux valu indiquer tous les changements dans
les tableaux.
Cette édition présente une nouveauté, à savoir la présentation de données très
détaillées au sujet des comités, et notamment une liste exhaustive de tous les
comités législatifs du Canada ainsi que leur mandat. Toutefois, puisque
certains comités n'existent que de nom et ne siègent qu'en de très rares occasions,
il est décevant de ne pas trouver de renseignements sur les activités de la
plupart des comités. Pour la première fois, Canadian Legislatures traite du
Sénat. Parmi les renseignements les plus intéressants à ce sujet se trouve une
ventilation par province des vacances prévues au Sénat jusqu'à l'an 2 000.
Il n'est pas précisé si ces renseignements visent à permettre aux analystes de
spéculer sur la composition politique future du Sénat au lendemain du lac
Meech, ou aux candidats sénateurs de préparer leur stratégie.
Deux parties traitent brièvement de la situation internationale. Dans la première
figurent quelques données fondamentales sur la taille, les dépenses, les
échelles de traitement, notamment, des assemblées législatives des États
américains. La seconde donne un bref aperçu essentiellement statistique des
parlements ouest-allemands, en s'attachant principalement à la rémunération et
aux avantages sociaux des députés. Dans les deux cas, les renseignements
fournis sont d'ordre purement statistique et ne visent nullement à comparer le
fonctionnement ou l'efficacité des parlements canadiens, américains et
allemands.
Dans l'édition de 1987-1988, comme dans la précédente, les renseignements
statistiques s'accompagnent d'un certain nombre d'articles assez courts sur des
questions d'ordre parlementaire. Ils valent tous la peine d'être lus, même si
leur qualité varie beaucoup, ce qui est inévitable. David Nethering, auteur de
The Role of State and Provincial Legislatures et Lothar Spath,
auteur de The New Politics sont forts en beaux discours, mais
restent assez superficiels. L'article intitulé Group Dynamics of the Legislative Process, du Dr Jim Henderson, psychiatre qui est aussi
député à l'Assemblée législative de l'Ontario, est tout aussi décevant. Au lieu
de faire profiter ses collègues députés de son expertise professionnelle, ce
qui aurait pu être vraiment fascinant, Henderson se contente d'attaquer la
discipline de parti.
Michael Adams et Jordan Levitan font état des résultats d'un sondage, commandé
spécialement à Environics, sur l'impression qu'a le public de l'objectivité
– ou du manque d'objectivité – des médias. Les résultats du sondage
confirment que la télévision constitue la principale source d'information de la
plupart des Canadiens et, ce qui est peut-être plus surprenant, qu'elle est
beaucoup mieux placée que les journaux en ce qui a trait à ce que le public
perçoit être l'objectivité, l'exactitude et de la profondeur des reportages. Le
réseau anglais de la télévision de Radio-Canada est de loin le plus réputé pour
les nouvelles politiques. Autre résultat surprenant, étant donné les plaintes
exprimées par le gouvernement à l'égard de la partialité de Radio-Canada dans
ses reportages, les partisans conservateurs ont davantage confiance en
l'objectivité de ce réseau que les partisans néo-démocrates ou libéraux.
Peter Desbarats apporte quelques idées neuves sur un sujet rabâché en faisant une
analyse excellente de l'influence des médias sur la politique. Sa
démystification de l'« âge d'or de la presse » est des plus
intéressantes. Il déclare à ce sujet : « Quelques heures passées dans
les archives de microfilms de n'importe quel grand quotidien canadien
remettront les idées en place à tous ceux qui croient que l'époque de la télévision
a été précédée par une époque de journaux de qualité supérieure ».
Comme à son habitude, Eugene Forsey fait des remarques mordantes et enrichissantes sur
la réforme du Sénat. Il n'est guère optimiste quant aux chances de succès d'un
Sénat élu avec représentation égale des provinces, mais il invoque le rapport
Lamontagne de 1980 pour proposer certaines réformes pratiques qui, pour la
plupart, ne se heurteraient pas aux obstacles pratiquement insurmontables du
processus de modification constitutionnelle.
L'article de loin le plus long et, à certains égards, le plus enrichissant, est l'analyse
savante de Carolyn Thompson des lois sur les conflits d'intérêts au pays. Même
s'il se concentre sur des détails comme la portée et l'étendue de la législation,
les définitions du conflit d'intérêts et les dispositions relatives à la
divulgation des renseignements, au transfert de biens et aux fiducies sans
droit de regard, cet article est relevé par un commentaire réfléchi sur les
grandes questions politiques en jeu.
Le livre est gâché par un nombre inimaginable d'erreurs typographiques et une rédaction
trop peu rigoureuse; pour n'en citer qu'un exemple, on peut lire, sur
deux pages consécutives, qu'à la suite des récentes élections tenues en
Ontario, 48 p. 100, « environ 40 p. 100 », et 37,6 p. 100
des députés élus étaient des nouveaux venus. Malgré tout, Canadian Legislatures
1987/1988, comme les éditions précédentes, est une mine de renseignements
utiles auxquels s'ajoutent quelques articles enrichissants.
Graham White
professeur de sciences politiques
Université de Toronto
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