Gaston Deschênes
Maureen McTeer, Petit guide du système parlementaire canadien, Montréal, Libre
Expression, 1987, 124 pages.
Dans son rapport publié en octobre 1987, le Comité d'étude extra-parlementaire sur la
rémunération et les allocations de dépenses des membres de l'Assemblée
nationale souhaitait que « des efforts réels et sérieux [soient]
entrepris, dans les meilleurs délais, afin d'informer la population de la
réalité du travail qu'accomplissent chaque jour, au service du pays tout
entier, les cent vingt-deux députés québécois ».
Ceux et celles qui voudront contribuer à la réalisation de ce vœu devraient s'inspirer
du Guide publié par Mme Maureen McTeer.
En effet, dans la poursuite de cet objectif, le Petit guide du système parlementaire
canadien surpasse les documents semblables publiés précédemment. A certains
égards, il se rapproche de l'intéressant BBC Guide to Parliament produit à
Londres en 1979. Chose certaine, on est loin des bonnes vieilles brochures sur
le civisme publiées par le Bureau des Actualités de la Défense nationale dans
les années 1950!
A première vue, la table des matières ressemble à celle de Comment fonctionne le
Parlement de Russell Hopkins : on ne peut éviter les sections sur la
constitution, le gouverneur général, la Chambre des communes, le Sénat, le
processus législatif, les élections. Toutefois, le Petit guide ne s'étend pas
trop longuement sur la procédure et il réserve ses pages pour les édifices
parlementaires, la Charte des droits et libertés et un glossaire de termes
parlementaires.
Le Petit guide se distingue par sa présentation. On y trouve des photographies, mais aussi
des schémas explicatifs et des dessins.
Le guide est parsemé de notes hors-texte qui expliquent les usages et la procédure, qui
donnent des informations biographiques et historiques, qui définissent des
termes parlementaires. Enfin, l'auteure fournit des suggestions pratiques sur
la façon d'obtenir de plus amples informations sur les sujets traités.
Sur la conception générale de l'ouvrage, il y a fort peu à redire. Peut-être
faudrait-il ajouter quelques paragraphes sur le rôle du député comme
« contrôleur » de l'activité gouvernementale et replacer le Président
de la Chambre en tête de liste des fonctions parlementaires. Les conseils
donnés aux étudiants sont sûrement utiles, mais faut-il aller jusqu'à offrir de
l'aide pour les devoirs? Ou offrir les services du député pour obtenir
des timbres du maître de poste du Parlement? L'auteure adopte le ton
neutre qui convient à ce genre d'ouvrage; elle n'a laissé percer ses
sentiments qu'une seule fois en donnant son opinion personnelle sur l'accord du
lac Meech...
L'ouvrage aurait mérité une révision plus serrée pour éviter quelques erreurs mineures.
Ainsi, la sécurité de la vieillesse n'est pas une responsabilité partagée
(p. 32) et une majorité simple suffit pour défaire un député (p. 28). Certaines
définitions devraient être retouchées : le quorum n'est pas un
« nombre précis », mais un nombre « minimum », et la
législature n'est pas un « lieu » où se réunissent les députés. Les
spécialistes du droit parlementaire pourraient aussi reprocher à l'auteure son
interprétation du rôle du premier ministre (primus inter pares?) et de la
masse (indispensable pour pouvoir siéger?).
Faut-il souligner, enfin, que la version française de l'ouvrage vient assombrir la
remarquable initiative de Mme McTeer?
Parfois, on a « trop » traduit : mieux aurait valu parler des
« hustings » plutôt que des « tréteaux » (p. 89), garder
« backbenchers » au lieu de « députés d'arrière-plan »
(p.112), et « filibuster » pour « obstruction » (p. 85).
Ailleurs, il s'est glissé des anglicismes comme « office »,
« prendre le vote », « rapportés », « division »,
« redistribution », « statut » (p.115), et des expressions
telles que « converger sur », « sollicité les responsabilités
publiques », « prit naissance ». Ajoutons que
« stranger » devrait se traduire par « étranger » et non
par « intrus », et « comté sûr », par « château
fort » ou « forteresse ». Quant au nom de
John C. Bourinot, il ne se traduit pas par « Boreno » (p.70) !
Il s'agit de détails qui n'enlèvent rien au mérite de l'ouvrage, mais leur nombre est
assez considérable pour attirer l'attention. L'édition originale est
probablement meilleure. Tant mieux pour les lecteurs anglophones qui
apprécieront sans réserve le guide de Mme McTeer.
Gaston Deschênes
Directeur de la Division de la recherche
Bibliothèque du Parlement
Assemblée nationale du Québec
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