PDF
Né à la Nouvelle-Orléans, Emery Barnes a vécu ensuite en Oregon où il s'est distingué
comme étoile de football et d'athlétisme à l'université de cet État. En 1952,
il était choisi comme athlète substitut pour l'épreuve du saut en hauteur dans
la formation olympique américaine. Il a ensuite été membre des équipes de
football Green Bay Packers et British Columbia Lions. Élu pour la première fois
à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique en 1972, il a conservé son
siège à chaque élection subséquente. Nous l'avons interviewé pour la Revue
parlementaire canadienne en janvier 1987.
Parmi les quelque 1100 législateurs fédéraux et provinciaux du Canada, vous êtes
probablement celui qui a le passé le plus curieux. Racontez-nous d'abord
comment vous êtes venu au Canada?
J'ai quitté l'armée américaine en 1956, puis j'ai été provisoirement engagé par les
Green Bay Packers, une équipe de la Ligue nationale de football. C'était
avant Vince Lombardi et les grandes équipes, mais il y avait tout de même de
bons joueurs comme Bart Starr et aussi Ralph Goldston, avec qui je me suis lié
d'amitié et qui m'a aidé à venir au Canada.
Durant la saison des matchs hors série, nous sommes allés à Greensboro, en Caroline du
Nord, pour jouer une partie. Nous nous sommes arrêtés dans un restaurant pour
dîner et tous les joueurs blancs se sont rendus dans la salle à manger.
Les Noirs qui avaient déjà joué dans le Sud savaient ce qui les attendait. Pas moi. J'ai
donc été tout droit m'asseoir à table.
Un serveur est venu tout de suite vers moi et m'a demandé d'aller manger dans la
cuisine avec les autres Noirs. J'étais furieux et prêt à me battre, mais
Goldston et d'autres m'ont convaincu que c'était la façon dont les choses se
passaient dans le Sud. La même chose s'est produite à l'heure du coucher. Les
Noirs ont tous dû se rendre dans un motel réservé aux Noirs.
Ayant vécu dans le Sud, vous deviez savoir ce qu'était la ségrégation?
Je crois que ce qui m'ennuyait
le plus, c'était la façon dont mes camarades et mes entraîneurs blancs
refusaient de prendre parti pour moi et les autres Noirs. Ce n'était pas
seulement la ségrégation. Un jour, un certain Dave « Hog » Hanner, un véritable sudiste qui faisait partie de l'équipe, a
frappé à ma chambre pour me dire qu'il m'avait vu ne pas répondre à un gamin
blanc qui m'avait demandé un autographe. Il m'a averti de ne jamais plus
recommencer, puis il m'a cloué au mur à coups de poing, Je me suis affaissé.
C'est ce qui a déclenché une bagarre terrible, la pire de ma vie.
Nous étions tous deux grands et forts et le temps que nous nous sommes battus m'a
semblé une éternité.
Lorsque j'ai finalement eu raison de lui, j'étais si furieux que j'ai commencé à le
traîner dans l'intention de le projeter du cinquième dans la cage de
l'escalier. J'aurais pu le tuer si certains de mes camarades blancs et noirs ne
m'avaient arrêté.
De retour à Green Bay, j'ai parlé à mes entraîneurs. Ils m'ont dit que je ne faisais pas
l'affaire et qu'ils n'avaient pas besoin de me faire un dessin. Comme je
bouclais mes valises, j'ai reçu une note de Hanner me demandant d'aller le voir
dans la salle d'entraînement. Je n'en ai pas fait cas, mais Goldston m'a alors
dit qu'il fallait parfois faire des choses désagréables. J'ai donc décidé d'y
aller sans trop savoir à quoi m'attendre. Hanner s'est montré très gentil et
voulait parler sérieusement. Il m'a dit que j'étais un homme extraordinaire
puisque je n'hésitais pas à défendre mes convictions et qu'il avait appris
quelque chose de cette histoire. Il m'a souhaité bonne chance. Mais ces
quelques mots me coûtaient bien cher.
Vous n'étiez pas malheureux de quitter les États-Unis?
À cette époque, je venais de quitter l'armée et j'avais une jeune famille sur les bras.
Malgré un diplôme supérieur, je n'arrivais pas à trouver un emploi. En fait,
j'ai demandé de l'aide à un membre du Club des anciens de l'Université de
l'Oregon, qui avait essayé de me recruter quelques années plus tôt en m'offrant
des bourses d'athlétisme. Je n'ai pas pu le rencontrer, mais le Club m'a
répondu qu'ils essaieraient de me trouver un emploi de porteur dans une gare
de chemin de fer locale.
J’avais toujours eu foi en mon pays, les États-Unis, en sa constitution et en ses
principes. C'était peut-être de la naïveté, mais je croyais aussi tous les
slogans. Lorsque je suis parti pour jouer au football au Canada, je me sentais
comme un réfugié politique.
Ressentez-vous encore de l'amertume envers les États-Unis?
Je suis citoyen canadien et je n'ai aucun regret. Au fil des années, j'ai constaté que
les préjugés n'étaient pas l'apanage des États-Unis. Il y a toutes sortes de
gens dans chaque société. Nul n'est parfait. Je suis moins prompt à jeter la
pierre à quelqu'un et j'ai probablement mis de l'eau dans mon vin. L'âge et
l'expérience m'ont appris que nous sommes les maîtres de notre propre destinée.
Je m'intéresse davantage aux changements sociaux et aux options qui s'offrent
constamment à moi en tant qu'individu, qu'à blâmer un groupe ou une société
pour tous les maux de la terre.
Pouvez-vous
citer quelques instants mémorables de votre carrière de joueur de football
professionnel au Canada?
Je suis venu à Vancouver jouer pour les BC Lions en 1957, mais une grave blessure à la
jambe cette année-là m'a écarté du jeu pendant 18 mois. J'ai manqué toute la
saison 1958. J'ai donc fait un diplôme de travailleur social à l'Université de
la Colombie-Britannique. À titre d'ancien militaire américain, je touchais
quelque 150 $ par mois en vertu du G.I. Bill. Ma famille devait s'en
contenter; ce n'était pas facile. L'année suivante, Hamilton m'a donné une
chance. Mais cette équipe avait déjà d'excellents joueurs parmi les plaqueurs
défensifs et les ailiers, et il n'était pas question pour moi de me mesurer à
eux.
Je me suis retiré du football pendant trois ans au cours desquels j'ai mis à profit
mes connaissances de travailleur social auprès de la jeunesse et dans le cadre
de divers projets dont la Narcotics Addiction Foundation; j'ai été également
surveillant de la formation sociale au Haney Correctional Institute. Mon
prédécesseur là-bas avait été Dave Barrett qui s'était lancé en politique pour
devenir plus tard premier ministre de la Colombie-Britannique.
J'espérais toujours me retrouver sur un terrain de football et en 1962, l'entraîneur Dave Skrein m'en a donné l'occasion en pleine saison, lorsqu'un joueur de ligne des
BC Lions s'est blessé. J'ai fait partie de l'alignement partant le reste de la
saison. En 1963, nous avons joué en finale de la coupe Grey. C'est alors que 24
heures avant cette partie, l'entraîneur de la ligne de défense Jim Champion m'a
avisé que je n'allais pas jouer ni même revêtir l'uniforme pour cette finale.
Je me suis souvent demandé si la question de la race n'était pas intervenue
dans cette décision. Champion était le genre d'entraîneur qui pouvait dire de
Willie Flemming, notre joueur vedette : « Plus cet homme court vite, plus
son teint blanchit ».
Inutile de dire que j'ai été contrarié par cette décision. L'année suivante, nous avons
encore participé à la coupe Grey et, cette fois, nous l'avons remportée, mais je
m'étais blessé et n'ai pu prendre part aux dernières parties. Il était possible
que je puisse jouer en finale, et l'entraîneur Skrein a essayé de me persuader
de revêtir au moins l'uniforme. Mais jouer dans une atmosphère de surexcitation
pouvait aggraver ma blessure et malheureusement j'ai dû répondre : « Désolé,
monsieur l'entraîneur ».
Pratiquez-vous
encore activement les sports depuis votre retraite?
J'ai été entraîneur à l'Université de la Colombie-Britannique et pour les Meralomas de
la ligne junior. J'ai toujours été une personne entreprenante, intense, qui
veut utiliser tous les moyens possibles pour arriver à ses fins. Je n'aimais
pas vraiment être entraîneur. Je me voyais en train de transmettre des valeurs
qui ne convenaient peut-être pas aux sports de contact. Je me suis maintenu en
bonne forme physique et je m'entraîne présentement pour participer aux
rencontres d'athlétisme des Maîtres cette année.
Il semble que la première partie de ma vie ait été davantage orientée vers l'athlétisme
et l'action. Mon côté cérébral s'est épanoui plus tard, de même que ma
conscience sociale. J'ai changé totalement d'activités, par exemple en étudiant
depuis cinq ans le piano que j'adore. J'aurai peut-être mon propre orchestre un
jour.
Comment êtes-vous passé du terrain de football à l'Assemblée législative?
Le chemin n'a pas été direct. Celui qui m'a le plus aidé a été Dave Barrett que j'avais
connu quelque temps comme collègue de travail social. Une fois entré en
politique, il n'a cessé de vouloir m'y attirer. Je lui avais dit à maintes
reprises que je n'étais pas fait pour la politique, mais il me répétait sans
cesse que j'avais quelque chose de différent à apporter.
Entre-temps, j'avais abandonné le service social et ouvert un club de nuit à Harrison Hot
Springs. Le Emery's Plug, comme je l'avais appelé, allait déjà bon train. je
trouvais tout cela merveilleux, mais j'imagine que je n'avais pas la bosse des
affaires, puisque j'ai échoué et tout perdu. Je suis retourné à Vancouver sans
le sou et sans travail. J'ai appelé Barrett et suis allé le voir à Victoria.
C'était la première fois que je voyais l'Assemblée législative. Il m'a fait
visiter les lieux, en m'incitant à me lancer en politique comme candidat
néo-démocrate.
Mais voilà qu'à l'Assemblée, je tombe sur Herb Cappozzi, l'ancien gérant des BC
Lions. Il voulait qu'on se voie un moment, mais comme c'était un créditiste,
Barrett s'y refusa catégoriquement. Vers la même époque, j'avais obtenu un
emploi au Centre communautaire de Killarney comme directeur des programmes
destinés aux enfants et aux adolescents.
Avez-vous
remis à plus tard votre décision d'entrer en politique?
Non, les élections devaient avoir lieu en 1969 et, après avoir examiné trois
circonscriptions possibles, j'ai décidé de me présenter dans Vancouver-Centre.
Je n'oublierai jamais cette première mise en candidature que convoitaient un
certain nombre de personnalités très qualifiées. Je suis allé à cette réunion
sans connaître la différence entre un comité exécutif et un caucus, j'ai soumis
mon nom et l'on m'a choisi. J'ai été défait mais j'ai obtenu quand même un bon
nombre de voix. En 1972, je me suis représenté.
Cette fois, il n'a pas été aussi facile de devenir candidat. Le parti était miné par
de graves dissensions internes, mais c'est peut-être justement parce que je
n'étais mêlé à aucune faction que j'ai réussi une fois de plus à me faire
accepter et là, j'ai été élu.
La
Colombie-Britannique a produit certains hommes politiques assez peu
conformistes. Vous avez ajouté à cette tradition en décidant de vivre pendant
deux mois de l'aide sociale. Comment avez-vous pris cette décision?
Un groupe d'organismes communautaires connu sous le sigle ELP (End Legislated Poverty)
avait lancé au premier ministre et au chef de l'opposition le défi de désigner
un député qui ferait l'expérience de la vie que mène un assisté social avec ce
que lui verse le gouvernement de la Colombie-Britannique.
Après avoir considéré un certain nombre de facteurs dont la motivation politique des
organisateurs et le tort que pouvaient causer au parti les commentaires des
médias, nous avons décidé de relever le défi.
Les règles fixées par le mouvement ELP étaient assez simples. Je recevrais
350 $ pour une période de 30 jours. De cette somme, un maximum de
200 $ pouvait être consacré au lover. je devais aussi acheter un
laissez-passer d'autobus à 40 $ pour pouvoir chercher un emploi. Le reste
pouvait servir à la nourriture, aux boissons, aux loisirs ou à quoi que ce soit
d'autre. J'avais convenu de n'accepter ni aumône ni cadeau, bien qu'on m'en ait
offert beaucoup.
J'étais censé respecter la règle voulant que tout revenu de 50 $ soit déclaré au
travailleur social et déduit de mon chèque. Cette règle dissuade les gens de
demander de l'aide et les pénalise s'ils obtiennent du travail. La possibilité
de fraude est vraiment minime. J'ai trouvé que la plupart des assistés sociaux
luttaient instinctivement pour leur survie et qu'il n'y avait pas place pour la
fraude dans cette lutte.
Un grand nombre de personnes ne peuvent vivre du bien-être social que grâce aux dons
qu'ils reçoivent et de ce qu'ils peuvent grappiller dans les arrière-cours. Mon
expérience m'a porté à conclure qu'il faudrait au moins 700 $ par mois
rien que pour subsister.
Du fait que je suis un homme public, certains pouvaient dire que mon expérience n'était
pas probante. Il est vrai qu'au début, j'avais énormément retenu l'attention
des médias. C'est pourquoi j'ai prolongé l'expérience de 23 jours, jusqu'à la
fin de février.
Cette expérience doit vous avoir donné suffisamment de quoi attaquer le gouvernement?
J'ai essayé de prendre une attitude plutôt philosophique et beaucoup ont été surpris
que je n'aie pas davantage attaqué le gouvernement. J'ai beaucoup songé à mes
jeunes années où je vivais dans la pauvreté à la Nouvelle-Orléans. J'ai aussi
pensé à l'immensité du problème et à la futilité de vouloir s'y attaquer par de
simples paroles ou des études. Maintenant, après plus d'un an, j'essaie encore
de m'absorber dans certaines pensées qui me sont venues durant cette période.
Par exemple, pourquoi les personnes nées pauvres oublient-elles souvent, quand
elles s'enrichissent, ce que c'est que la pauvreté, et négligent-elles d'aider
les moins fortunés? Ceux qui donnent de l'argent, le font-ils parce qu'ils se
sentent coupables? L'argent suffit-il? Il faut peut-être donner de soi-même.
J'ai pensé à tout l'argent qui était consacré aux études, à la recherche, à la défense.
Si la seule réponse est : ainsi va la vie, il faudrait peut-être alors que nous
songions à changer de cap.
On dirait que cette expérience a ébranlé votre confiance dans le processus
politique traditionnel?
Je pense qu'une attitude purement partisane déforme notre compréhension de la pauvreté.
Les partis feront ce qu'ils peuvent pour s'attaquer au problème. Je suis
persuadé que le mien fera de son mieux, mais il aura besoin d'aide. Le parti
est un instrument de la politique officielle, il ne doit pas être une fin en
soi.
La pauvreté non plus ne se limite pas à Vancouver ou à la Colombie-Britannique.
C'est un problème national et international, dont la solution n'incombe pas à
un seul parti. C'est pourquoi je n'ai condamné ni le gouvernement, ni aucun membre
de la société. C'est un manque de volonté collective.
Je me demande plutôt quelles sont les mesures qu'on peut raisonnablement prendre pour
lutter contre la pauvreté. La solution ne passe pas simplement par la politique
partisane qui peut néanmoins en faire partie. Il faudrait peut-être pour cela
parler aux jeunes ou descendre dans la rue.
Après l'expérience que j'ai faite, on m'a sollicité de partout pour raconter ce que
j'avais vécu. Pourtant, je ne me sentais pas prêt à donner aux gens ce dont ils
avaient besoin, c'est-à-dire une voie à suivre. C'est facile de parler, mais je
n'ai pas de réponse. Je ne suis pas très intéressé non plus à examiner ce qui
se passe dans d'autres sociétés, qu'elles soient capitalistes ou socialistes.
Elles ont toutes du bon et du mauvais.
Nous devons essayer de prendre du capitalisme et du socialisme ce qu'il y a de mieux
pour donner un bon départ à tous. Nous devons gouverner de façon plus réaliste
en tenant compte du seuil de pauvreté. Nous devons assurer un niveau de vie
minimum et permettre à tous, notamment, de s'instruire.
Nous devrions cesser de penser la société en termes de classes pour voir dans les
autres des frères et des soeurs. Nous devons surtout écouter, même ceux qui ne
partagent pas nos idées. Par exemple, il m'est arrivé déjà de mépriser les gros
richards, mais il faut dialoguer aussi avec eux. Tous ceux qui restent
indifférents à ces grandes questions ont encore beaucoup à apprendre de la vie.
Ne croyez-vous pas que les hommes politiques ont le devoir de diriger?
Oui, l'homme politique doit être un meneur, mais je le vois plutôt comme un
catalyseur. Martin Luther King n'était pas élu et pourtant il était aussi bien
un catalyseur qu'un meneur. Il est entré en scène au moment où une vieille dame
noire a dit qu'elle était fatiguée et qu'elle voulait s'asseoir dans l'autobus.
Beaucoup ont jugé qu'elle avait raison.
Il faut que le monde soit prêt à changer. Je veux savoir, au cours des prochains mois,
si mes préoccupations sont partagées par d'autres dans la société. C'est
essentiel pour un homme politique et pour le leadership. On n'apprend pas cela
à l'université. La vie s'en charge. Fort de cette connaissance, je pourrai
peut-être alors mettre à profit ce que j'ai appris durant l'expérience que j'ai
vécue.
Vous êtes assez bien placé pour observer les relations canado-américaines. Je me
demande ce que vous pensez de l'avenir de ces relations?
Pour négocier, il faut savoir jusqu'où on peut aller. Les États-Unis négocient d'une
position de force et ils essaient d'exploiter les faiblesses de leur
interlocuteur. C'est naturel, mais ils peuvent se méprendre sur nos faiblesses.
Ils peuvent même nous pousser à nous dépasser, ce que nous n'aurions peut-être
pas fait autrement.
Le Canada dépend et continuera de dépendre du commerce avec les États-Unis pour maintenir
son niveau de vie. La dépendance n'est pas une situation très enviable et il
faudra décider quand nous serons prêts à nous débrouiller tout seuls. À mon
sens, les partis politiques devraient dire franchement aux Canadiens ce qu'il
leur en coûtera pour devenir autonomes. Autrement, ce serait un mauvais départ.
Ni les Américains, ni personne d'autre, ne nous respecteront tant que nous ne voudrons
pas faire une analyse des coûts et avantages collectifs et en accepter les
conséquences. Nous ne pouvons pas bluffer puisqu'il s'agit de nos vies et du
destin de notre peuple. Il nous faut faire preuve de combativité et nous dire :
Nous vivrons par nous-mêmes ou, au moins, nous saurons pourquoi.
Personnellement, j'ai connu la privation si longtemps que la perspective
d'endurer ou de me taire ne me dérange pas.
Finalement, je me demande si les Américains n'ont pas plus besoin de notre amitié que nous
de la leur. Nous devrions négocier à partir de là. À cet égard, je dois rendre
hommage à un vieil adversaire, l'ancien premier ministre W.A.C. Bennett, qui
avait l'habitude de dire que la Colombie-Britannique n'était pas à vendre.
C'était pure rhétorique, mais l'idée est assez juste.
Je le répète, j'aimerais mieux savoir ce qu'en pense la population. Nous ne tenons
pas souvent de plébiscites dans notre pays et c'est peut-être un tort.
|