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Saskatchewan
Cet automne, on a
tout simplement poursuivi les travaux de la quatrième session, contrairement, à
la pratique habituelle qui consiste à ouvrir une nouvelle session chaque automne.
Avant l'ajournement des fêtes de fin d'année, 26 projets de loi ont été étudiés
et adoptés. La mesure législative la plus controversée a été le projet de loi
qui a fait de la Saskatchewan Oïl and Gas Corporation, autrefois société de la
Couronne, une société publique établi en vertu de la Loi sur les corporations
commerciales, dont 49 p. 100 des actions étaient offertes en vente au public.
Après maintes discussions et d'importantes modifications, le projet de loi a
été sanctionné le 13 décembre. C'était la plus importante initiative de
privatisation des sociétés de la Couronne, depuis l'élection du parti
progressiste conservateur en 1982.
Au nombre des autres
mesures législatives, il faut signaler l'aide accordée aux agriculteurs
victimes de la sécheresse, et la subvention faite à la compagnie New Grade
Energy Inc. pour l'établissement en Saskatchewan d'une usine de traitement du
pétrole lourd. Les députés ont aussi adopté des modifications à la Loi sur
l'Assemblée législative pour abolir l'indexation des indemnités et allocations
versées aux députés pour services additionnels en 1986.
Un autre changement
important opéré par l'Assemblée législative a été de reléguer au ministère de
la justice la rédaction des lois du gouvernement qui était jusqu'ici confiée au
bureau du légiste et conseiller parlementaire. Désormais, ce bureau s'occupera
donc exclusivement des charges dont il est responsable envers l'Assemblée
législative et ses membres. Pour des raisons administratives, le légiste et
conseiller parlementaire relève maintenant de la Commission de la régie
interne.
La session a été
marquée par la démission du ministre de la Voirie, M. James Garner, à la suite
d'allégations d'irrégularités dans l'utilisation de l'aéronef du gouvernement.
Toutefois, la principale nouvelle est survenue le 16 décembre, après
l'ajournement de la session, lorsque le premier ministre, M. Grant Devine, a
annoncé un profond remaniement de son Cabinet. Seuls 5 des 23 membres de ce
Cabinet ont échappé à cette réorganisation massive qui a amené onze ministres à
changer de ministère, sept à retourner au rang de simple député et trois
nouveaux à accéder au Cabinet. Le nombre de ministres du Cabinet s'est trouvé
réduit à dix-neuf, dans le cadre d'une opération que le premier ministre a
qualifiée de nouvel effort en vue d'accroître l'efficacité, d'aider la
jeunesse, de renforcer le secteur agricole et l'industrie et d'améliorer le
sort de nos citadins. Selon le chef de l'opposition, M. Allan Blakeney, cet
important remaniement a des allures de désespoir. On essaie, dit il, de
persuader la population que de nouveaux visages équivalent à de nouvelles
politiques.
Le 23 décembre, le
caucus du gouvernement a été secoué par un autre changement lorsque le député
de Canora, M. Lloyd Hampton, a annoncé qu'il changeait de côté. Au cours des
semaines suivantes, on a répété à maintes reprises que M. Hampton et le député
indépendant M. Bill Sveinson, joindraient les rangs du Western Canada Concept,
donnant ainsi deux nouveaux sièges a ce parti, ce qui lui permettrait d'être
désigne comme troisième parti officiel. Mais les membres du parti ne savent
trop bien s'ils doivent accepter les deux députés car le chef du parti dit oui
et le président non. Au moment d'aller sous presse, la question n'était pas encore
résolue et les deux députés continuent de siéger comme indépendants.
L'Assemblée législative fut rappelée le 30 janvier afin
de régler un conflit de travail entre les 12 000 fonctionnaires de la
Saskatchewan et leur gouvernement. Les fonctionnaires provinciaux étaient sans
contrat depuis seize mois et participaient à des grèves tournantes depuis
plusieurs mois.
On prend pour acquis
que cette année sera une année d'élections en Saskatchewan car il y aura quatre
ans en avril 1986 que le gouvernement a été porté au pouvoir. La question de
savoir si ces élections se tiendront au printemps, à l'automne OU peut-être
même au début de 1987 alimente les conversations dans plus d'un cercle, tandis
que les partis s'apprêtent à mettre en marche leur machine électorale.
Gwenn Ronyk. greffier adjoint, Assemblée législative de la
Saskatchewan.
Québec
Les députés élus aux
élections générales du 2 décembre 1985, ont tenu leur première séance à quinze
heures, le lundi 16 décembre, jour d'inauguration de la première session de la
trente troisième législature. Dès l'ouverture, l'Assemblée devait s'élire un
président et deux vice-présidents. Le doyen de la Chambre, M. Georges
Vaillancourt (Orford)a présidé à l'élection qui a conduit M. Pierre Lorrain
(Saint-Jean) au fauteuil présidentiel. M. Jean-Pierre Saintonge (Laprairie)et M
Louise Bégin (Bellechasse) ont ensuite été élus à la vice présidence de
l'Assemblée.
La session a été
officiellement inaugurée par le lieutenant-gouverneur, M. Gilles Lamontagne,
qui a souligné la place importante faite au thème du changement à l'heure
actuelle.
Le discours
d'ouverture
Mme Lise Bacon, vice
première ministre et ministre des Affaires culturelles, a fait connaître les intentions
du gouvernement dans le discours d'ouverture qu'elle a prononcé à partir du
fauteuil du premier ministre Robert Bourassa. Ainsi, Mme Bacon a réaffirmé que
le nouveau gouvernement voulait se faire moins présent dans la vie quotidienne
des Québécois, en laissant plus de place à l'initiative individuelle et à
l'esprit d'entreprise. Le gouvernement veut également créer des emplois,
assainir les finances publiques, améliorer les services, alléger la fiscalité
et moderniser l'économie. L'État ne sera plus le moteur privilégié mais le
catalyseur de la société québécoise. L'essentiel de l'action du gouvernement
consistera à déterminer les grands objectifs sociaux, à arbitrer les intérêts
divergents, à offrir des services efficaces à la collectivité, à soutenir les
plus défavorisés. L'Assemblée elle-même s'efforcera d'être plus rigoureuse et
plus innovatrice. Il y aura moins de lois mais plus de temps consacré au
contrôle de l'administration publique, à des propositions de changements et de
réforme. Le gouvernement réaffirme son désir de créer 400 000 emplois au cours
des cinq prochaines années, en relançant l'économie sur des bases solides et
durables.
Dans ses
négociations avec ses employés, l'État entend procéder avec justice et équité.
Certaines règles d'ordre linguistique seront révisées, afin que tous les
citoyens obtiennent un statut égal au Québec. Les communautés culturelles
seront de plus en plus associées à la vie de la société. Le gouvernement
annonce la création d'un Office pour les personnes âgées et d'un Conseil
permanent de la jeunesse. D'autre part, une commission parlementaire étudiera
les modalités de financement de la participation de la femme au foyer au régime
des rentes du Québec La politique de développement culturel annoncée durant la
campagne électorale fera aussi l'objet d'un examen en commission parlementaire,
sous la direction du député de Bourget, M. Claude Trudel. La protection de
l'environnement sera finalement l'objet d'une Charte de la qualité de la vie.
Le lendemain, M.
Pierre marc Johnson, chef de l'Opposition, donna la réplique du Parti québécois
aux propositions du gouvernement de M. Bourassa. Il dénonça le caractère
prématuré de la présente session. Caractère confirmé, selon lui, par le
discours inaugural qui annonce des choses qui existent et qui récupère le
vocabulaire du changement et du progrès. Discours silencieux par ailleurs sur
des orientations importantes pour le Québec sur la façon dont le gouvernement
entend faire face aux problèmes budgétaires actuels.
Déclaration
complémentaire sur le budget Mercredi, le 18 décembre, le ministre des
Finances, Gérard D. Lévesque a communiqué à la Chambre un énoncé de politiques
budgétaires. Six jours après son entrée en fonction, le gouvernement de M.
Bourassa a appliqué des mesures annoncées durant la campagne électorale :
suppression de la taxe sur certaines primes d'assurances, abolition de la
surtaxe sur les carburants dans les régions périphériques et modifications de
la table d'impôt. Cependant, pour réduire le déficit de l'année financière
actuelle, le gouvernement retarde de trois mois l'application des allégements
fiscaux du budget Duhaime et il entreprend une vaste opération de coupures
budgétaires dans les dépenses gouvernementales de 950 millions de dollars d'ici
le 31 mars prochain. Il compte même réévaluer certaines décisions prises entre
le ler avril et le 12 décembre par le gouvernement précédent.
L'appareil
administratif sera mis à contribution dans l'immédiat. Des dépassements
autorisés par l'ancienne administration seront interdits, ce qui pourrait se
traduire par l'annulation de certains contrats ou de subventions, le Sel des
effectifs vacants et même certains congédiements de personnel occasionnel. De
nouveaux objectifs de crédits périmés seront fixés par le Conseil du trésor.
Les impôts et les taxes devront rapporter 151 millions de dollars de plus d'ici
le 31 mars 1986, afin de compenser pour les 201 millions absents dans le nouvel
équilibre budgétaire.
Le Québec va
instaurer en 1986 un impôt minimum de remplacement analogue à celui d'Ottawa.
Le taux combiné des deux régimes d'impôt minimum sera de 27,78 %.
M. Lévesque a ajouté
que le gouvernement Bourassa comptait publier prochainement un document sur
l'économie, les finances publiques et le processus budgétaire. Distribué avant
le 31 mars, ce document préparera le budget 19861987 en informant la population
du Québec sur la situation financière du gouvernement.
M. Lévesque a
demandé par ailleurs à son homologue fédéral de réévaluer avant le 31 mars le
montant des paiements de péréquation. Québec serait la seule province à ne pas
bénéficier de transferts fiscaux supérieurs à 95 'Io comme la chose avait été
garantie par Ottawa. Cette année, le Québec ne recevrait que 92,5 % des
transferts reçus en 19841985, contre 112,4 % pour le Nouveau Brunswick.
Pour le chef de
l'Opposition, Pierre Marc Johnson, ce budget libéral n'est qu'une vaste
opération de relations
publiques, puisque
la majorité des contribuables québécois ne bénéficieront que de 10 $
d'allégement fiscal supplémentaire en 1986. M. Johnson s'inquiète des coupures
annoncées sans précision. Il craint un ralentissement considérable de la
machine administrative, à cause de la technique du gel croisé imposée par le
Conseil du trésor. À son avis, ce budget ne contient rien pour les jeunes, rien
pour les entreprises et constitue un recul pour la famille.
Huit des neuf
projets de loi présentés durant la semaine ont été sanctionnés jeudi en soirée.
La Chambre a ajourné ses travaux jusqu'au mardi 11 mars 1986.
Yvon Thériault, Service d'indexation et de bibliographie,
Assemblée nationale du Québec.
Le Sénat
Trois débats
d'urgence ont eu lieu au cours des derniers mois pour discuter de questions
d'intérêt public pressantes. Le 6 novembre, Hazen Argue proposa l'ajournement
du Sénat pour discuter le fait que le gouvernement n'avait pas annoncé son
programme d'aide aux agriculteurs frappés par la sécheresse, et la nécessité
d'annoncer immédiatement un programme d'aide aux agriculteurs des provinces du
Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Colombie Britannique. Le 4
décembre, Jerry Grafstein proposa que le Sénat ajourne ses travaux pour
discuter la crise des industries culturelles du Canada, crise qui a été
précipitée par le refus du gouvernement d'exclure les industries culturelles
des pourparlers commerciaux avec les États-Unis. Plusieurs sénateurs
participèrent à ce débat qui se prolongea jusque vers trois heures du matin. Le
28 janvier, Joyce Fairbairn proposa l'ajournement du Sénat pour discuter l'état
critique de l'industrie de la betterave à sucre au Canada.
Le mardi 10 décembre
fut une journée un peu inusitée car le Sénat tint deux séances distinctes. Au
cours de sa première séance normale, la Chambre des communes demanda au Sénat de
se joindre à elle pour adopter une résolution déclarant que Raoul Wallenberg,
qui a courageusement sauvé la vie d'un millier de femmes, d'hommes et d'enfants
juifs innocents, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, soit déclaré citoyen
honoraire du Canada. Mais le consentement unanime nécessaire pour renoncer aux
exigences d'avis préalable fut refusé par les sénateurs. Moins de deux heures
après cet ajournement, le Sénat fut rappelé, en conformité de l'article 14A du
Règlement qui stipule que le président peut convoquer une réunion d'urgence
s'il est convaincu qu'elle est dans l'intérêt public. Lors de cette seconde
séance, la résolution conjointe fut portée à l'ordre du jour et adoptée après
une brève discussion. Le leader du gouvernement au Sénat, Duff Roblin expliqua
qu'on avait demandé au Sénat d'étudier la résolution, vu que des manifestations
et des fêtes avaient été prévues ce soir là à l'extérieur du Parlement pour
marquer la nomination de M. Wallenberg au titre de citoyen honoraire.
Le jour suivant, le
leader de l'opposition, Allan MacEachen, en a appelé au Règlement pour
protester contre le rappel du Sénat. Selon lui, le seul événement marquant
l'adoption de la résolution devait être une conférence (le presse qui avait été
annulée. Le sénateur MacEachen estimait dévalorisant pour le Sénat d'être
rappelé pour cette raison là. Il présenta un avis de motion déclarant que les
événements du 10 décembre 1985 se rapportant à la deuxième séance distincte
étaient irréguliers et non recevables, et ne devaient pas être considérés comme
un précédent valable. Aucune suite ne fut donnée à cette motion.
Activités des
comités
Le 6 novembre, le
Comité permanent du règlement et de la procédure, présidé par M. Gil Molgat,
présenta trois rapports traitant de modifications de la cérémonie de la
sanction royale, de modifications au Règlement du Sénat concernant les genres
masculin et féminin, et du pouvoir des comités d'exiger du gouvernement une
réponse complète aux rapports qu'ils lui soumettent. Le 3 décembre, le rapport
portant sur l'utilisation des genres masculin et féminin fut adopté. Le 19
décembre, le rapport traitant des réponses que le gouvernement devrait donner
aux. rapports des comités fut référé pour étude au Comité permanent du
règlement et de la procédure. Le sénateur Roblin estime que le Sénat ne saurait
contraindre le gouvernement à faire quoi que ce soit par un article de son
Règlement, et que le comité qui souhaite recevoir une réponse au rapport qu'il
a présenté, devrait en faire la demande par l'intermédiaire du leader du
gouvernement au Sénat. Le rapport traitant des modifications apportées à la
cérémonie de la sanction royale fait encore l'objet de discussions.
Le Comité des
affaires juridiques et constitutionnelles, présidé par Joan Neiman, fut très
actif. Il soumit un certain nombre de
rapports, auxquels étaient annexées des observations et des recommandations au
sujet des projets de loi gouvernementaux suivants : le 28 novembre, rapports
sur les projets de loi C-47 et C-48, portant sur le divorce; le 18 décembre,
sur le projet de loi C-49, portant sur la prostitution et le 20 décembre, le
projet de loi C-81, traitant des loteries. L'un des projets de loi les plus
discutés fut le projet de loi C-74, Loi modifiant la loi constitutionnelle de 1867
et la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales, adopté
par la Chambre des communes, avant le congé de Noël. Le 23 janvier, le comité
présenta son rapport sur le projet de loi, sans modification. À la troisième
lecture, on découvrit que quelques témoins des provinces de l'Atlantique, qui
avaient estimé que ce projet de loi était préjudiciable à leur région, avaient
voulu comparaître devant le comité, mais s'en étaient abstenus, Le leader
adjoint de l'opposition, Royce Frith, estima qu'il incombait au Sénat
d'entendre ces témoins, vu que le Sénat avait été créé pour représenter autant
que possible les intérêts régionaux qui n'étaient pas exclusivement fondés sur
la population. Le 29 janvier, le sénateur Frith proposa qu'on ne procède pas à
la troisième lecture du projet de loi, mais qu'on le renvoie plutôt au Comité
des affaires juridiques pour qu'il l'étudie encore, ce qui fut convenu.
Le 18 décembre,
Arthur Tremblay, déposa un assez long rapport du Comité des affaires sociales,
des sciences et de la technologie, au sujet du document d'étude sur les
prestations aux enfants et aux personnes âgées. Le rapport intitulé Analyse des
prestations pour enfants et des prestations aux ' familles au Canada : Document
de travail était en réalité le travail d'un sous-comité du Comité des affaires
sociales, présidé par Lorna Marsden. Ce rapport traitait de la méthodologie qui
avait présidé à l'analyse des rapports entre, d'une part, les prestations
versées aux enfants par les gouvernements fédéral et provinciaux et, de
l'autre, les prestations accordées aux familles ayant des enfants à charge par
ces mêmes gouvernements. Cette étude conclut que les prestations provinciales
sont destinées aux familles qui disposent d'un revenu extérieur très peu élevé,
tandis que les prestations fédérales s'adressent davantage aux familles à
revenu moyen ou quelque peu inférieur parce que l'exemption fiscale pour enfant
et la déduction pour enfant à charge ne peuvent être utilisées que par les
familles qui ont un revenu imposable. On y note aussi que le montant de
prestations sociales que les familles reçoivent varie d'une province à l'autre.
Le Comité des
banques et du commerce, présidé par le sénateur Lowell Murray, déposa deux
importants rapports : l'un, le 11 décembre, qui portait sur l'assurance dépôts
et l'autre, le 19 décembre, sur la teneur du projet de loi C79, Loi sur
l'indemnité aux déposants de certaines institutions financières. Au sujet du
rapport de la Société d'assurance dépôts du Canada (SADC) le Comité fit un
certain nombre de recommandations sur le rôle joué par cette société dans le
processus de réglementation, sur la structure, les pouvoirs et le
fonctionnement de la SADC, sur ses rapports avec le gouvernement, et enfin sur
le financement du déficit actuel de la SADC. Le comité recommanda une nouvelle
série de mesures pour l’assurance dépôts. À son avis, la SADC devrait être une
institution distincte, dotée de son propre Conseil d'administration formé de
représentants des gouvernements, des établissements membres et du secteur
privé. Elle devrait avoir pour rôle de gérer les fonds de l'assurance dépôts,
et l'adhésion à la SADC devrait être considérée comme un privilège, puisque la
société aurait le droit de fixer les normes d'admissibilité à l'assurance et
celles de son maintien. Le comité fit aussi des remarques sur les propositions
faites par le gouvernement dans son Livre vert sur la réglementation des
institutions financières du Canada, et a formulé le souhait que ces
observations influent sur la législation à venir dans ce domaine.
Au sujet de son
rapport sur le projet de loi C 79, le comité des banques étudia pourquoi et
comment la Banque commerciale du Canada et la Northland Bank avaient fait
faillite; il se pencha sur les considérations sous-jacentes à l'aide accordée à
la BCC en mars 1985, et sur la décision de fermer les banques en septembre; il
examina aussi les motifs pour lesquels le projet de loi C79 avait été déposé,
les (questions qu'il soulevait et ce qui pourrait être fait pour augmenter la
sécurité et la solidité du système bancaire du Canada. Le comité fit des
recommandations visant à encourager les pratiques d'affaires prudentes au moyen
de réformes apportées à l'assurance dépôts, à augmenter les pouvoirs et les
ressources du Bureau de l'inspecteur général des banques et à améliorer les
normes de vérification des banques. Le comité conclut que les stratégies très
risquées des sociétés commerciales et la mauvaise gestion de la Banque
commerciale canadienne et de la Northland Bank étaient la cause principale de
leur faillite.
Gary O'Brien,
directeur de la Direction des comités du Sénat
Nouvelle-Écosse
La première session
de la 54e législature a été, de loin, la plus courte des sessions des dernières
années. Le Parti progressiste conservateur, dirigé par John Buchanan, avait
remporté quelques mois plus tôt une victoire écrasante aux élections générales
du 6 novembre 1984, obtenant 42 des 52 sièges de l'Assemblée législative,
laissant aux Libéraux le soin de former la plus petite opposition officielle
depuis au moins dix ans. Le gouvernement conservateur entamait ainsi son
troisième mandat consécutif.
Comme c'est souvent
le cas après des élections, la Chambre n'a pas étudié de nombreuses mesures
législatives. À signaler cependant le dépôt d'un projet de loi omnibus,
modifiant une vaste gamme de lois existantes, en réponse aux dispositions de la
Charte canadienne des droits et libertés sur l'égalité. Autre mesure importante
: l'adoption d'un projet de loi sur la santé et la sécurité au travail qui
assure une protection en milieu de travail et constitue, au dire de tous, une
mesure législative type. La Chambre a également adopté un projet de loi relatif
à la protection des adultes contre les abus et la négligence. Ce projet de loi,
qui vient s'ajouter à la loi existante sur la protection des enfants, a pour
principal objectif la protection des personnes âgées et des handicapés.
La dernière mesure
législative qui a été adoptée et qui présente une certaine importance est une
loi établissant une administration pour l'expansion du commerce dans la
province. Étant donné les préoccupations que suscitent actuellement au Canada
les accords commerciaux, non seulement avec les États-Unis mais avec le reste
du monde, l'Assemblée législative a pris
là une mesure
importante pour permettre à la Nouvelle-Écosse de traiter de la question du
commerce de façon plus cohérente et ordonnée et d'accroître ses échanges
commerciaux. La Nouvelle-Écosse n'est pas une province très active sur le plan
commercial même si au moins les deux tiers des produits qu'elle fabrique sont
exportés à l'extérieur de la province.
Arthur Donahoe a été
de nouveau élu président de la Chambre. Il est ainsi le second au Canada à
avoir occupé ces fonctions le plus longtemps. Brian Young, député de Cape
Breton North, a été élu vice-président de la Chambre, un poste qu'il occupait
lors de la dernière session de la 53e législature. Depuis la prorogation,
toutefois, M. Young a été promu au poste de ministre du Travail en novembre
1985. D'autres changements ont été effectués au sein du cabinet, l'un d'entre
eux ayant donné lieu à la nomination de la première femme ministre en
Nouvelle-écosse. En effet, Mme Maxine Cochran, députée de Lunenburg Centre, a
été nommée ministre des Transports.
Rod MacArthur, greffier adjoint, Assemblée législative de la
Nouvelle-Écosse.
Chambre des Communes
Le calendrier des
travaux parlementaires est une chose bizarre et à la fois merveilleuse. Depuis
des années, les gouvernements successifs et les présidents de comités attendent
les derniers jours avant le congé de Noël ou le congé d'été pour faire adopter
les lois ou pour déposer leurs rapports. Ceci surcharge le programme
parlementaire, met tout le monde sur les nerfs et produit une montagne
d'information parfaitement indigeste pour la plupart des députés et des
journalistes, surtout en période de vacances. L'adoption d'un calendrier
parlementaire fixe a permis de rationaliser un peu le système, mais les jours
qui ont précédé l'ajournement de Noël 1985 ont connu l'habituelle épreuve de
force entre un gouvernement bien déterminé à faire adopter ses projets de loi
et une opposition toute aussi déterminée à l'en empêcher. On convint finalement
d'adopter certains projets de loi, les autres étant reportés à la reprise des
travaux.
Les lois adoptées
Le gouvernement
réussit à faire adopter un projet de loi prévoyant le versement d'une somme de
875 millions pour indemniser les déposants non assurés de la Banque commerciale
du Canada et de la Norbanque, toutes deux en faillite. Les libéraux et les
néodémocrates avaient demandé que le nom de ces déposants soit révélé mais le
gouvernement s'y refusa. Parmi les autres projets de loi ayant reçu la sanction
royale avant l'ajournement de la Chambre, citons le C83 qui limite le montant
réclamé par les escompteurs qui offrent des prêts à des taux d'intérêt élevés
en contrepartie d'un remboursement d'impôt, et les amendements au Code criminel
qui permettront à la police de mieux surveiller la prostitution et qui
prévoient des peines plus sévères pour les conducteurs en état d'ébriété. En
outre, la Loi sur la Corporation de développement du Canada fut adoptée, ainsi
que certains amendements à des lois qui visaient à hausser le traitement des
juges et du gouverneur général.
Les deux principaux
projets de loi que l'opposition réussit à arrêter furent le C-70, qui visait à
limiter l'augmentation des allocations familiales et le C-84, Loi de l'impôt
sur le revenu qui désindexait certaines exemptions personnelles et accordait
une exemption fiscale permanente de 500 000 $ sur les gains en capital. Lia Loi
sur la représentation fut aussi bloquée temporairement. Toutefois, tous ces
projets de loi ont fait l'objet d'une troisième lecture et ont été renvoyés au
Sénat peu après la reprise des travaux de la Chambre le 13 janvier 1986. Un
ensemble de projets de loi visant à accélérer les procédures de divorce tout en
les rendant moins chers et à éviter qu'on puisse se soustraire aux pensions
alimentaires imposées par un tribunal ont, eux aussi, été adoptés en troisième
lecture en janvier.
Plusieurs projets de
loi franchirent l'étape de la première lecture avant Noël. Mentionnons par
exemple, le projet de loi C91, Loi sur le Tribunal de la concurrence, qui met à
jour les règles régissant les fusions et les mainmises de sociétés et qui
hausse la peine maximum en cas d'infraction. La Loi sur le programme
d'encouragement du secteur pétrolier a également été déposée. Elle vise à
accorder de nouveaux encouragements pour l'exploration pétrolière dans les
régions éloignées.
Plusieurs
changements à la Loi de l'impôt sur le revenu ont été proposés par le ministre
des Finances, M. Michael Wilson. Ceux qui ont été déposés le 21 novembre sont
des projets de règlement qui font suite au budget du 23 mai 1985. Le ministre
a, par la suite, proposé un régime d'impôt minimal sur le revenu, qui pourrait
entrer en vigueur en 1986.
Les délibérations de
la Chambre sont habituellement assez prévisibles, mais deux incidents prirent
pratiquement tout le monde par surprise. Le 9 décembre 1985, le ministre de
l'Expansion économique régionale, M. Sinclair Stevens, revint à la Chambre
après plusieurs semaines de maladie. Comme le veut la coutume, les députés de
l'opposition lui souhaitèrent la bienvenue. Pendant son absence, l'opposition
avait essayé en vain d'amener le gouvernement à soumettre à l'étude d'un comité
la vente de de Haviland Aircraft Limited à Boeing Aviation des États-Unis M.
Robert Kaplan, qui avait lui aussi souhaité la bienvenue à M. Stevens, demanda
au ministre de faire en sorte que cette vente soit soumise à un comité. À la
grande surprise de l'opposition, M. Stevens déclara qu'il n'avait aucune
objection à ce que cette affaire soit examinée en temps opportun par un comité
de la Chambre. Après un moment de silence provoqué par cette annonce imprévue,
M. Kaplan déclara que, vu la disposition d'esprit du ministre, il était
vraiment heureux de le voir de retour. Toutefois, avant la fin de janvier, M.
Stevens donna le feu vert à la vente avant que le comité ait présenté son
rapport, et l'opposition reprocha au gouvernement de ne pas avoir laissé au
Parlement le temps d'étudier la question.
Un autre incident un
peu imprévu se produisit le 31 janvier, lorsque les partis de l'opposition
quittèrent la Chambre parce que le premier ministre Mulroney n'était pas
présent pour répondre aux questions au sujet de l'écoute électronique, par M.
Erik Nielsen, des réunions du caucus libéral en 1964. Pendant deux jours, les
travaux de la Chambre furent paralysés, mais M. Nielsen lut finalement une
lettre d'excuse dans laquelle il précisait qu'il avait pris connaissance des
discussions du caucus libéral par hasard et non de façon délibérée.
Projets de loi et
motions d'initiative parlementaire
Plusieurs projets de
loi et motions d'initiative parlementaire furent discutés récemment, dont le
projet de loi de M. James McGrath qui exige que les lobbyistes s'inscrivent et
celui de M. jack Ellis, qui vise à modifier la Loi sur la Chambre des communes
pour ajouter l'administrateur à l'équipe des hauts fonctionnaires chargés de
préparer le budget de la Chambre.
Les projets de loi
émanant de députés ont peu de chance d'être adoptés; mais les motions qu'ils
présentent reçoivent habituellement un accueil plus chaleureux puisqu'elles ne
sont que de nature déclaratoire. Le 19 novembre, M. Jean-Guy Guilbault présenta
une motion pour exhorter le gouvernement à réexaminer le rôle de la Société de
crédit agricole et à préciser sa position par rapport à d'autres institutions
de prêts agricoles. Cette motion fut adoptée à l'unanimité, tout comme le fut
celle de M. Bruce Halliday qui réclamait que le Comité permanent de
l'agriculture soit autorisé à étudier la situation actuelle de l'industrie de
la culture du tabac et envisage diverses options d'aide gouvernementale à
caractère financier ou non pour en arriver à une rationalisation du secteur du
tabac.
La motion
d'initiative parlementaire la plus intéressante a peut-être été celle de M.
Charles Caccia qui a demandé à tous les députés et aux autres conducteurs de
véhicules sur la colline du Parlement de ne pas laisser tourner leur moteur au
ralenti près du Parlement puisque cette 'pratique contribue à détériorer
l'environnement. Le secrétaire parlementaire du ministre de l'Environnement, M.
Gary Gurbin, a signalé que des mesures ont déjà été prises par le gouvernement
pour protéger l'environnement, mais il a déclaré qu'il s'agissait d'une
proposition valable qui méritait d'être adoptée, ce qui fut fait.
Comités
Parmi les rapports de
comité présentés avant l'ajournement de la Chambre, le 20 décembre, figurait
celui sur le processus budgétaire déposé par M. Albert Cooper, président du
Comité permanent de la procédure et de l'organisation. Le rapport soutenait que
le processus budgétaire devrait donner aux contribuables un plus haut degré de
certitude. Il a réclamé que le budget soit déposé à une date fixe chaque année,
que l’on effectue une étude plus intégrée à la fois des revenus et des dépenses
de l'exercice financier et qu'une plus vaste consultation ait lieu avant
l'établissement du budget.
Le Comité permanent
de la gestion et des services aux députés, présidé par M. Marcel Prud'homme, a
été saisi de deux ordres de renvoi. L'un porte sur la création d'un Registre
des intérêts des députés; l'autre sur l'examen des pensions des députés et
plus
particulièrement des députés à la retraite qui sont réemployés dans le secteur
public fédéral. Tout en ne voulant pas décourager les anciens députés à
poursuivre des carrières publiques après leur mise à la retraite, le comité
estimait justifié d'imposer des limites. Il a donc recommandé que le montant
total des paiements de pension et du traitement gagné à titre de fonctionnaire
fédéral, d'employé d'une société d'État fédérale ou &une commission ou
organisme de réglementation fédéral, de membre de la magistrature nommé par le
gouvernement fédéral ou d'employé dit Parlement ne dépasse pas le traitement de
base d'un député siégeant à ce moment à la Chambre. Toute réduction qui
pourrait être faite devrait s'appliquer aux paiements de Pension et non au
traitement.
Le 19 décembre 1985,
le Comité permanent du travail et de l'emploi, présidé par M. Jim Hawkes, a
présenté un rapport sur l'Arriéré dans le traitement des demandes de
reconnaissance du statut de réfugié(e). Le comité a proposé trois façons de
réduire l'arriéré de façon équitable et rapide a) identification des réfugiés
au sens de la Convention par une entrevue non officielle qu'effectuerait le
Comité consultatif du statut de réfugié, b) identification au moyen d'une
formule de demande abrégée des cas à retenir pour des motifs humanitaires, et
c) établissement d'une politique visant à permettre les demandes de
reconnaissance du statut de réfugié pour ceux qui résident au pays depuis plus
de trois ans. Pour les requérants qui ont choisi de demeurer dans le système de
détermination des réfugiés actuel ou qui ne sont pas recommandés aux fins de
l'octroi de permis, le comité a proposé un nombre de mesures administratives
pour améliorer le processus actuel d'étude des demandes. Comme presque tout le
monde le reconnaît, le système actuel est sérieusement défectueux, mais tant
qu'une nouvelle loi ne sera pas adoptée pour instituer une nouvelle procédure,
il faut le faire fonctionner le plus efficacement possible. La réforme de
demain ne devrait pas empêcher l'efficacité aujourd'hui.
Le comité des
transports, présidé par M. Pat Nowlan, a fini d'examiner le document de travail
du gouvernement, intitulé Aller sans entraves. La majorité des membres du comité
ont été d'accord avec les grandes lignes du document de travail, mais après
avoir entendu quelque 95 organismes et avoir reçu 52 mémoires de parties
intéressées, il a fait plusieurs recommandations sur le transport aérien et
ferroviaire, sur le camionnage extra provincial et sur d'autres questions.
Chose étonnante, un
député néodémocrate, M. Les Benjamin, a proposé l'adoption du rapport, bien que
son parti ait émis un rapport minoritaire dans lequel il se montrait en
désaccord avec la portée de l déréglementation proposée par le comité. Comme il
l'a fait observer, la motion d'adoption lui permettait de signifier son
désaccord avec certaines parties du rapport. Un autre député néodémocrate a
plus tard proposé que le rapport ne soit pas adopté, mais plutôt renvoyé au
comité permanent. Lorsque la Chambre suspendit ses travaux à 18 heures, les
motions d'adoption et de non adoption n'avaient pas été tranchées et le débat
se trouva clos.
Autres affaires
En décembre, il y a
eu un autre débat sur la réforme de la Chambre des communes. Une fois de plus,
les députés de tous les partis ont réclamé des changements aux règles et aux
procédures de la Chambre. Les amendements proposés au Règlement suite au
rapport McGrath et à la réponse du gouvernement ont été déposés le 18 décembre,
mais ils n'ont pas été adoptés car l'opposition voulait avoir plus de temps
pour les examiner.
Le 20 décembre, le
gouvernement a déposé un document intitulé Le lobbying et l'enregistrement des
lobbyistes payés. Ce document énumérait un certain nombre d'options en vue
d'identifier et de contrôler le lobbying, dont la possibilité d'établir un
régime d'auto réglementation au lieu d'imposer des mesures législatives. Le
document a été renvoyé au comité permanent e la procédure et de l'organisation.
En novembre, pour la
première fois, les délibérations de la Chambre des communes ont été diffusées
par le réseau américain de câblodistribution. Comme le Congrès était en congé,
CSPAN qui couvre les délibérations de la Chambre des représentants américaine a
décidé, à titre expérimental, de télédiffuser celles de la Chambre des communes
pendant une semaine. Le spectacle a suscité considérablement d'intérêt et de
curiosité, comme l'a prouvé le nombre d'appels téléphoniques reçus à l'émission
ligne ouverte du réseau, immédiatement après chaque télédiffusion.
Gary Levy
Yukon
L'Assemblée
législative du Yukon n'a pas siégé depuis le 28 octobre 1985, mais ses comités
ont été très actifs au cours des derniers mois.
Le Comité spécial
sur les droits de la personne a été créé le 24 octobre, au moment où était
présenté la motion de deuxième lecture du projet de loi no 58, Loi sur les
droits la personne. Ce projet de loi comporte une déclaration des droits qui
garantit les droits suivants : liberté de conscience, liberté d'expression,
liberté d'association, protection contre les arrestations ou les détentions
arbitraires, droit de vote aux élections territoriales et droit à l'égalité de
traitement. Il interdit aussi toute discrimination fondée sur les motifs suivants
: les origines, la couleur et la race; la nationalité ou l'origine nationale;
le milieu ou l'origine ethnique ou linguistique, la religion ou la confession,
les croyances religieuses, la communauté ou l'activité religieuse; l'âge; le
sexe; la grossesse ou les circonstances qui s'y rattachent; l'orientation ou la
préférence sexuelle; la situation de famille; les antécédents judiciaires
(casier judiciaire ou crimes); les idées, l'affiliation et les activités
politiques, l'incapacité physique ou mentale ou les circonstances qui s'y
rattachent, y compris le fait de dépendre d'un chien guide ou d'un autre
animal, ou d'avoir besoin d'une chaise roulante, d'un appareil ou d'une
prothèse médicale.
Le projet de loi stipule
en outre que, dans les secteurs privé et public, le principe de la rémunération
égale pour un travail de valeur égale doit s'appliquer. Enfin, le projet de loi
établit la Commission des droits de la personne du Yukon qui est responsable
devant l'Assemblée législative de faire respecter la Loi sur les droits de la
personne.
Le ministre qui a
parrainé ce projet de loi, M. Roger Kimmerly, a dit, lors de la deuxième
lecture : «la liberté et la démocratie d'une société se mesurent à sa façon de
traiter et de protéger ses minorités. C'est un projet de loi progressiste qui
vise à accorder un maximum de liberté à la personne, et à protéger le droit
individuel des citoyens du Yukon à s'exprimer aussi librement que le permet une
société démocratique.» Dans sa réplique, le leader de l'opposition officielle,
M. Willard Phelps, a déclaré qu'il appuyait l'idée d'une mesure législative sur
les droits de la personne
mais qu'il était
déçu parce que ... «c'était un projet de loi radical, qui allait susciter
beaucoup de craintes dans l'esprit de nombreux citoyens du Yukon; et que
lorsqu'on propose une mesure législative radicale, bien loin d'augmenter les
libertés individuelles, on court le risque de restreindre la liberté, et de
soumettre bien des gens innocents à une sorte de police ou de tyrannie
intellectuelle.»
Le Comité spécial
sur les droits de la personne a résolu d'entreprendre une première revue,
article par article, du projet de loi no 58 et de tenir des audience t
publiques avant Noël. Il prévoit terminer ses audiences publiques au Yukon au
début de 1986, et passer ensuite à une étude finale, clause par clause, avant
l'ouverture de la session législative du printemps. Du 5 au 12 décembre, six
audiences publiques ont été tenues dans les collectivités de Whitehorse, Mayo,
Elsa, Pelly Crossing et Carmacks.
Ces audiences ont
tôt fait de révéler que le projet de loi suscitait une opposition appréciable,
surtout les articles concernant la rémunération égale pour une travail
identique, les droits des homosexuels et les pouvoirs de la Commission créée
pour administrer la loi. Le 18 décembre, M. Kimmerly (qui est également membre
du comité) a annoncé dans un communiqué que, suite aux audiences tenues jusqu'à
cette date, il rédigerait des modifications au projet de loi no 58, et qu'il
demandait de différer toutes les audiences jusqu'à ce qu'il ait pu rédiger
lesdits amendements et les soumettre au comité, ajoutant que ces amendements ne
seraient pas prêts avant le 15 février.
Le comité s'est
réuni le 2 janvier 1986 et, compte tenu de la date fixée par M. Kimmerly, a
décidé qu'il serait impossible de compléter la tournée d'audiences publiques,
d'examiner le projet de loi article par article et d'étudier les modifications
avant la reprise de la session. Le comité a de plus estimé qu'il serait injuste
de demander au public de réagir en peu de temps au projet de loi 58 et aux
modifications qu'on y proposait. Sur une motion de M. Phelps, appuyée par M.
Kimmerly, le comité a convenu de s'en tenir à un rapport provisoire et a recommandé
à l'Assemblée de laisser le projet de loi no 58 mourir au feuilleton.
Un deuxième comité
spécial, a été formé au cours de la session d'automne de 1985 : le Comité
spécial sur les ressources naturelles renouvelables. Un Livre vert sur les
ressources renouvelables du Yukon a été déféré à ce comité à qui on a demandé
de tenir des audiences publiques dans chaque circonscription électorale et de
présenter un rapport et des recommandations au cours de la troisième session de
la législature (qui, croit-on, s'étendra sur la majeure partie de 1986). Le
Livre vert cherche à préciser les buts et objectifs que le ministère des
Ressources renouvelables devrait viser à court et long terme.
Le Comité permanent
des comptes publics a tenu ses audiences annuelles au cours des deuxième et
troisième semaines de janvier. Dans sa déclaration préliminaire du 8 janvier,
le président du comité, M. Willard Phelps, a déclaré : «ce comité a toujours
été et continue d'être un comité sans parti pris dont les membres font équipe
pour veiller à ce que les fonds publics soient dépensés de la façon la plus
économique et la plus efficace. Nous sommes en dialogue avec l'Assemblée
législative et l'appareil administratif pour boucler la boucle de la
responsabilité financière qui commence avec les prévisions budgétaires.»
Le Comité a passé en
revue les progrès réalisés quant aux recommandations qu'il avait faites dans
ses rapports antérieurs. Il a aussi examiné les remarques faites par le
vérificateur général du Canada dans son rapport annuel à l'Assemblée, et a
passé plusieurs jours à étudier en détail les activités des ministères du
Développement économique et du Tourisme. Le comité a insisté particulièrement
sur la nécessité d'établir des méthodes adéquates et valides de mesure du rendement,
domaine où, à son avis, le gouvernement du Yukon a fait preuve d'une certaine
négligence.
Patrick L. Michael
Ontario
Le 18 novembre 1985,
l'Assemblée législative a rendu hommage à Frank Miller qui avait démissionné
comme chef de l'opposition et comme chef du Parti progressiste conservateur. En
réponse aux commentaires du premier ministre et du chef du Nouveau Parti
démocratique, M. Miller a dit : Quelle chance nous avons de vivre dans un pays
où les gouvernements se succèdent de façon pacifique et où les chefs se
remplacent dans l'harmonie! Bien des pays du monde nous envient de pouvoir le
faire aussi aisément. Que nous soyons d'accord ou non avec le changement, au
moins celui-ci peut s'effectuer pacifiquement. La semaine suivante, soit le 25
novembre, le président de l'Assemblée législative reconnaissait officiellement
la nomination de M. Larry Grossman, député de St. Andrew St. Patrick comme chef
de l'opposition.
Un événement des
plus inusités est survenu le 16 janvier 1986. Le président de l'Assemblée
législative M. Hugh Edighoffer a été obligé de trancher un vote sur une
résolution émanant d'un député. En effet, un nombre égal de députés (29)
avaient voté en faveur et contre la proposition. Le président a appuyé la
résolution afin que la question puisse être étudiée ultérieurement. La dernière
fois qu'un président a dû utiliser son vote prépondérant remontait au 22 avril
1904, lorsque le président Charlton s'était opposé à l'adoption d'un amendement
à l'étape de la troisième lecture d'un projet de loi.
Clôture de la
première session
Le 12 février
dernier, le lieutenant gouverneur Lincoln Alexander a prorogé la première
session de la 33e Législature. Sur les soixante-huit projets de loi présentés
au cours de cette session, trente-neuf ont été adoptés et sanctionnés, un a été
retiré et trente et un ont été renvoyés au comité plénier ou à des comités
permanents. Quarante deux projets de loi, dont deux ont été retirés, émanaient
de députés; l'un d'entre eux a été renvoyé à un comité spécial, deux à des
comités permanents et deux au comité plénier de l'Assemblée.
Trente cinq projets
de loi d'intérêt privé ont été présentés au cours de la session, dont trente et
un ont été adoptés et sanctionnés. Enfin, quinze mesures ont été étudiées au cours
de la période réservée à l'étude des mesures d'initiative parlementaire, le
jeudi après-midi. Cinq projets de loi d'intérêt public émanant de députés ont
été renvoyés devant un comité après la deuxième lecture et sur les dix
résolutions présentées par des députés, huit ont été adoptées et deux ont été
rejetées après débat.
Tous les projets de
loi d'initiative gouvernementale, ceux d'intérêt public émanant des députés et
ceux d'intérêt privé, de même que les questions écrites et les résolutions des
députés qui sont demeurés à l'ordre du jour à la prorogation de la Chambre ont
été reportés à la deuxième session; ils seront inscrits à l'ordre du jour de
cette session selon l'ordre qu'ils occupaient à la prorogation. La majorité des
prévisions budgétaires courantes et supplémentaires des divers ministères et
organismes gouvernementaux n'ont pu être étudiées avant la prorogation de la
Chambre. Par conséquent, toutes celles qui n'avaient pas encore été adoptées
par des comités ou n'avaient pas fait l'objet d'un rapport à l'Assemblée
législative ont été considérées adoptées par ces comités et toutes les
prévisions budgétaires courantes et supplémentaires ont été acceptées par
l'Assemblée.
Activités des
comités
Dix comités
permanents et spéciaux ont été autorisés à poursuivre leurs travaux pendant
l'intersession pour étudier les nominations dans le secteur public, l'accès à
l'information et la protection de la vie privée, le commerce bilatéral, l'offre
et la demande d'électricité, des modifications à la Loi sur l'égalité des
droits, l'administration des écoles de langue française, les rapports annuels
(le l'Institut d'études pédagogiques de l'Ontario, de l'Ombudsman et du
vérificateur provincial; l'organisation de services de traduction simultanée à
l'Assemblée législative et dans ses comités; et des projets de loi sur le coût
des médicaments sur ordonnance médicale, sur la négociation des conventions
collectives des nouveaux syndiqués, sur la surfacturation, et sur le
financement des écoles séparées.
Les comités
permanents ont été très actifs pendant les derniers mois de la session. Le
Comité permanent des questions de procédure, des organismes, conseils et
commissions a étudié trois questions de privilège. La première concernait la
divulgation prématurée de documents confidentiels du Comité spécial de
l'énergie. Après un examen minutieux et approfondi de la question, le comité
est arrivé à la conclusion qu'il n'y avait pas eu violation de privilège et a
recommandé que l'Assemblée n'aille pas plus loin dans cette affaire. Le comité
a toutefois invité tous les membres et le personnel des comités à user d'une
plus grande prudence lorsqu'ils discutent de questions confidentielles avec des
journalistes ou d'autres personnes.
La deuxième affaire
se rapportait à la divulgation prématurée du Rapport intérimaire du Comité
spécial des questions économiques. Après avoir entendu le témoignage de
plusieurs témoignages, dont celui du président et du greffier du comité, le
comité en a conclu qu'il y avait eu violation de privilège. Toutefois, comme la
source de la fuite n'a pu être déterminée, le comité a jugé qu'il serait
injuste de recommander que les personnes qui avaient publié cette information
soient punies. Par conséquent, il a recommandé de ne prendre aucune autre mesure
dans cette affaire.
Le comité a estimé
qu'il fallait prendre cette affaire au sérieux et a recommandé l'adoption d'une
procédure analogue à celle proposée par un comité des privilèges de la Chambre
des communes britannique qui suggérait que tout membre d'un comité permanent ou
spécial soit officiellement informé du règlement des privilèges lorsqu'il pose
sa candidature pour devenir membre d'un comité; que le personnel des bureaux de
députés, celui de l'Assemblée législative et les préposés à l'impression des
documents de comités reçoivent une courte formation sur le règlement des
privilèges; que tous les documents confidentiels des comités portent la mention
Confidentiel à l'usage du comité
seulement; et que les présidents des comités permanents et spéciaux portent
régulièrement à l'attention des membres des comités les points des
délibérations qui doivent demeurer confidentiels. Le comité a également
recommandé d'étudier la possibilité d'imposer un embargo aux journalistes
immédiatement avant la publication d'un rapport de comité.
Une troisième
affaire a été déférée au même comité lorsque le député de Riverdale, M. David
Reville, a signalé devant l'Assemblée le 26 novembre 1985 qu'en se rendant au
bureau de poste de sa localité, il avait pris livraison de deux lettres
recommandées qui lui avaient été envoyées par le vice-président de la Banque
canadienne impériale de commerce (région de l'Ontario). Ces lettres informaient
M. Reville que la banque n'avait plus l'intention de faire affaire avec lui, et
elles lui demandaient de régler intégralement, avant le 27 novembre 1985, un
prêt personnel qu'elle lui avait consenti.
M. Reville estimait
que la banque avait porté atteinte à son privilège de député en tentant de se
servir de son pouvoir économique pour le dissuader de participer à d'importants
événements publics. A deux occasions il s'était joint à des travailleurs en
grève pour réclamer l'adoption d'une loi sur les droits des nouveaux syndiqués
à une première convention collective. Selon lui, la banque avait pris cette
décision en guise de représailles.
Le comité convoqua
M. Reville de même que le président et le vice-président de la banque. Après un
examen des témoignages et de la question des privilèges, le comité conclut que
le geste de M. David Barrett, président de la région de l'Ontario de la Banque
canadienne impériale de commerce ne constituait pas une violation des
privilèges de l'Assemblée. On n'avait pas réussi à prouver que le député avait
été intimidé, menacé, ou empêche d'accomplir son travail parlementaire, pendant
qu'il s'acquittait de son devoir de représentant dans sa circonscription ou
ailleurs.
Le comité déclara
que le geste de M. Barrett au nom de la banque avait un caractère punitif,
qu'il avait été posé dans l'intention d'infliger une forme de châtiment à M.
Reville en raison de ses activités, lesquelles n'allaient à l'encontre d'aucune
loi. Il ajouta que les gestes de la banque étaient malavisés, contraires aux
pratiques commerciales et inacceptables dans les circonstances,
Le comité indiqua
toutefois que la question des privilèges parlementaires devrait être réétudiée
pour déterminer si elle s'appliquait encore aux fonctions, devoirs et
responsabilités des députés dans la société contemporaine.
Quatre membres du
comité exprimèrent leur dissidence. Ils affirmèrent que les gestes de la banque
visaient à intimider M. Reville, à l'inciter à modifier sa conduite comme
député et à l'empêcher d'exprimer librement son point de vue. En plus de blâmer
l'intention de la banque, les quatre membres estimèrent que les manœuvres de la
banque avaient obligé M. Reville à s'occuper immédiatement de ses affaires
financières, le distrayant par là de ses devoirs parlementaires et privant la
Chambre de lit disponibilité d'un de ses membres.
De novembre à février,
le Comité permanent du développement des ressources a étudié principalement les
prévisions budgétaires des ministères de l'Agriculture et de l'Alimentation, du
Travail, de l énergie, des Affaires municipales et du Logement, des Affaires
francophones, ainsi que de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie. En
janvier, le président du comité, M. Floyd Laughren, a lancé un débat à
l'Assemblée sur le rapport déposé par le comité qui avait étudié le Rapport annuel
de la Commission des accidents du travail. Adopté à l'unanimité par le comité,
le rapport portait principalement sur les solutions à apporter aux griefs de
longue date des travailleurs et des députés provinciaux à l'endroit du
fonctionnement du régime actuel de prestations. À la fin du débat, l'Assemblée
législative adopta le rapport.
Le 21 novembre 1985,
le Comité permanent des comptes publics a ordonné au vérificateur provincial,
aux termes de l'article 17 de la Loi sur la vérification des comptes publics
qui est rarement invoquée, de mener une enquête spéciale sur les modalités
financières du contrat de construction du stade couvert. Pour faire connaître
rapidement certaines de ses recommandations à l'Assemblée législative, le
comité présenta un rapport intérimaire dans lequel il recommandait que la
contribution provinciale ne dépasse pas les 30 millions de dollars initialement
annoncés le 17 janvier 1985 par le premier ministre William Davis. Il
recommandait en outre de demander à la Corporation du stade de l'Ontario de
fournir au comité les détails du concours ayant mené à l'attribution du contrat
de conception et de construction du stade, ainsi qu'une évaluation des
avantages publicitaires qu'en retireront les membres du consortium privé. Une troisième
recommandation du comité était que les compagnies Carling O'Keefe et Molson
Ontario Breweries soient également associées au groupe qui parraine la
construction du stade.
En avril 1983, le
Comité spécial de l'Ombudsman avait déposé son rapport sur les droits de la
personne. Le comité y recommandait que son mandat soit élargi afin qu'il puisse
contacter directement et appuyer les divers groupes intéressés à la protection
des droits de la personne. Le rapport ne fit l'objet d'aucun débat et ne fut pas
adopté,
Au cours de cette
législature, le Comité permanent de l'Ombudsman a réitéré la nécessité de
demander à l'Assemblée de se prononcer sur la question du respect des droits de
la personne au niveau international. Conséquemment, le comité a adopté le rapport
de 1983, puis l'a déposé à l'Assemblée législative et a recommandé qu'il soit
débattu et adopté dans les plus brefs délais.
Le Comité permanent
des affaires sociales, présidé par M. Richard Johnson, a terminé ses audiences
publiques sur le projet de loi 30, Loi modifiant la Loi sur l'éducation
(financement des écoles séparées) en novembre. Le comité a conclu qu'il n'était
pas souhaitable à l'heure actuelle de procéder à l'étude article par article du
projet de loi tant que la Cour d'appel de l'Ontario ne se sera pas prononcée
sur la constitutionnalité de la loi. Quand le tribunal aura rendu son jugement,
le comité reportera toits ses autres travaux pour accorder priorité à l'étude
article par article du projet de loi.
Lynn Mellor, greffier adjoint, Assemblée législative de
l'Ontario.
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