James Walding
Déclaration du Président de l'Assemblée législative du
Manitoba, M. D. James Walding, le 30 avril 1985.
Contexte : De
temps en temps, la présidence a fait l'objet de commentaires sérieux de la part
de comités, d'universitaires, de journalistes et d'autres observateurs du
Parlement. Mais il est particulièrement intéressant de savoir ce qu'un
Président en fonction pense de sa situation et des responsabilités qui lui
incombent.
Décision du Président James Walding
: Au cours des trois dernières années, j'ai été au
cœur du processus de prise de décisions à l'Assemblée législative du Manitoba.
J'ai effectué de nombreuses recherches sur la procédure parlementaire et, plus
particulièrement, sur les fonctions du Président. Il existe ure documentation
volumineuse sur ce sujet et je remercie les spécialistes en matière de
procédure de m'avoir fait part de leurs connaissances et de leur expérience.
Comme j'ai siégé à l'Assemblée législative pendant
plus de dix ans, tour à tour comme membre du gouvernement et comme membre de
l'opposition, et comme j'en suis le Président depuis trois ans, j'estime qu'il
est de mon devoir de faire certaines recommandations.
Les représentants de la population du Manitoba se
réunissent en cette Chambre pour discuter des affaires de la province. Pour que
les affaires publiques soient administrées équitablement et que la voix de tous
les électeurs soit entendue à l'Assemblée législative, il faut confier au
Président le soin de veiller au bon déroulement des délibérations quotidiennes.
Le Président est le député que les membres de
l'Assemblée choisissent pour jouer le rôle d'arbitre de leurs discussions. Bien
que tous les députés de l'Assemblée législative du Manitoba soient élus au même
titre, le Président se voit confiée par ses collègues la tâche particulière
d'arbitrer leurs délibérations.
Plus un Président est impartial, plus il s'éloigne du
parti et des électeurs qui l'ont choisi aux dernières élections.
Il est foncièrement injuste d'exiger d'un seul député,
d'une part, qu'il appuie les initiatives du gouvernement au pouvoir et, d'autre
part, qu'il fasse preuve d'impartialité.
On m'a plusieurs fois dit clairement ou laissé
entendre que l'allégeance politique devrait compter davantage pour un Président
que l'obligation d'être impartial. Cela a d'ailleurs causé énormément de
tensions au sein de l'Assemblée.
Il est de toute évidence impossible pour une personne
d'être à la fois partiale et impartiale. C'est pourquoi j'ai souvent éprouvé un
malaise dans l'exercice de mes fonctions.
Un autre problème inhérent à la fonction de
Président réside dans la difficulté de bien représenter les électeurs. Le Président est
le seul député qui ne peut prendre part aux débats de l'Assemblée, qui ne peut
voter, sauf lorsqu'il y a égalité des voix, et qui ne peut discuter
publiquement des plaintes dont lui font part ses électeurs. Les électeurs
représentés par le Président à l'Assemblée législative ne jouissent donc pas
des mêmes droits que ceux des 56 autres circonscriptions de notre
province. Or, un régime démocratique qui donne à tous les électeurs la chance
de choisir librement leur représentant devrait sans aucun doute leur assurer
une représentation égale à l'Assemblée.
J'ai récemment fait un sondage dans ma circonscription
de Saint Vital. Il ressort que les citoyens de Saint Vital considèrent qu'ils
ne sont pas représentés équitablement à l'Assemblée et une forte proportion
estime que c'est un handicap de demeurer dans la circonscription du Président.
Le principe d'un poste de Président permanent a
d'ailleurs été appuyé par de nombreux premiers ministres du Canada, depuis sir
John A. Macdonald.
L'Assemblée législative du Manitoba a approuvé à
l'unanimité, en 1967, une résolution présentée par un ancien premier ministre
préconisant de rendre permanent le poste de Président.
De même, les députés seront peut-être intéressés
d'apprendre que M. Stanley Knowles a présenté à la Chambre des communes, en
1971, un projet de loi pour remédier aux difficultés que connaît sans cesse le
Président. M. Knowles préconisait l'établissement d'une circonscription
particulière pour le Président. Cette solution présente bien sûr des
inconvénients, mais elle a au moins le mérite d'améliorer la situation
actuelle.
Toutes les autres provinces et même la Chambre des
communes font face à ce problème; tous les Présidents en sont conscients, mais
aucune assemblée législative n'a pu, jusqu'à maintenant, se résoudre à apporter
des changements.
L'Assemblée législative du Manitoba a atteint une
maturité politique impressionnante et a démontré sa volonté d'instituer des
réformes parlementaires. Elle a maintes fois promulgué des lois et mis en
application des programmes dont se sont inspirées d'autres provinces. Aussi
devrait elle être en mesure d'apporter des changements à notre régime
parlementaire, ne serait ce qu'à titre d'essai.
L'intérêt qu'a suscité la réforme parlementaire et la
proclamation récente des droits à l'égalité dans la Constitution canadienne
faciliteront sans doute l'adoption du principe de l'égalité à l'Assemblée
législative du Manitoba.
J'ai donc l'intention de discuter de cette question
avec les chefs des principaux partis politiques et de proposer des solutions à
ce problème de longue date.
Je vous tiendrai au
courant des progrès accomplis dans cette affaire qui intéresse tous les
Manitobains.
Note de la rédaction : Nous publierons dans notre prochain
numéro les commentaires de M. Gerard Amerongen, Président de l'Assemblée
législative de l'Alberta, au sujet de cette déclaration.
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