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Alberta
Comme les séances d'automne de la première session de la
20e législature de l'Alberta s'étaient prolongées jusqu'en novembre, la Chambre
a ajourné ses travaux pendant 12 jours, à compter du 5 novembre. Les députés
ont eu ainsi le temps d'étudier plusieurs projets de loi déposés au cours de
l'automne. La Chambre a repris ses travaux le 16 novembre puis s'est ajournée
le 30 du même mois.
Au cours des séances d'automne, un total de 44 projets
de loi d'initiative gouvernementale ont été adoptes et ont reçu la sanction
royale. Trois d'entre eux, en particulier, ont été très controverses, notamment
le projet de loi C110, The Labour Relations Amendment Act, déposé par le
ministre du Travail M. Les Young le 18 novembre. Cette mesure législative
autorisait les sociétés de construction syndiquées à créer, dans certains cas,
des filiales non syndiquées. Le 29 novembre, un groupe de quelque 4,000
manifestants se sont rassemblés devant les édifices législatifs pour protester
contre certaines dispositions du projet de loi, qui, selon eux, visaient à
détruire le syndicalisme dans la province.
Au cours du débat sur ce projet de loi, le
gouvernement a indiqué que la décision de proclamer ou non le projet de loi 110
serait prise avant la fin de janvier. Le 31 janvier 1984, le ministre du
Travail M. Les Young, a annoncé que la mesure législative ne serait pas
proclamée et qu'elle n'entrerait donc pas en vigueur. Un groupe consultatif
créé au cours de l'automne pour conseiller le ministre sur la situation
générale de l'industrie de la construction albertaine est à l'œuvre et il devra
formuler des recommandations au ministre sur les mesures que le gouvernement
devrait envisager.
Malgré les protestations de l'opposition, le projet de
loi 81, The Electoral Boundaries Commission Amendment Act, a également été
adopté. L'opposition protestait surtout contre un changement dans la
composition de la commission, qui, au lieu de compter 2 députés du gouvernement
et 2 de l'opposition se composerait désormais de 3 représentants du
gouvernement et d'un seul député de l'opposition.
Autre mesure controversée au cours des séances de
l'automne : le projet de loi 98, The Hospitals and Médical Care Statutes
Amendment Act, déposé par le ministre de la Santé, M. Dave Russell qui permet
aux hôpitaux de percevoir des frais modérateurs. Suite à ce projet de loi, le
ministre fédéral de la Santé et du Bien-être social, Mme Monique Bégin, a
promis de déposer, ce printemps ci, une nouvelle loi canadienne sur la santé
pénalisant les provinces qui autorisent la surfacturation.
Un certain nombre d'autres projets de loi importants
ont également été adoptés. Le projet de loi 91, The Pacific Western Airlines
Act, prévoit que le nombre des actionnaires de la F)WA
s'élargira encore lorsque le gouvernement vendra une partie des actions qu'il
détient dans cette compagnie. Le projet de loi 84, The Vencap Equities Alberta
Act, fixe le pourcentage maximum d'actions qu'un particulier peut détenir dans
la société Vencap. Le gouvernement a contribué à mettre sur pied cette société
à capitaux spéculatifs à l'aide d'un prêt de 200 millions de dollars assorti
d'une option d'achat de 50 p. 100 des actions de la société.
Les projets de loi 105, The Child Welfare Act, et 113
The Young Offenders Act, ont tous deux passé l'étape de la première lecture. Le
premier, qui est une reprise de la loi actuelle, définit plus clairement le
rôle de la famille et les circonstances où un enfant a besoin de protection. En
outre, il précise les droits et les responsabilités des parents adoptifs et
propose des révisions aux lois qui régissent l'adoption. L'autre projet de loi
porte à 18 ans au lieu de 16, l'âge de la majorité aux fins d'inculpation
criminelle. On a déposé ces deux projets de loi avec l'intention de les laisser
en plan au feuilleton pour que ceux qui s'y intéressent puissent présenter leurs
observations au cours de l'hiver, après quoi ces deux mesures seront déposées à
nouveau au printemps.
La chambre albertaine, normalement calme, a connu
certains éclats. En effet, quelques jours après la reprise des travaux, le
Sergent d'armes a dû, à deux reprises, ordonner
l'expulsion de fauteurs de troubles installés dans les tribunes réservées au
public,
Un changement ministériel a eu lieu à la suite de la
démission, le 15 novembre, du solliciteur Graham Harle, député de Stettler.
Le 20 décembre, M. lan Reid, député de Edson et whip
du gouvernement, a été nommé au poste de solliciteur général, à compter du 1 er
février. Mme Shella Enibury, député de Calgary nord-ouest a été nommée whip à
sa place.
Une motion gouvernementale présentée le 21 novembre
par M. Jim Horsman, ministre des Affaires fédérales et intergouvernementales,
a créé un nouveau comité spécial de l'assemblée chargé d'examiner 4e rôle, le
fonctionnement, les fonctions et la structure appropriés à une chambre haute
dans le système fédéral canadien». Ce comité a prévu jusqu'ici un programme de
visites d'information auprès d'autres assemblées législatives canadiennes.
L'opposition a continué de se plaindre de ce que les
décisions du président Gerard Amerongen étaient plus sévères à l'égard de
l'opposition que du gouvernement. Le dernier jour des séances d'automne, le
président Amerongen et M. Grant Notley, chef de l'opposition officielle, ont eu
une altercation sur une question de procédure: M. Notley exigeait que le
règlement soit appliqué de façon identique aux membres de l'opposition et à
ceux du gouvernement tandis que le président Amerongen estimait que certaines
observations de M. Notley étaient tout à fait anti-parlementaires».
Scott Paul et
Beverley K. Therrien, sont stagiaires
législatifs à l'Assemblée législative de l'Alberta
Ontario
L' Assemblée législative de
l'Ontario a mis fin à ses travaux le 12 décembre 1983 après 92 jours de
séances. La session n'a pas été marquée par un thème dominant. Par contre, des
sujets nombreux et variés ont retenu l'attention de l'opposition et des divers
ministères du gouvernement.
La sécurité et la stabilité économique des
installations nucléaires d'Hydro Ontario sont revenues souvent au cours des
périodes de questions, tout comme la politique du gouvernement sur les maisons
de repos et les foyers pour les personnes handicapées. Avec le dépôt par le
ministre des Relations commerciales et de la consommation, M. Robert Elgie, du
livre blanc sur la réglementation des compagnies de fiducie, la façon dont le
gouvernement s'était comporté dans l'Affaire Greymac est revenue à nouveau sur
le tapis.
Les membres du Comité des comptes publics, plus
particulièrement, les libéraux Jim Bradley et Eric Cunningham et le néo
démocrate Ed Philip, se sont acharnés, en comité aussi bien qu'en Chambre, à
critiquer le mode de gestion du gouvernement et ses frais de publicité. Pour
embarrasser le gouvernement, l'opposition a allégué que les frictions entre M.
Douglas Wiseman (Lanark) et le sous ministre des services gouvernementaux, M.
Alan Gordon, avaient causé le renvoi de ce dernier du cabinet. Le porte parole
du gouvernement et le premier ministre Bill Davis ont rejeté cette
interprétation des faits et bien que M.
Gordon ait démissionné de la Fonction publique, la position du gouvernement
s'est trouvée consolidée par l'éclatante victoire remportée lors d'élections
partielles dans l'est de l'Ontario, d'où M. Wiseman est originaire.
Sur le front économique, l'opposition est revenue
résolument à la charge posant question après question au trésorier Larry
Grossman sur la politique du gouvernement relative à l'emploi des jeunes, que
le chef libéral David Peterson a comparée à « En attendant Godot». Mais le gros de l'attention s'est porté sur
le projet de loi 111, intitulé: An act to provide for the Review of Prices and
Compensation in the Public Sector and for an orderly Transition to the
Resumption of Full Collective Bargaining.
Cette mesure faisait suite à l'ensemble controversé
des dispositions visant à réduire l'inflation que l'Assemblée législative avait
étudiées à l'automne et au début de l'hiver de 1982.
La loi supprimait le plafond sur les augmentations de traitements dans la
Fonction publique, mais limitait à 5 p. 100 les subventions salariales versées
aux commissions scolaires et aux municipalités de la province. De fait, a
remarqué l'opposition, la situation des travailleurs restait la même sauf que
le blâme politique retombait sur d'autres paliers de gouvernement.
C'est un «miroir aux alouettes,> a dit le porte
parole financier libéral, Patrick Reid, à propos de ce projet (le loi, et il
ajouta qu'il se préoccupait plus particulièrement, pour sa part, de
l'insuffisance des mesures de contrôle des prix que prescrivait cette loi et du
critère de capacité de payer de l'employeur» qu'elle imposait aux arbitres du
secteur public. Le chef adjoint néo démocrate, Jim Fould, s'est attaqué surtout
au principe du projet de loi, alléguant qu'il sacrifiait l'équité à la
commodité dans sa façon de traiter les fonctionnaires sans contribuer d'aucune
manière à résoudre la crise économique actuelle.
Le projet de loi 111 n'était pas aussi draconien que
son prédécesseur, le projet de loi 179; c'est pourquoi il a suscité beaucoup
moins d'opposition. De ce fait, les tracasseries de procédure, les retards et
les tactiques implacables qui s'étaient produits l'année précédente n'ont pas
eu lieu cette fois ci et la mesure législative a été adoptée en troisième
lecture, un mois à peine après son dépôt.
Au nombre des projets de loi d'initiative
gouvernementale étudiés par la Chambre se trouvait le projet de loi 100, The
Courts of Justice Act, qui constituait une importante révision et consolidation
de la législation sur l'administration de la justice. En janvier, le projet de
loi a donné lieu à des audiences publiques devant le Comité de l'administration
de la justice.
Plus tard, au cours de la session, une nouvelle loi
électorale a été déposée, mais elle n'a pas franchi l'étape de la deuxième
lecture. Elle proposait de réduire à trente jours la période électorale
minimum, disqualifiait comme électeurs les sujets britanniques qui n'étaient
pas citoyens canadiens et prescrivait un dépôt de $200 pour les candidats. Ce
projet de loi sera probablement présenté à nouveau lors de la prochaine
session.
Le 15 décembre, le trésorier Larry Grossman a fait en
Chambre une déclaration pré budgétaire conformément à sa nouvelle approche de
consultation et d'information du public. Sa déclaration de 50 minutes
comprenait une analyse poussée de l'économie ontarienne et des prévisions pour
1984 sur les indicateurs économiques et les recettes du gouvernement. Selon
l'opposition, cette déclaration était pratiquement inutile comme moyen d'aider
les législateurs et la population à contribuer au processus budgétaire, parce
que, tout d'abord, elle supposait que les impôts demeureraient les mêmes et
qu'ensuite, elle n'analysait pas sérieusement les diverses politiques
économiques qui s'offraient au gouvernement. Au début de janvier, la
déclaration a été référée au Resources Development Committee qui a passé une
journée a l'étudier. Même si les déclamations
politiques ont un peu obscurci le débat économique, l'Assemblée ne s'en est pas
moins engagée dans une voie qui lui permettra de jouer, à l'avenir, un rôle
plus fécond dans les affaires économiques de la province.
Le nouveau député provincial néo démocrate Richard
Allen (Hamilton Ouest) a présenté une résolution controversée visant à faire de
l'Ontario une zone dénucléarisée,>. Cette proposition a suscité un vif
intérêt en général et a retenu l'attention des médias d'information; elle a été
officiellement discutée le 24 novembre dans une ambiance pleine d'émotion et de
réflexion. Le député libéral John Sweeney (Kitchener Wilmot) y a été carrément
: «La question revient à savoir si nous, nos enfants et nos petits enfants
allons vivre ou mourir». M. Yuri Shymko, le député conservateur de High Park
Swansea, s'est opposé à la motion, accueillant toutefois favorablement le débat
qu'elle avait suscité. Ayant survécu au bombardement
Dresde durant la Seconde guerre mondiale, M. Shymko
parlait en connaissance de cause des horreurs de la guerre, mais il a conseillé
la force devant la menace soviétique. La résolution a été rejetée par 64 voix contre
38; le gouvernement a été solidement tenu en échec, les néo démocrates ont été
unanimes dans leur appui tandis que, chez les libéraux, 16 députés se sont
prononcés pour et 11 contre.
Les députés conservateurs d'arrière-ban, MM. Robert
Mitchell (Carleton) et Robert MacQuarrie (Carleton Est), ont demandé la tenue
d'un débat d'urgence sur l'emprisonnement, par un juge d'Ottawa d'une jeune
femme qui avait refusé de témoigner contre ses ravisseurs présumés. Cette
question a profondément touché les députés des trois partis et fait naître de
vifs échanges à la Chambre entre le procureur général, Roy McMurtry et
d'autres, au nombre desquels il faut compter le chef de l'opposition, M. David
Peterson et le chef du parti néo démocrate, Bob Rae.
Un événement digne de mention a été le dépôt par le
gouvernement, le le' novembre, d'une réplique détaillée, point par point, au
rapport de 1982 du Social Development Committee, sur les sévices infligés aux
femmes. Beaucoup de rapports, dans le passé, ont affecté la politique du
gouvernement ou mérité, en Chambre, une réplique orale des ministres, mais
aucun n'avait encore reçu une réponse écrite aussi complète. Les députés de
l'opposition, comme M. Richard Johnston (Scarborough Ouest), qui avaient
institué l'enquête du comité, ont favorablement accueilli la réponse du
gouvernement, bien qu'ils en aient énergiquement discuté certaines conclusions,
plus particulièrement celles concernant le financement de foyers pour les
femmes qui ont été l'objet de sévices.
Dans le flot des rapports de comité qui ont marqué la
fin de l'année, deux sont particulièrement dignes d'intérêt : celui du
Resources Development Committee sur la réparation des accidents du travail
réclame un examen modéré mais poussé du système d'indemnisation en vigueur. Les
députés néo démocrates du comité ont exprimé leur irritation et leur dissension
dans un long exposé préconisant une refonte intégrale de la réparation des
accidents du travail en Ontario.
Le Social Development Committee a déposé une
importante étude sur les sévices infligés aux enfants. Le document contient une
grande variété de propositions pour faire face à ce que le président du comité,
M. Alan Robinson, a qualifié « d'acte particulièrement répugnant». Le comité
recommande en outre d'élargir la portée du Child Abuse Registry et de modifier
le Child Welfare Act afin que les sociétés d'aide à l'enfance puissent
concentrer leurs efforts sur la prévention des sévices infligés aux enfants,
sans être gênées par les responsabilités plus ou moins contradictoires qu'il
leur faut assumer pour doter les familles de services de soutien.
Le mois de janvier a été consacré aux activités des
comités, notamment l'étude d'un projet de loi controversé d'initiative
gouvernementale visant à autoriser la ville de Barrie à annexer une partie du
canton voisin de Vespra et d'autres mesures législatives portant sur les
professions d'ingénieur et d'architecte. Entre-temps le Select Committee on
the Ombudsman a effectué une tournée dans le nord-est de l'Ontario pour visiter
des instituts psychiatriques et correctionnels et quelques réserves indiennes
sur la côte Ouest de la Baie James.
Graham White,
greffier adjoint, Assemblée législative de l'Ontario.
Saskatchewan
La deuxième session de la vingtième législature de la Saskatchewan
a été prorogée dans la matinée du 17 novembre 1983. L'après-midi du même jour,
la lecture du discours du Trône par le nouveau lieutenant gouverneur de la
Saskatchewan, M. Frederick W. Johnson, a marqué le début d'une nouvelle
session. Le discours portait principalement sur la création d'emplois et le
besoin de parvenir à un juste équilibre entre les secteurs privé et public en
Saskatchewan. Le discours du Trône annonçait également les mesures suivantes :
une loi sur l'agriculture, la modification des régimes d'imposition et de
redevance dans l'exploitation des ressources, une révision de la Trade Union
Act et la création d'un ministère des Sciences et de la Technologie.
Le débat qui a suivi a été à la fois vif et passionné.
Le chef de l'opposition, M. Allan Blakeney, a accusé le gouvernement d'être
dépourvu d'idées; 41 est difficile de croire qu'un gouvernement puisse
s'essouffler et être à court d'idées après moins de deux ans au pouvoir, mais
le gouvernement actuel a réussi ce tour de force», a t il déclaré. Si
l'opposition s'est montrée plus agressive que par le passé, les membres du
parti au pouvoir ont également lancé de nombreuses attaques et critiqué avec
véhémence les résultats obtenus par l'ancien gouvernement NPD.
L'Assemblée a examiné vingt-huit mesures législatives
pendant la session d'automne, dont un projet de loi visant la création d'un
secrétariat des Femmes, une modification de la Véhicules Act, protégeant le
personnel médical faisant des prises de sang à des personnes soupçonnées de
conduire en état d'ébriété, et un projet de loi créant l'Agriculture Crédit
Corporation de Saskatchewan. Ces projets de loi et la plupart des autres qui
figuraient au feuilleton ont été adoptés avant l'ajournement de la Chambre pour
la saison des Fêtes, le 12 décembre 1983.
Un comité spécial sur la prévention des incendies a
été créé pendant la session. Présidé par M. Ralph Katzman, député provincial de
Rosthern, ce comité compte tenir des audiences publiques dans la province et fera
rapport à la Chambre, au printemps de 1984, sur divers aspects de la formation
des corps de pompiers en Saskatchewan.
Pour la session d'automne, le bureau de l'Assemblée de
la Saskatchewan a invité M. David Gussow, greffier principal adjoint à la Direction
des recherches pour le bureau de la Chambre des communes, à Ottawa, à remplir
les fonctions de greffier au bureau.
David Mitchell, greffier adjoint, Assemblée
législative de la Saskatchewan
Québec
L'Assemblée nationale du Québec s'est ajournée le 21
décembre après une session d'automne qui a duré 22 jours.
Convoquée pro forma le 18 octobre, la Chambre avait
reporté le début de cette session au 15 novembre sur une motion d'ajournement
annoncée, un mois plus tôt, par le premier ministre, M. René Lévesque, au
sortir d'une réunion spéciale de son Conseil des ministres à Pointe au Pic.
La reprise des travaux parlementaires a suivi
l'annonce, le 13 novembre, d'un Plan d'action gouvernemental destiné à
intensifier la relance de l'économie du Québec. Ainsi que l'expliquait M. René
Lévesque, le plan comporte des objectifs à court terme qui devront être
atteints avant la fin de 1985 et des objectifs à plus long terme. À court
terme, il s'agit de susciter un élan auquel participeront tous les acteurs de
la vie économique du Québec afin que l'économie québécoise non seulement
atteigne mais maintienne un rythme de croissance supérieur à la moyenne
canadienne, ce qui devrait amener une baisse sensible du chômage.
À plus long terme, ce plan de relance ne vise pas
seulement à créer rapidement des emplois et à faire immédiatement diminuer le
chômage, il vise aussi à ce que les améliorations soient permanentes et
qu'elles ouvrent la voie à des progrès encore plus importants dans les années
qui viennent. Pour cela, le gouvernement a choisi des programmes dont l'effet
sera durable et augmentera la vitalité de base de l'économie québécoise. Ainsi,
le plan d'action des deux prochaines années pourra se continuer dans le temps,
afin que, à plus long terme, le Québec rejoigne le peloton de tête des
provinces canadiennes.
Les principales mesures prévues dans le plan de
relance concernent l'entreprise, les investissements publics, la recherche et
l'innovation, la main d'oeuvre, le cadre législatif et parlementaire (Document
sessionnel No 278). Ce grand projet gouvernemental devait évidemment donner
lieu à un débat durant la session d'automne. Dès l'ouverture de la Chambre,
l'opposition entreprit d'interroger le gouvernement sur son Plan de relance,
d'autant plus que le 15 novembre en soirée, le ministre des finances, M.
Jacques Parizeau, déposa un budget supplémentaire de 62,3 millions de dollars
dont une partie était consacrée à la relance. Trente deux députés libéraux ont
participé au débat sur ce budget, en plus de profiter de la période des
questions pour demander des détails sur ce plan.
À part ce thème d'actualité, les principaux débats de
la session ont porté sur deux nouveaux projets de loi concernant la
participation gouvernementale au financement des municipalités (P.L. 38) et
modifiant la Charte de la langue française (P.L. 57). Les modifications à la
Charte de la langue ont constitué le quatrième grand débat sur la langue au
Québec depuis 1969 mais le projet de loi habilement piloté en Chambre et en
commission parlementaire par le ministre des communautés culturelles et de
l'immigration, M. Gérard Godin, a finalement été adopté et sanctionné. Par
contre, le projet de loi 37 relatif à la participation gouvernementale au
financement des municipalités a été bloqué par l'opposition qui a fait siéger
l'Assemblée jour et nuit à la fin de la session. Le gouvernement a aussi été
forcé de reporter l'adoption du projet de loi 48 sur les pêcheries et
l'aquaculture, l'opposition exigeant ce report pour accorder son consentement à
l'adoption d'une dizaine d'autres projets de loi.
Mesures législatives
En dépit de la turbulence qui a entouré le début et la
fin de cette brève session ' l'Assemblée a quand même débattu 30 projets de loi
dont 21 ont été sanctionnés. Au moins trois de ces lois sont, en fait, des
législations omnibus : la loi 45 modifiant 15 lois municipales; la 50 modifiant
41 autres lois dans divers domaines et la loi 54 modifiant 11 lois fiscales. La
loi 51 abolit le ministère de la Fonction publique, tout en proposant une
refonte de la Loi de la fonction publique. L'ancien ministère est remplacé par
le Conseil du trésor (politiques globales en matière de gestion des ressources
humaines) et par un Office des ressources humaines chargé du recrutement et de
la promotion des fonctionnaires.
Dix neuf projets de loi ont été présentés par le
gouvernement, au cours de la session d'automne 1983. Quatorze ont reçu la
sanction royale en même temps que sept autres déposés en juin dernier. Un des
projets de loi en suspens (N' 40) porte sur l'enseignement primaire et
secondaire public. La commission de l'Éducation a entendu en janvier et février
1984 un certain nombre de groupes et d'individus sur ce projet de réforme de
l'école publique au Québec.
L'Assemblée nationale a adopté une refonte de la Loi
sur la Fonction publique. Le préambule rappelle que la Fonction publique a pour
mission de fournir au public les services de qualité auxquels il a droit. Le
chapitre 11 consacre les droits et les obligations des fonctionnaires et
établit les droits et limites applicables en matière d'activités politiques. Le
chapitre 111 établit que les sous ministres et les dirigeants d'organisme sont
responsables de la gestion des ressources humaines qui leur sont attribuées. Le
chapitre IV reconduit les dispositions présentement en vigueur concernant le
régime syndical. Le chapitre V prévoit la disparition du ministère de la
Fonction publique et de l'Office de recrutement et de sélection du personnel,
remplacés par le Conseil du trésor et par l'Office des ressources humaines. Le
Conseil du trésor sera chargé d'établir les politiques générales en matière de
gestion des ressources humaines et de programmes d'égalité d'accès à l'emploi.
De son côté, l'Office des ressources humaines sera chargé du recrutement et de
la promotion des fonctionnaires. La commission de la Fonction publique devra
vérifier l'impartialité et l'équité des décisions prises en vertu de la
nouvelle loi. Le chapitre VI accorde au gouvernement un pouvoir réglementaire
relatif à l'éthique et à la discipline dans la Fonction publique. Le chapitre
VII prévoit des sanctions pour manœuvre frauduleuse lors d'un concours de
recrutement, de promotion et de changement de grade. Enfin, le dernier chapitre
énumère les dispositions transitoires et finales de la nouvelle loi.
La Loi modifiant la Charte de la langue française fut
déposée à la Chambre le 17 novembre par M. Gérald Godin, ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration. Ce projet modifie la Charte de la
langue française. Les modifications qu'il propose ont principalement pour objet
:
d'autoriser les organismes
municipaux qui fournissent leurs services à des personnes en majorité d'une
langue autre que française, à utiliser cette langue en plus de la langue
française dans leur dénomination et leurs communications;
de permettre,
au sein de tous ces organismes l'utilisation de la langue de la majorité des
personnes à qui ils dispensent des services, pour les communications écrites
entre deux personnes qui y consentent;
de permettre l'affichage bilingue à l'extérieur des
établissements spécialisés dans la vente de produits typiques d'une nation
étrangère ou d'un groupe ethnique particulier;
de dispenser les professionnels qui ont fait au moins trois
années d'études secondaires au Québec de l'obligation de prouver qu'ils
possèdent une connaissance du français appropriée à l'exercice de leur
profession;
d'autoriser le gouvernement à rendre admissibles à
l'enseignement en anglais les enfants dont le père ou la mère a reçu
l'enseignement primaire en anglais ailleurs au Canada, à un endroit où il
estime que les services d'enseignements en français sont comparables à ceux
offerts en anglais aux ressortissants anglophones du Québec;
d'étendre aux centres de recherche le régime linguistique
applicable aux sièges sociaux dont l'activité s'étend hors du Québec;
de limiter à l'affichage de l'administration l'usage
obligatoire des termes normalisés dans l'affichage public; et
de préciser les responsabilités et la durée du mandat des
comités de francisation au sein des entreprises et d'autoriser l'Office de la
langue française à suspendre ou annuler le certificat de francisation d'une
entreprise, si le français n'y possède plus le statut que les programmes de
francisation ont pour but d'assurer.
Diverses dispositions à caractère administratif sont
en outre modifiées, notamment en ce qui concerne les pouvoirs de l'Office de la
langue française et la Commission de toponymie, la Commission d'appel, et la
Commission de surveillance de la langue française qui sera dorénavant appelée
<,Commission de protection de la langue française». Cette loi a été
sanctionnée le 21 décembre.
Projet de nouveau règlement
Le 21 décembre, peu avant l'ajournement, le président
M. Richard Guay déposa un projet de nouveau règlement pour l'Assemblée
nationale. Ce projet incorpore les éléments de la réforme parlementaire dont
l'Assemblée a convenu au printemps 1983. Le règlement se veut fonctionnel,
moderne et efficace. Il est rédigé dans une langue claire et selon une
présentation rationnelle. Le projet de règlement compte 299 articles sous six
titres : organisation et fonctionnement, procédure générale, procédure
Législative, budget, contrôle parlementaire, intégrité du parlement et de ses
membres. Le nouveau texte, qui sera proposé comme règlement sessionnel en mars
1984, réduit de 27 à 9 le nombre des commissions parlementaires et modifie leur
rôle en leur permettant d'étudier, de leur propre initiative, les règlements
attachés aux lois ou de débattre des orientations des organismes publics ou
sociétés d'États. L'opposition aura également plus d'importance, puisque trois
des neuf commissions seront présidées par un représentant de l'opposition. Pour
chaque commission présidée par un député du gouvernement, le vice-président
sera un membre de l'opposition. Une commission parlementaire ne pourra siéger à
huis clos sans l'appui d'une majorité de députés de l'opposition
Yvon Thériault, Service
d'indexation et de bibliographie à l'Assemblée nationale du Québec.
Le Sénat
D importants changements concernant la présidence du
Sénat sont survenus depuis l'ouverture de la nouvelle session le 7 décembre. Le
sénateur Maurice Riel a été nommé par le gouverneur général, le 16 décembre, au
poste de président qu'occupait M. Jean Marchand avant sa nomination à la
Commission canadienne des transports. Le sénateur Gildas Molgat a été choisi,
le 19 décembre, pour occuper de façon permanente le poste de président par
intérim. Il s'agit d'un nouveau poste créé à la suite d'une recommandation du
rapport déposé le 6 mai 1982 par le Comité des affaires juridiques et
constitutionnelles qui avait étudié la question de la vice-présidence du Sénat.
Il avait estimé que la Chambre haute n'avait pas l'autorité légale d'effectuer
une telle nomination, et proposait plutôt qu'elle
élise, au début de chaque session, un président «par intérim» qui remplacerait
le président lorsque celui-ci devait s'absenter. Le sénateur Molgat est donc le
premier titulaire de ce poste.
La composition de plusieurs comités spéciaux et mixtes
a été approuvée le 19 décembre. Conformément au nouveau règlement adopté au
cours de la dernière session, les comités sénatoriaux sont maintenant plus
restreints et ne comptent que douze membres (à l'exception du Comité de la
régie intérieure, des budgets et de l'administration et du Comité du Règlement
et de la procédure qui en comptent quinze). Deux
comités ont reçu une nouvelle appellation. Le Comité de l'agriculture, présidé
par le sénateur Herb Sparrow, s'appelle maintenant le Comité de l'agriculture,
des pêches et des forêts et celui de la santé, du bien-être et des sciences
présidé par le sénateur Lorne Bonnell, devient le Comité des affaires sociales,
des sciences et de la technologie. Un nouveau comité permanent, celui de
l'énergie et des ressources naturelles qui sera
présidé par le sénateur Earl Hastings, a été institué ainsi qu'un nouveau
comité spécial, celui de la défense nationale, qui sera présidé par le sénateur
Paul Lafond.
Rapport sur la réforme du Sénat
Le 31 janvier, le Comité mixte spécial de la réforme
du Sénat qui avait été reconstitué au début de décembre, a déposé son rapport
tant attendu. Le comité, présidé par le sénateur Gildas Molgat et M. Paul
Cosgrove, a tenu de nombreuses audiences publiques dans tout le pays et a
entendu plus de cent témoignages. Il propose essentiellement que le Sénat soit
élu directement par la population du Canada. Selon lui, c'est la seule façon
pour le Sénat de remplir efficacement son principal rôle, soit la
représentation régionale. Le comité en est arrivé à cette conclusion après
avoir rejeté d'autres propositions de réforme telles l'abolition totale du
Sénat, la limitation de la réforme à celle du système de nomination, ou la
transformation du Sénat en une réplique du Bundesrat allemand où les sénateurs
ne seraient que de simples délégués des gouvernements provinciaux. Selon le
rapport, une telle Chambre subordonnerait indûment le Parlement fédéral aux
gouvernements provinciaux. Le Parlement fédéral deviendrait ainsi un organisme
hybride et quasiment monstrueux».
Le comité insista sur le fait que les pouvoirs d'un
Sénat élu ne devraient pas être trop étendus pour éviter qu'il ne rivalise de
suprématie avec la Chambre des communes. Il propose donc que le nouveau Sénat
ne jouisse que d'un veto suspensif d'au plus 120 jours de séances à l'égard des
mesures adoptées par les Communes. Les projets de loi des subsides seraient
exclus de cette procédure et ne seraient assujettis à aucun délai. Il en irait
de même de mesures d'ordre linguistique qui ne pourraient être approuvées que
par une double majorité : celle des sénateurs francophones et la majorité de
tous les sénateurs. Pour ces questions, le Sénat aurait un droit de veto
absolu.
Le rapport propose que les sénateurs soient élus pour
un mandat non renouvelable de neuf ans, avec renouvellement par tiers tous les
trois ans. Au lieu de la représentation proportionnelle, il recommande un
scrutin uninominal à simple majorité. Il estime que les sièges devraient être
affectés par province et par territoire et propose un compromis entre l'égalité
provinciale des sièges et la représentation selon la population. Il préconise
un système où la plupart des provinces auraient un nombre égal de sièges, sauf
l'Ontario et le Québec qui en auraient davantage et l'Île du Prince Édouard et
les Territoires qui en auraient moins.
Bien que le comité convienne que ces propositions
nécessiteront des negotations fédérales provinciales et une modification
constitutionnelle subséquente, ce qui prendra et un certain temps, il estime
que certaines réformes au Sénat actuel pourraient être effectuées dès à
présent. Par exemple, il propose d'instituer un mandat fixe pour les futures
nominations, d'assouplir l'exercice du pouvoir du Sénat de façon à accorder à
cette Chambre un droit
de veto suspensif et
d'intensifier le recours à des commissions d'enquête. La mise en oeuvre de ces
réformes, de conclure le rapport, permettra d'évaluer à quel point un Sénat
nommé sera plus efficace et confirmera si le Comité a raison de préconiser
l'élection des sénateurs. Le rapport fera sans aucun doute l'objet d'un débat
intéressant au cours des mois à venir.
Gary W. O'Brien, chef de
la Division des journaux et procès-verbaux (anglais) au Sénat
Chambre
des communes
Le début du trimestre d'hiver a marqué la fin de la
plus longue session de l'histoire parlementaire canadienne qui a compté
591 séances réparties sur plus de trois ans. A son retour d'une semaine
d'ajournement et après avoir adopté six projets de foi, dont le C4 portant
réorganisation des pêcheries dans les provinces de l'Atlantique, la Chambre a
été convoquée au Sénat le 30 novembre pour assister au discours de prorogation
prononcé par le gouverneur général. Son allocution a mis en lumière les
réalisations du gouvernement et les travaux de la Chambre au cours de la
première session de la trente-deuxième législature dont les événements
marquants furent la mise en oeuvre du Programme énergétique national, le
rapatriement de la Constitution canadienne, le programme de restriction des
hausses salariales dans la Fonction publique à 6 et 5 pour cent et la
modification du tarif historique du Pas du Nid de Corbeau pour le transport des
marchandises dans l'Ouest.
Le 6 décembre, pour la deuxième fois au cours de la
même semaine, la Chambre était convoquée au Sénat pour entendre le gouverneur
général prononcer cette fois le discours du Trône marquant ainsi l'ouverture de
la deuxième session. Parmi les points saillants du discours du Trône, qui constitue
un énoncé du programme législatif du gouvernement, notons entre autres des
mesures ayant trait à l'économie, à des programmes de création d'emploi pour
les jeunes, ci l'augmentation du revenu des personnes âgées, à l'amélioration
de la condition féminine, à l'imposition de peines plus sévères pour les
conducteurs en état d'ébriété et à la réforme de la Loi sur le divorce.
Alors que se poursuivait le débat en réponse au
discours du Trône, le gouvernement a présenté plusieurs projets de loi d'importance.
Le 12 décembre le ministre de la Santé, Mme Monique Bégin, a présenté le projet
de loi C3, Loi canadienne sur la santé qui vise à sauvegarder le
principe de l'universalité
des soins médicaux et prévoit la réduction des contributions fédérales aux
provinces qui permettent la surfacturation par les médecins et l'imposition de
frais modérateurs par les hôpitaux. Ce projet de loi, adopté en deuxième
lecture le 20 janvier, a été renvoyé au Comité permanent de la santé et des
affaires sociales.
Le 18 janvier, le solliciteur général, M. Robert
Kaplan, a présenté le projet de loi C9 concernant la mise sur pied d'un Service
canadien du renseignement de sécurité. Au cours de la première session un
projet semblable avait été présenté et avait fait l'objet d'une étude
approfondie par un comité spécial du Sénat qui, dans un rapport publié en
novembre, avait recommandé que d'importantes modifications y soient apportées.
Le projet de loi C9 comporte plus de quarante amendements par rapport à
l'ancienne version. Ces modifications visent surtout à restreindre le mandat du
Service, à resserrer les dispositions touchant son contrôle et sa surveillance
et à accroître la responsabilité ministérielle et la participation des
provinces.
Au cours des mois de janvier et de février, le
ministre de la Justice, M. Mark MacGuigan a présenté deux projets de loi : C1
0, visant à modifier la Loi sur le divorce et le C19 portant réforme du Code
criminel. Les modifications apportées à la Loi sur le divorce permettront
désormais d'obtenir un divorce sans égard à la faute des conjoints, en suivant
des procédures moins lourdes, moins coûteuses et plus rapides. De plus, il est
prévu que 95% des cas pourront être réglés sans qu'il soit nécessaire de
recourir à un procès. Le projet de loi C19, présenté le 7 février, constitue
une véritable refonte du Code criminel; il comporte entre autres des
dispositions visant l'imposition de sentences obligatoires dans les cas de
crimes violents de même que des modifications concernant les conducteurs en
état d'ébriété, les outrages au tribunal, la prostitution, la pornographie et
les crimes reliés aux ordinateurs.
Un autre projet de loi a retenu l'attention de la
Chambre au cours des premières semaines de la nouvelle session, peut-être moins
pour son contenu que pour les répercussions politiques qu'on a tenté de faire
valoir. En effet, au cours de l'étude en Comité plénier du projet de loi C2
portant sur l'impôt sur le revenu, l'article 6 a été rejeté par un vote de 67
contre 38, ce qui a incité l'opposition officielle à demander avec vigueur la
démission du gouvernement et la tenue d'une élection. Ce dernier toutefois,
invoquant que la procédure de vote avait été irrégulière et qu'il ne s'agissait
finalement que d'un article de moindre importance, s'est dit ne se sentir
nullement obligé de démissionner pour si peu.
Pendant ce temps, le débat en réponse au discours du
Trône se poursuivait. Les neuf jours de débat furent répartis du début de la
session en décembre jusqu'aux tout premiers jours de février. Un des faits
saillants du débat fut la «journée consacrée aux leaders» : le 9 février, M.
Trudeau a profité de l'occasion pour faire le bilan devant la Chambre de ses
initiatives en faveur de la paix mondiale, soulignant la nécessité d'un
rapprochement entre l'Est et l'Ouest et la nécessité pour l'OTAN de revoir les
mesures qu'elle peut prendre en vue d'atteindre cet objectif. M. Brian
Mulroney, à titre de porte parole de l'opposition officielle, tout en appuyant
les démarches du premier ministre, a dit souhaiter à ce sujet plus de
consultations entre le gouvernement et le Parlement. De plus, il a préconisé
l'augmentation des dépenses militaires surtout en ce qui a trait aux armes
conventionnelles afin de réduire le besoin en armes nucléaires. M. Ed Broadbent,
à titre de chef du Nouveau parti démocratique, a incité le gouvernement à
prendre des mesures en vue du désarmement nucléaire et a condamné celui-ci pour
avoir permis la mise à l'essai du missile Cruise en sol canadien.
Rapports de comités
Le 23 novembre, le Comité permanent des privilèges et
élections a présenté son 6e rapport dans lequel il est question de l'affaire
Mackasey. Plus tôt pendant l'année, M. Bryce Mackasey avait fait l'objet de
fausses accusations parues dans un quotidien montréalais et avait invoqué que
ses privilèges à titre de député s'en trouvaient brimés. Le rapport a confirmé
que les accusations étaient sans fondement et que les privilèges du député
avaient été atteints.
Le groupe de travail parlementaire chargé d'étudier la
réforme des régimes de pensions canadiens a présenté son rapport à la Chambre
le 15 décembre. Celui ci avait été chargé de mener des consultations sur le
livre vert intitulé : «Pour de meilleures pensions pour les Canadiens» qui
recommandait d'accorder au secteur privé au moins trois ans de plus pour
prouver qu'il peut offrir des régimes de pension satisfaisants avant de
recourir à l'institution obligatoire de régimes de retraite privés. Le groupe
de travail envisage plutôt l'adoption immédiate de mesures plus limitées visant
l'amélioration des systèmes actuels de revenus de retraite.
Le 15 décembre, le Comité spécial sur le Règlement,
créé quelques jours auparavant pour réviser quelques aspects du règlement
provisoire, a présenté son rapport dans lequel il recommande que les affaires
émanant des députés soient réparties sur quatre jours, que la Chambre s'ajourne
une semaine entre Noël et Pâques et que les votes du vendredi reportés au lundi
soient tenus à 18 heures plutôt qu'à 15 heures. Faisant suite à ce rapport la
Chambre a adopté, le 19 décembre, une résolution portant sur la prolongation du
règlement provisoire jusqu'au 120" jour de séance de la prochaine
législature.
Lucie Gratton,
greffier chargé de la procédure, Direction des journaux de la Chambre des
communes.
Territoires
du Nord-ouest
Les vingt-quatre députés élus lors des élections
générales du 21 novembre 1983 ont pris leur place à la Chambre, le 11 janvier
1984, pour l'ouverture à Yellowknife de la première session de la dixième
législature de l'Assemblée législative des Territoires du Nord-ouest
Les membres de l'Assemblée législative se sont réunis
pendant plusieurs jours avant l'ouverture officielle de la session pour nommer
huit des neuf membres du Comité exécutif (l'équivalent d'un cabinet provincial
dans les T.N>O.) et les titulaires des postes clés à l'Assemblée et au sein
des comités permanents. Ces nominations ont été proposées par voie de motion
réglementaire le premier jour de la session qui s 1 est terminée le lendemain.
Donald M. Stewart (Hay River), qui avait présidé toute
la neuvième législature de l'Assemblée législative, a été choisi président pour
la dixième législature. James Wahshee (Rae Lac La Martre) a été choisi
vice-président et Sam Gargan (Deh Cho) et Elijah Erkloo (Foxe Basin) ont été
nommés vice-présidents du comité plénier. Le président du caucus, Michael
Ballantyne (Yellowknife Nord) a été nom
me président du comité
permanent des finances; Bob MacQuarrie (Yellowknife Centre) a été réélu
président du Comité permanent de la législation et Lynda Sorensen (Yellowknife
Sud) a été nommée président du Comité permanent des comptes publics. M"
Sorensen, président du Comité permanent des finances pendant la neuvième
législature, a dirigé la réorganisation du comité qui est devenu le Comité
permanent des finances et des comptes publics et les deux présidents s'occupent
chacun de l'un des deux volets du mandat du comité.
Les huit membres qui siégeront au comité exécutif que
préside le commissaire John Parker sont: Tom Butters (Inuvik), Nellie Cournoyea
(Nunakput), Tagak Curley (Aivilik), Bruce McLaughlin (Pine Point), Richard
Nerysoo (Mackenzie Delta), Dennis Patterson (Iqaluit), Nick Sibbeston (Deh Cho
Gah) et Gordon Wray (Kivallivik).
Le commissaire Parker a formellement accepté les
recommandations de l'Assemblée relativement à la composition du Comité
exécutif, et le leader du gouvernement, M. Nerysoo a annoncé le lendemain la
répartition des portefeuilles.
Discours d'ouverture
Dans son discours d'ouverture, le commissaire Parker a
félicité les députés de leur élection à l'Assemblée et a signalé que «cette
Chambre reflétait presque parfaitement la répartition ethnique de la population
des Territoires du Nord-ouest ... »
En commentant les énormes progrès réalisés au cours de
la neuvième législature en vue de l'établissement d'un gouvernement
responsable, le commissaire a indiqué qu'il faudrait dorénavant s'attendre à
des progrès plus lents et moins spectaculaires que par le passé. Il nous faudra
veiller à consolider nos gains et à raffiner les mécanismes politiques et
constitutionnels que nous mettons en place>,, a t
il ajouté.
«L'un des meilleurs moyens de faire avancer la cause
du gouvernement responsable dans les Territoires du Nord-ouest est de démontrer
notre aptitude à gérer nos propres affaires» de dire M. Parker. «C'est en
gérant avec efficience et efficacité les affaires courantes et les principaux
secteurs d'activités, notamment le domaine des finances, à tous les niveaux,
que nous prouverons aux organismes fédéraux et provinciaux et à la population
ainsi qu'aux institutions des Territoires que nous sommes en mesure d'assumer
davantage de responsabilités»,
Le commissaire s'est dit convaincu que le
développement économique et la création d'emplois compteront
parmi les grandes priorités de la dixième législature. Il a insisté sur
l'importance de collaborer avec l'industrie et de coordonner avec le
gouvernement fédéral l'examen des demandes d'exploitation des ressources. En
même temps, la politique de décentralisation des responsabilités territoriales
au profit des municipalités devrait s'appliquer à un plus grand nombre de
collectivités et englober davantage de services.
Quatre projets de loi financiers seront présentés au
cours de la session, a annoncé le commissaire, à savoir l'Ordonnance de 1984
sur les accords financiers, l'Ordonnance n' 1 de 19841985 sur l'autorisation
des prêts, l'Ordonnance n' 3 de 19831984 portant affectation de crédits
supplémentaires et l'ordonnance de 19841985 portant affectation de crédits.
D'autres mesures législatives pourront
aussi être présentées au cours de la session. Après deux jours de séances, la
Chambre a suspendu ses travaux jusqu'au 3 février pour permettre aux membres du
nouveau comité exécutif de se familiariser avec leur portefeuille.
David Hamilton,
greffier de l'Assemblée législative des Territoires du Nord-ouest
Manitoba
Assemblée législative du Manitoba a 'repris ses
travaux le 5 janvier, après un congé de 19 semaines. Sur vote nominal,
l'Assemblée reçut le rapport du Comité permanent des privilèges et des
élections concernant la teneur d'une résolution du gouvernement visant à
modifier les garanties accordées à la langue française dans la Constitution
(Acte du Manitoba, 1870, 33 Vic., c. 3). Le rapport recommandait que
l'Assemblée adopte la résolution mais que cette dernière soit modifiée de
manière à délimiter explicitement la responsabilité du gouvernement en matière
de communications et de services bilingues et à exempter les municipalités et
les conseils scolaires de l'obligation de fournir de tels services.
Andy Anstett, nouveau leader du gouvernement à la
Chambre et parrain de la résolution, proposa d'en modifier le texte pour qu'il
reflète les recommandations du comité et demanda de supprimer les dispositions
concernant les communications bilingues entre le public et certains organismes
gouvernementaux. Il proposa une nouvelle loi exigeant que des services
bilingues soient offerts par les principaux bureaux administratifs des
ministères, les tribunaux, les organismes quasi judiciaires, les sociétés de la
Couronne et les autres organismes gouvernementaux. Le projet de loi prévoyait
aussi des districts où des services bilingues devaient être offerts pourvu que
8 p. 100 de la population ou au moins 800 personnes fussent d'origine ethnique
française et que la langue anglaise fut la langue première enseignée aux
enfants et toujours comprise par au moins 800 résidents, ou par 8 p. 100 de la
population. Le projet de loi proposait aussi que soit nommé un défenseur des
services linguistiques pour assurer l'application de la loi ainsi qu'un conseil
consultatif chargé de veiller à l'institution des services prévus et de
recommander des modifications à la loi.
Au Manitoba, c'est habituellement le leader du gouvernement
à la Chambre qui détermine l'ordre du jour. Après que la motion portant
deuxième lecture du projet de loi eut été présentée quatre jours consécutifs,
l'opposition, dirigée par son nouveau chef M. Gary Filmon, proposa
l'ajournement de la Chambre et refusa, quand la sonnerie se fit entendre, de
revenir avant l'ajournement quotidien. Le cinquième jour, l'opposition proposa
le renvoi de la question à six mois. Le jour suivant, M. Anstett donna avis
d'une motion de clôture; la motion fut adoptée le 24 janvier et le projet de
loi fut renvoyé au comité, qui entendit alors 57 exposés de la part du public.
L'étude détaillée du projet de loi fut différée jusqu'à l'adoption de la
résolution.
Dans l'intervalle, l'opposition à l'amendement de M.
Anstett s'est principalement traduite par le rejet de l'article 23.1 qui dit
ceci : L'anglais et le français étant les langues officielles du Manitoba, la
liberté d'utiliser l'une ou l'autre langue conformément à la loi manitobaine en
vigueur au moment où la présente disposition aura force de loi, ne peut être
supprimée ni limitée par une loi quelconque de l'assemblée législative du
Manitoba ou en conformité d'une telle loi.
Le 13 janvier, l'opposition proposa un sous amendement
qui visait notamment à supprimer l'article 23.1. Le président de l'assemblée,
M. James Walding, le déclara irrecevable, soutenant que certaines parties de ce
sous amendement tendaient à modifier la motion principale. Un sous amendement
visant uniquement à supprimer l'article 23.1 fut donc présenté par la suite.
Après un débat sur le sous amendement, la clôture fut
proposée, mais pendant sept jours, l'opposition se retira de la Chambre lorsque
retentissait l'appel au vote. Après avoir annoncé que le président de
l'Assemblée n'interviendrait pas, M. Anstett proposa, comme question de
privilège, une motion demandant le renvoi de la question de la sonnerie au
Comité du règlement et l'imposition dans l'intervalle, d'une limite de deux
heures pour interrompre la sonnerie afin de mettre un terme à ce qu'il qualifia
d'obstruction et d'outrage à l'Assemblée.
Quand la motion fut proposée par la présidence, le
gouvernement proposa la question préalable. Cette motion fut débattue jusqu'à
ce que tous les membres de l'opposition eurent pris la
parole, mais quand elle fut mise aux voix, l'opposition, encore une fois,
décida de ne pas répondre à l'appel. Contrairement aux motions antérieures qui
devenaient redondantes au moment de l'ajournement quotidien, cette question de
fond obligeait la sonnerie à retentir sans arrêt.
Le 21 février, la sonnerie s'étant fait entendre cinq
jours durant, le premier ministre Howard Pawley demanda au président d'y mettre
un terme et de procéder au vote. Le président s'y refusa. Le 23 février, il
rencontra M. Anstett et le leader de l'opposition à la chambre, M. Ha"
Enns, pour connaître l'état des négociations et offrir ses bons offices. Aucun
progrès n'avait été réalisé. En dépit d'une résolution adoptée par la Chambre
des communes fédérale le 24 février, demandant unanimement à l'Assemblée
manitobaine d'adopter la résolution, l'opposition provinciale resta hors de la
Chambre et la sonnerie continua de se faire entendre.
Jugeant qu'il n'avait pas d'autre choix, le
gouvernement demanda au lieutenant gouverneur de proroger la session, ce qui
fut fait le lundi 27 février.
Gordon Mackintosh, greffier adjoint,
Assemblée législative du Manitoba
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