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Chambre des communes
A près un intervalle
de plus de deux mois, la Chambre a repris ses travaux le 12 septembre. Au cours
des semaines qui ont suivi et jusqu'au début de novembre. le
projet de loi C1 55, visant à modifier les prix du transport des céréales dans
l'Ouest et surtout le tarif historique du Pas de Nid de Corbeau, a occupé la
majeure partie des travaux parlementaires. Bien qu'il ait dû faire face à une
opposition vigoureuse de la part du Parti progressiste conservateur qui
souhaitait voir reporter de trois ans l'entrée en vigueur des dispositions du
projet, et de la part des néo démocrates qui prônaient
le maintien du tarif actuel. le gouvernement a réussi
à faire franchir au projet de loi l'étape du rapport et à terminer le débat en
troisième lecture avant la fin du trimestre d'automne.
À la lumière des
témoignages recueillis au cours des séances qu'il a tenues pendant l'été, le
Comité des transports a présenté, le 26 septembre, un rapport sur le projet de
loi C155, avec de nombreuses propositions d'amendements. Le premier jour de
l'étude du rapport, 174 motions d'amendements (un nombre record) étaient
inscrites au Feuilleton. Le président, après avoir entendu divers arguments, a
déclaré 78 motions d'amendement irrecevables pour diverses raisons de
procédure.
Le débat à l'étape
du rapport s'est engagé le 29 septembre et s'est poursuivi pendant deux
semaines alors même que le gouvernement manifestait des signes d'impatience et
que l'opposition était plus déterminée que jamais à retarder la progression du
projet de loi. Le 14 octobre, la Chambre n'a pas abordé l'ordre du jour parce
qu'au cours des «Affaires courantes», M. Walter Baker a proposé l'adoption du
cinquième rapport du Comité spécial chargé d'examiner le règlement et la
procédure. empêchant ainsi que se poursuive l'étude du
projet de loi C155. Un débat s'est alors engagé mais il a été interrompu au
moment où M. Bud Cullen a proposé que la Chambre «<passe à l'ordre du jour».
Cette motion devait être mise aux voix et la sonnerie convoquant les députés a un vote nominal a retenti en vain pendant plus de deux
heures. A 17 heures, heure ordinaire d'ajournement les vendredis, le président,
Mme Jeanne Sauvé, a déclaré la motion périmée et a ajourné la Chambre.
Cet événement allait
marquer le début d'une longue série de tactiques de procédure, souvent
inusitées, où le gouvernement et l'opposition allaient rivaliser d'imagination
et d'énergie. Jusqu'à la fin du débat en troisième lecture du projet de loi C
155, la Chambre allait traverser une des périodes les plus tumultueuses de la
session; période au cours de laquelle la tension allait croître au fur et à
mesure que les
échanges devenaient plus animés, que des motions de remplacement
étaient présentées, que les sonneries d'appel se faisaient plus fréquentes et
plus longues et que les rappels au règlement devenaient plus nombreux.
Le 18 octobre, pour
empêcher le ministre des Transports, M. Lloyd Axworthy, de donner avis de
l'attribution d'une période de temps à l'étape du rapport et à la troisième
lecture du projet de loi C155, M. lan Deans a soulevé un rappel au règlement et
a proposé que le député de Yorkton Melville (M. Nystrom) soit maintenant
entendu». De nouveau, la sonnerie invitant les députés à venir voter s'est fait
entendre pendant plus d'une heure, puis à l'heure ordinaire d'ajournement, la
motion fut déclarée désuète par le président.
Le lendemain, M.
Axworthy a réussi à donner avis de son intention de proposer une motion visant
l'attribution d'une période de temps. M. Erik Nielsen a immédiatement contesté
la recevabilité de l'avis, soulignant que le ministre des Transports avait été
reconnu par la présidence alors qu , il invoquait le Règlement, ce qui était contraire
aux pratiques de la Chambre. Toutefois. la présidence
a déclaré que l'avis était recevable en tous points. Sur ce, M. Svend Robinson
a formulé des commentaires sur la décision qui venait d'être rendue et a tenu à
plusieurs reprises des propos irrévérencieux à l'endroit du président, mettant
en cause son impartialité. Après lui avoir demandé de se rétracter plusieurs
fois, le président s'est vu obligé de nommer M. Robinson pour avoir méprisé
l'autorité de la présidence. Le leader du gouvernement a ensuite proposé la
motion réglementaire visant l'expulsion du député pour le reste de la séance.
Cette fois, la sonnerie pour le vote a retenti pendant plus d'une heure et
demie avant la mise aux voix de la motion qui fut adoptée.
Ce n'est que le 26
octobre que la Chambre a entrepris les délibérations sur la motion
d'attribution d'une période de temps. Le discours de M. Axworthy a été suivi de
celui de M. Don Mazankowski qui a proposé que la Chambre passe alors à l'ordre
du jour,,. Cette motion devait faire l'objet d'un vote
par appel nominal. La sonnerie s'est fait entendre pendant près de 2 heures. À
17h l2 le président l'a interrompue conformément aux dispositions de l'article
82 du Règlement, et a expliqué à la Chambre qu'elle devait mettre aux voix toutes
les questions nécessaires en vue de disposer de la motion d'attribution, mais
que, pour ce faire, la Chambre devait d'abord se prononcer sur la motion de M.
Mazankowski. Celle-ci fut rejetée et la motion principale, attribuant deux
jours pour le débat à l'étape du rapport et un seul à la troisième lecture',
fut adoptée. Malgré tout opposition n'a pas désarmé. Au cours des 27 et 28
octobre, plus de 225 pétitions ont été présentées, retardant de deux jours
encore le débat sur le projet de loi.
Les délibérations
ont repris le lundi 31 octobre, premier des deux j'ours vises par la motion
d'attribution d'une période de temps pour l'étape du rapport et, parle biais
des dispositions de l'article 8(4) du règlement, les heures de séance furent
prolongées. Au cours du débat, M. Deans, après avoir refusé de reprendre son
siège après une intervention alors qu'il avait été sommé de le faire par le
vice président. M. Lloyd Francis. a été nomme, puis
expulsé de la Chambre pour le reste de la séance, suivant l'adoption de la
motion d'usage. Pendant la même séance, vers 4 heures, le ler novembre, M,
Axworthy a proposé l'ajournement de la Chambre. Cette motion fut adoptée, mais
non sans que la sonnerie d'appel se soit fait entendre pendant plus de six
heures. À 1l h 30, la Chambre s'est alors ajournée jusqu'au lendemain, 2
novembre.
Le jeudi 3 novembre,
le débat à 1 étape du rapport a été conclu par la mise aux voix des motions
d'amendement et par 1 adoption à cette étape du projet de loi C155 tel que
modifié. Le lendemain, le débat en troisième lecture a eu lieu et le vote fut
reporté au prochain jour de séance, à savoir le 14 novembre.
Au cours des mois de
septembre et d octobre, la Chambre s'est aussi penchée sur d'autres projets de
loi. Le 27 septembre, le projet de loi C1 10 portant sur la Société pour
l'expansion des exportations, a franchi l'étape de la troisième lecture, Il
tend à accroître la gamme et la souplesse des services que la Société offre aux
exportateurs canadiens et à élargir sa capacité juridique.
Aux termes d'un
accord intervenu entre les leaders parlementaires le 24 octobre, quatre autres
projets de loi ont été adoptés en troisième lecture. C'est ainsi que le projet
de loi C1 63, destiné à constituer le Bureau canadien de la sécurité aérienne
fut adopté. Ce bureau, composé de trois membres, ne relèvera pas du ministère
des Transports; il aura le pouvoir de tenir ou de faire ouvrir des enquêtes sur
tous les incidents aériens et ses rapports seront publics. Les trois autres
projets de loi furent adoptés le lendemain (25 octobre). En premier lieu, le
projet de loi C1 69, Loi n'3 modifiant la Loi électorale du Canada, a trait à
l'indexation des limites des dépenses d'élections des partis et des candidats
et prévoit une nouvelle formule pour leur remboursement, de même que
l'élimination des dépenses électorales encourues par des tiers. Deuxièmement,
le projet de loi C1 68, Loi n' 2 modifiant la Loi sur les accords de Bretton
Woods fait passer la souscription globale du Canada au Fonds monétaire
international de deux millions en droits de tirage spéciaux (environ 1,2
milliards de dollars canadiens) à 2,9 millions (environ 3,8 milliards de
dollars). Finalement, le troisième projet de loi, le C1 52, Loi concernant
l'organisation du gouvernement, vise, dans un premier temps, à réorganiser le
ministère de l'Industrie et du Commerce et celui de l'Expansion économique
régionale pour constituer le nouveau ministère de l'Expansion industrielle
régionale, et, dans un deuxième temps, à rationaliser les voies hiérarchiques au
ministère des Affaires extérieures pour regrouper sous une seule autorité le
commerce international et les relations extérieures.
Résolutions et
débats d'urgence
La première
résolution, adoptée par la Chambre le 12 septembre dans le cadre d'un débat
d'urgence, a porté sur la destruction d'un appareil de l'aviation civile de la
Corée du Sud par l'Union soviétique. Déplorant l'attaque dirigée contre le vol
007 de la société Korean Airline, la Chambre a demandé une explication pleine
et véridique ainsi que l'indemnisation des familles des victimes. En
conclusion, la résolution invitait le président à en transmettre le texte aux
autorités de l'Union soviétique. Le 28 septembre, le président a informé la
Chambre du refus du chargé d'affaires de l'ambassade soviétique de prendre
livraison du texte de la résolution. Le président a dit que l'ambassade avait
sans doute pris connaissance de la décision de la Chambre et l'avait transmise
au gouvernement soviétique à Moscou.
La deuxième
résolution, adoptée le 6 octobre suite à des discussions préalables entre le
premier ministre, le chef de l'opposition et le chef du Nouveau parti
démocratique, portait sur les droits de la minorité francophone du Manitoba.
Aux termes de la résolution, la Chambre appuie l'accord conclu le 16 mai 1983
entre le Gouvernement du Canada et celui du Manitoba, avec la participation de
la Société franco manitobaine, en vue de modifier la Loi de 1870 sur le
Manitoba, et elle invite le gouvernement et l'Assemblée législative du Manitoba
à prendre les mesures nécessaires pour satisfaire à leurs obligations
constitutionnelles et protéger efficacement les droits de la minorité
d'expression française de cette province.
À ces activités déjà
nombreuses est venu s'ajouter un débat d'urgence tenu
le 27 octobre, à la demande de M. Ed Broadbent, sur l'invasion de la Grenade
par une force multinationale menée par les États-Unis. Après avoir passé en
revue les arguments invoqués par le gouvernement américain, M. Broadbent a
invité la Chambre à adopter une motion déclarant qu'elle partageait le
sentiment du secrétaire du Commonwealth qui avait qualifié l'invasion
~<d'acte déplorable d'agression flagrante. M. Nielsen, se faisant le porte
parole de son parti à cette occasion, s'est dit choque par certains propos tenus
par M. Broadbent. Il a ajouté que les libéraux et les néo démocrates ne
cherchaient qu'à ramener étroitement la question au seul débarquement des
troupes américaines et antillaises sans tenir compte de la menace que
représentaient les 600 ou 700 soldats cubains en sol grenadin. À titre de porte
parole du gouvernement, M. Gerald Regan, ministre d'État (Commerce
international) a fait état des efforts souvent infructueux du gouvernement
canadien pour tenter de tirer ses ressortissants de cette fâcheuse situation.
Il a réitéré la position du gouvernement et regretté que les Américains aient
juge nécessaire d'entreprendre cette action. Il a tout particulièrement déploré
l'absence de consultations et de négociations à ce sujet.
Rapports des comités
Deux comités
spéciaux ont présenté des rapports à la Chambre au cours de cette période. Le
premier émanait du Comité spécial sur l'autonomie politique des indiens qui, le
12 septembre, a présenté un rapport de forme demandant que son mandat soit
prolongé jusqu'à la fin de la présente session pour lui permettre de terminer
ses travaux. La Chambre a acquiescé à la demande et adopté le rapport le même
jour.
Dix semaines plus
tard, le comité présentait son rapport final dans lequel il recommandait, entre
autres, que le gouvernement fédéral établisse une nouvelle relation avec les
premières nations indiennes, dont l'un des éléments essentiels devait être la
reconnaissance de l'autonomie politique des Indiens. Le comité préconise que le
droit à l'autonomie soit explicitement prescrit et confirmé par la Constitution
canadienne et que dans l'intervalle, l'engagement du gouvernement à cet égard
se traduise par le dépôt de projets de loi qui conduiraient immédiatement au
plus haut degré d'autonomie politique possible. Plus précisément il recommande
trois mesures législatives en plus de la création d'un département d'État aux
relations avec les premières nations. Les recommandations portent aussi sur les
modalités de la mise sur pied des gouvernements indiens, sur l'étendue de leurs
pouvoirs et sur leur fondement économique.
En outre, le comité
recommande l'adoption d'une «nouvelle politique destinée à promouvoir le
règlement juste et équitable des revendications territoriales en souffrance, compte
tenu du fait que les droits ancestraux ou issus de traités sont protégés par la
Constitution». Le comité préconise aussi la mise en place d'un nouveau mode de
règlement de ces revendications défini par la loi. Les détails de la nouvelle
politique et du nouveau mode de règlement devraient être arrêtés aux termes de
négociations bilatérales entre le gouvernement fédéral et les administrations
des premières nations, et menées sur la base de certains principes
explicitement énoncés par le comité. Finalement, le comité a demandé que le
gouvernement réponde à son rapport, conformément à l'article 69(13) du
Règlement de la Chambre.
Le 30 septembre, le
Comité spécial chargé d'examiner le règlement et la procédure a déposé ce qui
doit être considéré comme son dernier rapport. Ce
dixième rapport recommande entre autres de revenir à l'ancienne pratique
relative aux déclarations ministérielles en éliminant la mini période de
questions qui les suit, mais en permettant à un représentant de chacun des
partis d'opposition de commenter la déclaration. En ce qui a trait aux
questions de confiance, le comité recommande que toutes les mentions relatives
à ces questions soient supprimées du règlement et que tout député ait le droit
de formuler une motion de manière à en faire une question de confiance. Le
comité suggère également que les projets de loi afférents à une motion de voies
et moyens ne soient plus étudiés en comité plénier mais bien renvoyés à un
comité législatif dont la création a été proposée dans son sixième rapport.
Diverses autres recommandations portent sur le report des votes du vendredi,
sur l'emploi des mots «orateur» et «président» dans le règlement, sur la
prière, la désignation des députés, l'organisation des travaux relatifs aux
affaires émanant des députés et finalement, sur le renvoi de certaines
questions au Comité permanent de la procédure et de l'organisation. À ce
propos, le comité est d'avis que le comité permanent, composé d'un nombre plus
restreint de députés, devrait entreprendre, dans les plus brefs délais,
l'examen du règlement provisoire et d'un certain nombre de questions que le
comité spécial a mentionnées dans ses autres rapports, afin d'assurer une
révision permanente du règlement et de la procédure.
Lucie Gratton, greffier chargé de la procédure, Direction des
journaux de la Chambre des communes.
Le Sénat
D importantes
modifications au règlement ont été adoptées au cours de la période à l'étude.
Le 27 septembre et le 18 octobre, le sénateur Hartland Molson a présenté les
quatrième et cinquième rapports du Comité du règlement et de la procédure, qui
proposaient centaines réformes pour le début de la nouvelle session
parlementaire.
Les modifications,
adoptées par le Sénat, le 25 octobre, portent principalement sur le système des
comités. La composition des comités, qui ne pouvait être modifiée auparavant
qu'au moyen d'une motion au Sénat, le sera dorénavant par voie d'avis au
Greffier de la Chambre, qui fera inscrire le changement aux procès verbaux du
Sénat. Le nombre de membres des comités spéciaux sera réduit de vingt à douze
sénateurs, et le quorum passera de cinq à quatre. Des exceptions sont toutefois
prévues pour le Comité du règlement et de la procédure et pour le Comité de la
régie intérieure, des budgets et de J'administration, dont le nombre de membres
est fixé à quinze. Le Comité de l'agriculture portera maintenant le nom de
Comité sénatorial de l'agriculture, des pêches et des forêts. Le Comité
sénatorial de la santé, du bien-être et des sciences. qui
avait été rebaptisé Comité des affaires sociales, des sciences et de la
technologie, plus tôt au cours de la session. se verra
confier aussi la condition physique et le sport amateur, l'emploi et
l'immigration, la consommation et la jeunesse. Le nouveau Comité permanent de
l'énergie portera désormais le nom de Comité sénatorial de l'énergie et des
ressources naturelles. Le leader du gouvernement ou, en son absence, le leader
suppléant, ainsi que le leader de l'opposition ou. en
son absence. son suppléant seront membres d’office du
Comité de sélection et de tous les comités spéciaux. Enfin, tous les sous
comites comprendront, au plus, la moitié des membres d'un comité spécial, trois
membres devant constituer le quorum. Le 25 octobre. le
Sénat approuvait ces modifications au Règlement.
Le 13 octobre, le
sénateur Joan Neiman a déposé le rapport du Comité sénatorial des affaires
juridiques et constitutionnelles sur la teneur de la Proclamation de
modification de la Constitution (1983) relativement aux droits des autochtones.
Depuis qu'il a reçu son ordre de renvoi le 29 juin, le Comité a tenu de
nombreuses audiences et entendu des ministres et de nombreux groupes
d'autochtones. Le comité estime qu'il a offert à toutes les parties une tribune
dont elles avaient grandement besoin pour exprimer leurs points de vue et pour
exposer les malentendus et les contradictions possibles dans l'interprétation
du projet de modification. Tout en recommandant l'adoption de la résolution, le
Comité a formulé certaines suggestions à 1 intention des parties aux
négociations constitutionnelles. Il leur a proposé de s'entendre tout d'abord
sur la définition d'expressions comme «droits existant en vertu des traités,
droits des autochtones» et accords sur les revendications territoriales,,, ces expressions constituant la base de tout accord
futur. Il leur a recommandé aussi de déterminer quelles parties des traités,
des accords sur les revendications territoriales et des droits des autochtones
seraient enchâssées dans la Constitution et lesquelles seraient jugées
auxiliaires. Étant donné que la «clause d'égalité» relative aux sexes n'était
pas claire, il leur a également proposé, comme seconde priorité, de résoudre
les questions d'appartenance et d'égalité. Le Sénat, qui avait entrepris
l'étude du rapport du Comité le 18 octobre, a finalement adopté la résolution
sur la Proclamation de modification de la Constitution, le 3 novembre.
C'est également le 3
novembre que le sénateur Michael Pitfield a déposé le Rapport du Comité spécial
du service canadien du renseignement de sécurité. Le rapport, intitulé
Équilibre délicat : un service du renseignement de sécurité dans une société
démocratique, constitue une analyse approfondie du projet de loi C1 57, visant
la création d'un service de renseignement de sécurité. Bien que le Comité ait
jugé que les éléments structuraux accompagnant la création d'un tel organisme
étaient valables, il a recommandé plusieurs modifications au projet de loi. Il
a estimé que le texte devrait préciser le mandat et les fonctions de l'organisme,
et qu'il devrait prévoir à l'égard des activités de sécurité un contrôle
judiciaire et un système de surveillance et d'examen externes. Bien qu'il ait
rejeté l'idée de mettre sur pied un comité parlementaire spécial chargé
d'examiner les activités de l'organisme, le Comité a par contre recommandé
qu'un comité parlementaire soit chargé d'examiner l'application de la loi après
une période de cinq ans, par exemple. Il a finalement conclu qu'avec ces
modifications, le projet de loi C157 répondrait adéquatement aux besoins du
Canada en matière de sécurité, sans porter atteinte aux droits individuels de
façon injustifiée.
Gary W. O'Brien, chef de la
Division des journaux et procès-verbaux (anglais) au Sénat.
Ontario
L’
Assemblée législative a
repris ses travaux le 11 octobre; elle n'avait pas siégé depuis le 21 juin. Au
nombre des questions importantes qui ont fait surface au début de la session il
y a eu la fourniture de services en langue française et la perspective
d’instituer le bilinguisme officiel; la responsabilité de l'avarie importante
qui a entraîné l'arrêt du réacteur nucléaire de Pickering et ses répercussions
financières pour l'Hydro Ontario l'intention du gouvernement de prolonger ou de
modifier la loi qu'il avait adoptée, fin 1982, sur le contrôle des salaires. La
Chambre a reçu des douzaines de pétitions signées par des milliers
d'enseignants, demandant la restitution du droit de négociation collective qui
avait été suspendu par la loi limitant les salaires.
Le nouveau
trésorier, Larry Grossman, a annoncé à la Chambre que le processus
d'établissement du budget allait être profondément modifié pour permettre aux
députés, aux groupes intéressés et aux citoyens de mieux participer à la mise
au point de la politique budgétaire. Il a dit qu'un rapport économique et
fiscal allait être déposé, fin novembre, qui contiendra des projections en
préparation du budget du printemps. Par la suite, des documents pré budgétaires
seront déposés, qui porteront sur des aspects déterminés de la politique
économique; ces documents seront moins techniques et plus orientés vers des
questions de politique que les documents budgétaires annexés habituellement au
budget. Le trésorier a également annoncé qu'il entreprendrait une consultation
publique plus large que par le passé, mais il n'a fait aucune mention des
mécanismes dont pourrait disposer l'Assemblée pour étudier les rapports
économiques et les documents pré budgétaires
L'un des plus
importants débats de l'Assemblée, en octobre, a porté sur la ratification du
projet de modification constitutionnelle relatif aux droits et libertés des
peuples autochtones du Canada.
L'Ontario devient
ainsi la septième province à approuver la résolution issue de l'accord
constitutionnel de mars 1983 qui. selon le ministre
des Affaires intergouvernementales, M. Tom Wells, reflète en partie les espoirs
et les aspirations des peuples autochtones du Canada et prévoit un mécanisme en
vue de la discussion d'autres objectifs des peuples autochtones.
Pendant plusieurs jours,
les débats ont porté moins sur la substance de la résolution que sur la
politique gouvernementale envers les autochtones de la province. Le
porte-parole libéral des Affaires du Nord, M. Ron van Horne, a parlé des gestes
vains» et d'attitude non coopérative» de la part du gouvernement. M. Jack
Stokes, le député NPD de Lake Nipigon, a déclaré que l'adoption de la
résolution ne changerait absolument rien tant que le gouvernement ne serait pas
mieux renseigné sur les conditions des communautés indiennes du Nord et qu'il
ne s'efforcerait pas d'y remédier,
Malgré les critiques
à l'égard des gouvernements et la litanie déprimante des problèmes économiques
et sociaux auxquels font face les autochtones, le débat s'est déroulé sous le
signe de l'optimisme. Le conservateur James Gordon a espère que l'on mettrait
fin «au vieux paternalisme qui s'est trop souvent traduit par une sournoise
négligence»: le libéral Robert Nixon a cité la grande réserve des Six Nations,
dans sa circonscription électorale, comme preuve que les Indiens peuvent
administrer leurs propres affaires.
Mesure d'initiative
parlementaire
Le 20 octobre, la
Chambre a étudié la résolution de Mme Sheila Copps (libérale) visant à
incorporer à l'Employment Standards Act le principe de la rémunération égale
pour un travail égal. À la suite d'un débat où les députés de tous les partis
ont exprimé leur appui à ce principe, la résolution a été adoptée
par un vote record de 82 voix contre 0. « Le gouvernement a adopté ce principe
depuis un certain temps déjà, a déclaré M. Robert Welch, ministre chargé de la
condition féminine, et il en poursuivra l'application, par étapes successives».
Les comités
Durant le mois
d'août, l'activité des comités a été pratiquement nulle, mais le mois de
septembre et le début d'octobre ont été marqués par la recrudescence habituelle
des réunions et des voyages de comités. Le Comité de développement social a
discuté un projet de loi controversé sur l'administration des universités~ il a
en outre poursuivi son enquête sur les sévices exercés sur les enfants et il
espère présenter son rapport avant Noël à ce sujet. Les comités des comptes
publics et de la procédure ont opéré des vérifications dans des organismes, des
offices et des commissions et ont également étudié l'obligation de rendre
compte des sociétés de la Couronne. Les deux comités se sont rendus à
Washington pour se renseigner sur la procédure américaine en la matière. Le
Comité spécial de l'ombudsman a procédé à l'étude annuelle du rapport de
l'ombudsman; il a également assisté, à Vancouver, à la Canadian Conference of
Legislative Ombudsmen. D'autres comités ont étudié la question de
l'indemnisation des accidents du travail ainsi qu'un projet de loi présenté par la ville de Toronto en vue de contrôler la
démolition des blocs appartements.
Graham White, greffier
adjoint, Assemblée législative de l'Ontario.
Alberta
Les séances
d'automne de la première session de la 20' législature de l'Alberta ont débuté
le 19 octobre 1983. Le premier article important à l'ordre du jour était la
motion proposée par le premier ministre Peter Lougheed visant à faire approuver
par l'Assemblée «l'ensemble des opérations menées par le gouvernement depuis
l'ajournement du printemps,,. A l'appui de sa motion,
le premier ministre de l'Alberta a prononcé une allocution sur «I , état de la province», dans laquelle il a mis l'accent
sur les questions économiques et fiscales. Le premier ministre a lait observer
que l'économie de la province traversait actuellement une phase d'ajustement
après une période de développement accéléré dû à l'exploitation intensive des
ressources naturelles et à l'incidence de l'économie mondiale sur l'Alberta, La
conjoncture économique obligeait le gouvernement à réévaluer sa stratégie
économique, a t il affirmé. et c'est pourquoi le
gouvernement compte dévoiler un nouveau plan de relance économique le printemps
prochain. Soulignant les priorités actuelles du gouvernement, M. Lougheed a
insisté sur la nécessité de bien gérer les finances, de faire connaître à
l'étranger les produits et les services de l'Alberta, de collaborer avec les
producteurs et de mettre en valeur les richesses de la province.
En réponse au
discours d'ouverture du premier ministre Lougheed, M. Grant Notley, chef de
l'opposition officielle et du Nouveau parti démocratique de l'Alberta, a fait
ressortir les contradictions du gouvernement. M. Notley a soutenu que le
gouvernement, qui a augmenté les impôts et a insisté sur la nécessité de
restrictions budgétaires dans le domaine de la santé, a gaspillé de l'argent
dans des projets comme le parc Kananaskis et en voyages coûteux. M. Notley a
proposé de modifier la motion de M. Lougheed pour qu'elle se lise comme suit :
«L'Assemblée approuve en général les opérations menées par le gouvernement
depuis l'ajournement du printemps, mais déplore le fait que le gouvernement,
n'ayant pas réussi à maîtriser la crise économique, est obligé d'augmenter
sensiblement les impôts.
Le règlement et
l'opposition
Dès la rentrée
d'automne, les membres de l'opposition ont donné du fil à retordre au
président, M. Gerard Amerongen. Pendant que le premier ministre prononçait son
discours sur l'état de la province, le président a dû rappeler treize fois à
l'ordre des députés de l'opposition qui faisaient du chahut. Invoquant le Règlement,
les quatre députés de l'opposition, MM. Ray Speaker, Walter Buck, Ray Martin et
Grant Notley ont contesté les interventions du président. M. Notley a reconnu
que le président avait le droit d'intervenir lorsque les interjections
dépassaient la mesure. Il a cependant allégué que le président l'avait fait
parce que c'était le premier ministre qui avait la parole et que les mêmes
règles ne s'appliquaient pas lorsqu'on interrompait le discours des députés de
l'opposition. Selon M. Notley, tous les députés devaient être assujettis aux
mêmes règles, y compris le premier ministre. C'était la première fois en douze
ans, c'est à dire depuis qu'il est devenu premier ministre, que M. Lougheed
voyait l'opposition interrompre son discours annuel sur l'état de la province.
En général, les
quatre députés de l'opposition aimeraient que le président soit plus flexible
quant au genre de questions qu'il est prêt à accepter. Cependant, le président
s'en tient aux règles qu'il a annoncées à la Chambre au printemps dernier au
lieu de suivre la pratique de la Chambre des communes, comme les députés de
l'opposition le voudraient. Le mécontentement des députés de l'opposition au
sujet des décisions du président Amerongen fait suite à leur boycottage de la
période des questions durant les cinq derniers jours avant l'ajournement de la
Chambre pour l'été.
Le fonds du
patrimoine
Cet automne, le
Comité permanent sur la Loi constituant le fonds d'épargne du patrimoine de l'Alberta,
Heritage Fund, a débattu, défendu et modifié 47 recommandations dont 15
nécessitaient l'approbation de nouveaux crédits. Cependant, après la
comparution annuelle du premier ministre
Lougheed devant le
comité, le 5 octobre 1983, seulement trois recommandations ont été adoptées,
soit celles visant la poursuite du programme Agriculture de 1’avenir, le
maintien du financement de la recherche en haute technologie et la promotion
des sites historiques de la province. M. Lougheed a affirmé que le cabinet
n'approuverait aucun autre projet d'investissements jusqu’à ce que les projets
actuels soient terminés. Il a fait remarquer qu'on ne pouvait pas résoudre le
problème de la diversification économique en puisant dans le fonds qui ne doit
être utilisé qu’en cas de besoin seulement. Il a estimé qu'un meilleur réseau
d'information permettrait, au gouvernement de contrecarrer les idées fausses
des Albertains. Il a également signalé que la reprise économique se ferait
bientôt sentir dans la province et que l'Alberta jouerait bientôt un rôle de
chef de file dans la relance économique du Canada.
Le 28 octobre 1983,
le trésorier de la province, M. Lou Hyndman. a obtenu
l'assentiment de principe de l'Assemblée législative pour le transfert l'an
prochain de 15 pour 100 des revenus généraux de la province au titre de
l'énergie, soit environ 750 millions de dollars, au fonds du patrimoine de
l'Alberta. Selon M. Hyndman, ce transfert était nécessaire pour respecter des
engagements financiers de la province.
Mesures législatives
Plusieurs projets de
loi dignes d'intérêt ont été présentés cet automne. Le projet de loi 81,
Electoral Boundaries Commission Amendment Act, a été déposé à la Chambre le 26
octobre 1983. Le projet de loi fera passer le nombre de circonscriptions
urbaines de 37 à 42 et celui des circonscriptions rurales de 42 à 41. Le projet
de loi 93, Police Officers Collective Bargaining Act, complète le projet de loi
44, Labour Statutes Amendment Act, adopté au printemps 1983 qui établissait de
nouvelles règles pour l'arbitrage des conflits de travail dans les hôpitaux,
les services de lutte contre les incendies et la Fonction publique. Le projet
de loi 92, Pacific Western Airlines Act, vise à empêcher toute mainmise sur la
P.W.A. lorsque le gouvernement vendra certaines de ses actions dans cette
compagnie. Le projet de loi interdit à un seul actionnaire ou à un groupe
d'actionnaires associés de détenir plus de 4 pour 100 des actions de la
compagnie. Le ministre des Transports, M. Marvin Moore, a annonce le 26 octobre
1983 que l'Alberta commencerait sans doute à vendre les actions qu'elle détient
dans la PWA dans les trois mois suivants.
Le ministre des
Hôpitaux, M. Dave Russell, a déclaré que le programme du ticket modérateur
entrerait en vigueur le ler janvier 1983 au lieu du ler octobre 1983 comme il
avait d'abord été prévu. M. Russell a annoncé plusieurs changements au
programme rendu public le printemps dernier. Le programme ne s'appliquera pas
aux citoyens retraités; les frais d'admission et les frais de séjour pour les
chambres privées en seront exclus et les conseils d'administration des hôpitaux
pourront décider eux-mêmes comment appliquer le ticket modérateur. A l'origine,
le cabinet devait autoriser l'application des tickets modérateurs pour chacun
des hôpitaux.
Un important rapport
rédigé à la demande du gouvernement, le rapport Cavanagh, a été déposé à la
Chambre le 26 octobre 1983. Il est l'aboutissement de trois années d'études sur
le système de bien-être social pour enfants. Après qu'on eut attiré l'attention
de l'ombudsman provincial, M. Randall Ivany, sur un certain nombre de plaintes,
une commission d'enquête avait été constituée en 1980 sous la présidence de M.
le juge J.C. Cavanagh. Le rapport propose 60 recommandations visant à réduire
le nombre d'enfants qui sont enlevés à leurs parents. Le rapport critique le
fonctionnement interne du ministère des Services sociaux. On y affirme que les
travailleurs sociaux qui s'occupent de cas d'enfants sont surchargés de travail
et que ce sont les enfants qui en souffrent. Le ministre des Services sociaux,
M. Neil Webber, a affirmé qu’il compte présenter une nouvelle loi sur le
bien-être des enfants pour donner suite aux recommandations de la commission.
Cynthia J. Bojechko et Joanne Pawluk, stagiaires législatifs, Assemblée législative
de l'Alberta.
Yukon
La troisième session
de la 25e législature a repris ses travaux le 17 octobre 1983. Jusqu'à
maintenant, c'est le projet de loi intitulé Access to Information Act, présenté
le premier jour de la session d'automne par le ministre du Tourisme, du
Patrimoine et des Ressources culturelles, Mme Bea Firth, qui a soulevé le plus
de controverses. Le chef de l'opposition officielle, M. Tony Penikett, avait
inscrit au feuilleton, depuis un bon moment, un projet de loi intitulé An Act
to Provide for Freedom of Information qui n'avait pas encore été étudié.
Exprimant son opinion au cours de la deuxième lecture du projet de loi du
gouvernement, M. Penikett a fait remarquer que trois principes importants
avaient été incorporés au projet de loi : l'accès du public à l'information, le
respect nécessaire de la vie privée et le recours judiciaire pour refus de
communication de renseignements.
Le débat en comité
plénier a surtout porté sur les craintes exprimées par l'opposition à l'égard
de l'article traitant des renseignements qui ne devraient pas être communiqués
au public. Au cours de l'étude en comité, Mme Bea Firth a proposé un amendement
précisant l'intention du gouvernement à l'égard des questions portées à l'attention
d'un ministre. Aux termes de cet amendement, seules seraient exclues des
opinions ou recommandations communiquées aux membres du Comité exécutif, par
eux et entre eux, sur des questions ayant trait à la formulation d'une
politique gouvernementale et à la prise de décisions gouvernementales.
Le projet de loi
intitulé Financial Administration Act a reçu un accueil favorable des deux
côtés de l'Assemblée. Présenté par le leader du gouvernement, M. Chris Pearson,
ce texte législatif prévoit la mise en place d'un système plus moderne de
gestion financière et une réorganisation du gouvernement du Yukon. L'article le
plus important prévoit la création d'un Conseil de gestion semblable aux
Conseils du Trésor des provinces. Le projet de loi limite également les pouvoirs
du trésorier (le sous ministre des Finances) lesquels, jusqu'à maintenant,
étaient considérables.
Un projet de loi
visant à modifier la Législative Assembly Act a proposé des augmentations
conformes au programme des 6 et 5 pour 100 du gouvernement pour les indemnités,
les allocations de dépenses ainsi que les salaires des députés. des présidents, des ministres et des chefs de partis. Comme
seules les indemnités et les allocations de dépenses avaient été indexées
annuellement, les salaires n'avaient pas été augmentés depuis novembre 1979, La
formule d'indexation utilisée à cette fin a été supprimée par une autre
disposition de ce projet de loi, étant donné qu'elle n'avait jamais été
vraiment efficace au cours de ses neuf années d'existence.
Le 27 octobre, M.
Chris Pearson a présenté le budget principal qui se chiffre à 29,95 millions de
dollars et dont environ un tiers est consacré aux affaires municipales et
communautaires. Dans son exposé. M. Pearson a insisté sur l'engagement du
gouvernement de recourir à des mesures stimulatrices pour atténuer les
problèmes économiques du Yukon.
Le programme de
restrictions de la Colombie Britannique a suscité un vif débat. M. Tony
Penikett s'est dit inquiet que le programme puisse servir de modèle à d'autres administrations
et a déclaré que jamais un gouvernement n'avait adopté de programme législatif
aussi réactionnaire dans toute l'histoire du pays, M. Dan Lang, ministre des
Affaires municipales et communautaires, a reproché à l'opposition de se
préoccuper des problèmes de la Colombie-Britannique plutôt que de ceux des
habitants du Yukon. Après un long débat, la motion prévoyant la désapprobation
du programme de la Colombie Britannique a été rejetée.
M. Penikett a
proposé une motion moins partisane revêtant un intérêt particulier pour les
parlementaires. Il a propose d'inciter vivement le gouvernement à rénover
l'ancienne Chambre du Conseil territorial située à Dawson de sorte que la
population se rende mieux compte des longues années d'existence du Conseil législatif
du Yukon en tant qu'organisme entièrement élu. En réponse à cette motion, Mme
Firth a fait un exposé historique détaillé sur l'ancien édifice de
l'administration territoriale qui abrite la Chambre. La motion a été adoptée.
Il ne s'agissait pas là d'une idée tout à fait nouvelle puisque le Conseil
avait déjà siégé une journée dans l'ancienne Chambre du Conseil, en juin 1977,
pour célébrer le 60' anniversaire de la fondation de Dawson.
Le ministre des
Ressources renouvelables, M. Howard Tracey, a présente une motion demandant à
l'Assemblée d'appuyer la position du gouvernement du Yukon au sujet de la mise
en valeur de la côte septentrionale du Yukon. Le gouvernement songe à établir
une base de soutien pour l'exploration des hydrocarbures à Stokes Point ainsi
qu'une carrière de grès, un chemin de service et des installations portuaires à
King Point. M. Roger Kimmerly, député de l'opposition, a résumé la position de
son parti en déclarant que celui-ci était favorable à un développement ordonné
et stable pourvu qu'on tienne compte des revendications territoriales légitimes
de la population ainsi que des ressources renouvelables à long terme.
Missy Follwell, greffier adjoint, Assemblée législative du
Yukon.
Manitoba
La session la plus
longue et la plus houleuse de l'Assemblée législative a pris fin le 18 août
pour permettre au Comité permanent des privilège et élections d'entendre les
témoignages du public sur les modifications envisagées aux garanties accordées
au français (Jans la constitution de la province. L'opposition accepta de ne
pas retarder l'adoption (Je plusieurs projets de loi litigieux émanant du
gouvernement lorsque ce dernier promit de tenir des audiences publiques à
l'échelle de la province.
L'attitude du
gouvernement au sujet des droits du français découle d'une affaire en instance
devant la Cour suprême du Canada. Dans l'affaire Bilodeau», le plaignant
cherche à faire invalider toutes les lois provinciales adoptées depuis 1890
parce qu'elles ont été promulguées uniquement en anglais, contrairement à la
constitution de la province. Dans l'espoir d'éviter une décision judiciaire sur
cette affaire, le gouvernement a conclu une entente avec la Société franco
manitobaine et le gouvernement fédéral sur un projet de modification à la
constitution acceptable à M. Bilodeau. L’accord prévoit qu'au lieu de traduire
toutes les lois manitobaines, seules les principales feront l'objet d'une
traduction. En échange, les bureaux du gouvernement s'engagent à offrir
certains services en français.
Le gouvernement a
fait valoir que l'accord était raisonnable, car si l'affaire Bilodeau suivait
son cours, toutes les lois postérieures à 1890 seraient susceptibles d'être déclarées nulles, ce qui entraînerait un chaos
juridique. L'opposition, dirigée par Sterling Lyon et appuyée par Russell
Doern, député du NPD, a rétorqué que cette éventualité était très improbable et
s'est opposée à l'enchâssement de services en français dans la constitution.
Entre le 6 septembre
et le 4 octobre, le Comité permanent des privilèges et des élections a entendu
305 exposés oraux et reçu 99 mémoires écrits. La question était des plus
litigieuses. La Chambre n'avait pas encore repris ses travaux le 1er novembre,
mais le parrain de la résolution concernant la langue, le procureur général
Roland Penner, a déclaré que le gouvernement désirait régler l'affaire avant la
fin de l'année.
Gordon Mackintosh, greffier adjoint, Assemblée législative du
Manitoba.
Québec
Assemblée nationale
du Québec, convoquée le 18 octobre, s'est ajournée après deux jours de débats.
Le premier ministre. M. René Lévesque, a expliqué cette mesure par l'urgence
d'agir et non de discourir pour redresser l'économie québécoise. En matière
économique, a-t-il dit, l'action emprunte assez peu la voie législative et il
n'y a pas grand mal à reporter les travaux législatifs au 15 novembre. La
priorité à laquelle tous nos concitoyens nous demandent de nous attaquer, a
ajoute M. Lévesque, c'est d'accentuer nos efforts pour créer des milliers
d'emplois dont nos chômeurs et les jeunes en particulier ont un besoin urgent.»
Il a même cité le nouveau chef du Parti libéral du Québec, M. Robert Bourassa,
qui dans sa conférence de presse du 16 octobre, avait affirmé que le temps
était à l'action et non au bavardage
La députation libérale
ne partageait évidemment pas le point de vue de M. René Lévesque sur
l'opportunité de retarder la session. Elle estimait, au contraire, qu’il y
avait urgence à réunir le Parlement et à proposer des mesures de relance
économique. Le chef de l'opposition, M. Gérard D. Lévesque, a même laissé
entendre que le gouvernement avait peur de faire face à l'Assemblée nationale
et qu'il «se réfugiait dans des comités : le mardi sur l'indépendance, le jeudi
sur l'économie. Le gouvernement ne répond plus», a-t-il conclu. De son côté, le
député indépendant de Sainte Marie, M. Guy Bisaillon, s'en est pris au peu de
jours de session du gouvernement péquiste, surtout depuis le référendum de 1980
: à peine 219 jours de session en quatre ans, une moyenne de 55 jours par
année. M. Bisaillon a demandé au premier ministre de «rendre au Parlement sa
véritable vocation et de laisser le législatif faire des suggestions à
l'exécutif. plutôt que de le bâillonner constamment».
En réplique à ces interventions,
le premier ministre a corrigé certains chiffres de l'opposition. Ainsi le
nombre de jours de session de 1970 à 1976, sous l'administration Bourassa,
aurait été de 31 jours de séance par tranche de 100 jours de mandat, alors que
la moyenne, de 1976 au 22 juin, s'élèverait à 30 séances par tranche de 100
jours de mandat, soit seulement un jour de moins. En ce qui concerne le travail
en commissions parlementaires, la moyenne s'élèverait à 58 séances par tranche
de 100 jours de mandat pour le gouvernement libéral et à 74 séances sous le
gouvernement actuel. Après un dernier appel du premier ministre en faveur du
report des travaux sessionnels, la Chambre a accepté le dépôt de divers
documents : échange de correspondance entre le premier ministre et le chef de
l'opposition, liasse des 33 décisions du nouveau Bureau de l'Assemblée depuis
juin, avis de la Commission de la fonction publique sur certains règlements
administratifs, rapports de commissions parlementaires ayant siégé au cours de
l'été. Quatre projets de loi privés ont également été présentés en première
lecture et déférés aussitôt à la Commission des affaires municipales. La
période des questions a alors permis à l'opposition d'interroger le
gouvernement sur certains problèmes de l'économie québécoise et sur le rôle des
nouveaux comités du Conseil exécutif au sujet de la préparation de programmes
économiques et de la révision des orientations constitutionnelles du Québec.
Une motion non
annoncée, félicitant M. Bourassa pour son élection récente à la tête du Parti
libéral du Québec, a été proposée par le chef de l'opposition, M. Gérard D.
Lévesque. La motion a reçu l'appui du premier ministre et a été adoptée à
l'unanimité par les 107 députés présents.
La Chambre a alors
été saisie, durant toute la dernière heure de la matinée, d'une volée de 27
motions non annoncées, où l'opposition réclamait des gestes concrets de relance
économique de la part du gouvernement. Bien sûr, toutes ces flèches sont
tombées sur le parquet de la Chambre, faute d'obtenir le «consentement
unanime. Après la pause du dîner, les
travaux ont repris à vingt heures avec le même manège agrémenté d'appels au
règlement sur la portée d'un consentement unanime et sur l'offre d'un débat de
quatre heures sur la motion d'ajournement non encore présentée formellement,
Le débat devait
bientôt changer de cap avec une motion du whip en chef du gouvernement, M.
Jacques Brassard (Lac Saint Jean), proposant que la Chambre siège immédiatement
et de façon régulière afin de trouver les moyens de convaincre le nouveau chef
du Parti libéral du Québec de remettre au Trésor public les $750.000 que son
parti avait littéralement extorqués aux contribuables québécois à l'occasion
des travaux olympiques
Le leader de
l'opposition, M. Michel Page (Portneuf), a consenti à débattre cette motion
mais en l«assortissant d'un amendement qui ajoutait après le mot convaincre,, les mots d’un part et en ajoutant à la fin les
mots suivants : et d'autre part. le chef du Parti québécois de faire la lumière
sur la contribution de $300,000 faite à la caisse électorale du PO par la
France, sur les deux offres de pots de vin de $50,000 chacun dans le scandaleux
dossier de la Société d'habitation, sur le laxisme à l'endroit des amis de l'ex
député de Saint Jacques, M. Claude Charron, dans le dossier de la fête
nationaux
Le leader du
gouvernement, M. Jean François Bertrand, a alors mis en doute l'unanimité du
consentement accordé à la motion de M. Brassard. Le président, M. Richard Guay,
a suspendu la séance pour vérifier l'enregistrement audiovisuel de l'incident
avant d'autoriser la poursuite du débat sur la motion et l'amendement. La
séance a repris avec les interventions de MM. Brassard et Page. Quelques
minutes avant la fin de la séance, M. Jacques Parizeau a rappelé la position du
Parti québécois sur le financement des partis politiques. Quant à la prétendue
contribution du gouvernement français à la caisse du Parti québécois, M.
Parizeau a estimé que cette histoire avait été réglée à l'Assemblée nationale.
À 22 heures, le
président a fait remarquer l'heure et a prononcé l'ajournement de l'Assemblée
jusqu'au lendemain matin, 10 heures.
Mercredi matin, le
19 octobre, dès l'ouverture de la séance, le leader du gouvernement a fait
remarquer que cette intervention du président avait rendu caduque la motion
alors en délibéré par l'Assemblée. En conséquence, il a invoqué l'article 76 du
règlement pour proposer formellement l'ajournement des travaux au 15 novembre.
Suite à un bref débat de procédure, la motion a été adoptée par un vole de 61
contre 35, et l'Assemblée s'est ajournée jusqu'au mardi 15 novembre à 14
heures. La mini session de deux jours avait duré sept
heures et demie.
Yvon Thériault, Service d'indexation et de bibliographie,
Assemblée nationale du Québec
Territoires du Nord Ouest
La dernière session
de la neuvième législature de l'Assemblée législative des Territoires du Nord
Ouest s'est terminée à l'automne 1983 et des élections générales ont eu lieu le
lundi 21 novembre 1983. C'était la deuxième élection tenue en vertu de
l'Ordonnance sur les élections adoptée par l'Assemblée en octobre 1978.
En prévision des
élections, le nombre des districts électoraux avait été porté à 24 et les
limites de nombreuses circonscriptions avaient été modifiées. Certains noms ont
aussi été changés. La circonscription Western Arctic a été rebaptisée Nunakput;
Mackenzie Great Bear est devenue Sahtu; l'ancienne circonscription de Mackenzie
Liard a été divisée en Deh Cho et Deh Cho Gah; Great Slave Est a été baptisée
Tu Nede; l'ancienne circonscription de Central Arctic a été divisée en Kitikmel
et Kitikmeot Ouest: les frontières de Keewatin Nord et Keewatin Sud ont été
réalignées et les circonscriptions ont été rebaptisées Kivallivik et Aivilik,
la circonscription de Frobisher Bay est devenue Iqaluit.
La onzième session
La dernière session
de la neuvième législature de l'Assemblée législative, ouverte le 30 août,
s'est terminée le 10 septembre. Elle a été marquée par de mûres réflexions et
quelques adieux, mais les législateurs ont aussi étudié un certain nombre de
grands projets et d'importantes propositions législatives.
Parmi les principaux
projets de loi présentés, notons l'Ordonnance sur les conseils régionaux et tribaux
qui prévoit la reconnaissance législative de divers corps régionaux qui seront créés ou qui existent déjà dans les Territoires du
Nord-Ouest. Ont aussi été approuvées des modifications à l'Ordonnance sur
l'éducation afin d'autoriser la création de conseils d’éducation divisionnaires
et une ordonnance permettant au gouvernement de conclure des accords avec
d'autres gouvernements sur la gestion des ressources aquatiques.
Une motion
d'opposition à l'essai des missiles de croisière dans les régions septentrionales
du Canada a été adoptée par une faible majorité après un débat long et souvent
éloquent. Une autre motion exprimant l'appui de l'Assemblée au projet de
modification de la Constitution canadienne concernant les droits des
autochtones, a été adoptée à l'unanimité. Deux motions traitant de la
pornographie ont été adoptées, l'une appuyant les initiatives fédérales en vue
de renforcer les dispositions du Code criminel en matière d'obscénité et
l'autre approuvant les mesures envisagées par le ministre des Communications
afin de protéger le contenu des émissions télévisées au Canada.
Rapports des comités
Le Comité permanent
des finances et des comptes publics a présenté à l'Assemblée son troisième
rapport qui comprenait le rapport du Comité des comptes publics sur le système
de renseignements financiers du gouvernement et la réaction du gouvernement au
dit rapport. Le Comité a rédigé son rapport après plusieurs jours d'audiences
publiques tenues en mars dernier sur le projet de renseignements financiers.
Le Comité spécial
sur la division a déposé son rapport sur la division des structures
administratives des T,N.O. pour Nunavut. Plus tard
dans la session, le Comité a été dissous par une motion de l'Assemblée
législative.
Le Comité spécial du
développement constitutionnel a présenté cinq rapports de recherche qui avaient
été préparés en son nom et qui traitaient des exigences concernant la
résidence, la protection des droits des autochtones, la représentation
garantie, le gouvernement régional et le gouvernement libéral démocratique.
Le Comité permanent
du règlement et de la procédure a présenté une révision en profondeur des
règles de l'Assemblée législative, et son rapport a été adopté par l'Assemblée
législative. L'Assemblée a décidé que les règles seraient traduites en
Inuktitut, pour la première fois, en vue de la dixième législature.
Après discussion du
nouveau règlement, l'Assemblée a adopté deux motions enjoignant le Conseil
exécutif de demander aux trois partis fédéraux d'approuver les modifications à
la Loi sur les Territoires du Nord Ouest de façon à permettre à l'Assemblée législative de fixer
son propre quorum, d'établir ses propres procédures pour l'ouverture des
sessions et de décider en quels lieux elle se réunira.
Mesures législatives
Deux autres
ordonnances portant sur l'affectation de crédits ont été adoptées au cours de
cette onzième session. La première prévoit pour la Fonction publique des
dépenses additionnelles (Je 2,2 millions de dollars pour l'exercice financier
19821983. La seconde prévoit des dépenses supplémentaires de 5,5 millions de
dollars pour l'année financière 19831984.
Deux nouvelles
ordonnances ont été adoptées, La première, qui prévoit la création et le
fonctionnement des conseils régionaux et tribaux, et qui porte plus
particulièrement sur les conseils régionaux de Baffin, de Kitikmeot, de
Keewatin, de Deh Cho et du Conseil tribal de Dogrib a été adoptée. Auparavant,
seul le Conseil régional de Baffin était reconnu par la toi. La nouvelle
ordonnance abroge l'ordonnance du Conseil régional de Baffin. La deuxième
permet au gouvernement de conclure des accords avec les gouvernements fédéral,
provinciaux ou du Yukon pour la planification et la gestion des ressources
aquatiques des Territoires.
Parmi les huit
projets de loi visant à modifier des ordonnances existantes, notons une
révision majeure de l'Ordonnance sur l'éducation dans laquelle figurent
maintenant les modifications recommandées plus tôt par le Comité spécial de
l'éducation et adoptées par l'Assemblée législative. L'ordonnance modifiant
l'Ordonnance sur l'éducation permet la création de divisions de l'éducation, de
conseils divisionnaires de l'éducation et de conseils communautaires de
l'éducation, ouvrant ainsi la voie à des modifications en profondeur du système
d'éducation des Territoires.
Parmi les autres
ordonnances modifiées par des projets de loi adoptés au cours de la onzième
session, notons l'Ordonnance sur les compagnies qui abroge des dispositions qui
deviendront superflues au moment de l'imposition de frais forfaitaires de
constitution en société et qui prévoit la présentation d'un rapport annuel à la
date de constitution en société; l'Ordonnance du Conseil qui permet de fixer
par règlement le montant des allocations de résidence en ville sur recommandation
du Conseil de la gestion et des services et de fixer le montant des allocations
pour les 24 circonscriptions; l'Ordonnance d'interprétation qui donne une
définition du Conseil exécutif pour utilisation dans les lois en général;
l'Ordonnance sur le judiciaire qui prévoit que la Cour d'appel des Territoires
du Nord-Ouest ne siège que dans les Territoires du Nord-Ouest et au moins deux
fois par année; l'Ordonnance sur les soins médicaux qui autorise le contrôle et
la vérification des comptes présentés au Régime d'assurance-maladie et prévoit
l'autorisation statutaire de recouvrement des trop payés et l'Ordonnance sur
les règlements qui prévoit les modalités en vertu desquelles un règlement, un
instrument statutaire ou non statutaire peut être attesté devant les tribunaux
en déposant une copie certifiée conforme.
Rosemary Cairns, chargée des relations publiques, Assemblée
législative des Territoires du Nord-Ouest,
Colombie Britannique
L'
une des sessions législatives
les plus mouvementées de l'histoire de la Colombie-Britannique sinon de tout le
Canada a pris fin le 21 octobre 1983. Les cinq dernières semaines ont été
marquées par des séances prolongées dont onze ont fini bien après minuit et
huit autres ont duré la nuit entière. La clôture, qui n'avait été utilisée
qu'une fois auparavant, a été appliquée à vingt reprises. Plus de cinquante
décisions du président ou du président du comité plénier ont été contestées. Le
moment le plus dramatique de cette session fut sans doute celui où, tôt le 6
octobre, le chef de l'opposition fut littéralement porté hors de la Chambre, et
banni de l'Assemblée pour le reste de la session.
La Loi sur les
restrictions dans le secteur public et autres mesures législatives
Le mois d'août a été
consacré en grande partie à la discussion du budget du 7 juillet et de quelque
26 projets de loi présentés à la même époque. Le budget a été adopté le ler
septembre, à la suite du premier discours prononcé lors de cette session par le
premier ministre M. William Bennett. Il a qualifié le budget de maigre mais non
de mesquin>, et, dans un même mouvement, il a justifié le programme de
restriction du gouvernement et attaqué vigoureusement le parti néo démocrate : ,Ce sont les socialistes qui ont inventé et préconisé un
gouvernement de Chargex. Ce sont eux qui dépenseraient volontiers le futur
revenu de l'industrie, du commerce et de la population active de la province
pour satisfaire le besoin qu'ils ont de se faire aimer». Le dernier orateur du
NPD, M. Robin Blencoe, a reproche au gouvernement de ne pas avoir exposé
clairement sa politique de restriction avant l'élection du 5 mai. 41 aurait dû
prévenir la population de la Colombie-Britannique qu'il entendait déclarer la
guerre aux enfants et à la famille».
Le projet de loi
n'3, le Public Sector Restraint Act, a été la mesure législative la plus
discutée. Elle visait à réduire de 25 pour 100 les postes de la fonction
publique d'ici juin 1984. Tel qu'il a été présenté par le secrétaire de la province
M. James Chabot, ce projet de loi autorisait le gouvernement à congédier des
employés du secteur public sans motif valable. Même après les modifications
apportées par M. Chabot, l'opposition a fait valoir que le gouvernement
demeurait encore trop libre de congédier sans discrimination et sans égard à
l'ancienneté. Le NPD s'est engagé à combattre ce projet de loi à chaque étape
de son cheminement.
Le 19 septembre, le
gouvernement résolut de prolonger les séances pour accélérer l'adoption du
projet de loi n' 3. Le président, Walter Davidson, a aussi informé le chef de
l'opposition, David Barrett, que, puisque le débat portait sur l'amendement et
non sur la motion proprement dite, il ne pouvait pas parler indéfiniment. Ceci
provoqua l'inscription au feuilleton, par le député néo démocrate de Skeena, M.
Frank Howard, d'une motion de censure contre le président, pour avoir
interprété le règlement d'une façon favorable au gouvernement. La motion ne fut
jamais débattue mais lorsque M. Howard ramena le sujet sous la forme d'une
question de privilège, le président lui donna la réponse suivante, le 5 octobre
: ,Le recours à une question (Je privilège pour
critiquer la conduite ou les motifs de la présidence est inacceptable et, si
ceci devait se reproduire, la Chambre verrait à prendre les mesures qui
s'imposent».
Du lundi 19
septembre à 14 heures jusqu'au vendredi 23 à midi. la
Chambre siégea presque sans interruption, soit pendant 80 heures (sur un total
possible de 94). Finalement, à 5 heures du matin, le 22 septembre, the Public
Sector Restraint Act fut adoptée en seconde lecture et renvoyée au Comité
plénier.
Parmi les autres
mesures législatives à l'étude durant cette semaine, il y eut notamment
l'Education Finance Amendment Act qui permet au gouvernement de mieux contrôler
le budget des commissions scolaires, le Property Reform Act, une modification à
l'Employment Standards Act qui prévoit un minimum de vacances, et de congé de
maternité et qui détermine les conditions de congédiement pour les employés qui
ne bénéficient pas de telles clauses dans leurs conventions collectives. Le
gouvernement présenta aussi le Municipal Amendment Act pour enlever aux régions
les pouvoirs touchant l'aménagement du territoire. C'est au cours du débat sur
ce projet de loi que le gouvernement eut recours pour la première fois à une
motion de clôture.
Les autres mesures
législatives adoptées après qu'on ait usé de la «guillotine» à plus d'une
reprise, furent le Social Service Tax Amendment, qui fait passer la taxe de
vente à 7% et l'impose aux repas de plus de sept dollars, le Compensation
Stabilization Amendment Act qui prolonge le contrôle des salaires dans le
secteur public, et l'income Tax Amendment Act qui supprime deux crédits d'impôt
pour les rentiers et les personnes âgées.
Outre ces mesures,
il faut mentionner les autres projets de loi qui reçurent la sanction royale;
ces projets de loi visaient à relever la taxe sur le tabac, à confier les
examens de sécurité des véhicules automobiles au secteur privé et à abolir
certains organismes gouvernementaux, comme la Ocean Fait Corporation, la B.C.
Cellulose Company, la Alcohol and Drug Commission et le B.C. Harbours Board.
Le 11 août,
l'Assemblée législative étudia et approuva une motion présentée par le ministre
des Transports et des Routes nationales à l'effet que: « La Chambre estime que
les modifications apportées au tarif du Nid de Corbeau sur le transport du
grain amélioreront considérablement les possibilités de développement
économique et la situation de l'emploi, au Canada et en Colombie Britannique
et, que, par conséquent, elle appuie les mesures prises par le Parlement du
Canada pour régler la question des tarifs de transport du grain d'exportation
en adoptant la mesure législative qui s'impose.
Expulsion du chef de
l'opposition
Le mercredi 5
octobre, la Chambre se réunit à 20h 05 pour reprendre l'étude du projet de loi
n' 2, Public Service Labour Relations Amendment Act, qui visait à limiter le
champ des négociations collectives pour les fonctionnaires. Puisqu'il était
impossible pour le président de l'Assemblée d'occuper le fauteuil 24 heures
durant, d'autres membres du crédit social, dont MM. John Parks, Terry Segarty,
John Reynolds et Donald Campbell, ainsi que le vice président, M. Bruce
Strachan ont assuré la relève à tour de rôle.
À 3 heures du matin,
M. Gordon Hanson (NPD Victoria) termina son discours par un amendement
proposant que le projet de loi ne soit pas lu ce jour là mais six mois plus
tard. M. Chris D'Arcy (NPD Rossland Trail) fut le premier à prendre la parole à
ce sujet. Après 40 minutes, il proposa l'ajournement de la Chambre. M. Parks,
qui présidait à ce moment, dit que la motion d'ajournement, faisant suite à une
motion de renvoi, était irrecevable. Sa décision fut contestée par le chef de
l'opposition, mais M. Parks dit qu'il ne s'agissait pas d'une décision et qu'il
n'était donc pas question d'y faire opposition. Il ajouta que le règlement n'
44 autorisait le président à refuser toute question qu'il jugeait contraire au
règlement et qu'il ne faisait qu'appliquer le règlement. M. Barrett s'est alors
élevé contre ladite «application». Après un débat long et mouvementé entre M.
Parks et M. Barrett, pour déterminer s'il s'agissait d'une «décision d'une
«application» et s'il était permis de s'y opposer, M. Parks somma M. Barrett de
se retirer de la Chambre. M. Barrett ayant refusé d'obtempérer, le sergent
d'armes fut prié de l'accompagner hors de la Chambre. M. Barrett tomba alors
par terre et dut être porté hors de la Chambre, devenant ainsi le premier
député à être expulsé de force, en 112 ans. En vertu du règlement n' 20, toute
personne ainsi expulsée de la Chambre est suspendue pour le reste de la
session.
Le jour suivant, M.
Frank Howard prétendit que le chef de l'opposition avait été gêné dans l'exercice
de ses fonctions et qu'il devrait être réinstallé. Sa demande fut rejetée le 11
octobre par M. Davidson. Étant donné la gravité des événements, le président
ajouta quelques commentaires. il dit que le chef de
l'opposition savait que le refus de quitter volontairement la Chambre
entraînerait sa suspension. «Il ne saurait maintenant se plaindre et on ne
saurait pertinemment alléguer qu'on l'empêche d'assumer ses fonctions à la
Chambre puisque c'est pleinement conscient des conséquences de ses actes que le
chef de l'opposition s'est attiré cette expulsion. Dans ces conditions, il ne
saurait, quelle que soit l'interprétation que l'on donne au règlement du
Parlement, être considéré comme la victime. En fait, c'est le Parlement lui
même qui est la partie lésée».
Le président
expliqua comment des excuses pourraient entraîner le retour du chef de
l'opposition, mais comme il n'a pas présenté d'excuses, M. Barrett demeure
interdit pour le reste de la session.
Ajournement
La dernière journée fut
surtout consacrée à la discussion et à l'approbation d'un projet de
modification constitutionnelle sur les droits des autochtones. On examina
également un Intérim Supply Bill, ce qui fournit à l'opposition une dernière
occasion de se plaindre de la politique du gouvernement. Un projet de loi de ce
genre est généralement adopté à l'unanimité et franchit en un jour toutes les
étapes requises. Mais cette fois, le NPD refusa de collaborer et ce n'est
qu'après que le lieutenant-gouverneur eut donné la sanction royale aux autres
mesures législatives que le leader de l'opposition céda à la demande du
gouvernement.
Après que cette loi
de subsides eut reçu la sanction royale, le ministre des affaires
intergouvernementales, M. Gar Gardom proposa d'ajourner les travaux de la
Chambre «jusqu'à ce que le président estime, après consultation avec le
gouvernement, que l’intérêt du public nécessite la reconvocation de la Chambre
... » En réponse à des commentaires sarcastiques de l'opposition (faisant
allusion à des longues vacances), M. Gardom dit: «cette administration est
probablement celle qui a travaillé le plus fort dans toute l'histoire de cette
province».
Gary Levy
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