Gary Levy
Élection Canada de Derek Black, Broadmoor Press, Sackville, Nouveau-Brunswick, 1982,163 pages.
Bien des gens voudraient, un jour ou l'autre, pouvoir
écrire un livre. Mais les jeunes auteurs ne trouvent malheureusement pas tous
un éditeur, du moins parmi les grandes maisons d'édition. En conséquence, de
bons manuscrits demeurent inédits ou, à l'inverse, les auteurs confient leur
travail à des petites maisons dont le sens critique est moins développé ou qui
sont moins à même de vérifier les documents qui leur sont soumis. C'est
peut-être bien ce qui s'est produit dans le cas du livre à l'étude.
Contrairement à ce que laisserait croire son titre,
cet ouvrage ne traite pas tant d'élections que de premiers ministres. Les
cinquante premières pages donnent de l'information, en style télégraphique, sur
chacun des premiers ministres du Canada depuis la Confédération. Aux données
habituelles : date de naissance, formation,
profession, mariage, service militaire et expérience politique antérieure, viennent s'ajouter quelques titres habituels,
par exemple les publications de chaque premier ministre. Cette idée, comme
l'ensemble du livre, procède d'un bon mouvement mais n'est pas appuyée par des
recherches assez poussées pour être valables. Par exemple, comment expliquer
que les mémoires de Lester Pearson sont mentionnés mais non ceux de John
Diefenbaker?
Dans le deuxième chapitre on trouve des cartes sur la
répartition des sièges après toutes les élections fédérales depuis 1967. Les
gouvernements provinciaux en place au moment des élections y figurent
également. Dans une autre partie du livre, on trouve une liste des premiers
ministres de toutes les provinces depuis leur entrée dans la Confédération. Les
résultats des élections provinciales depuis 1967 sont également recensés au
chapitre 4.
Les parties les plus intéressantes de cet ouvrage sont
le chapitre 5, qui répertorie quelques « citations célèbres » de chacun des
premiers ministres et le chapitre 6 intitulé : « Données statistiques
comparées ». Ce chapitre est une véritable mine d'or pour les amateurs de
curiosités. On y apprend par exemple quel était le premier ministre le plus âgé
au moment d'entrer en fonctions, quels premiers ministres ont eu des fils qui
furent élus députés et une foule d'autres anecdotes.
Le nombre incroyable d'erreurs, petites et grandes,
tempère cependant tout enthousiasme pour ce livre. D'un bout à l'autre de celui
ci les noms de Sir John A. Macdonald (et non MacDonald), Alexander Mackenzie
(et non MacKenzie) et William Lyon Mackenzie (et non MacKenzie) King sont
écrits avec une faute. Le prénom de Laurier est Wilfrid (et non Wilfred). Il y
a des erreurs factuelles également. Les membres du Conseil privé et du Conseil
privé impérial sont nommés (et non élus). Le glossaire contient des mots qui ne
sont même pas utilisés dans l'ouvrage et les définitions manquent de clarté,
c'est le moins qu'on puisse dire, certaines, comme celles d'un projet de loi
privé, sont tout simplement fausses.
Aucune date de publication n'apparaît sur l'ouvrage,
mais à en juger par son titre, on est porté à croire qu'il a été publié en 1982
et qu'une grande partie des renseignements ont été mis à jour cette année-là.
Alors pourquoi lit-on que Tommy Douglas siège encore à la Chambre des communes
(p. 87), alors qu'il a pris sa retraite en 1979? Pourquoi dit-on que Pierre
Trudeau n'a que deux enfants (p. 1116)? On trouve presque à chaque page des erreurs
typographiques, orthographiques ou factuelles de ce genre.
L'auteur voulait aider les Canadiens à mieux connaître
leur passé politique et les amener à apprécier davantage ceux qui les
représentent. Objectif fort louable mais difficile à atteindre. Une large
diffusion d'un texte comportant autant d'erreurs ferait sûrement beaucoup plus
de mal que de bien.
Gary Levy
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