John McDonough
Parliamentary Pay
Issues: A Framework for Discussion. Étude de la
Commission ontarienne des contributions et des dépenses électorales, Toronto,
Ontario; et Canadian Legislatures: The 1981 Comparative Study de Robert J.
Fleming et J. Thomas Mitchinson. Bureau de l'administration, Assemblée
législative de l'Ontario, Toronto.
Voici deux nouvelles études ontariennes parues en 1981.
La Commission des contributions et des dépenses électorales a effectué une
analyse sommaire des principaux aspects du problème du traitement des députés
de l’Assemblée législative de l’Ontario. Ce cadre de discussion porte surtout
sur l’Ontario, mais il comporte aussi des renseignements relatifs au reste du
Canada, bien que, par son style, ce document soit une analyse plutôt qu’une
étude comparative. Après un bref historique de la situation de l'homme
politique « amateur » au XIXe siècle, les auteurs examinent le rôle
de la rémunération du député moderne à « plein temps ». L'analyse des deux
premières sections de ce document est assez superficielle. Dans la dernière
section, qui traite du recrutement politique, il est surtout question du
caractère prétendument élitiste des députés canadiens qui formeraient un groupe
« non représentatif » de la population canadienne.Il n'y a là rien de bien
nouveau, mais il serait intéressant de prouver l’argument contraire, à savoir
que des citoyens ne faisant pas partie d'une classe « privilégiée »
seraient sans doute intéressés à se lancer dans l’arène politique si les
députés étaient mieux payés et avaient de meilleures conditions de travail
compte tenu justement des rajustements de salaire récents et de l'amélioration
des services offerts aux députés.
La troisième partie de cette étude est consacrée aux
problèmes du traitement des parlementaires, son contenu est plus utile. On y
distingue bien les grandes questions à étudier : la difficulté de comparer les
traitements des députés et des sénateurs à ceux d'autres professions dans la
société; les formules d'indexation des traitements des députés qui, tout en
protégeant leur rémunération, pourraient donner à penser qu'ils s'intéressent
indûment à l'inflation; les indemnités accordées aux députés et les comptes
qu'ils doivent rendre à leur sujet; la question de savoir s'ils devraient
recevoir une rémunération supplémentaire pour leur travail en comité, les
déductions frappant la non-participation, les indemnités de départ, etc.
Cette étude de la Commission des contributions et des
dépenses électorales présente quelques défauts d’ordre méthodologique. Les
données pour 1979, tirées du numéro de mars 1980 de la présente revue, sont
périmées. Les schémas circulaires qui illustrent la diversité des professions
et les différences de formation sont d’une confusion remarquable. Le récit de
la succession des emplois d’un ministre, aussi intéressant qu’il soit, n'est
pas typique et il ne mérite guère un schéma compliqué. Les entrevues menées
auprès des députés ontariens à la retraite illustrent bien le point de vue
d'hommes de métier, mais ne sont que d'une utilité marginale. Les auteurs
reconnaissent eux-mêmes que les opinions présentées traduisent les
préoccupations d'il y a vingt ans. L'absence de renseignements concernant le
nombre des députés interrogés ou la façon dont ils ont été choisis et le manque
d’autres faits importants font douter des statistiques tirées de ces entrevues.
Dans l’ensemble, cette étude n'apporte pas grand-chose de neuf sur le sujet des
traitements des parlementaires. Le seul avantage qu'on puisse lui reconnaître
est d’avoir rassemblé les grands problèmes que pose l’élaboration d’un système
logique de rémunération des parlementaires.
L’autre étude publiée par le directeur de l’Administration de l’Assemblee législative de l’Ontario, M. Robert Flemming,
fut à l'origine une étude comparative des traitements et avantages des députés
ainsi que des structures administratives des assemblées législatives
provinciales et territoriales. Cette étude effectuée en 1979 fut mise à jour en
1980. La version de 1981 est une édition revue et augmentée du projet original
qui inclut pour la première fois un expose des arrangements administratifs de
la Chambre des communes. Cet ajout est certes bienvenu puisque les Communes
servent souvent de point de comparaison. En effet, un certain nombre de mesures
nouvelles, telles que les bureaux de circonscription et les services ce
recherche législatifs, furent tout d'abord instaurées par le Parlement canadien.
Le Sénat du Canada n’est pas compris dans cette étude. Il aurait dû l'être pour
éviter que certains lecteurs ne croient pas que la Chambre des communes et le Sénat
ont une administration commune. Il existe de nombreux points de ressemblance
entre ces deux chambres, mais chacune a son administration propre.
Cette étude est cependant plus complète que celle de
la Commission ontarienne mentionnée ci-dessus. Le plan original a été modifié
de manière à inclure tout un trousseau de renseignements clés sur le
fonctionnement des assemblées législatives canadiennes. On n’y trouve pas de
trucs méthodologiques; les auteurs insistent sur le fait que leur travail n’est
pas une évaluation scientifique ou
empirique où ils s’abstiennent de porter un jugement de valeur. Les tableaux
et diagrammes qui présentent les données sur les indemnités, allocations,
traitements, avantages et services de soutien sont clairs. L'image donnée de
nos députés est assez complète, bien que le Guide parlementaire ne soit pas une
source absolument fiable. Les principales nouveautés de cette étude qui, semble-t-il, se poursuit, sont l’analyse des caractéristiques administratives des
assemblées législatives canadiennes et les données sur les assemblées
législatives que les auteurs appellent
« statistiques des Chambres ».
L'étude, bien charpentée, comprend cinq sections, mais
on regrette l'absence d’une table des matières. Au début de chacune des
sections, les auteurs évaluent les données brutes, ce qui leur permet de faire
le tour de la situation et de fournir des renseignements complémentaires. Il
est utile de savoir quels types d’arrangements administratifs ont été adoptés
et comment chaque assemblée évalue les besoins de ses députés et y répond. Il
aurait été encore plus révélateur de connaître le degré d'efficacité de ces
divers arrangements, ainsi que leurs répercussions, prévues ou non. À cet
égard, la décision des auteurs de ne porter aucun jugement de valeur constitue
une limite. Chaque assemblée a un ensemble complexe d'arrangements
administratifs; la méthode de présentation des données permet difficilement de
se faire une idée de chacun de ces ensembles et de la façon dont ils se
comparent entre eux. Si l’on compare par exemple les indemnités de dépenses des
députés pour chacune des assemblées législatives, les députés fédéraux semblent
recevoir une rémunération particulièrement généreuse. Mais si on tient compte
du fait que certaines provinces donnent de généreuses indemnités de domicile et
de participation au travail des comités, ce que ne fait pas Ottawa, les
indemnités fédérales ne paraissent plus si généreuses.
Le document The 1981 Comparative Study est une mine de
renseignements. On ne saurait qu’encourager les auteurs à procéder à des
révisions annuelles et à approfondir leur analyse des dimensions
administratives des assemblées législatives canadiennes. La présente édition
semble comporter moins d’erreurs de fait que les éditions antérieures, bien qu’on en relève encore malheureusement trop. Il est à souhaiter que d’autres entendent
l’appel des auteurs en faveur d’un plus grand nombre d’études comparatives sur
les assemblées législatives, notamment de comparaisons entre les institutions
canadiennes et la Chambre des communes britannique ainsi que les assemblées
législatives des États américains. Les auteurs affirment en conclusion que les
députés des assemblées législatives provinciales du Canada sont dans l’ensemble
mieux payés et disposent de meilleurs services que leurs homologues américains.
Cette affirmation mériterait d'être scrutée de plus près.
J'aimerais à présent faire quelques commentaires sur
le grand nombre d'études effectuées chaque année sur les salaires. Au niveau
fédéral, on a eu le rapport Hales en 1979 et le rapport McIsaac-Balcer en 1980.
Le bureau de recherches sur les traitements publie une étude annuelle, ainsi
que la Région canadienne de l'Association parlementaire du Commonwealth. Il
existe en outre une foule de rapports, publiés et inédits, préparés à la
demande des diverses assemblées provinciales ou de leurs comités. Bon nombre de
ces études ne font que reprendre ce qui est déjà connu.
Le nombre croissant des études traitant de cette
question s’explique en partie par le désir d'être à jour. Bien que les arrangements
administratifs généraux soient relativement constants, la plupart des
gouvernements révisent annuellement les traitements et les avantages des
députés. Certains le font en janvier, quitte à faire un rajustement au moment
où les chiffres d'indexation sont connus. D'autres le font au début ou à la fin
de la session législative du printemps. Des événements exceptionnels, comme des
élections, peuvent entraîner de nouveaux rajustements. L’année 1981 a été remarquable à cet égard en raison des controverses
auxquelles ont donné lieu les importantes hausses de traitements et d’avantages
des députés du Parlement et de l’Assemblee législative de l’Ontario. Ces
arrangements m'ont été conclus définitivement qu’en juillet 1981.
Le meilleur moment pour faire le bilan de ces
arrangements semble donc être de juillet à septembre, les données et analyses
pouvant être publiées en décembre, c’est-à-dire juste avant la ronde suivante
de rajustements Le Bureau de recherche sur les traitements, qui attend par
principe jusqu’à la fin de décembre avant de compiler les données pour l’année
en cours, s’expose à publier des résultats qui sont périmés avant même de
paraître.
Mais il y a un problème plus sérieux; les nombreux
chercheurs se marchent en quelque sorte réciproquement sur les pieds en
essayant de recueillir chacun de leur côté des données de base sur les traitements et les
avantages. Le principal outil de cette collecte est le téléphone, lui-même
source de nombreuses difficultés. Prenons l'exemple des deux études mentionnées ci-dessus.
Elles font état de données qui semblent avoir été transcrites incorrectement.
Une autre difficulté consiste à trouver l'administrateur qui se donnera la peine
d'expliquer au chercheur les moindres détails de son régime de rémunération. Le
chercheur peut grandement faciliter les choses s'il sait quelles questions
poser. Il y a aussi le problème de la présentation des données. Par exemple, I’étude Fleming indique que l'indemnité de base d’un député de la Saskatchewan
est de 16 804 $; il s'agit en fait d'une indemnité de 10 980 $, augmentée d'une
allocation sessionnelle de 5 896 $, unique à la Saskatchewan. La Commission
ontarienne donne le chiffre exact de l'indemnité en ne tenant absolument aucun
compte de l'allocation sessionnelle. Ces divergences se justifient peut-être
pour chacun des auteurs, mais le lecteur se trouve malheureusement en présence
de renseignements contradictoires.
Pour rendre plus sûrs les renseignements en matière de
traitement, je propose qu’on demande à une personne attitrée d'en faire
régulièrement la collecte et de les mettre à la disposition des chercheurs
intéressés. Il faudrait pour ce faire arriver à convaincre certaines
institutions, notamment le Bureau de recherche sur les traitements, la Région
canadienne de l'Association parlementaire du Commonwealth ou l'administrateur
d'une assemblée provinciale, de jouer le rôle d'agent collecteur. Celui-ci
demanderait aux agents administratifs de chaque province de dresser un bilan
annuel des principales modifications intervenues en matière de traitements et
d'avantages, et de le tenir informé des modifications moins importantes à
mesure qu’elles ont lieu. Il est inutile d’espérer, à mon avis, une diminution
du nombre de chercheurs dans ce domaine, mais une certaine centralisation des
données permettrait d'obtenir des renseignements plus exacts et serait un sujet
d'exaspération de moins pour les administrateurs.
John McDonough
Directeur, Service de recherche, Bibliothèque de l’Assemblée législative
Edmonton (Alberta)
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