Norman Ward
Mr. Davin, MP,
A Biography of Nicholas Flood Davin, de
C.B. Koester, Western Producer Prairie Books, Saskatoon, 1980,238. p.
Une biographie incite toujours un critique à se
pencher sur la personne en cause plutôt que sur l’œuvre elle-même et, lorsque
le sujet est un député aussi enjoué et aussi doué que Nicholas Flood Davin, la
tentation devient presque irrésistible. Davin a été élu sous la bannière des
Conservateurs en 1887, en 189 1 et en 1896 dans la vaste circonscription
d'Assiniboine ouest qui s'étend de l'ouest de Medicine Hat à l'est de Regina.
En 1896, il est élu de justesse dans l'une des rares élections où le directeur
du scrutin a dû décider de l'issue des élections et, en 1900, il est battu par
232 voix par Walter Scott qui deviendra, en 1905, le Premier Ministre de la
Saskatchewan. En 1901, apparemment convaincu qu'il est un raté, Davin achète un
revolver, puis un second estimant que le
premier est défectueux et il se suicide.
A cinquante-huit ans, Davin. qui était à la fois
poète, journaliste, juriste et législateur, n'était pas du tout un raté. Tout
comme un certain nombre de ses concitoyens celtes qui quittèrent l'Irlande pour
se rendre en Amérique du Nord, il parlait avec éloquence, et avait la plume
facile et souvent admirable. Comme un grand nombre de ses compatriotes, il
lutta contre l'alcoolisme et en 1891, après un discours politique désastreux,
il fit voeu de tempérance en publiant sa décision dans les petites annonces du
Leader de Regina (dont il était le fondateur).
A l'instar d'un grand nombre de députés dont la
circonscription était éloignée d'Ottawa, Davin a eu des difficultés à remplir
ses fonctions à la Chambre et à s'occuper de ses électeurs. En certaines
occasions, il a dû non seulement lutter pour sa nomination mais, en dépit de
l'augmentation constante des votes recueillis dans quatre luttes consécutives,
il a vu son pourcentage de voix baisser de façon constante jusqu'en 1900 où,
malheureusement pour lui, il n'en a pas obtenu suffisamment.
Toutefois, si Davin a eu du mal a se garder les
faveurs de sa circonscription qui se développait rapidement, il était à Ottawa
un représentant spectaculaire quoique controversé. Bien informé et perspicace,
il se considérait comme le porte parole de ses lointains électeurs et ce,
parfois au détriment de son parti. M. Koester écrit qu'il participait à la
mêlée de la vie parlementaire avec un brio qui lui a probablement attiré la
sympathie d*un grand nombre de ses collègues des deux côtés de la Chambre. Il
pouvait également hérisser ses collègues par les problèmes qu'il soulevait. En
1890, par exemple. Il proposa la tenue d'une enquête publique en prétendant que
le Commissaire de la Police montée du Nord-ouest était trop dur envers ses
hommes et envers les colons des prairies. En 1895, il proposa que l'on accorde
le droit de vote aux femmes au même titre qu'aux hommes. A ces deux occasions,
sa motion fut repoussée à la Chambre où son parti avait la majorité. Lorsque
son parti passa dans l'opposition en 1896, cela ne changea pas grand-chose pour
Davin, car il avait déjà l'habitude de l'opposition.
C'est peut-être pour cette raison qu'il n'a pu
satisfaire son ambition d'être ministre, bien qu'il ait été considéré par Grip
comme un des meilleurs candidats lorsque le ministère de l'Intérieur est devenu
vacant en 1888. Un portefeuille aurait peut-être accaparé son énergie au
détriment de certains de ses talents, et la postérité en aurait souffert. A une
époque où, selon le Hansard, il y avait à la Chambre un plus grand nombre de
députés versés dans la poésie qu’à l'heure actuelle, Davin était une vedette.
Il pouvait non seulement citer de la poésie à brûle-pourpoint, mais, en toute
occasion, il louait ce qu'on appelle en général les humanités. Un jour, en
vantant les travaux d'Archibald Lampman à la Chambre, Davin déclara "...
l'essence d'un peuple est le génie qui émane de ses ouvrages. C'est d'eux que
les hommes d'État, les commerçants, les avocats et bien d'autres tirent leur
substance et c'est là l'élément vital et la source de tout pouvoir". Il
développa son thème de la "culture source de pouvoir" auprès du
public en dehors du Parlement, et sa croyance en ce principe constitue l'une de
ses caractéristiques les plus marquantes.
M. Koester raconte la vie de cet homme politique
remarquablement attachant dans un livre très intéressant. En qualité de
professeur, d'historien, de greffier de l'Assemblée de la Saskatchewan et
maintenant de la Chambre des communes, M. Koester a eu des occasions uniques,
non simplement de lire des textes au sujet des hommes politiques, mais de les
voir dans diverses situations. Ses sentiments à l'égard de Davin et du
Parlement qu'il aimait tant apparaissent clairement dans son livre. Dans une
prose lucide et élégante, qui témoigne d'un vaste travail de recherche sans
aucune ostentation, M. Koester raconte la vie d'un député actif qui est un de
ceux qui ont démontre, session après session, que la satisfaction qu'un
parlementaire retire de ses fonctions dépend de ce qu'il y apport.
Norman Ward Département d'économie et de sciences
politiques Université de Saskatchewan Saskatoon
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