Réjean Pelletier; David E. Smith
Cinquième Colloque de la
Région canadienne de l Association parlementaire du Commonwealth, Toronto, du
15 au 19 octobre 1979, 228 pages et annexes 99 pages.
La région canadienne de l'Association parlementaire du Commonwealth
(APC) a l'habitude de tenir un colloque annuel sur un thème touchant au
parlementarisme, surtout de type britannique. En 1978, c'est la section
québécoise qui avait organisé un tel colloque en choisissant un thème
susceptible de provoquer des réactions très variées auprès des participants: Le
parlementarisme britannique: anachronisme ou réalité moderne? Parlementaires et
universitaires étaient alors conviés à s'interroger sur le rôle du parlement
d’aujourd'hui en tant que législateur et organe de contrôle du gouvernement et
de l'administration publique.
En 1979, la région canadienne de l'APC décidait de tenir son colloque
annuel à Toronto sous le thème principal du travail en comités (ou plus
exactement en commissions parlementaires). Ce thème a été analysé sous de
multiples facettes: du profit que peuvent en tirer les parlementaires jusqu’aux
réformes possibles en passant par les relations de ces comités avec l'exécutif
et la collectivité. Ces différentes études du rôle (les comités en système
parlementaire de type britannique tel que vécu et appliqué aux parlementarisme canadien ont aussi été
confrontées à l'expérience de la Grande Bretagne elle même et à celle des États
Unis.
On peut dire que le colloque posait dès le départ le problème
fondamental de savoir de quelle manière
doit on s'organiser pour que les représentants élus du peuple qui ne sont pas
nécessairement des spécialistes mais plutôt des amateurs. puissent
contrôler et scruter le rôle vaste et complexe du gouvernement dans les
conditions du monde contemporain'! Par le biais du travail en comités qui
devrait permettre de resserrer les moyens de contrôle de l'action politique et
administrative et d'accroître la participation des députés aux travaux
parlementaires, on se trouvait aussi à poser un autre problème fondamental,
soit celui du rôle du député en système parlementaire de type britannique. Le
Parlement est-il devenu de nos jours un simple organe officiel et légitime de ratification des vœux de
l'exécutif? Comment alors situer les responsabilités d'un député face à son
parti, à ses opinions personnelles et à celles de ses commettants?
Pour certains participants, le travail en comités est apparu comme un
moyen privilégié d'exercer un plus grand contrôle sur le pouvoir exécutif à la
condition que les députés puissent obtenir toute l'information nécessaire,
travailler d'une façon régulière sur un même comité, s'entourer d'un personnel
compétent et même effectuer des études spéciales afin d'être en mesure de
surveiller et de contrôler davantage les différents ministères. Cette fonction
de contrôle devait être complétée, selon d'autres intervenants, par l'exercice
d'un rôle législatif où il ne s'agirait pas vraiment d'adopter en comités les
projets de loi, mais plutôt de chercher à les améliorer.
Ce double rôle de législateur et de contrôleur se heurte toutefois à la
discipline de parti de sorte que le travail en comités a souvent augmenté les
conflits et reproduit les différends qui existaient déjà entre les partis
politiques plutôt qu'il n'a protégé l'indépendance des députés. En d'autres termes,
le comité a le plus souvent reproduit en miniature les clivages partisans de la
Chambre elle-même. De là le souhait formulé par quelques intervenants que les
députés puissent tempérer leur allégeance à l'égard de leurs partis afin
d'examiner sans esprit partisan de grandes questions comme le problème de
l'avortement ou celui de l'énergie nucléaire.
Ce colloque rejoignait ainsi, par une analyse systématique du travail
des parlementaires en comités, les problèmes soulevés un an plus tôt au
colloque de Québec sur le rôle du député en tant que législateur et contrôleur
du gouvernement et de l'administration.
Comme quoi les députés n'ont pas fini de s'interroger sur leurs rôles
véritables au sein des parlements modernes face à un exécutif envahissant et à
une fonction publique non directement responsable de ses actes. S'ils ont peu
d'influence sur le contenu même des projets de loi (sinon par le biais de
certains amendements), du moins ont-ils le pouvoir de légitimer l'action
gouvernementale par l'approbation de ces projets de loi en Chambre. S'ils n'ont
pas toujours la possibilité de contrôler efficacement l'exécutif et la fonction
publique du moins ont-ils la possibilité d'en tempérer les excès. En ceci, les
parlementaires ont encore un rôle efficace à jouer, ce qui ne doit pas les
empêcher de continuer à s'interroger sur la revalorisation de leurs rôles et
surtout de trouver les moyens les plus efficaces pour améliorer leurs fonctions
de législateurs et de contrôleurs.
Réjean Pelletier Département de Sciences politiques Université Laval,
Québec
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