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Nora Lever

The Hansard Chronicles: A Celebration of the First Hundred Years of Hansard in Canada's Parliament,  John Ward, Deneau and Greenberg Publishers Ltd., 1980, 243p.

Le mercredi 7 mai 1980, l'inauguration d'une plaque commémorative dans la rotonde de l'édifice du Parlement soulignait le centième anniversaire du hansard canadien. Quelques minutes plus tard, aux Communes, Madame le président lisait un message de félicitations adressé par la Reine Elizabeth. Sa Majesté y exprimait son assurance que l'institution, qu'elle a appelée indispensable et incorruptible, demeurera impartiale et fidèle.

La parution du livre Hansard Chronicles de John Ward, rédacteur associé des comptes rendus officiels des Débats, a aussi joué un rôle important dans la célébration du service unique et essentiel fourni par le personnel des Débats anglais et français à la Chambre des communes. Ce service est offert avec tant de discrétion et de compétence que nous le considérons souvent comme acquis, pour nous intéresser plutôt aux travaux parlementaires plus animés. Au début de son livre, l'auteur souligne cette anomalie avec un humour charmant, en mettant en contraste la pompe ostensible du cérémonial qui caractérise le défilé du président et la  procession solennelle" qui a lieu dans le hall à l'étage supérieur alors que le sténographe du hansard entre à la Chambre pour prendre place au centre, dans l'anonymat presque complet.

Chaque mot prononcé à la Chambre des communes est noté, imprimé et publié. Même si nous pouvons à l'heure actuelle tenir notre hansard pour acquis comme nous le faisons souvent pour les libertés dont nous jouissons en démocratie parlementaire, le survol de l'histoire du compte rendu parlementaire nous démontre que les Canadiens n'ont pas toujours été aussi privilégiés qu'aujourd'hui. Ce livre nous raconte la lutte menée pour obtenir de rendre compte librement des délibérations parlementaires. En outre, il met en relief les obstacles qu'ont dressés le Family Compact et les membres du château clique des deux Canadas et des Maritimes au début du 1 9e siècle, sans compter qu’il loue les efforts des journalistes, pionniers du mouvement réformiste.

Le livre de M. John Ward sur l'historique du hansard, commence par une brève biographie de William Cobbett, journaliste et imprimeur militant, et aussi l'un de ceux qui ont connu la prison, les amendes et l'exil afin d'obtenir la liberté de presse, comme en Grande Bretagne. Les Débats parlementaires de Cobbett étaient des résumes qui ont été publiés hebdomadairement en Angleterre à partir de 1803. Son imprimeur, Luke Hansard, qui assumait la publication des Débats dès 1811 les a désignés sous le nom de Débats parlementaires de Hansard. De 1812 a 1888~ la famille Hansard a publié le compte rendu des débats parlementaires en Grande Bretagne  il s'agissait cependant de compte rendus tirés des quotidiens. Ce n’est qu'en 1909 que le hansard britannique devait adopter la formule officielle de compte rendu intégral qui avait été implantée au Canada en 1880.

Le livre nous fait connaître un bon nombre de personnages fascinants. Notamment  Robert Gourlay, Daniel Tracey, Ludger Duvernay et bien d'autres qui se sont battus pour obtenir le droit de prendre des notes et de publier le compte rendu des travaux parlementaires. Le thème central du livre demeure cependant la carrière de Francis Collins en tant que journaliste et sténographe parlementaire. Selon l'auteur, l'histoire de Francis Collins transcende dans une très grande mesure les limites d'une profession spécialisée et restreinte. Elle brosse à grands traits les principes fondamentaux de la liberté de parole et de presse, décrit une époque qui a constitué la pierre angulaire de l'éclosion d'institutions démocratiques et constitue un chapitre du récit du courage d'un homme face à l'adversité.

Le lien entre les efforts déployas par les journalistes pour obtenir la liberté de presse et ceux des sténographes du compte rendu intégral des débats constitue, pour l'auteur, un facteur primordial. Ce sont les journalistes qui se sont battus pour que les propos tenus au cours d'un débat parlementaire soient publiés et que tous les citoyens représentés par les législateurs puissent en prendre connaissance; ce sont également eux qui ont les premiers maîtrisé l'art de la sténographie et qui ont donc été les premiers sténographes parlementaires.

M. Ward présente une appréciation personnelle et chaleureuse du travail de tous ces "artisans": du premier sténographe principal à ceux qui, aujourd'hui', perpétuent cette grande tradition. Son énumération des sténographes parlementaires comprend des Canadiens éminents tels l'ancien premier ministre John S.D. Thompson et l'expert réputé en procédure parlementaire John George Bourinot. Mais elle n'omet pas d'inclure tous les autres qui sont également dignes de mention en raison de leurs longs services. Comme la plaque en fait foi, la sténographie a été mise au service du pays au cours des cent premières années du hansard. M. Ward termine sur cette pensée: «Qui sait ce que le hansard peut encore offrir au pays? >

Nora Lever Adjointe administrative, au Greffier de la Chambre des communes


Canadian Parliamentary Review Cover
Vol 3 no 2
1980






Dernière mise à jour : 2020-09-14