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Arthur Donahoe
Selon la plupart
des observateurs, les parlements modernes exercent trois fonctions
principales : la fonction législative (notamment la participation
à l’élaboration de la politique publique par le truchement
du processus législatif et des enquêtes parlementaires); la
fonction de surveillance (exercée principalement, mais pas
exclusivement, par la « loyale opposition »); la fonction
de représentation (qui permet aux députés de soulever les
sujets de préoccupation et de promouvoir les intérêts de
leurs électeurs). Malheureusement, la vie moderne apporte son lot de
déceptions, notamment une désillusion générale
à l’endroit du gouvernement, de l’institution qu’est
le Parlement et de la façon dont les parlementaires s’acquittent
de ces fonctions.
L’Association
parlementaire du Commonwealth s’attache entre autres à assainir ce
climat de méfiance en adoptant des stratégies visant à
raffermir le rendement des parlements et des parlementaires. Pour cela, elle
fournit aux législateurs des occasions de discuter de questions
parlementaires dans le cadre de conférences et de colloques
régionaux, d’ateliers parlementaires, de colloques
post-électoraux, de groupes d’étude et, bien sûr, de
la conférence internationale annuelle, qui sera tenue au Canada, cette
année.
L’Association
vise aussi à aider les députés à perfectionner
leurs compétences professionnelles. Les parlements sont régis par
des règlements en apparence obscurs, souvent déconcertants pour
les nouveaux députés (voire pour les députés qui
sont au Parlement depuis longtemps). Le Parlement est la seule institution
formée de membres qui n’ont pas à respecter
d’exigences scolaires, qui reçoivent une formation sur place
limitée ou qui n’en reçoivent pas du tout et qui sont
appelés à prendre immédiatement des décisions
politiques complexes prenant en compte les besoins contradictoires de tous les
secteurs de l’univers intérieur et extérieur. Le personnel
de soutien parlementaire, qui est souvent constitué de
spécialistes d’autres domaines que le domaine législatif,
exerce souvent des fonctions pour lesquelles il possède peu de
connaissances spécialisées, et il ne bénéficie pas
toujours l’appui de collègues expérimentés.
Certains
parlements des pays du Commonwealth peuvent offrir aux nouveaux
députés une formation de base, dans le cadre soit
d’activités de mentorat soit de séminaires
d’initiation spéciaux. D’autres, particulièrement le
Parlement de l’Inde, produisent des aide-mémoire sur les pratiques
et la procédure parlementaires à l’intention des
néophytes. Toutefois, n’ayant pas les ressources humaines et
financières voulues, de nombreux parlements des pays du Commonwealth ne
sont pas en mesure de fournir une telle orientation. C’est dans le but de
combler ce besoin que je me suis penché sur cette question au cours des
neuf années où j’ai été secrétaire
général de l’Association.
Par exemple, en
1992, une élection a été tenue au Ghana, pays
d’Afrique occidentale, après onze années de dictature
militaire. Sur les 200 députés élus au nouveau parlement,
deux avaient une expérience parlementaire. Le siège social de
l’Association parlementaire du Commonwealth, à Londres, a
reçu une demande pour que les députés néophytes
puissent obtenir une formation relativement à leurs nouvelles fonctions
et apprendre à connaître les méandres des pratiques et de
la procédure parlementaires.
En tant que
nouveau secrétaire général de l’Association
parlementaire du Commonwealth, j’ai alors réuni à Accra,
aux frais de l’APC, une équipe de parlementaires chevronnés
provenant des quatre coins du Commonwealth. Lors d’un séminaire de
quatre jours, les invités ont parlé des rouages de leur propre
parlement et répondu aux questions émanant des nouveaux
députés. Ce partage d’expérience, pour lequel on a
félicité l’APC, visait non pas à montrer aux
Ghanéens comment conduire leurs affaires, mais bien à les
sensibiliser aux rouages de parlements d’autres pays de manière
qu’ils puissent adopter ou adapter, en fonction de leurs besoins, les
processus et les procédures en vigueur ailleurs.
À ma
grande satisfaction, nombre de députés du Parlement du Ghana sont
venus me dire à quel point le séminaire leur avait
été utile au début de leur carrière parlementaire.
Le séminaire à l’intention des députés ghanéens
fut le premier d’une longue série de séminaires qui ont
été tenus au cours de mon mandat. Des parlementaires des quatre
coins du monde gagnent à apprendre qu’il existe d’autres
façons que la leur d’atteindre des buts souhaitables. L’APC
constitue un outil qui permet aux parlements et aux parlementaires de
perfectionner leurs connaissances.
Nous avons tenu
des séminaires et des conférences sur le rôle que peuvent
jouer les comités au chapitre de l’amélioration de la
reddition de comptes de la part du gouvernement, sur les rapports entre le
Parlement et la magistrature, sur les rapports entre le Parlement et les
médias, sur les liens entre le Parlement et le pouvoir exécutif
et sur le rôle de l’opposition, pour ne fournir que quelques
exemples.
Les efforts en
vue de rehausser la présence des femmes dans les parlements et dans les
assemblées législatives et d’accroître leur
participation aux activités de l’APC ainsi que les programmes de
sensibilisation des jeunes sont aussi partie intégrante des
activités récentes de l’Association. Tous ces efforts sont
portés à l’attention des députés par le
truchement d’un programme complet de publications et l’utilisation
d’outils de communication modernes.
Bref, la participation aux activités de l’APC ne peut
qu’améliorer le rendement des parlementaires et les aider à
mieux représenter leurs électeurs. J’invite les
législateurs canadiens, aux échelons fédéral,
provincial et territorial, à saisir les occasions fournies par
l’APC et à mettre aussi souvent qu’ils le peuvent leurs
compétences et leurs connaissances à profit au nom de
l’amélioration du régime parlementaire dans les pays du
Commonwealth.
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