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Christian Blais
Pour célébrer et commémorer le 225e anniversaire des institutions parlementaires du
Québec, l’Assemblée nationale a lancé une exposition intitulée « 1792.
La naissance d’un Parlement. » Dans cet article, l’auteur présente des faits
saillants de l’exposition et explique pourquoi
les caricatures y occupent une place centrale.
Le 4 avril 2017, à l’hôtel du Parlement de Québec,
le président de l’Assemblée nationale, M. Jacques
Chagnon a procédé au lancement officiel des
célébrations du 225e anniversaire des institutions
parlementaire du Québec. Dans son discours, il a
souligné que « ce n’est pas tous les jours, en effet, que
nous pouvons nous rappeler à quel point l’Assemblée
nationale, son autorité, ses champs de compétences et
tous les pouvoirs qui y sont maintenant rattachés sont
tributaires de ce qui s’est joué chez nous il y a 225 ans et
qui a façonné notre démocratie québécoise ».
D’autres parlementaires ont ensuite pris la parole.
Mme Rita de Santis, ministre responsable de la Réforme
des institutions démocratiques; Mme Carole Poirier, whip
en chef de l’opposition officielle et députée d’Hochelaga-
Maisonneuve; et M. Benoit Charette, du deuxième groupe
d’opposition et député de Deux-Montagnes, ont parlé
des moments charnières de notre histoire parlementaire.
Une exposition : 1792. La naissance d’un Parlement
Le lancement officiel des célébrations du 225e
anniversaire des institutions parlementaire du Québec a
été l’occasion d’inaugurer l’exposition 1792. La naissance
d’un Parlement. Cette exposition, située dans le centre des
visiteurs du parlement, brosse un portrait de l’histoire
parlementaire du Bas-Canada de 1792 à 1841. Les
visiteurs sont amenés à constater que les grands enjeux
de notre démocratie ont été l’objet de débats à la Chambre
d’assemblée du BasCanada; ils comprennent aussi que les
députés de l’Assemblée nationale exercent aujourd’hui
les prérogatives que les députés bas-canadiens ont
exigées sans jamais courber l’échine.
Le design de l’exposition 1792. La naissance d’un
Parlement baigne dans l’univers de la bande dessinée.
Pourquoi la bande dessinée? Parce que la BD québécoise
et les premières élections ont le même âge! Plus encore,
cette première bande dessinée a pour sujet les élections de
1792. Il s’agit d’un placard intitulé À tous les électeurs qui
a pour objectif de mousser la candidature des marchands
du comté de la Haute-Ville de Québec. Pour comble, deux
candidats, Mathew Macnider et William Grant, sont à
l’origine de cet imprimé. Tous deux se feront d’ailleurs
élire et seront de la première cohorte de députés. En
vedette est exposé le seul et unique exemplaire original
de la bande dessinée de 1792, À tous les électeurs.
D’autres artéfacts rares et précieux relatent l’histoire
politique et parlementaire du Bas-Canada. Entre autres,
le visiteur peut y voir les procès-verbaux manuscrits de
la session parlementaire de 1792-1793, le règlement de la
Chambre d’assemblée du Bas-Canada de 1793, un globe
terrestre datant des années 1792-1805, des ceintures
fléchées des XVIIIe et XIXe siècles, une affiche électorale
moussant l’élection des patriotes de Montréal en 1827, et
une copie originale des 92 Résolutions.
Parmi ces objets, certains ont une histoire particulière.
Par exemple, il y a la tête du buste de George III, qui
est le premier monument érigé à Montréal en 1766.
Pendant l’invasion américaine en 1775, des inconnus la
barbouillent de noir et lui passent un collier de patates
autour du cou, avec une croix portant l’inscription :
« Voilà le pape du Canada et le sot anglais ». Peu après,
ce buste est jeté au fond d’un puits de la place d’Armes.
Il est retrouvé en 1834.
Ces pièces magnifiques proviennent des collections
de l’Assemblée nationale, mais aussi du Musée Stewart,
du Musée national des beaux-arts du Québec, du
Musée des beaux-arts de Montréal, de Bibliothèque et
Archives Canada, du Musée McCord, de la Bibliothèque
de l’Université McGill, du Musée Pierre-Boucher, de la
Ville de Québec et du ministère de la Culture et des
Communications.
À cela s’ajoutent des animations multimédias et
une ligne du temps. Les visiteurs peuvent ainsi en
apprendre davantage sur les origines de notre histoire
démocratique. Une capsule intitulée L’histoire du Bas-
Canada en 60 secondes résume le sujet, et ce, en une
minute top chrono! L’exposition 1792. La naissance
d’un Parlement est présentée jusqu’au 4 avril 2018; elle
est également diffusée en ligne dans le site Internet de
l’Assemblée nationale : http://www.bibliotheque.assnat.
qc.ca/expositionsvirtuelles/index.html
La bande dessinée 1792 : à main levée
Au Salon international du livre de Québec, le 5 avril
2017, le président, M. Jacques Chagnon, a lancé le
recueil de bandes dessinées 1792 : à main levée. « Que
vous soyez simplement curieux, passionné d’histoire ou
de bandes dessinées ou que vous déteniez tous ces titres
à la fois, vous serez comblé en parcourant cet ouvrage
captivant », a-t-il affirmé.
Ce livre fait écho à la bande dessinée À tous les
électeurs, réalisée en 1792. À dessein, l’Assemblée
nationale utilise ce même moyen d’expression – soit
le neuvième art – afin de raconter les faits saillants de
l’histoire parlementaire du Bas-Canada.
Quatre bédéistes, soit Vincent Giard, Réal Godbout,
VAN (Vanessa Lalonde) et VoRo (Vincent Rioux) ont
été recrutés par l’Assemblée nationale. La sélection
de ces artistes de talent a été guidée par la volonté de
constituer un échantillon de créateurs représentatif
de la pluralité de la bande dessinée québécoise de
notre époque. Dans le livre 1792 : à main levée, ils nous
racontent les premières élections générales en 1792, le
débat sur les langues, l’engagement politique de Pierre-
Stanislas Bédard et l’adoption des 92 Résolutions.
De courts textes, abondamment illustrés, précèdent
chacune des quatre bandes dessinées afin de raconter
les faits saillants de l’histoire parlementaire du Bas-
Canada. Les bédéistes ont ensuite reconstitué les
« moments clés » de ces histoires parlementaires, mettant
l’accent sur l’atmosphère, l’émotion, la mise en scène.
La démarche éditoriale, élaborée par Michel Giguère à
titre d’expert-conseil en BD, a permis de transformer la
diversité des profils et des styles en complémentarité.
Enfin, la dernière section du livre, prend la forme d’un
catalogue raisonné. Une sélection d’oeuvres d’art du
XIXe siècle, ayant servi de sources d’inspiration aux
bédéistes, sont présentées en vis-à-vis des découpages,
des crayonnés et des encrages de l’album.
Les amants de l’histoire et les amoureux de la bande
dessinée pourront se procurer cette publication de
prestige dans les librairies, partout à travers le Québec,
ou la commander en ligne dans le site Internet des
Publications du Québec.
D’autres projets commémoratifs
Diverses activités compléteront le programme de
célébrations du 225e anniversaire de nos institutions
parlementaires. Parmi elles, l’Assemblée nationale
ravive une tradition établie par le concepteur de l’hôtel
du Parlement, Eugène-Étienne Taché : celle de graver
le nom personnages historiques dans les boiseries du
parlement.
Au premier étage de l’édifice du Parlement, figure une
série de personnages de l’époque du Bas-Canada. S’y
trouvent des patriotes et des bureaucrates, cependant
les réformistes modérés ont la part belle. Sont d’abord
commémorés ceux qui ont su faire preuve d’attachement
aux institutions parlementaires britanniques et ceux
qui ont été favorables à l’épanouissement de la nation
canadienne-française.
Les choix de Taché reflètent les valeurs politiques de
son père. Étienne-Paschal Taché était un patriote qui a
défendu les Canadiens français au sein des institutions
politiques de son temps. En toile de fond aussi, en
réponse à Durham, qui est à l’origine de l’Union du Bas
et du Haut-Canada, la majorité des hommes politiques
qui se retrouvent sur les boiseries se sont opposés à cette
formule constitutionnelle.
C’est en respectant ce plan d’ensemble original que
les noms des députés William Grant et Augustin-
Norbert Morin ainsi que des conseillers législatifs
Thomas Dunn et Joseph-Octave Plessis seront ajoutés à
l’ensemble. Pour l’occasion, une courte biographie des
parlementaires du Bas-Canada gravés sur les boiseries
de l’hôtel du Parlement sera publiée dans une brochure.
Elle pourra aussi être consultée en ligne dans le site
Internet de l’Assemblée nationale.
Pour finir, lors de la clôture des célébrations du
225e anniversaire de nos institutions parlementaires,
la présidence procédera à l’installation d’une capsule
temporelle dans le parlement. Cette capsule renfermera
divers objets destinés aux générations futures. Son
ouverture aura lieu lors du 300e anniversaire des
élections de 1792, soit en 2092. Son contenu ne sera
connu que d’un nombre limité de personnes. Cette part
de mystère entourant la capsule et son contenu suscitera
intérêt et fascination.
Une fois encore, l’Assemblée nationale fait preuve
d’originalité et d’audace! Le défi est donc lancé aux
générations suivantes afin qu’elles célèbrent elles aussi
les pans de l’histoire parlementaire du Québec et,
surtout, qu’elles maintiennent vivante à l’Assemblée
nationale cette tradition de culture historique, juridique
et politique.
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