Revue parlementaire canadienne

Numéro courant
Région canadienne, APC
Archives
Prochain numéro
Guide de rédaction
Abonnez-vous

Recherche
AccueilContactez-nousEnglish

PDF
Des atouts formidables : Étudiants de programmes d'alternance études travail à l'Assemblée législative de l'Ontario
Susanne Hynes

La législature canadienne offre de l’emploi rémunéré aux étudiants dans le cadre de divers programmes qui profitent à la fois aux étudiants et aux législatures. Recrutés à titre de pages, de stagiaires, de guides touristiques, d’employés d’été et dans le cadre de programmes coopératifs, les étudiants aident les employés réguliers à fournir des services aux députés, à d’autres membres du personnel législatif et au public. Grâce à ces programmes, des jeunes gagnent de l’argent pour aider à financer leurs études tout en acquérant directement des connaissances au sujet de l’institution qui est au cœur du gouvernement démocratique dans leur circonscription. Ce document donne un aperçu des programmes coopératifs de certaines circonscriptions du pays et examine le programme de stages parlementaires (Legislative Learner) de l’Ontario de façon un peu plus approfondie.1

Programmes coopératifs du Canada

Actuellement, six provinces et territoires canadiens offrent des postes à des étudiants qui participent à des programmes d’enseignement coopératif : Colombie Britannique, Nouveau Brunswick, Terre Neuve et Labrador, Ontario, Île du Prince Édouard et le Parlement du Canada. Ils offrent aux étudiants de premier cycle d’universités agréées des occasions de travailler à temps plein dans des bureaux comme le Greffe, Ressources humaines ou la Bibliothèque législative. Les placements durent habituellement quatre mois, en correspondance avec les semestres universitaires, et ont lieu que les législatures respectives siègent ou non. Les programmes coopératifs fournissent de l’emploi à temps plein qui est effectué de concert avec le personnel permanent, et permettent également aux étudiants participants d’obtenir des crédits des universités. Bien que de nombreux programmes présentent les mêmes caractéristiques, il y a certaines différences notables.

Le Sénat du Canada offre à la fois des programmes coopératifs et des programmes de formation des pages à des étudiants à temps plein d’institutions agréées, et la Bibliothèque du Parlement recrute des étudiants de programmes coopératifs provenant de programmes universitaires en bibliothéconomie et en science de l’information, pour des emplois d’une durée déterminée de quatre mois.

Le Nouveau Brunswick emploie périodiquement des étudiants d’universités dans le cadre de leurs programmes d’éducation coopérative. Depuis les cinq dernières années, Terre Neuve et Labrador travaille de concert avec la faculté des sciences politiques de l’Université Memorial pour accueillir un stagiaire par année, qui travaille auprès du service Communications/Élaboration de politiques de la Chambre de l’Assemblée, ou à la Bibliothèque législative, pour une période de trois mois.

Depuis 2008, deux étudiants de troisième ou quatrième année de l’Île du Prince Édouard, habituellement des étudiants dont la matière principale est l’histoire ou la science politique, sont recrutés par l’Université de l’Île du Prince Édouard à des fins de placement à l’Assemblée législative. Les étudiants travaillent en tant que membres du personnel permanent de l’Assemblée, exécutent diverses tâches et remplissent les fonctions du poste qui leur sont assignées. Toutefois, la majeure partie du travail consiste à répondre aux demandes de recherche du personnel interne, des députés, ou des serveurs de listes. Au cours de leur placement, les étudiants doivent habituellement mener à terme un grand projet de recherche indépendant ayant trait aux précédents législatifs, à l’histoire ou à des célébrations.

Programme de stages parlementaires de l’Ontario

Au cours des 40 dernières années, l’Assemblée législative de l’Ontario a établi des liens solides avec le programme coopératif de l’Université de Waterloo. Appelés Legislative Learners (stagiaires parlementaires) depuis 2003, ces étudiants travaillent durant un semestre dans un bureau de l’Assemblée, et un autre dans un bureau de député ou de caucus, au cours de leur séjour à Queen’s Park. Ils acquièrent des connaissances au sujet des bureaux et des fonctions de l’Assemblée et du processus législatif au cours du déroulement des événements importants de la journée.

Le Programme de stages parlementaires s’est avéré un grand succès à la fois pour l’Assemblée législative de l’Ontario et pour les étudiants participants. Brillants et enthousiastes, ces étudiants ont apporté de nouvelles aptitudes au travail à l’Assemblée. En revanche, ils font l’expérience unique de participer à la dramatique et à la régie interne des bureaux qui appuient le travail des législateurs de l’Ontario, et au processus intensément politique d’un bureau de député ou de caucus.

Sélection des étudiants

Le recrutement des étudiants est un processus rigoureux fondé sur d’excellents dossiers scolaires, un engagement exceptionnel à l’égard d’activités parascolaires, et l’intérêt pour les questions qui animent la politique et les politiciens de l’Ontario. Il est attendu d’eux qu’ils apprennent rapidement et qu’ils soient de bons rédacteurs, qu’ils s’expriment clairement, qu’ils aient une excellente éthique du travail, qu’ils soient en mesure de travailler efficacement avec d’autres personnes, qu’ils fassent preuve d’un bon jugement, et qu’ils connaissent bien l’Ontario.

Le programme de stages parlementaires, qui est annoncé sur le site Web Job Mine de l’Université de Waterloo, reçoit généralement environ 150 candidatures pour ce qui est considéré comme des placements en or pour les étudiants en lettres et sciences humaines.

Le programme coopératif de premier cycle de l’Université de Waterloo, le plus important du genre au monde, fait appel à la participation de plus de 5 000 employeurs et 17 300 étudiants. Le programme est hautement organisé et géré depuis une installation construite spécialement à cette fin, qui abrite le personnel du programme coopératif. Dotée de systèmes électroniques sophistiqués qui font le suivi des entrevues et qui fournissent des alertes aux étudiants et aux interviewers, l’installation offre d’excellents espaces de travail. Une équipe composée de membres du personnel des Ressources humaines de l’Assemblée et des trois directions recruteuses examine les curriculum vitae et reçoit en entrevue de 10 à 12 étudiants. Bien que les entrevues soient offertes aux étudiants en lettres et sciences humaines de troisième année ayant obtenu un excellent rendement scolaire et qui ont complété des placements coopératifs antérieurs, des étudiants de deuxième année ayant obtenu des résultats exceptionnels ont également été reçus en entrevue — et recrutés. Les étudiants qui sont affiliés à des partis politiques ne sont pas admissibles à ce programme.

Les entrevues, qui sont tenues en octobre à l’Université de Waterloo, suivent une procédure établie. Il est demandé aux étudiants d’assister à une séance d’information sur le genre de travail qu’ils exécuteront au cours de leurs placements. Ces dernières années, les placements du semestre d’hiver se faisaient auprès des Services de la procédure, du Service des recherches législatives et de la Direction du protocole parlementaire et des relations publiques; les placements du semestre d’automne se sont faits dans des bureaux de députés ou de caucus. Les questions préétablies se concentrent sur les entrevues d’une demi heure qui suivent, et il est demandé à chaque candidat d’indiquer un bureau de préférence.

L’offre de trois postes (et leur acceptation) a lieu au début de novembre.

Travailler à Queen’s Park

Les stagiaires parlementaires entreprennent leur premier semestre en janvier dans le cadre d’un placement dans un bureau de l’Assemblée. Ils prêtent le même serment de confidentialité que les autres membres du personnel de l’Assemblée parce qu’ils fourniront des services d’information aux députés et à leur personnel. La plupart sont assimilés rapidement dans leurs bureaux respectifs et apprennent que, dans un milieu où les activités se déroulent à un rythme rapide, leur travail doit être précis et pertinent. Les étudiants voyagent avec des comités, assistent à des réunions, et il est attendu d’eux qu’ils observent la Chambre. Les projets spéciaux comprenaient les activités suivantes : création de bases de données, rédaction de documents, organisation d’événements, communication avec des personnes d’autres législatures ou gouvernements canadiens, aide à l’établissement du calendrier des témoins, et affichage d’information sur le site intranet de l’Assemblée.

Les stagiaires parlementaires apprennent l’importance de se tenir au courant des nouvelles de nature politique, et on leur enseigne l’importance d’être non partisan dans l’environnement hautement politique de l’Assemblée législative. Ils sont également encouragés à participer à des visites guidées, des discours et d’autres programmes de l’Assemblée, comme le Programme de mentorat de l’Assemblée et les cours de français offerts au déjeuner; bref, ils doivent apprendre le plus possible au sujet des fonctions et des membres de l’Assemblée et de ses dossiers. Leur université exige également qu’ils rédigent un document sur leur placement. Lorsque le semestre se termine à la fin d’avril, il est suivi d’un semestre d’études à l’Université de Waterloo.

Les stagiaires retournent à Queen’s Park en septembre, pour travailler dans des bureaux de députés ou de caucus. Ce qu’ils ont appris l’hiver précédent leur fournit une bonne connaissance de base durant ce qui est souvent une période de quatre mois intense et guidée par les échéances. Ce semestre les place dans un environnement hautement partisan, où ils apprennent le principe des concessions mutuelles d’un bureau politique. Ils travaillent directement avec les députés et remplissent une gamme de fonctions comprenant des livraisons, la participation à des séances d’information politique, la rédaction de communiqués de presse ou de déclarations, l’étude de questions et l’accompagnement des députés à leurs mêlées. Dans plus d’un cas, les députés ont manifesté leur appréciation à la Chambre, décrivant leurs étudiants du programme coopératif comme étant des « atouts formidables », les remerciant pour leur « excellent travail » et leurs « travaux fantastiques ».

Historique du Programme de stages parlementaires

Le programme coopératif de l’Université de Waterloo/Assemblée législative de l’Ontario a débuté au cours des années 1970, après la formation du Bureau de l’Assemblée législative. À ses débuts, les étudiants travaillaient pendant trois ou quatre semestres aux bureaux de l’Assemblée. Les étudiants du programme coopératif étaient moins intégrés dans les travaux de l’Assemblée, et une bonne part de leur temps était consacrée à leurs propres recherches. Ils travaillaient par rotation plus fréquemment et passaient également du temps à travailler à la Commission électorale de l’Ontario et auprès d’autres bureaux.

À la fin des années 1980, il a été décidé que le deuxième trimestre de travail à la législature se ferait dans un bureau de caucus ou de député. Les étudiants ont demandé le changement parce qu’ils estimaient que leur expérience à la législature serait bonifiée par la participation à l’environnement politique.

En 1996, le programme a pris fin en raison des contraintes budgétaires, mais il a été rétabli en 2002-2003.

Diplômés du programme de stages parlementaires

Au cours de la préparation du présent document, il a été demandé à plusieurs anciens stagiaires parlementaires, dont des avocats, des fonctionnaires, le greffier adjoint de l’Assemblée législative de l’Ontario, le poète officiel de la Reine de la ville de Toronto, et le PDG d’une importante organisation de soins de santé de l’Ontario, ce que le temps qu’ils avaient passé à l’Assemblée signifiait pour eux. Ils ont répondu que le programme leur avait donné un sentiment d’habilitation, accru leur confiance, transmis des compétences et des connaissances uniques et que, en conséquence, il avait exercé une influence importante sur leurs carrières. La sélection de leurs commentaires présentée ci dessous, par ordre chronologique, en dit long :

1981-1982

Je me souviens que j’ai beaucoup couru à Queen’s Park. Je me rappelle l’excitation du jour du dépôt du budget, et à quel point j’étais heureux d’avoir mon propre exemplaire. Je me souviens que les vendeurs ambulants étaient mécontents de certaines dispositions fiscales, et ont manifesté en faisant le tour de la législature dans leurs voitures en klaxonnant. J’ai aimé travailler au Parlement provincial lui même — et croiser par hasard Roy McMurtry, Susan Fish, Bob Rae, Bill Davis (en personne), etc., pendant que je me frayais un chemin par l’escalier arrière de l’immeuble, ou que je distribuais des documents dans les salles de comité. L’expérience a eu une influence décisive sur mon cheminement professionnel.

1982-1983

Pour ce qui est des souvenirs — le jour où j’ai appris que j’avais été choisi comme stagiaire parlementaire était certainement l’un des jours les plus heureux de ma vie. Être choisi pour travailler à l’Assemblée législative parmi les étudiants en science politique de l’Université de Waterloo était le billet gagnant de tous les placements coopératifs disponibles. J’étais étonné d’être l’un des trois à avoir été choisis.

1984-1986

Le travail à l’Assemblée législative était une croisée des chemins pour moi; ce fut une expérience d’acquisition de compétences et d’accroissement de la confiance considérables. J’ai rédigé des documents pour des initiatives d’obstructions systématiques et de mises aux voix. Au Greffe, mon travail consistait à afficher le Feuilleton et des avis, et j’étais disponible pour faire des recherches sur demande. On m’a incité à assister aux séances de la Chambre et j’avais le profond sentiment de faire partie du bureau. Plus tard, j’ai travaillé au Bureau des services aux députés libéraux, où je répondais aux lettres et rédigeait des déclarations des députés. Je n’aurais jamais envisagé une carrière au gouvernement si je n’avais pas été à Queen’s Park en tant qu’étudiant. J’ai appris en quoi consiste le gouvernement, la différence entre ce dernier et le processus politique.

1985-1986

Il était très excitant de participer aux activités de l’Assemblée législative. Un édifice plutôt formel et historique nous est devenu très familier. En même temps que l’expérience a démystifié une telle institution monolithique, elle a également suscité un genre de respect différent pour les activités de l’Assemblée, en raison d’une prise de conscience bien éclairée des différentes étapes et des travaux détaillés exécutés par tant de gens en coulisse, en particulier des personnes passionnées par leur travail et engagées dans le fonctionnement important de la législature.

2007-2008

Lorsque je travaillais auprès du Service de recherches législatives, mon travail a été reconnu par le défunt député Peter Kormos, et, en conséquence, mon nom a figuré dans le Hansard. Le temps que j’ai passé auprès du caucus du NPD était riche en action. Chaque matin, j’étais inclus dans les réunions de stratégie du matin, auxquelles participaient les députés et le personnel. J’étais souvent parmi les reporters dans la foulée de presse qui suivait la Période de questions chaque jour.

2007-2008

J’ai immédiatement été impressionné par le nombre de députés qui étaient avocats de profession, ce qui a probablement aidé à mettre le droit parmi mes options professionnelles. Le travail à la législature m’a donné une espèce de familiarité avec le fondement de la structure législative de la province, ce qui était certainement un avantage lorsque j’ai commencé à fréquenter l’école de droit.

2008-2009

J’ai pu parler en tête à tête avec des députés de tous les partis au cours des longs voyages en autobus que nous avons faits, ce qui m’a fourni une mine d’informations au sujet des processus politiques, et donné un aperçu de la vie quotidienne d’un député. Les échéances sont habituellement fixées en heures et en minutes; les projets à long terme durent quelques jours, tout au plus, la plupart des autres affaires devant être résolues en quelques heures, et les plus pressantes, en quelques minutes.

2010

Je n’avais jamais été à Queen’s Park auparavant, et je me souviens donc de ma première participation à la Période de questions, observant les détails ornés de la Chambre, ainsi que les politiciens en action. Quelques mois plus tard, j’ai pu participer au modèle de parlement, m’asseoir sur ces chaises vertes et participer à ma propre Période de questions! Je considère mon poste de stagiaire parlementaire comme la première étape de ma carrière. J’ai travaillé avec des gens merveilleux qui m’ont encouragé à assimiler toutes ces nouvelles expériences, et qui ont partagé leurs connaissances du processus politique, de la législature et de toute son histoire.

2014

Au cours du temps passé auprès des Services de la procédure, j’ai eu d’excellentes occasions de prendre connaissance du processus législatif. Ce fut une expérience d’apprentissage incroyable qui, j’en suis certain, m’aidera à avancer sur la voie du reste de ma carrière universitaire et dans ma vie professionnelle.

Notes

1. De nombreuses personnes en lien avec le programme de l’Ontario ont été contactées au cours de la préparation de ce document, dont des stagiaires parlementaires anciens et actuels, le personnel de Ressources humaines, le coordonnateur du programme à l’Université de Waterloo, et plusieurs personnes qui ont supervisé ou encadré les étudiants. Des renseignements ont également été reçus d’autres législatures canadiennes par l’intermédiaire du serveur de listes de l’Association des bibliothèques parlementaires au Canada (ABPAC).


Canadian Parliamentary Review Cover
Vol 37 no 3
2014






Dernière mise à jour : 2020-09-14