Le Canada est une grande mosaïque de régions où vivent des gens de diverses origines ethniques et culturelles. Cette mosaïque paisible constitue d'ailleurs l'une des pierres angulaires de notre pays qui lui donnent un caractère unique. Le présent article traite du défi particulier que pose la représentation de différentes communautés culturelles.
Que vous soyez né au Canada, ou que vous y soyez venu en tant qu'immigrant, ce pays ouvre ses bras à ceux qui sont disposés à travailler fort et à respecter les règles.
Dans ma ville, Calgary, nous ne sommes pas différents. Avec une population d'un peu plus d'un million d'habitants, cette ville de l'Alberta compte plus de 237 000 représentants de diverses minorités ethniques. Il suffit de circuler en voiture dans ma circonscription de Calgary-Nord-Est pour se rendre compte que des membres de beaucoup de ces minorités y vivent. D'ailleurs, je fais moi-même partie d'une minorité visible.
Selon Statistique Canada, en 2006, 11,1 % des habitants de la circonscription de Calgary-Nord-Est ont déclaré parler surtout le pendjabi à la maison; 22,6 % ont déclaré être d'origine sud-asiatique, 6 %, d'origine chinoise, 4,9 %, d'origine philippine, 3,3 %, d'origine sud-est-asiatique et 2,6 %, d'origine latino-américaine. à vrai dire, 48,5 % des électeurs de ma circonscription s'identifient comme membre d'une minorité visible et 37 % sont des immigrants.
Je ne suis député que depuis les plus récentes élections générales, en 2008, mais, comme je représente une circonscription très diversifiée, j'espère être en mesure de vous présenter un point de vue particulier, basé sur mon expérience des deux dernières années et de vous proposer quelques thèmes pour favoriser la discussion.
Bien que ce ne soit pas toujours le cas, tous les politiciens, indépendamment de leur allégeance politique ou de leur rôle au sein de leurs partis, sont d'accord sur un point : nous avons tous des obligations envers nos électeurs. Nous avons le devoir de défendre les intérêts, les attitudes et les opinions de ceux qui nous ont accordé le privilège de nous donner leur confiance pour les représenter sur la scène politique. Que nous soyons membres du gouvernement ou de l'opposition, nous devons tous devenir leur porte-parole au Parlement.
Comment peut-on parvenir à représenter une multitude d'intérêts, d'opinions et d'attitudes reflétant les diverses origines ethniques et culturelles des électeurs?
En premier lieu, il faut se rendre compte qu'il n'y a pas de réponse absolue ou concrète à cette question. Chaque circonscription a sa propre composition ethnique, son propre éventail d'opinions et d'attitudes ainsi que ses propres besoins et intérêts. Bref, il n'y a pas de méthode miracle. Nous devons donc nous en remettre à notre jugement pour faire du mieux que nous pouvons.
Je me concentrerai sur deux thèmes principaux qui, à mon avis, sont au cœur de la représentation d'une circonscription multiculturelle : « l'accessibilité » et la « promotion d'un dialogue ouvert ».
D'abord et avant tout, un député qui représente une circonscription multiculturelle devrait faire confiance à son électorat, être franc avec lui et encourager un dialogue ouvert. Dans la pratique, il lui faudra consulter tous les membres et les groupes de la collectivité et leur donner l'occasion d'exprimer leurs intérêts et priorités. Pour ce faire, il devra mobiliser les dirigeants des diverses communautés, assister à des réunions d'associations communautaires, participer à des activités communautaires et prendre part aux discussions tenues dans des forums locaux.
En déployant ces efforts, il devra, cependant, être ouvert à des idées, à des valeurs et à des concepts nouveaux qui ne l'intéressent peut-être pas ou qu'il ne partage pas. Il faut également être ouvert aux critiques. Comme tous les politiciens vous le confirmeront, les relations franches entraînent des critiques franches. Il vaut mieux y être préparé.
Cette tâche exige aussi de faciliter un dialogue entre des personnes ayant des intérêts convergents. Notre but doit être de rassembler et non de diviser. Il ne faut surtout pas dresser des groupes ou des citoyens les uns contre les autres; il faut plutôt aider à trouver des terrains d'entente et encourager les compromis entre les parties qui se font concurrence.
Une fois que nous avons établi la nécessité d'être à l'écoute de nos électeurs et de favoriser le dialogue, nous devons reconnaître que tous les groupes ou citoyens d'une circonscription multiculturelle ne reçoivent pas les messages de la même façon ou ne s'informent pas auprès des mêmes médias. En conséquence, il est du devoir du député de tenir compte de ces différences et d'offrir à tous un accès égal à l'information.
Pour ce faire, il suffit parfois de communiquer avec les électeurs dans leur langue maternelle. Par exemple, dans un secteur de ma circonscription, neuf fois sur dix, la personne qui répond au téléphone parle pendjabi, hindi, un autre dialecte ou une autre langue.
De plus, le député doit se donner la peine de déterminer les moyens d'information (journaux, chaînes de télévision et médias électroniques) que les groupes de sa circonscription utilisent. Le dialogue doit commencer quelque part et il nous incombe de communiquer avec notre électorat au moyen de médias qu'il préfère.
Bien sûr, il ne suffit pas de promouvoir un dialogue ouvert et de garantir un accès égal à l'information comme je viens de l'expliquer pour bien représenter une circonscription multiculturelle.
Chaque circonscription pose un défi différent. Il n'y a donc pas de réponse simple. Toutefois, il est de notre devoir en tant que représentants de chercher de nouvelles façons de mieux représenter ceux qui nous ont fait confiance.
J'aimerais conclure avec une citation opportune de sir Isaiah Berlin :
Le pluralisme : c'est l'idée que les hommes peuvent nourrir de nombreux desseins différents, tout en restant pleinement rationnels, humains et capables de se comprendre les uns les autres, de sympathiser entre eux et de se laisser guider par la lumière de l'autre.