PDF
Neil Brown, député provincial
LAlberta est sur le point de devenir la sixième province canadienne à
mettre en place un registre des lobbyistes. Le gouvernement fédéral, la
Colombie-Britannique, lOntario, le Québec, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador
lont déjà fait avant elle, tandis que le Manitoba a récemment adopté,
à son tour, une loi dans ce sens. Le présent article se penche sur des
dispositions du Lobbyists Act et du Conflict of Interest Act.
Un comité multipartite de lAssemblée législative de lAlberta a révisé
le Conflict of Interest Act. Dans un rapport présenté en mai 2006, il a
recommandé de créer un registre des lobbyistes et de modifier la Loi.
Intitulé Lobbyists Act et déposé par le premier ministre albertain, Ed
Stelmach, le projet de loi 1 a été adopté au cours de la session dautomne
2007. On a dû reporter la proclamation de la Loi afin de créer le logiciel
nécessaire et de se doter de politiques de mise en uvre. Le registre devrait
être opérationnel en 2009.
Comme pour tous les autres registres des lobbyistes au Canada, la loi albertaine
vise la transparence en exigeant des lobbyistes quils divulguent publiquement
leurs activités de lobbying. Aux termes du Lobbyists Act, toute personne
ou entité sera tenue de sinscrire comme lobbyiste si elle correspond au
profil du « lobbyiste-conseil » ou du « lobbyiste dorganisation ». Les lobbyistes-conseils
sont des individus et leurs employés qui sont payés pour exercer des activités
de lobbyisme afin de réaliser un projet. Les lobbyistes dorganisation
sont des salariés qui font au minimum 100 heures de lobbyisme par année
pour leur organisation, seuls ou en collaboration avec des personnes de
la même organisation.
De plus, la nouvelle loi albertaine sur lenregistrement des lobbyistes
interdit à quiconque dexercer des pressions sur le gouvernement albertain
tout en lui prodiguant des conseils, excepté dans les cas où le commissaire
à léthique croit quil est dans lintérêt public de le faire.
Le dépôt du projet de loi mettant en vigueur le Lobbyists Act a suscité
de nombreuses inquiétudes au sein de la population, qui craignait de voir
le travail des organisations caritatives et des organismes communautaires
sans but lucratif entravé par lobligation denregistrer leurs activités
de lobbying, ce qui pourrait avoir des répercussions sur le recrutement
des bénévoles. Par conséquent, le projet de loi a été amendé après avoir
été présenté à lAssemblée. La Loi prévoit maintenant une exemption pour
les bénévoles non rémunérés et les personnes qui travaillent pour des organismes
sans but lucratif qui ne sont pas constitués pour servir les intérêts de
syndicats, de professionnels ou de gestionnaires, et dont la plupart des
membres ne sont pas des entreprises à but lucratif ou des représentants
de ces entreprises. Les commissaires décole et les employés dun conseil
scolaire sont aussi exemptés.
Il faut souligner que toutes les subventions de plus de 5 000 $ du gouvernement
albertain ainsi que dautres versements de plus de 10 000 $ sont enregistrés
dans un « livre bleu » accessible à tous en ligne. Les versements de moins
de 10 000 $ y sont inscrits collectivement à titre de « paiements divers »,
sans indication du nom des bénéficiaires, sauf si le total cumulé annuel
des sommes versées à une seule entité dépasse 10 000 $.
Le projet de loi 2 déposé au cours de la session du printemps 2007 vise
à modifier la Loi sur les conflits dintérêts, notamment à accentuer linterdiction
faite aux anciens ministres deffectuer du lobbyisme pour un tiers à la
fin de leur mandat. La peine maximale pour un manquement aux règlements
daprès-mandat est passée de 20 000 $ à 50 000 $. Le projet de loi a aussi
ajouté à la Loi des restrictions daprès-mandat similaires pour les personnes
qui ont fait partie du personnel politique supérieur des ministres, ainsi
que pour les sous-ministres, dans les deux cas pour une période de six
mois.
La nouvelle loi élargit la définition de « conflit » afin dinterdire à un
député dutiliser des renseignements internes du gouvernement ou duser
de son influence pour promouvoir de manière inacceptable les intérêts personnels
de « toute autre personne ». Auparavant, la loi condamnait seulement la promotion
des intérêts personnels des députés, des conjoints, des sociétés affiliées,
des partenariats ou de leurs enfants mineurs. La nouvelle loi défend aussi
aux députés daccepter de voyager à bord dun aéronef privé, à moins ce
soit dans lexercice de leurs fonctions parlementaires et quils en avisent
le commissaire à léthique dans les sept jours suivants.
|