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Linda Jeffrey, députée provinciale
Dans un système parlementaire, la plupart des projets de loi sont présentés
par le gouvernement. Les députés ont loccasion den parrainer, mais ils
se heurtent à de nombreux écueils. Ils doivent, en effet, faire preuve
de beaucoup de persévérance et dénergie pour que leurs projets deviennent
lois. Dans larticle qui suit, la députée raconte les efforts quelle a
déployés afin que linstallation dun système dextincteurs automatiques
à eau pour la prévention des incendies devienne obligatoire dans les nouvelles
constructions domiciliaires.
Mon intérêt envers l’installation obligatoire
d’un système d’extincteurs automatiques à eau dans les nouvelles constructions
domiciliaires a débuté lors de mon premier mandat de conseillère municipale.
J’ai alors collaboré avec un préventionniste afin d’essayer d’obliger les
exploitants de foyers de groupe et de maisons de chambres à respecter le Code de
prévention des incendies et à élaborer des plans de sécurité-incendie destinés à
protéger leurs occupants. Les personnes qui vivaient dans ces maisons étaient autistes,
éprouvaient des problèmes de santé mentale et étaient en phase terminale.
Lorsquun incendie éclatait, de nombreuses personnes handicapées narrivaient
pas à sortir de la maison sans aide. Nous voulions que les exploitants
de foyers de groupe installent des portes coupe-feu, pour aider à retarder
lapparition de lincendie dans une pièce et, ainsi, permettre aux occupants
de sortir ou dattendre larrivée des pompiers en toute sécurité.
À Brampton, certains exploitants de foyers se sont soustraits aux dispositions
du Code de prévention des incendies en retardant la prise de ces mesures.
Fait encore plus troublant, ils ont changé, de nom seulement, la vocation
de leurs maisons (dun foyer de groupe à un foyer « semblable » à un foyer
daccueil).
Dans le contexte de mes rapports avec ces exploitants sans scrupules, jai
rencontré un pompier qui ma dit que les extincteurs automatiques à eau
constituent la meilleure solution, parce quils donnent aux gens le temps
de fuir lincendie. Je me suis souvenue de ces discussions lorsque jai
été élue à lAssemblée législative de lOntario en 2003.
Deux ou trois semaines environ après le début de la session, on ma informée
quon mavait attribué une date pour le dépôt dun projet de loi dinitiative
parlementaire. Je me suis remué les méninges pour trouver un dossier qui
me tenait à cur. Au début de notre mandat, le premier ministre sétait
adressé aux nouveaux membres de notre caucus au sujet des projets de loi
dinitiative parlementaire. Je me souviens quil avait prononcé un discours
très inspirant. Il a dit dêtre brave, de poser des gestes dont nous serions
fiers plus tard et de mettre au défi les gens de notre entourage daméliorer
les choses. Peu après ce discours, jai appelé mon ami Brian Maltby, chef
du service dincendie à Brampton, et je lui ai demandé de maider à rédiger
lébauche dun texte de loi qui obligerait linstallation dun système
résidentiel dextincteurs automatiques à eau.
Brian a sauté sur loccasion et a accepté de me prêter main-forte. Je me
souviens dune histoire quil mavait racontée peu après avoir fait sa
connaissance. Elle est effrayante. En arrivant sur les lieux dun incendie
à Brampton, il a trouvé une femme debout devant sa maison incendiée qui
criait que ses bébés étaient à lintérieur. Il a dû retourner voir la mère
éperdue pour annoncer quils étaient décédés. Il sagit sans doute dun
des jours les plus sombres de sa carrière. La plupart des pompiers craignent
un tel incident. Trouver les personnes qui ont été incapables de senfuir
dune résidence incendiée constitue une expérience qui bouleverse une vie.
Brian ma affirmé que beaucoup de ces décès sont évitables et que les systèmes
résidentiels dextincteurs automatiques représentaient la prochaine étape
de la prévention des incendies.
Pour ceux et celles qui sont peu au fait des projets de loi dinitiative
parlementaire, permettez-moi de résumer quelques-uns des problèmes qui
leur sont associés. Tout dabord, ces projets de loi ne doivent rien coûter.
De plus, leurs chances dêtre adoptés sont très minces. Ils peuvent franchir
létape de la première et de la deuxième lecture assez facilement et être
transmis à un comité pour examen.
Cependant, comme la charge de travail de la plupart des comités permanents
est très lourde, ces derniers étudient rarement les projets de loi dinitiative
parlementaire.
Je préside le Comité permanent des affaires gouvernementales, et je crois
que deux tiers de tous les projets de loi qui passent par lAssemblée législative
lui sont éventuellement renvoyés. Nous avons rarement, sinon jamais, loccasion
de débattre des projets de loi dinitiative parlementaire, parce que tout
notre temps est consacré aux textes du gouvernement. Cest une situation
frustrante pour les députés qui ont travaillé darrache-pied pour défendre
des mesures législatives qui, selon eux, bénéficieraient à la société.
Jai présenté mon premier projet de loi dinitiative parlementaire, intitulé
Loi sur les extincteurs automatiques domiciliaires, le 2 novembre 2004. Il
sagissait dune loi modifiant la Loi de 1992 sur le code du bâtiment en
ce qui a trait à ces dispositifs. Le projet de loi 141 aurait modifié le
code en interdisant de construire une maison isolée, une maison jumelée
ou une maison en rangée qui nest pas équipée dextincteurs automatiques.
Pendant le premier débat sur mon projet de loi, lopposition ma demandé
pourquoi je limitais les types dhabitation où les extincteurs devraient
être installés. Cétait un bon conseil et je lai pris en considération.
Malheureusement, le projet de loi 141 est mort au Feuilleton.
Jai présenté mon deuxième projet de loi dinitiative parlementaire, le
projet de loi 2, en octobre 2005, lorsque la Chambre a repris ses travaux.
Tenant compte des conseils de lopposition, ce nouveau projet de loi amélioré
aurait modifié le code du bâtiment afin dempêcher quiconque de construire
une habitation sans léquiper dun système dextincteurs automatiques à
eau. Autrement dit, peu importe le type de nouvelle maison que vous auriez
acheté, vous auriez été protégé là où vous auriez dormi. Le projet de loi
2 est, lui aussi, mort au Feuilleton.
Après léchec de mon deuxième projet de loi dinitiative parlementaire,
jétais déçue, mais il était évident que les perceptions du public sur
ce dossier changeaient en Ontario. La première fois que jai parlé de lenjeu
des extincteurs automatiques à un club Rotary, un participant ma demandé
pourquoi je me préoccupais des tourniquets darrosage. De nos jours, la
population connaît davantage ce dossier, probablement parce que des membres
de leur famille et des amis qui vivent aux États-Unis disposent de cet
équipement depuis un certain temps. En Ontario, jai constaté laccroissement
de la sensibilisation à cet enjeu au cours des cinq dernières années, au
point où je ne pars plus de zéro quand je madresse à un nouvel auditoire.
À Toronto et dans dautres municipalités, jai remarqué, chez les élus,
un désir daller au-delà des normes provinciales dans certains domaines,
comme le contrôle des pesticides et léconomie dénergie. Jespère quun
jour, ce nouvel intérêt des municipalités envers ladoption de normes plus
strictes à cet égard à titre de responsables sétendra aux systèmes dextincteurs
automatiques à eau.
Einstein a dit que la folie consiste à refaire sans cesse la même chose
et à sattendre à des résultats différents. Jai donc décidé dessayer
une autre tactique lorsque jai déposé la troisième version de mon projet
de loi dinitiative parlementaire. Celui-ci vise à inciter les municipalités
à concrétiser leur désir de prescrire des normes plus strictes.
Mon nouveau projet de loi modifierait la Loi sur le code du bâtiment pour
permettre aux municipalités dédicter un règlement municipal exigeant que
des extincteurs automatiques à eau soient installés dans toutes les nouvelles
habitations. Les lois provinciales fixent les exigences minimales et maximales
de construction des nouveaux immeubles. Ce projet de loi propose de changer
cette situation en permettant aux règlements municipaux de lemporter sur
les lois provinciales.
Au printemps 2006, jai travaillé avec le maire et le chef du service dincendie
de Toronto dans lespoir de faire intégrer les avantages des extincteurs
automatiques à eau pour la sécurité des personnes dans la Loi sur la cité
de Toronto, projet de loi du gouvernement. Je ny suis pas parvenue.
Quelques mois plus tard, je me suis exprimée en faveur dun projet de loi
dinitiative parlementaire néo-démocrate intitulé Loi modifiant des lois
en ce qui a trait à la protection contre lincendie. Là encore, jai tenté
dapporter un amendement favorable pour intégrer à la loi les bienfaits
des extincteurs automatiques résidentiels pour la sécurité des personnes.
Une fois de plus, ma démarche na pas produit les résultats escomptés.
Mon objectif a toujours été de faire en sorte que cette question fasse
lobjet dune audience publique dun comité législatif. Au cours des cinq
dernières années, jai tenté de sensibiliser mes collègues et la population
à cette question. Je considère quil est important quen tant quélus,
nous présentions des mesures législatives que nous croyons importantes,
et que nous appuyions les lois complémentaires qui assurent la sécurité
de toute la population ontarienne que nous représentons. Je poursuis le
dialogue avec les membres de mon caucus, le Cabinet et tous les députés,
parce que je considère que cet enjeu transcende la partisanerie.
Lune des objections que lon madresse souvent est que nous navons pas
besoin dextincteurs automatiques parce que la plupart des maisons sont
munies de détecteurs de fumée. Ces derniers font ce que leur nom laisse
entendre. Ils détectent et signalent rapidement la présence de fumée, mais
ils nont aucune incidence sur lincendie lui-même. Quand le détecteur
retentit, on ne dispose que de quelques minutes pour évacuer la maison
en toute sécurité. Un enfant ou une personne âgée, affaiblie ou handicapée
a besoin de plus de temps pour sortir sans danger dun édifice.
Chaque minute, la taille dun incendie double. Les deux ou trois premières
minutes sont donc cruciales. Les extincteurs automatiques peuvent aider
à contenir lincendie dès quil éclate. Ils néteignent pas toujours lincendie,
mais ils peuvent le circonscrire jusquà larrivée des pompiers.
Permettez-moi de vous donner un exemple concret que jai lu dans le journal
cette semaine. Un samedi, vers minuit et demi, un incendie sest déclaré
sur une cuisinière. Les deux occupants de lappartement étaient allés se
coucher, ne se rendant apparemment pas compte que lun des brûleurs était
toujours allumé. Les aliments qui se trouvaient sur la cuisinière ont pris
feu. Lincendie sest propagé aux armoires. Les extincteurs automatiques
ont étouffé les flammes et les occupants ont été réveillés par lalarme
de débit deau qui sactive lorsque les extincteurs se déclenchent. À larrivée
des pompiers, les deux occupants de lappartement les attendaient en toute
sécurité à lextérieur, en compagnie de trois voisins de la maison quadrifamiliale
qui avaient évacué une unité située au-dessus après avoir entendu lalarme.
Une seule tête dextincteur a permis déteindre lincendie. Les dommages
ont été évalués à 5 000 $.
Les détecteurs de fumée ne suffisent pas. Le contenu de la maison moyenne
a changé radicalement. Les conséquences dun incendie ne sont pas du tout
les mêmes quil y a même vingt ans à peine. Le revêtement intérieur des
rembourrages et les tapis sont constitués de stratifiés. Le contenu est
fait de mousse synthétique et de plastique qui produisent des incendies
plus chauds et qui brûlent plus vite. Ces produits synthétiques génèrent
des concentrations plus élevées de fumée toxique, ce qui accroît les risques
courus par les occupants et les pompiers qui interviennent.
Selon la National Fire Protection Association, les habitants dune maison
munie de détecteurs de fumée ont 50 p. 100 plus de chances de survivre à
un incendie. Si le détecteur de fumée est combiné à un système dextincteurs
automatiques, les chances de survie atteignent 82 p. 100.
Cest particulièrement important pour ceux et celles qui ont des enfants.
Il y a quelques années, le service des nouvelles de CTV a présenté un reportage
où on testait les détecteurs de fumée auprès denfants âgés de cinq à quatorze
ans. On a dit à chacun deux quun essai du détecteur de fumée aurait lieu
durant la nuit et quil devrait sortir du lit et descendre les escaliers
après avoir entendu lalarme. Aucun enfant ne sest levé durant la nuit
au cours de laquelle on a déclenché le détecteur. Bon nombre des participants
ne se sont jamais vraiment réveillés. Beaucoup se sont contentés de se
couvrir la tête avec les draps. Il ressort clairement de cette expérience
et détudes ultérieures que le cycle de sommeil des enfants est beaucoup
plus profond que celui des adultes.
Un Canadien sur dix a été victime dun incendie à la maison et, malheureusement,
au moins 100 Ontariens périssent dans un incendie chaque année, en moyenne.
Les incendies surviennent dans un endroit où lon devrait se sentir le
plus en sécurité : la maison. Or, sans extincteurs automatiques, la chaleur
et la fumée dégagées par le feu se déplacent à une vitesse telle que les
meubles et les autres objets sont engloutis par les flammes en quelques
minutes. Les incendies brûlent généralement depuis 10 à 15 minutes quand
les pompiers arrivent. La technologie automatique des extincteurs a fait
ses preuves, comme les coussins gonflables dans les autos. Ils ne nécessitent
aucune modification du comportement humain pour prévenir un accident ou
un décès.
Détracteurs et défenseurs des extincteurs automatiques résidentiels
Si le gouvernement na pas encore épousé cette cause, cest en raison de
la résistance de groupes comme la Greater Toronto Home Builders Association,
lUrban Development Institute, lOntario Home Builders Association et
lAssociation canadienne des constructeurs dhabitations.
Je dois être sur la bonne voie, parce que ces groupes dintérêts spéciaux
puissants et bien financés opposent une résistance professionnelle et organisée
dans ce dossier. Les associations de constructeurs dhabitations ont tenté
de discréditer tout le concept des extincteurs automatiques résidentiels
et soutiennent que les gouvernements élaborent des politiques entièrement
politiciennes, au lieu de les faire reposer sur le bien-fondé réel de lenjeu.
Les groupes dopposition soutiennent que les extincteurs coûtent trop cher.
En septembre 2008, la Fire Protection Research Foundation, affiliée à la
National Fire Protection Association, a évalué les coûts associés à linstallation
dextincteurs résidentiels. Selon le rapport, les constructeurs de maisons
devraient débourser en moyenne 1,61 $ le pied carré sprinklé pour installer
des systèmes dextincteurs automatiques résidentiels.
Évidemment, plus on construit de maisons, plus le coût diminue. Franchement,
je ne sais pas quel prix fixer pour la vie de quelquun que jaime.
Les propriétaires de maisons optent pour des comptoirs de cuisine en granite,
des téléviseurs grand écran et des baignoires à remous, mais lésinent sur
une technologie susceptible de sauver leur vie et celle de leurs êtres
chers. Ils pourraient toutefois tirer des avantages de linstallation de
gicleurs. Au bout du compte, ils vivraient dans une maison plus sûre et
économiseraient grâce à une réduction de leurs primes dassurance.
Une autre critique faite au sujet des extincteurs automatiques résidentiels
est quils ne sont pas fiables et que les activations accidentelles sont
courantes. Les extincteurs déchaînés reviennent souvent dans les films.
Ceux-ci pourraient vous faire croire que, si on allume un briquet sous
une tête dextincteur, on déclenche une explosion deau. Cest très excitant
sur un grand écran, mais, en réalité, chaque tête fonctionne indépendamment
des autres.
La technologie des extincteurs automatiques est éprouvée et sûre, et les
activations accidentelles sont extrêmement rares. Cette technologie est
plus rapide et plus efficace que par le passé. Ces unités activées par
la chaleur sont conçues pour quà 130 degrés, une plaque superficielle se
détache de la tête de lextincteur. Lactivation se produit quelques secondes
plus tard, à environ 155 à 165 degrés, lorsquun fusible de métal ou une
capsule remplie de liquide se brise et libère de leau pressurisée.
Les chances quun extincteur se déclenche accidentellement à cause dune
défectuosité sont de une sur 16 millions. Vous êtes plus susceptible dêtre
frappé par la foudre que de subir lactivation accidentelle dun extincteur
automatique bien installé.
Les entrepreneurs soutiennent quils construisent des maisons plus sûres
et utilisent des matériaux résistant au feu et des détecteurs de fumée
câblés. Mais une chose est sûre : ces mesures sont insuffisantes, car les
incendies continuent de faire des victimes. Nous devons faire davantage
pour protéger ce qui nous tient le plus à cur. Les pompiers profiteraient,
eux aussi, dune telle mesure, parce que le nombre de blessures et de décès
diminuera. Ils ne seraient plus exposés au même niveau de risque que dans
les maisons sans extincteurs. Linstallation dun système dextincteurs
automatiques à eau créerait un lieu de travail plus sûr.
Qui est en faveur des extincteurs automatiques résidentiels? Le milieu
des pompiers les appuie, notamment lAssociation canadienne des chefs de
pompiers, lOntario Association of Fire Chiefs, le Conseil canadien des
directeurs provinciaux et des commissaires des incendies, lOntario Municipal
Fire Prevention Officers Association, la National Fire Protection Association,
lInternational Association of Fire Chiefs, le Commissaire des incendies
de lOntario, lAssociation internationale des pompiers, Fire SAFE Ontario
et le secteur de lassurance.
Je pense que les constructeurs, pris individuellement, constituent dautres
alliés. Et, avec le temps, je crois que les associations qui sopposent
actuellement au projet de loi seront mes meilleurs porte-parole. Ils ne
le savent tout simplement pas encore. De toute évidence, il existe des
constructeurs qui, pris individuellement, veulent ériger des produits plus
sûrs et cherchent des moyens de le faire. Il sagit de gens daffaires
qui sont assez souples pour sadapter à lévolution des besoins des consommateurs.
Ils repèrent des pratiques de construction novatrices et livrent un produit
que les consommateurs se sentent à laise dacheter. Les constructeurs
veulent des clients réguliers. Si quelquun estime quun constructeur a
bâti une maison sûre, non seulement le dira-t-il à ses amis, mais, si loccasion
sy prête, il lui achètera une nouvelle demeure.
Quelle est la réaction de la population au concept des extincteurs automatiques
résidentiels? Nous savons que de tels systèmes permettent non seulement
de sauver des vies, mais aussi de diminuer le nombre de blessures causées
par des incendies et de réduire considérablement les coûts associés à ces
derniers. De nos jours, il serait impensable dacheter une voiture dépourvue
de ceintures de sécurité ou de sacs gonflables. Pourquoi est-il aussi difficile
denvisager dinstaller des extincteurs automatiques chez vous, lendroit
où vous passez jusquà deux tiers de votre temps?
Tous les jours, vous vous trouvez dans un édifice doté dextincteurs automatiques
pendant la majeure partie du temps où vous êtes éveillé. Les immeubles
commerciaux et industriels sont tous systématiquement protégés par des
extincteurs automatiques. Léglise, la bibliothèque, le centre commercial
et lécole sont tous des endroits munis dextincteurs. Mais, à la maison,
vous nêtes pas protégé.
Ce qui se passe ailleurs
En 1990, Vancouver est devenue la première grande ville canadienne à adopter
un règlement municipal sur les extincteurs automatiques résidentiels. Pendant
les 18 ans qui ont suivi, des personnes ont péri dans des incendies qui
sétaient déclarés dans des maisons non protégées par des extincteurs,
mais il ny a eu aucun décès par le feu dans les maisons munies de ces
dispositifs, lorsquils avaient été bien installés et entretenus.
Le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, lÎle-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve
ont tous exigé linstallation dextincteurs automatiques dans les maisons
de soins infirmiers existantes. Je peux vous assurer que les autres provinces
suivent le dossier avec beaucoup dintérêt. Malgré dinnombrables enquêtes
de coroner au cours des deux dernières décennies, on oppose une résistance
à la mise en place rétroactive dextincteurs automatiques dans ces établissements
de soins de longue durée.
En Ontario, nous possédons un code du bâtiment qui protège les maisons
en cas de tremblement de terre. Au cours des dix dernières années, personne
nest décédé dans ma province à cause dun séisme. Il est assurément temps
que nous disposions dun code du bâtiment qui exige linstallation dextincteurs
automatiques résidentiels, compte tenu du grand nombre de vies perdues
lors dincendies.
Il y a quelques mois, en septembre, lInternational Code Council se réunissait
au Minnesota, au moment où un vote historique sur les extincteurs automatiques
résidentiels se tenait. Cette association se consacre à la sécurité des
immeubles et à la prévention des incendies. Elle élabore les codes employés
pour la construction dédifices résidentiels et commerciaux, y compris
des maisons et des écoles. Ce vote sur les extincteurs automatiques résidentiels
était très attendu. Lindustrie de la construction a exercé un lobbying
agressif pour faire battre la résolution, car cétait la deuxième fois
que lenjeu faisait lobjet dun vote. Les constructeurs ont payé le transport
aérien de personnes quils ont envoyées à Minneapolis pour voter contre
cette résolution. Au bout du compte, la sécurité a prévalu et la résolution
a été adoptée.
Un dénouement heureux?
Même si aucun de mes projets de loi na été adopté jusquà maintenant,
il mapparaît évident que les projets de loi dinitiative parlementaire
peuvent réellement sensibiliser les gens. En tant quélus, nous avons une
excellente occasion de parler de ce qui est important dans nos collectivités.
Il importe que nous constations et soulignions que des progrès substantiels
ont été accomplis dans un dossier. Le gouvernement de lOntario a récemment
présenté une modification au code du bâtiment provincial pour exiger que
les nouveaux collectifs dhabitation de plus de trois étages soient dotés
de systèmes dextincteurs automatiques à eau à compter davril 2010. LOntario
était la seule province canadienne qui nexigeait pas linstallation dextincteurs
automatiques résidentiels dans les tours dhabitation. Il sagit là certainement
dune première étape importante qui, selon moi, sauvera des vies. Jattribue
lintervention du gouvernement au travail effectué par la collectivité
de la sécurité-incendie et à la sensibilisation suscitée par mes efforts
répétés à lAssemblée législative dans ce dossier.
Je ne me demande plus si linstallation dextincteurs résidentiels va devenir
réalité. Maintenant, je me demande seulement quand ce le sera. Il incombe
aux gouvernements de présenter des projets de loi qui, à leur avis, garantissent
la sécurité et le bien-être de leurs citoyens. Cest la raison pour laquelle
nous avons adopté des lois sur une panoplie de sujets, de la sécurité automobile
aux normes de construction. Je veux que lOntario soit la première province
canadienne à rendre obligatoire linstallation dextincteurs automatiques
résidentiels.
En ce qui concerne la politique publique sur ces dispositifs, jaimerais
paraphraser le sage qui a dit que le meilleur moment pour planter un arbre,
cétait il y a 25 ans. Le deuxième meilleur moment, cest aujourdhui. Il
nest jamais trop tard. Le meilleur moment pour faire installer des extincteurs
résidentiels aurait été il y a 25 ans. Le deuxième meilleur moment, cest
aujourdhui.
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