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Alex Marland
En 2006, Terre-Neuve-et-Labrador a été secouée à lannonce dun scandale
financier à la Chambre dassemblée. Des dizaines de députés autant actuels
que retraités, des leaders, des ministres, des porte-parole et des députés
darrière-ban des trois partis politiques avaient dépensé de largent
de manière douteuse pendant plus de dix ans. Le présent article sintéresse
aux détails du scandale et aux réformes qui ont ensuite été proposées par
une commission spéciale. Lauteur conclut que la population fait dorénavant
davantage confiance au Bureau du vérificateur général et au premier ministre
actuel, mais que la confiance quinspirent les politiciens et le gouvernement
a été considérablement ébranlée.
Depuis 1989, les députés de la Chambre dassemblée ont droit à des « indemnités
de fonctions » annuelles pour compenser les frais associés à lexercice
de leurs fonctions, comme ceux liés au matériel de bureau, à labonnement
à des journaux et à diverses fournitures. Ces indemnités varient dun député
à lautre : les représentants de St. Johns peuvent recevoir jusquà 14 400 $
par année, tandis que les députés de certaines circonscriptions vastes
et éloignées peuvent toucher jusquà 84 800 $ par année (chiffres de 2006).
Pour avoir accès à ces montants, les députés doivent soumettre des demandes
de remboursement et des pièces justificatives au directeur des Opérations
financières de la Chambre dassemblée. Ce fonctionnaire est chargé dapprouver,
de corriger ou de rejeter les demandes. Lorsquelles sont approuvées, le
montant de la dépense est remboursé au député.
De lexercice 1989-1990 à lexercice 2005-2006, environ 18 400 demandes ont
été présentées par 115 députés à la Chambre dassemblée, pour un total
de près de 25 millions de dollars1. Ces chiffres indiquent donc quen moyenne,
chaque député sest vu rembourser la somme de 216 960 $ pour 160 demandes
approuvées. Toutefois, certains dentre eux ont été députés pendant moins
dun an, tandis que dautres ont réclamé des sommes importantes. De plus,
on a observé de graves problèmes de comptabilité, dont la plupart concernaient
uniquement quelques individus. Avec le recul, on saperçoit que la nature
arbitraire du processus de remboursement des indemnités de fonctions constituait
un problème majeur. Les députés et leur personnel législatif demandaient
souvent des conseils au personnel de la Chambre dassemblée pour savoir
quels biens et services pouvaient être inclus dans les demandes, mais également
pour savoir quelles pièces justificatives étaient requises (p. ex. des reçus).
Selon le vérificateur général, le greffier de la Chambre dassemblée «
se concentrait sur les questions parlementaires et déléguait toute la gestion
financière au directeur des Opérations financières ». Le personnel de la
Chambre donnait des conseils contradictoires et a même préparé des demandes
pour certains députés, ce qui sest soldé par un enchevêtrement de dépenses
qui étaient parfois contraires à léthique ou frauduleuses.
Des dépenses irrégulières et douteuses
Les indemnités de fonctions ont été crées en 1989, à la suite dune recommandation
dune commission indépendante. Graduellement, les élus ont modifié les
modes dindemnisation en leur faveur et, quand on le leur reprochait, ils
invoquaient le principe de lindépendance législative. Dès 1996, certaines
des mesures de protection initiales avaient été remplacées par un financement
global des députés.
En 2000, le Bureau du vérificateur général a découvert quun ministre en
poste avait présenté des demandes visant des uvres dart et du vin2. Ce
dossier a été porté à lattention dun comité bipartite (composé de libéraux
et de progressistes-conservateurs) connu sous le nom de commission de régie
interne (CRI) dont le ministre en question était lun des sept membres.
La CRI a statué que les indemnités de fonctions ne relevaient pas du mandat
du vérificateur général. De plus, elle a coordonné une modification à lInternal
Economy Commission Act qui a éliminé la nécessité, pour les députés, de
fournir une preuve de paiement valable lors de la présentation dune demande.
Par conséquent, au cours des années suivantes, il ny a eu aucun examen
minutieux des données financières présentées à la Chambre dassemblée,
même si elles indiquaient à tort que les dépenses des députés ne dépassaient
pas les limites imposées.
Au début de 2006, avec lapprobation du premier ministre Danny Williams,
le Bureau du vérificateur général a commencé à examiner les dépenses liées
aux indemnités de fonctions. Pendant lété, le vérificateur du gouvernement
a publié plusieurs rapports préliminaires, qui ont été suivis dun rapport
final en septembre 2007. Les dépenses ont été regroupées en neuf catégories :
publicité et promotion, dépenses discrétionnaires, dons, frais de réception,
frais de bureau, indemnités quotidiennes, déplacements, kilométrage et
dépenses non attribuées (faute de documentation suffisante). On a aussi
découvert toute une série de dépenses irrégulières et douteuses.
a) Indemnités supplémentaires
En 2004, la commission de régie interne a autorisé une indemnité supplémentaire
de 2 875 $ que 46 des 48 députés de la Chambre dassemblée ont accepté. Ce
type dindemnité avait déjà été accordé dans les années précédentes et
la CRI avait expressément enjoint le greffier de faire en sorte que le
procès-verbal de sa réunion soit vague. Sinon, un tel paiement discrétionnaire
aurait constitué un revenu imposable.
b) Alcool
Cinquante-sept députés ont consacré environ 120 000 $ de leurs indemnités
de fonctions pour acheter de lalcool dans des magasins de détail. Ce montant
ne comprend pas les boissons consommées dans des restaurants. Le vérificateur
général a indiqué quon avait remboursé à un seul député un peu plus de
34 000 $ pour lachat dalcool. Cette somme comprend des achats faits à lextérieur
de la province, ainsi que des reçus dont les détails avaient été raturés
afin de les cacher.
c) Immobilisations
Près dun million de dollars versés en indemnités de fonctions ont servi
à acheter de léquipement de bureau à usage prolongé, comme des ordinateurs
et des téléphones cellulaires. La CRI a décidé que ces immobilisations
appartenaient à la Chambre dassemblée pendant les trois premières années
et que le député en devenait, par la suite, le seul propriétaire, peu importe
la valeur marchande de larticle à ce moment-là. Cette politique damortissement
était particulièrement inappropriée pour les uvres dart et les meubles.
d) Dons
Depuis 1989, presque tous les députés (108) ont utilisé leurs indemnités
de fonctions pour faire des dons qui totalisent près de 1,5 million de dollars.
Ces dons touchent toute une gamme de causes locales : activités scolaires,
festivals, vêtements, articles ménagers, frais dobtention dun passeport,
billets de tirage et même le transport de restes humains. Ces dépenses
impliquent que des fonds gouvernementaux ont été versés principalement
à des partisans ou utilisés pour influencer les préférences politiques
délecteurs. En outre, comme un peu plus de 50 000 $ ont été donnés à des
uvres de bienfaisance, il est donc possible que des déductions aient été
demandées sur des formulaires de déclaration dimpôt sur le revenu des
particuliers.
e) Double facturation
En raison de contrôle internes insuffisants, 88 députés ont réclamé deux
fois des sommes totalisant près de 200 000 $. Ainsi, les remboursements
étaient parfois approuvés lorsque la facture originale était soumise, lorsque
la copie de la facture était soumise, puis lorsque la preuve de paiement
était soumise. Dans certains cas, la même dépense apparaissait à plus dune
reprise sur un même formulaire de demande. De plus, des ministres, des
secrétaires parlementaires et des adjoints parlementaires ont réclamé des
remboursements de 17 000 $ par lentremise de leurs comptes ministériels,
puis ont demandé les mêmes remboursements par lentremise de leurs indemnités
de fonctions.
f) Demandes dindemnités excessives
Lallégation la plus grave soulevée par le vérificateur général est que
cinq députés ont reçu des paiements pour des demandes dindemnités de fonctions
excessives totalisant près de 1,6 million de dollars. Il a également contesté
la légitimité de certains paiements qui se chiffrent à un peu plus de 2,8 millions
de dollars qui ont été versés à quatre entreprises. Environ un demi-million
darticles (comme des épinglettes, des aimants pour le réfrigérateur et
des chaînes porte-clés) auraient été achetés à partir de 1999, et 69 000 $
auraient servi à acheter 79 bagues en or personnalisées arborant les armoiries
de la province3.
g) Indemnités discrétionnaires excessives
Jusquen 2004-2005, les députés avaient droit à une « indemnité discrétionnaire »
supplémentaire qui était non imposable et pour laquelle ils ne devaient
fournir aucun reçu. Cette indemnité couvrait les dépenses accessoires.
Toutefois, 33 députés ont collectivement dépassé dun peu plus de 200 000 $
leur limite pour lindemnité discrétionnaire, quatre dentre eux étant
responsables denviron 177 000 $ de ces demandes excessives.
h) Pièces justificatives insuffisantes
Le vérificateur général a déterminé que le paiement dindemnités de fonctions
de lordre de 5,4 millions de dollars avait été effectué sur la base de
pièces justificatives insatisfaisantes, comme un chèque photocopié, un
formulaire de demande non daté ou une transaction de carte de crédit. Des
détails importants étaient souvent omis, par exemple une facture de dépanneur
de 798 $ où ne figurait aucune description, ou des reçus de billets davion
sans information sur litinéraire. Les cinq mêmes députés qui auraient
reçu des indemnités de fonctions excessives auraient également reçu 534 000 $
sans fournir aucune pièce justificative.
i) Locations et équipement de bureau
Il est arrivé à trois reprises que des députés utilisent leurs indemnités
de fonctions pour payer des loyers ou des dépenses (p. ex. pour des rénovations)
associés à des propriétés quils possédaient ou dans lesquelles ils avaient
un intérêt financier, le tout pour un total de près de 50 000 $. De plus,
il est arrivé que les factures constituent la seule pièce justificative
disponible pour la location déquipement de bureau par la Chambre dassemblée,
comme des photocopieurs (16 dentre eux nont pu être localisés), des télécopieurs
et des déchiqueteurs. Aucun appel doffres na été lancé pour ces achats,
qui ont tous été faits chez le même fournisseur et à un prix plus élevé
que celui du marché.
j) Dépenses partisanes
Onze mille dollars (11 000 $) ont été consacrés à des activités partisanes
(comme des réunions politiques, des collectes de fonds et de la publicité
postélectorale), ce qui a été jugé relativement peu élevé.
k) Articles personnels
Cinquante-sept députés ont utilisé près de 162 000 $ des indemnités de fonctions
quils ont reçues pour se procurer de la marchandise et des services qui
étaient susceptibles de leur servir à des fins personnelles et que les
simples citoyens se procurent avec leur revenu après impôt. Toute une gamme
darticles ont été ainsi inclus dans les demandes, notamment des matériaux
de construction, des billets davion pour des membres de la famille, des
mises au point de bicyclettes, une batterie de cuisine, des fleurs, du
parfum, des lunettes fumées, des billets de loterie, des cigarettes et
des sous-vêtements. Un député seul a reçu des remboursements totalisant
près de 63 000 $ pour des biens comme des uvres dart et une plume Cartier
dune valeur de 319 $.
l) Déplacements
En général, les procédures de remboursement relatives au kilométrage parcouru
étaient déficientes. Les demandes étaient traitées même lorsque des détails
de première importance comme les dates du déplacement ou la destination
étaient omis. Létude des demandes a révélé que la distance entre St.
Johns et une circonscription électorale augmentait graduellement, et que
les calculs dun député indiquaient que son trajet de voiture avait débuté
dans locéan. Quatre députés ont reçu près de 58 000 $ en indemnités parce
quils utilisaient leurs véhicules personnels, mais ont tout de même demandé
des remboursements pour des véhicules loués. Deux autres députés ont réclamé
près de 7 000 $ pour des voyages qui nont jamais eu lieu, pour du kilométrage
parcouru alors que le député sétait rendu à destination en avion, et pour
des repas pris dans un restaurant de St. Johns alors que dautres demandes
de remboursement indiquaient que le député se trouvait dans une autre ville.
m) Taxe de vente
Il arrivait souvent que le calcul du solde de lindemnité de fonctions
dun député ne comprenne pas la taxe de vente harmonisée (TVH). Par conséquent,
il était courant que la limite disponible dépasse la limite établie.
Le rapport Green et lAccountability Act
Entre les divers rapports du vérificateur général, le premier ministre
Williams a créé une commission indépendante chargée de revoir les politiques
de la Chambre dassemblée sur les taux dindemnisation des députés et le
contrôle des dépenses. En juillet 2006, le juge en chef de la Cour suprême
de la province, Derek Green, a commencé à élaborer un rapport qui a été
publié en mai 2007. La commission Green est arrivée à la conclusion quil
y avait eu une « vaste défaillance systémique » dans ladministration de
la Chambre dassemblée et que lintérêt public navait pas été mis au premier
plan4. Quatre-vingts recommandations (qui représentaient à elles seules
52 des 674 pages du volumineux rapport) ont été formulées, notamment celle
dadopter un projet de loi. Voici le résumé de quelques-unes de ces recommandations :
a) Des normes plus claires et une information plus accessible
-
Diffuser des organigrammes, des renseignements sur les politiques, des
descriptions de travail et des listes des types de dépenses qui peuvent
être remboursées grâce aux indemnités de fonctions. La liste des articles
non remboursables devrait inclure les uvres dart, les dons, les cadeaux,
les billets de tirage et les frais de déplacement pour dautres personnes
que le député.
-
Clarifier les fonctions du greffier de la Chambre dassemblée dans la loi,
y compris sa responsabilité dagent administratif principal et dagent
financier relevant du président.
- Créer un code de conduite pour les élus, publier des normes de comportement
pour le personnel de la Chambre dassemblée et préparer un manuel pour
les députés.
- Diffuser en ligne de linformation financière sur la Chambre dassemblée,
notamment les dépenses associées aux indemnités de fonctions. Les données
financières des députés devraient pouvoir faire lobjet de demandes daccès
à linformation.
- Préparer, pour la Chambre dassemblée, un plan stratégique qui fixe des
objectifs et établit des risques.
- Remplacer la CRI par une commission de régie de la Chambre dassemblée
restructurée dont les réunions seront ouvertes au public et dont les discussions
seront consignées dans le hansard. Parmi ses membres, il devrait y avoir
un député dun troisième parti (actuellement le Nouveau Parti démocratique).
- Le greffier de la Chambre dassemblée devrait être lagent comptable de
la Chambre dassemblée et fournir des états financiers périodiques aux
députés.
b) Plus de rigueur dans les contrôles, la surveillance et lapplication
des lois
- Créer un comité de vérification qui serait notamment chargé de revoir les
contrôles internes.
- Créer un poste de commissaire des normes législatives et mettre sur pied
un programme de dénonciation.
- Faire en sorte que le Financial Administration Act sapplique à la Chambre
dassemblée, qui devrait régulièrement faire lobjet dune vérification.
Interdire légalement de ne pas documenter ou consigner des décisions administratives.
- Améliorer les procédures en matière de sécurité informatique et donner
de la formation au personnel.
- Marquer clairement les biens (comme les meubles) qui appartiennent à la
Chambre dassemblée. Le greffier devrait maintenir un rapport dinventaire
et le tenir à jour.
- Accorder des fonds aux députés pour quils aménagent des bureaux de circonscription,
y compris à leur domicile, à condition quils nen retirent pas de loyer.
- Revoir les pratiques dachat de la Chambre dassemblée. En règle générale,
celle-ci devrait se conformer au Public Tender Act, y compris en remboursant
les dépenses des députés uniquement lorsquils nont pas encore atteint
une limite dans un compte distinct.
c) Durcissement des modalités de rajustement des indemnités des députés
- Les indemnités devraient servir pour des activités qui concernent la circonscription
plutôt quà des fins personnelles ou familiales.
- Les indemnités des députés et du personnel de la Chambre dassemblée devraient
être prévues dans la loi et nécessiter un minimum de trois jours de séance
pour être modifiées. Les motions de la commission de régie qui visent à
modifier les indemnités accordées aux députés doivent être publiées en
ligne et ne faire lobjet dun vote quà la réunion suivante. Les salaires
des députés ne devraient être modifiés quaprès une élection générale.
- Éliminer les indemnités non imposables accordées aux députés, en les intégrant
à leur salaire de base imposable et en créant un nouveau régime de retraite
pour les futurs députés.
- Sassurer quau bout du compte, les députés sont responsables de toutes
les demandes de remboursement ou des excédents de dépenses connexes.
- Le salaire des députés devrait être réduit de 200 $ pour chaque jour de
séance où ils ne sont pas présents à la Chambre dassemblée, à moins quils
aient une raison valable.
Le rapport Green recommande également que des restrictions soient imposées
quant à la manière dont le vérificateur général transmet les données sur
les dépenses douteuses. Plutôt que de tenir des conférences de presse régulièrement
pour révéler et expliquer les dernières pratiques répréhensibles, comme
ce fut souvent le cas au milieu de 2006, le Bureau du vérificateur général
devrait dorénavant diffuser cette information uniquement dans ses rapports
annuels, lors de réunions de comités, ou si la commission de régie de la
Chambre dassemblée le lui demande. Ainsi, lorsquil a publié son rapport
final en septembre 2007, le vérificateur général John Noseworthy a transmis
toutes les demandes des médias aux représentants élus. Malheureusement,
de nombreux représentants des trois partis ont semblé éviter ou refuser
de formuler des commentaires.
Ohé contribuables!
(Traduction dune chanson entendue à la station de radio
94.7 CHOZ-FM de St. Johns, en octobre 2007)
Ohé contribuables! Vous le savez
peut-être. Dites-moi doù vient cet argent. De lindemnité de fonctions. De
lindemnité de fonctions. De lindemnité de fonctions. Si un type soffre
de nouveaux pantalons cest lindemnité de fonctions! Et sil soffre
toute une caisse de boisson cest lindemnité de fonctions! Si un type
se paie des aimants pour son frigo cest lindemnité de fonctions! Et
sil se promène en avion avec sa femme et ses enfants cest lindemnité
de fonctions!
Aller de lavant
On déploie actuellement des efforts pour améliorer la responsabilité et
la transparence à la Chambre dassemblée de Terre-Neuve-et-Labrador. Le
House of Assembly Accountability, Integrity and Administration Act5 a été
adopté en juin 2007, quelques semaines après que le juge Green a soumis
son projet de loi. La commission de régie de la Chambre dassemblée a été
formée. En octobre, un manuel à lintention des députés6
et un manuel sur
les règles relatives aux indemnités qui leur sont accordées7 ont été remis
aux députés et à leur personnel, et ont été mis à la disposition du public
sur Internet. Dautres mesures suivront probablement, notamment un projet
de loi sur les dénonciateurs.
Des mesures disciplinaires et punitives ont été prises. La Force constabulaire
royale de Terre-Neuve a porté des accusations de fraude de plus de 5 000 $,
demploi de document contrefait et/ou dabus de confiance contre quatre
anciens députés (deux libéraux, un néo-démocrate et un progressiste-conservateur)
et lancien directeur des opérations financières de la Chambre dassemblée.
Ces individus et dautres députés, au premier chef lancien ministre des
Finances, ont fait lobjet de vives critiques dans les médias. Certains
députés en poste et danciens députés ont déjà remboursé les paiements
douteux et dautres ont pris des dispositions pour le faire. Une poignée
danciens députés sont confrontés aux efforts du gouvernement, qui souhaite
récupérer les sommes versées en trop, tandis que beaucoup dautres sont
peu susceptibles de retourner des paiements légaux, mais difficiles à accepter.
Il est inquiétant que le parti au pouvoir et les partis dopposition aient
passé sous silence ces lacunes du contrôle interne des dépenses pendant
aussi longtemps. Le vérificateur général a indiqué que les représentants
élus détiennent des postes de confiance et quils ont tous une part de
responsabilité dans ce scandale. On peut présumer que des pressions ont
été exercées sur des députés et du personnel de la Chambre dassemblée
pour quon laisse en place un système qui naurait pas résisté à un examen
public. Malheureusement, ce sentiment quavaient les députés que ces choses
leur étaient dues et cette culture du secret ne semblent pas sêtre dissipés,
étant donné que les candidats de tous les partis sont demeurés on ne peut
plus muets sur ce scandale pendant la campagne électorale de lautomne
2007.
Cet épisode nous rappelle quen labsence dun examen suffisant, les représentants
gouvernementaux peuvent adopter des comportements quils jugent acceptables,
mais qui dépassent vraiment les bornes aux yeux de la population. La culture
politique locale, labsence de groupes de pression sintéressant aux finances
publiques et lattitude résolue du premier ministre Williams pourraient
expliquer pourquoi la fureur du public a été relativement contenue. En
fait, la participation électorale lors des élections qui ont suivi a simplement
diminué plutôt que de dégringoler, et les progressistes-conservateurs ont
été réélus avec une majorité encore plus forte. Néanmoins, le scandale
des indemnités de fonctions démontre clairement quil y a lieu de sinquiéter
lorsquon empêche un vérificateur général dexaminer les finances gouvernementales,
particulièrement quand tous les partis demeurent silencieux.
Notes
1. Bureau du vérificateur général,
Report of the Auditor General to the
House of Assembly on a Review of Constituency Allowance Claims, 1989-90
through to 2005-06, septembre 2007, p.1.
2. Bureau du vérificateur général,
Report of the Auditor General to the
House of Assembly on Reviews of Departments and Crown Agencies For the
Year Ended 31 March 2006, janvier 2007.
3. Bureau du vérificateur général,
Payments Made by the House of Assembly
to Certain Suppliers, juin 2006.
4. J. Derek Green, Rebuilding Confidence: Report of the Review Commission
on Constituency Allowances and Related Matters, mai 2007, p.4-4.
5. Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador,
House of Assembly Accountability,
Integrity and Administration Act, 2007.
6. Chambre dassemblée,
Members Handbook, octobre 2007.
7. Chambre dassemblée,
Members Resources and Allowances Rules Manual, octobre 2007.
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