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L'hon.
Bill Blaikie
Comparativement à la charge de président, très peu a été écrit au sujet
du rôle du vice-président. Dans le présent article, lactuel vice-président
de la Chambre, député fédéral qui occupe son poste depuis le plus longtemps,
livre ses réflexions sur la perspective différente quoffre le fait de
présider les débats plutôt que dy participer activement. Il souligne la
nécessité, pour les députés, de trouver de nouveaux moyens de sécouter
mutuellement et de travailler ensemble.
Le 3 avril 2006, en tant que doyen de la Chambre des communes du Canada,
jai dû diriger lélection du président de la 39e législature, comme je
lavais fait moins de deux ans auparavant lors de la 38e.
Dans les deux
cas, le résultat a été le même : Peter Milliken, député de Kingston et les
Îles, a été élu président.
Ce mode délection du président, par scrutin secret, a été utilisé pour
la première fois en 1986, lorsque le président John Fraser a été élu en
remplacement du président John Bosley, qui avait démissionné au milieu
de la 33e législature. Cette façon de procéder avait été recommandée en
1985 par le Comité spécial sur la réforme de la Chambre des communes, présidé
par Jim McGrath, député de Saint-Jean-Est qui est devenu, par la suite,
lieutenant-gouverneur de Terre-Neuve.
Lidée qui sous-tendait la nouvelle procédure de sélection du président
était le renforcement de lindépendance de ce dernier par rapport au gouvernement
et la liberté de la Chambre de choisir son propre président plutôt que
daccepter quiconque était désigné par le premier ministre. Ainsi, depuis
ladoption de cette nouvelle procédure, le président na pas nécessairement
toujours été celui que souhaitait le gouvernement.
Lors de la 38e législature, dans le contexte du premier parlement minoritaire
en 25 ans, la nature de la présidence a continué dévoluer, le vice-président
étant désormais choisi parmi les députés de lopposition officielle. Cest
au moment de la 39e
législature quune autre façon de procéder a été retenue.
Bien quun député nappartenant pas au parti au pouvoir ait déjà été nommé
président par le passé (le président Jerome, en 1979), jamais le président
et le vice-président navaient tous deux fait partie de lopposition avant
le 5 avril 2006, lorsque jai été choisi vice-président de la Chambre.
Je suis le premier néo-démocrate à occuper le fauteuil et le seul député
toujours à la Chambre à avoir fait partie du comité GcGrath, qui a mis
la Chambre sur la voie de la réforme de la charge de président.
Après avoir joué un rôle actif et dynamique pendant 27 ans dans les premières
banquettes de mon parti, jallais certainement vivre une expérience différente
en occupant le fauteuil. En tant que vice-président, je continue de voter
comme mon parti et dassister aux réunions de mon caucus, ce qui me permet
de garder un lien avec la cause à laquelle jai consacré toute ma vie dadulte.
Voilà ce qui, pour moi, serait le pire inconvénient si jexerçais la charge
de président : être retiré de mon milieu politique. Néanmoins, comme vice-président,
jai pu voir sous un autre jour lendroit que javais appris à bien connaître
dans mes divers rôles de leader parlementaire, de leader à la Chambre,
de membre du Bureau de régie interne et de titulaire de divers portefeuilles
de porte-parole de lopposition au cours des huit dernières législatures.
La première différence, qui ma sauté le plus aux yeux, a été laugmentation
du temps passé à la Chambre. Joccupe habituellement le fauteuil de 10
à 15 heures par semaine et, en tant que vice-président, je remplace le
président pendant les périodes des questions auxquelles il ne peut assister
en raison dactivités qui se déroulent dans sa circonscription, généralement
le vendredi. Je dois me prêter à une écoute plus attentive et silencieuse
que je nen avais lhabitude comme député de lopposition à lhoraire chargé
qui allait et venait de son bureau à la Chambre, à des séances de comités,
à dautres réunions, au foyer pour des entrevues et à lextérieur de la
Colline pour faire partie de groupes dexperts dans les locaux de la CPAC
et de CBC Newsworld.
Mon nouveau rôle moblige non seulement à ne pas me mêler aux débats partisans,
que jai trouvés stimulants pendant des années, mais également à rester
assis poliment pendant que certains députés tiennent des propos qui mauraient
auparavant incité à demander la parole ou, à tout le moins, à réagir de
façon informelle. Actuellement, il ne serait tout simplement pas acceptable
dentendre le président sexclamer « Cest honteux! » ou « Bravo! » pendant
que sexprime un honorable député. Jai dû apprendre à garder un sang-froid
inaltérable.
Je suis toutefois heureux davoir pu retrouver la capacité découter, même
si je lai fait par la force des choses et non par choix. Jemploie le
terme « retrouver » parce quau début de ma carrière de député, je passais
plus de temps à écouter les autres députés à la Chambre que je ne lai
fait au cours des dernières années, comme cest le cas de la plupart des
députés pendant la même période. Le fait doccuper le fauteuil aussi longtemps
chaque semaine me permet de vraiment écouter les différents commentaires
que présentent les députés à la Chambre des communes; des observations
personnelles, régionales ou idéologiques, des commentaires sur le Canada,
sur ce qui en fait un grand pays, sur ses lacunes et sur les solutions
pour les corriger. Presque toutes les déclarations sont sincères et les
auteurs souhaitent quelles soient bien accueillies, même si elles doivent
aussi pouvoir être contestées et ne pas être considérées comme le dernier
mot sur un enjeu donné.
Il est toutefois impossible de concilier tous les points de vue entre eux.
Cest en partie la raison pour laquelle nous tenons des élections : pour
déterminer le point de vue dominant. Toutefois, au-delà des enjeux parfois
incontournables et intrinsèques, jai toujours eu le sentiment quil était
possible darriver plus souvent à des vues communes et à des consensus
au Parlement que ne le permet actuellement la culture politique et médiatique
du Canada. Jai été témoin de cet esprit de collaboration au sein des comités
au fil des ans, mais je lai vu disparaître presque complètement de la
période des questions.
En tant que vice-président, jai présidé en soirée un certain nombre de
débats en comité plénier dans le cadre desquels les députés cherchaient
moins à être cités quà travailler efficacement avec le ministre. Cette
expérience ma à nouveau convaincu que la Chambre pourrait être un endroit
plus utile et plus productif si les députés trouvaient le moyen de moins
saffronter pour la forme et de collaborer plus souvent. Il serait quand
même toujours possible dêtre profondément, judicieusement et même passionnément
en désaccord avec certains points de vue, mais, si les différends étaient
présentés rationnellement plutôt que de façon excessive, comme cest le
cas actuellement, les Canadiens seraient mieux servis.
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