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J.P. Lewis
Le 16 juin 2005, Stephen Harper, alors chef de lopposition officielle,
a annoncé la création du caucus jeunesse du Parti conservateur pour les
40 ans et moins, groupe qui avait pour mission délaborer des politiques
qui touchent les jeunes. Cette initiative a mis en lumière un avantage
statistique appréciable que le Parti conservateur détenait par rapport
au Parti libéral durant la dernière législature, à savoir le fait que près
de 20 % du caucus conservateur avait moins de 40 ans, contre moins de 10 %
chez les libéraux. Elle a fait surgir des questions intéressantes. Combien
de jeunes ont été élus au Parlement fédéral depuis la Confédération? Une
fois entrés au Parlement, les jeunes députés apportent-ils une contribution
marquante? Larticle qui suit donne dabord un aperçu des théories de la
représentation au Parlement dans loptique des jeunes. Il traite ensuite
de la représentation et de la participation des jeunes députés. Il défend
la thèse selon laquelle les jeunes parlementaires fédéraux ont tendance
à « prendre parti pour » les citoyens plutôt quà « agir pour » eux.
Dans les démocraties libérales, la notion de représentation a évolué au
fil des ans depuis le célèbre discours quEdmund Burke a prononcé en 1774
devant les électeurs de Bristol. Celui-ci a avancé lidée de la représentation
par des « mandataires » ou par des « délégués ». Le mandataire « prend des décisions
selon sa conscience, son jugement et sa compréhension des choses » tandis
que le délégué « prend des décisions suivant des instructions ou des ordres ».
Edmund Burke privilégiait le principe du mandataire. Au Canada, il existe
un décalage entre le rôle de représentation assumé par les députés et les
attentes des électeurs. Les Canadiens sont nombreux à penser que leurs
députés fédéraux respectent la tradition des « mandataires », mais beaucoup
aimeraient les voir suivre le modèle des « délégués ».
Dans son ouvrage classique de 1967, The Concept of Representation, Hanna
Pitkin a présenté plusieurs conceptions formalistes de la représentation,
dont la représentation descriptive et la représentation symbolique. Voici
comment elle dépeint la représentation descriptive : « le représentant nagit
pas pour les autres ; il prend parti pour eux en vertu dune correspondance
ou dun lien entre eux, dune ressemblance ou dune affinité »1. Pour dautres,
la représentation descriptive consiste à « poser comme principe quun gouvernement
est représentatif des caractéristiques sociales de ses membres et reflète
la diversité des caractéristiques sociales de la population qui sont importantes
sur le plan politique »2.
Cette théorie de la représentation a influencé
de nombreux auteurs, dont Manon Tremblay dans son étude sur le Parlement
canadien, et montre quil importe de considérer la jeunesse comme un simple
facteur dappartenance. Hanna Pitkin propose aussi le concept du représentant
qui « agit pour », cest-à-dire qui « agit non pas simplement en autonomie,
mais pour quelquun dautre plutôt quen son nom »3. Ses théories ont été
adaptées par Terence Ball dans les années 19804. Celui-ci a remanié la
théorie de Pitkin pour produire la « théorie du mandat », selon laquelle
le travail du représentant est « de véhiculer le point de vue de ceux quil
représente »5. Ce concept est vérifié empiriquement dans la dernière partie
du document, axée sur le rôle parlementaire des députés de moins de 40
ans.
La représentation en politique canadienne est un idéal débattu et contesté
depuis longtemps. Il est établi que le Canada a trois groupes représentatifs,
selon les axes traditionnels suivants : langue, religion et région. Pour
la langue : le français et langlais; pour la religion : le protestantisme
et le catholicisme; pour la région : les Maritimes, lOuest, lOntario et
le Québec. Dans lère progressiste et postmatérialiste que vit depuis peu
la politique canadienne, les femmes, les minorités visibles et différentes
origines religieuses et culturelles sont considérées comme des catégories
importantes aux fins de la représentation.
Les jeunes députés forment un groupe qui a été peu étudié.
Lorsquil sagit détudier les jeunes, la difficulté consiste à les définir
comme un groupe. La constitution de certains groupes, par exemple ceux
fondés sur le sexe ou la région, va de soi, car leurs caractéristiques
sont communément acceptées, mais il en est tout autrement pour les jeunes.
Dans le domaine politique, la jeunesse a été définie de différentes façons.
Pour les Jeunes Libéraux du Canada, elle englobe les gens de 25 ans et
moins. Pour dautres, qui étudient lécart dâge dans la participation
de lélectorat, les jeunes électeurs ont 30 ans et moins6. Le Parti conservateur
a déterminé que les 40 ans et moins pouvaient adhérer à son caucus jeunesse.
La présente étude se base en partie sur cette dernière définition, sauf
quelle fixera la limite aux moins de 40 ans pour établir une distinction
plus nette entre les « jeunes » députés et les autres. En excluant les députés
de tout juste 40 ans, on crée une démarcation plus claire, tout en restreignant
une définition quun bon nombre considèrent probablement déjà comme trop
vaste.
Comme il a été mentionné plus haut, lâge a toujours été négligé dans létude
de la composition des assemblées législatives et des profils des législateurs.
Selon Studlar et coll., « la profession, la région, lallégeance politique,
les charges publiques antérieures [
] le sexe et lorigine ethnique » sont
tous des facteurs qui ont été étudiés à la lumière de « la diversité démographique
croissante du Canada et de la perception que le pays se fait de sa capacité
dintégration »7. Malgré la longueur de cette liste, lâge des députés et
linfluence quil peut avoir sur les décisions nont pas été véritablement
examinés. Lâge a été pris en considération par Trimble et Tremblay en
2003, mais il sagissait de comparer lâge des hommes et des femmes au
moment de leur élection. Les auteurs indiquent que « les politiciennes sont
généralement plus âgées que leurs homologues masculins au Canada, en partie
peut-être parce que les femmes attendent souvent davoir fini délever
leurs enfants pour présenter leur candidature »8.
Pour Trimble et Tremblay,
lâge est une variable, mais non un élément déterminant.
Daucuns pourraient émettre des doutes sur lutilité de consacrer des études
aux jeunes parlementaires. Les assemblées législatives ne sont sans doute
quun rouage du système politique qui naccorde pas dimportance au facteur
jeunesse. Il est possible quafin dacquérir une bonne compréhension de
la société et de pouvoir éprouver de la sympathie pour lélecteur moyen,
il faille avoir cumulé une longue expérience de vie et avoir occupé un
emploi ou élevé une famille. On peut concevoir que le jeune âge au Parlement
est un sujet sans grand intérêt qui na pas besoin dêtre étudié. Sauf
que plusieurs arguments viennent réfuter ce raisonnement. Premièrement,
compte tenu de la baisse récente de la participation des jeunes à la vie
politique, toute étude sur la désaffection des jeunes est la bienvenue.
Il est difficile de voir si la hausse de la représentation et de la participation
des jeunes députés permettrait de renverser la vapeur, mais on peut avancer
que la représentation politique aurait un impact appréciable. Au sujet
de la présence dAfro-Américains au Congrès des États-Unis, Katherine Tate
a fait valoir que la représentation peut revêtir une forte valeur symbolique
et consister en beaucoup plus quune « représentation ou un service de principe »9.
Certains aspects de lapprentissage et de la socialisation politiques peuvent
être riches denseignements pour les jeunes Canadiens si des personnes
plus proches de leur génération occupent des fonctions politiques notables.
Deuxièmement, il nexiste nulle part ailleurs un relevé aussi détaillé
du nombre de jeunes parlementaires. La présente étude donne, sur les députés
de moins de 40 ans, des statistiques qui nont jamais paru dans dautres
travaux universitaires. Ces données empiriques sont des renseignements
factuels pouvant servir à la discussion.
Le volet empirique de létude se divise en deux sections, suivant le modèle
du représentant qui « prend parti pour » ou qui « agit pour ». La section « prend
parti pour » cherche uniquement à déterminer combien de « jeunes » députés
ont servi à la Chambre des communes. La section « agit pour » examinera les
activités et les responsabilités des jeunes au Parlement. Une des principales
thèses avancées aux fins de létude est que le rôle des citoyens canadiens
de moins de 40 ans au Parlement fédéral a été faible par le passé et lest
toujours, ce qui contribue à dissuader les jeunes daujourdhui dêtre
actifs en politique. Si les jeunes Canadiens nont pas sous les yeux lexemple
de leurs pairs en politique, comment pourront-ils simaginer jouer eux-mêmes
un rôle dans ce domaine?
Représentation au Parlement
La présente section donne des précisions sur le nombre de députés fédéraux
de moins de 40 ans depuis la Confédération. Certains pourraient penser
que cette information est dune utilité restreinte, mais il reste quelle
navait jamais été compilée auparavant. Le guide et le site Web du Parlement,
utilisés pour la production des tableaux, présentent lâge moyen pour chaque
législature. Il nindique pas le nombre réel de « jeunes » députés par législature,
par parti, par gouvernement et par parti de lopposition. La section qui
suit situe en contexte lanalyse de lactivité des jeunes députés au cours
de la 1re session de la 38e
législature.
Le tableau 1 donne le nombre de députés de moins de 40 ans qui ont siégé
au Parlement fédéral depuis la Confédération. Il montre que la proportion
de ces députés vient de connaître une légère remontée après un creux de
soixante ans. En outre, depuis la crête atteinte en 1974, année où les
jeunes ont formé près du tiers des députés, le pourcentage décline graduellement.
Le plus faible pourcentage a été celui de 1926 (9,6 % seulement). Malgré
deux crêtes, la première dans les décennies qui ont suivi la Confédération
et la seconde après les guerres mondiales, la tendance est encore à la
baisse. Contrairement à dautres groupes, comme les minorités visibles
ou les femmes, les moins de 40 ans nont pas gagné de terrain à lapproche
du XXIe siècle, mais ont plutôt connu un recul important.
Tableau 1
Députés selon l'âge (1867-2004) |
Année
|
Législature
|
Total
|
|
|
|
|
Nbre
Moins de
40
|
%
Moins de
40
|
Nbre
Moins de 30
|
%
Moins de 30
|
% de députés conservateurs Moins de 40
|
% de députés liberaux
Moins de 40
|
% de députés du CCF/NPD Moins de 40
|
1867
|
1er
|
228
|
56
|
24,6 %
|
3
|
1,3 %
|
21,9 %
|
30,4 %
|
|
1873
|
2e
|
230
|
57
|
24,8 %
|
6
|
2,6 %
|
22.9 %
|
27,2 %
|
|
1874
|
3e
|
296
|
71
|
24,0 %
|
7
|
2,4 %
|
24,8 %
|
24,1 %
|
|
1879
|
4e
|
253
|
64
|
25,3 %
|
6
|
2,4 %
|
25,0 %
|
25,4 %
|
|
1883
|
5e
|
251
|
50
|
19,9 %
|
5
|
2,0 %
|
21,0 %
|
17,1 %
|
|
1887
|
6e
|
269
|
45
|
16,7 %
|
3
|
1,1 %
|
18,3 %
|
13,5 %
|
|
1891
|
7e
|
299
|
41
|
13,7 %
|
8
|
2,7 %
|
13,5 %
|
14,7 %
|
|
1896
|
8e
|
261
|
37
|
14,2 %
|
5
|
1,9 %
|
12,2 %
|
15,2 %
|
|
1901
|
9e
|
256
|
34
|
13,3 %
|
2
|
0,8 %
|
5,2 %
|
17,2 %
|
|
1905
|
10e
|
259
|
52
|
20,1 %
|
7
|
2,7 %
|
13,9 %
|
22,8 %
|
|
1909
|
11e
|
233
|
43
|
18,5 %
|
3
|
1,3 %
|
10,6 %
|
22,9 %
|
|
1911
|
12e
|
261
|
44
|
16,9 %
|
1
|
0,4 %
|
18,1 %
|
15,7 %
|
|
1918
|
13e
|
254
|
29
|
11,4 %
|
2
|
0,8 %
|
8,9 %
|
17,2 %
|
|
1922
|
14e
|
275
|
30
|
10,9 %
|
0
|
0,0 %
|
7,4 %
|
9,2 %
|
|
1926
|
15e
|
249
|
24
|
9,6 %
|
1
|
0,4 %
|
8,7 %
|
12,5 %
|
|
1926
|
16e
|
278
|
35
|
12,6 %
|
2
|
0,7 %
|
8,4 %
|
16,8 %
|
|
1930
|
17e
|
276
|
28
|
10,1 %
|
0
|
0,0 %
|
8,4 %
|
11,0 %
|
|
1936
|
18e
|
275
|
31
|
11,3 %
|
2
|
0,7 %
|
4,4 %
|
10,3 %
|
14,3 %
|
1940
|
19e
|
261
|
30
|
11,5 %
|
3
|
1,1 %
|
2,4 %
|
10,8 %
|
16,7 %
|
1945
|
20e
|
263
|
46
|
17,5 %
|
3
|
1,1 %
|
7,0 %
|
18,9 %
|
29,0 %
|
1949
|
21e
|
292
|
39
|
13,4 %
|
3
|
1,0 %
|
13,0 %
|
13,2 %
|
15,4 %
|
1953
|
22e
|
282
|
41
|
14,5 %
|
2
|
0,7 %
|
21,4 %
|
11,7 %
|
20,8 %
|
1957
|
23e
|
268
|
51
|
19,0 %
|
3
|
1,1 %
|
25,4 %
|
10,6 %
|
28,0 %
|
1958
|
24e
|
278
|
69
|
24,8 %
|
9
|
3,2 %
|
26,5 %
|
15,1 %
|
37,5 %
|
1962
|
25e
|
266
|
56
|
21,1 %
|
5
|
1,9 %
|
15,5 %
|
20,2 %
|
20,0 %
|
1963
|
26e
|
271
|
53
|
19,6 %
|
4
|
1,5 %
|
11,5 %
|
21,2 %
|
11,1 %
|
1966
|
27e
|
276
|
51
|
18,5 %
|
5
|
1,8 %
|
11,1 %
|
24,5 %
|
9,1 %
|
1968
|
28e
|
275
|
63
|
22,9 %
|
8
|
2,9 %
|
18,9 %
|
24,7 %
|
22,2 %
|
1973
|
29e
|
264
|
65
|
24,6 %
|
9
|
3,4 %
|
21,5 %
|
27,5 %
|
29,0 %
|
1974
|
30e
|
289
|
84
|
29,1 %
|
12
|
4,2 %
|
20,4 %
|
28,2 %
|
38,9 %
|
1979
|
31e
|
284
|
58
|
20,4 %
|
8
|
2,8 %
|
14,7 %
|
19,1 %
|
51,9 %
|
1980
|
32e
|
294
|
56
|
19,0 %
|
7
|
2,4 %
|
11,0 %
|
19,2 %
|
44,1 %
|
1984
|
33e
|
288
|
58
|
20,1 %
|
8
|
2,8 %
|
18,8 %
|
24,4 %
|
24,2 %
|
1988
|
34e
|
301
|
54
|
18,0 %
|
2
|
0,7 %
|
13,5 %
|
27,1 %
|
17,8 %
|
1994
|
35e
|
305
|
43
|
14,1 %
|
3
|
1,0 %
|
13,0 %
|
14,5 %
|
0,0 %
|
1997
|
36e
|
311
|
34
|
11,0 %
|
8
|
2,6 %
|
13,3 %
|
5.6 %
|
13,6 %
|
2001
|
37e
|
313
|
33
|
11,0 %
|
4
|
1,3 %
|
14,8 %
|
5.6 %
|
7,1 %
|
2004
|
38e
|
309
|
39
|
12,6 %
|
5
|
1,6 %
|
19,4 %
|
8.2 %
|
10,5 %
|
2006
|
39e
|
308
|
48
|
15,6 %
|
7
|
2,3 %
|
21,0 %
|
12.6 %
|
6,9 %
|
N. B. Au moment de mettre sous presse, tous les députés n'avaient pas communiqué
leur âge pour le guide parlementaire officiel de la 39e législature. Les
renseignements sur les députés qui n'avaient pas donné leur âge ont été
trouvés dans différents sites Web politiques et dans les textes de journalistes.
Il est difficile détablir ce qui serait un pourcentage acceptable de jeunes
au Parlement fédéral. On peut faire une tentative en se servant des données
démographiques à jour de Statistique Canada. En 2005, la population canadienne
de 32 millions dhabitants comprenait 52,2 % de personnes de moins de 40
ans et environ 28 % de personnes de 18 à 40 ans ayant le droit de vote.
Le pourcentage de personnes aptes à voter donne à penser quune proportion
acceptable de députés de moins de 40 ans se situerait entre 28 % et 30 %.
Comme lillustre le tableau 1, ce pourcentage a été atteint une fois, en
1974.
Le tableau montre quil est plus logique de se baser sur lâge de 40 ans
comme point de référence que sur celui de 30 ans ou sur les limites courantes
de 18 à 24 ans. Depuis la Confédération, il ny a eu que 174 députés de
moins de 30 ans (1,7 %) et 21 députés de 18 à 24 ans (0,2 %). Il faut élargir
la fourchette dâge pour que la présence et lactivité des jeunes députés
puissent être étudiées dune façon un peu significative. À partir de ces
chiffres, on peut conclure sans risque derreur que les députés de moins
de 30 ans sont extrêmement rares et que ceux qui entrent dans la catégorie
dâge généralement assimilée à la jeunesse, 18 à 24 ans, sont à peu près
inexistants.
Certains, en se basant sur des opinions générales, peuvent être amenés
à croire que les conservateurs sont traditionnellement associés au statu
quo et appuyés par des Canadiens dâge mûr; or, les chiffres indiquent
le contraire. Au cours de la dernière législature, les conservateurs avaient
le plus fort pourcentage de députés de moins de 40 ans, soit 19,4 %. Même
si les libéraux avaient fait élire 36 députés de plus que les conservateurs,
ceux-ci en comptaient huit de plus qui avaient moins de 40 ans. Il convient
tout particulièrement de souligner que le parti a créé un groupe parlementaire
pour les jeunes, alors que, quelques mois auparavant, il sétait opposé
à la formation dun groupe extraparlementaire pour ses jeunes militants.
Le caucus des jeunes conservateurs était, à nen pas douter, une idée nouvelle
dans ce parti, où les influences populistes de lancien Parti réformiste
se faisaient encore fortement sentir.
Les conservateurs ont déjà eu de grandes cohortes de jeunes députés. Par
deux fois, lancien Parti progressiste-conservateur a fait élire plus de
40 députés de moins de 40 ans, notamment en 1958, où son contingent de
57 jeunes députés a été le plus nombreux jamais obtenu par un seul parti.
Au cours des années 1970, sous le premier ministre Trudeau, les libéraux
ont eu un jeune caucus parlementaire, mais cette tendance sest rapidement
renversée. En 1974, près du tiers du caucus libéral avait moins de 40 ans.
Ce niveau est resté relativement stable pendant les dernières années Trudeau
et dans la période où John Turner a dirigé le Parti libéral. En 1988, le
parti sest rapproché des chiffres de 1974, mais les élections suivantes
ont réduit le pourcentage de moitié. À lépoque de Jean Chrétien et de
Paul Martin, le parti a fait élire très peu de députés de moins de 40 ans.
Depuis 1997, il compte au moins 90 % de députés de 40 ans et plus. Labsence
des jeunes explique peut-être en partie la difficulté qua eue le gouvernement
Martin à se dissocier des aspects négatifs du legs de Jean Chrétien.
Le cas du NPD (anciennement CCF) est difficile à évaluer en raison du nombre
restreint de députés que ce parti fait élire. Lopinion générale voulant
que le NPD recueille lappui des jeunes et des étudiants ne se traduit
pas nécessairement par lexistence dun caucus toujours jeune. Par le passé,
il y a eu des législatures où les néo-démocrates étaient bien représentés
par les moins de 40 ans. Pendant la brève 31e législature de 1979, ils
ont formé un caucus dont plus de la moitié des députés avaient moins de
40 ans. Comme pour le Parti libéral, le NPD a eu beaucoup plus de difficultés
récemment à faire élire des jeunes. Depuis 1994, il na jamais dépassé
le seuil des 15 %. Pour ce parti, la présence de jeunes députés ne revêt
peut-être pas la même importance, du fait que son caucus défend régulièrement
des enjeux qui plaisent aux jeunes.
Participation à lactivité parlementaire
Il a été dit que les nouveaux députés ont beaucoup à apprendre en peu de
temps à leur arrivée au Parlement fédéral. David Docherty a abondamment
écrit sur les tribulations des députés novices. La plupart des députés
de moins de 40 ans en sont à leur premier mandat. Il peut être difficile
dasseoir son influence et son autorité dans un milieu aussi étranger et
hostile. Lancien parlementaire Robert Stanfield a fait lobservation suivante :
« Maintenant tout député veut se sentir utile, mais pour ce faire, il doit
aussi se sentir compétent. Une des choses quon apprend en entrant dans
une assemblée législative est que le succès ny est aucunement fonction
de celui quon a pu connaître jusque-là dans sa vie professionnelle. Cest
un monde différent [
] »10. Il est également difficile pour un député de
déterminer son degré dinfluence et sa participation à cause des contraintes
du régime de partis. Peu importe lenthousiasme ou laction prometteuse
dun député, il reste lié par lorganisation et la discipline du parti.
Ce serait une erreur dévaluer lactivité au Parlement fédéral sans tenir
compte du parti politique. Paul Thomas soutient que « lélément essentiel
à la compréhension de la Chambre des communes contemporaine ses fonctions,
son organisation, ses méthodes et le gros de lactivité des députés est
le parti »11.
Étant donné la puissance du parti dans le monde réel de la
politique, il nest pas étonnant que ce sujet prédomine dans les études
sur lactivité parlementaire réalisées au Canada. Thomas et Atkinson ont
écrit quune des principales questions soulevées dans les études législatives
canadiennes portant sur la représentation est celle-ci : « Comment arriver
à une représentation dans un système fondé sur une discipline de parti
rigoureuse?12 »
Bien que le tableau 2 soit un outil descriptif utile, sa valeur analytique
est contestable. La plupart des observateurs de la politique au Canada
y relèveraient dévidentes lacunes. Dabord, il est dautant plus facile
pour un député de lopposition dêtre nommé à un poste parlementaire élevé
que le caucus de son parti est restreint. Par exemple, le député néo-démocrate
Nathan Cullen a exercé trois différentes fonctions de porte-parole jeunesse,
parcs nationaux et environnement dans la dernière législature. Le second
problème réside dans le caractère subjectif de lappartenance à un comité.
Est-ce constructif de faire partie de plusieurs comités, ou est-ce seulement
une façon de remplir son temps? Malgré les carences du tableau, les chiffres
peuvent expliquer certaines tendances.
Tableau 2
Activité des députés de moins de 40 ans au cours de la 38e législature
(2004-2005)
|
|
Cabinet/
Porte-parole/
Secrétaire parlementaire
|
Président de comité
|
Questions pendant la PQ
|
Expérience
(mandats précédents)
|
Allison, Dean - C
|
oui
|
0
|
4
|
0
|
Ambrose, Rona - C
|
oui
|
0
|
63
|
0
|
Anders, Rob - C
|
non
|
1
|
8
|
2
|
Bains, Navdeep - L*
|
non
|
1
|
5
|
0
|
Batters, Dave - C
|
non
|
0
|
7
|
0
|
Bergeron, Stéphane - BQ
|
oui
|
0
|
22
|
3
|
Bezan, James - C
|
non
|
0
|
22
|
0
|
Bigras, Bernard - BQ
|
oui
|
2
|
50
|
2
|
Boire, Alain - BQ
|
oui
|
0
|
7
|
0
|
Brison, Scott - L
|
oui
|
0
|
|
2
|
Byrne, Gerry - L
|
oui
|
0
|
|
3
|
Chong, Michael - C
|
non
|
0
|
10
|
0
|
Cullen, Nathan - NPD
|
oui
|
0
|
15
|
0
|
D'Amours, Jean-Claude - L
|
non
|
0
|
12
|
0
|
Dhalla, Ruby - L*
|
non
|
0
|
8
|
0
|
Faille, Meili - BQ
|
oui
|
1
|
25
|
0
|
Fletcher, Steven - C
|
oui
|
0
|
43
|
0
|
Gagnon, Sébastien - BQ
|
oui
|
0
|
13
|
1
|
Guergis, Helena - C
|
non
|
0
|
50
|
0
|
Harrison, Jeremy - C*
|
non
|
1
|
11
|
0
|
Hiebert, Russ - C
|
non
|
0
|
12
|
0
|
Holland, Mark - L
|
non
|
1
|
9
|
0
|
Jaffer, Rahim - C
|
oui
|
0
|
60
|
2
|
Kenney, Jason - C
|
oui
|
0
|
85
|
2
|
LeBlanc, Dominic - L
|
oui
|
0
|
|
1
|
Marceau, Richard - BQ
|
oui
|
2
|
18
|
1
|
Masse, Brian - NDP
|
oui
|
0
|
3
|
1
|
Moore, James - C*
|
oui
|
0
|
92
|
0
|
Moore, Rob - C*
|
non
|
0
|
12
|
0
|
Poilievre, Pierre - C*
|
non
|
1
|
38
|
0
|
Rajotte, James - C
|
oui
|
0
|
38
|
1
|
Rodriguez, Pablo - L
|
non
|
1
|
3
|
0
|
Scheer, Andrew - C*
|
non
|
0
|
9
|
0
|
Simms, Scott - L
|
non
|
0
|
5
|
0
|
Silva, Mario - L
|
non
|
0
|
11
|
0
|
St. Hilaire, Caroline - BQ
|
oui
|
1
|
15
|
2
|
Stronach, Belinda - C/L
|
oui
|
0
|
37
|
0
|
Trost, Bradley - C*
|
non
|
0
|
8
|
0
|
Watson, Jeff - C
|
non
|
0
|
21
|
0
|
* Député de moins de 30 ans
Daprès le tableau, six députés conservateurs avaient moins de 30 ans.
James Moore vient en tête de ce groupe par sa fonction de porte-parole
et son rôle très actif pendant la période des questions. Sur les 39 députés
de moins de 40 ans, 26 navaient aucune expérience du Parlement fédéral.
Ce pourcentage élevé de nouveaux venus montre quun bon nombre des jeunes
députés sont des novices. Ils risquent dêtre désavantagés non seulement
en raison de leur âge, mais aussi de leur inexpérience. David Docherty,
qui présente une vision complexe du parlementaire novice en proposant quatre
définitions de cet état, précise qu« une préoccupation marquée des théoriciens
au Canada est la différence dexpérience entre les députés, qui favorise
la domination des recrues par les anciens »13. Les nouvelles recrues elles-mêmes
ont beaucoup écrit sur leurs expériences. Lancien député Gordon Aiken
a donné un exemple des difficultés à affronter quand il a écrit que « chaque
député arrive à Ottawa investi dune mission [
] il simagine prendre la
parole au Parlement dans quelques semaines et créer une véritable commotion,
mais, finalement, tout se passe comme sil nétait pas là »14.
Le tableau 3 analyse les questions posées pendant les périodes des questions
ainsi que les sujets traités. La première période ininterrompue de la 1re
session de la 38e
législature
a servi à recueillir les données pour l’analyse du rôle des députés de moins de
40 ans comme représentants qui « agissent pour » les jeunes Canadiens. À cette
fin, on a comparé les questions des jeunes députés à celles des députés de 40
ans et plus. Les chiffres clés du tableau se trouvent dans les deux dernières
colonnes, qui donnent le pourcentage des questions sur certains sujets qui ont
été posées par les députés de moins de 40 ans et ceux de 40 ans et plus. Comme
aucune différence précise dans les pourcentages n’est significative, chaque
sujet sera examiné séparément en fonction de son importance.
Tableau 3
Analyse du contenu des périodes des questions (septembre 2004
à juin 2005)
|
Sujets
|
Questions posées
|
|
40 ans et plus
|
Moins de 40 ans
|
% de 40 ans et plus
|
% de moins de 40 ans
|
Éthique/gouvernance
|
962
|
222
|
25,6 %
|
25,5 %
|
Industrie/transports/travail
|
455
|
103
|
12,1 %
|
11,8 %
|
Enjeux sociaux/programmes/affaires autochtones
|
415
|
84
|
11,0 %
|
9,6 %
|
Défense/sécurité
|
453
|
30
|
12,0 %
|
3,4 %
|
Affaires internationales/commerce
|
245
|
65
|
6,5 %
|
7,5 %
|
Finances/économie/affaires
|
276
|
24
|
7,3 %
|
2,8 %
|
Citoyenneté/immigration
|
188
|
100
|
5,0 %
|
11,5 %
|
Agriculture/pêches
|
176
|
46
|
4,7 %
|
5,3 %
|
Environnement/sciences
|
160
|
62
|
4,3 %
|
7,1 %
|
Autres
|
174
|
46
|
4,6 %
|
5,3 %
|
Système de justice
|
133
|
42
|
3,5 %
|
4,8 %
|
Santé
|
123
|
48
|
3,3 %
|
5,5 %
|
Total de questions : 4 632
|
3 760
|
872
|
|
|
La période des questions a été choisie pour lanalyse en raison de la place
prépondérante quelle occupe dans le système politique canadien. Cest
dans la période des questions que les médias puisent les extraits quils
feront entendre aux nouvelles de fin de journée et cest, en dehors des
campagnes électorales, le lieu privilégié pour capter lattention des citoyens.
David Docherty a écrit récemment que « la période des questions est, sans
conteste, lévénement le plus regardé de la journée dactivité législative
et la période qui suscite la plus large couverture médiatique et, par conséquent,
le plus dattention dans le public »15. Il sagit dune partie cruciale
des journées dactivité législative, dont les députés de moins de 40 ans
doivent profiter pour se faire entendre.
Les sujets traités entre septembre 2004 et juin 2005, dont fait état le
tableau 3, doivent être mis en perspective. Pendant les huit mois à létude,
la Chambre des communes sest intéressée à de nombreux scandales politiques,
et la présence dun gouvernement minoritaire a contribué à polariser lattention
sur les principaux événements. Comme cest toujours le cas, le gouvernement
na pu se défiler devant les accusations que lopposition a portées contre
lui pendant la période des questions. Cette période est loccasion de mettre
le gouvernement dans lembarras et de lasticoter. Il ne faut pas négliger
limportance de lactualité lorsquon examine les sujets abordés par les
députés de moins de 40 ans.
Lanalyse du contenu de la période des questions donne lieu à des conclusions
particulièrement intéressantes. La première conclusion est que, peu importe
lâge ou le groupe représenté, les députés posent des questions pour mettre
le gouvernement dans lembarras et nuire à sa crédibilité. Le quart des
questions avait trait à léthique et à la gouvernance, et il ny avait
à peu près pas de différence entre les deux groupes dâge dans lattention
portée à ce sujet. On peut facilement affirmer que les scandales dordre
éthique et moral nintéressent pas un groupe dâge en particulier. Toutefois,
les conservateurs semblent avoir exploité certains sujets pour mettre en
lumière une différence dâge entre les porte-parole de lopposition et
les ministres. Un des échanges de vues les plus mémorables sur une question
qui intéressait les femmes, et plus spécialement les jeunes femmes, a eu
lieu lorsque la porte-parole pour les affaires intergouvernementales, Rona
Ambrose, conservatrice de 36 ans, a interpellé le ministre libéral du Développement
social, Ken Dryden, âgé de 58 ans, en lui adressant ces paroles bien senties
sur la garde denfants : « Nous navons pas besoin des vieux hommes de race
blanche pour nous dire quoi faire16. » Voilà un exemple classique de la
dichotomie jeunes-vieux dans le discours parlementaire.
Pour certains sujets, la différence entre les deux groupes dâge était
visible. Les sujets « défense/sécurité » et « finances/économie/affaires »
étaient sensiblement plus importants aux yeux des députés de 40 ans et
plus. Cette différence peut sexpliquer par le fait quun bon nombre des
questions étaient posées au début des périodes des questions par un des
trois chefs des partis de lopposition, qui avaient tous plus de 40 ans.
Elle peut aussi résulter de la volonté stratégique des partis de confier
les questions sur « largent et la guerre » à des députés plus âgés et plus
expérimentés. En revanche, les sujets « citoyenneté/immigration », « environnement/sciences »
et « santé » semblent plus importants pour les jeunes députés, car un plus
grand pourcentage de jeunes que de députés âgés ont posé des questions
là-dessus. Ces différences ne sont pas aussi manifestes que pour le sujet
« défense/sécurité », mais elles restent appréciables. Lécart observé pour
le sujet « citoyenneté/immigration » sexplique peut-être par la série dattaques
qua subie lex-ministre de la Citoyenneté et de lImmigration, Judy Sgro,
concernant le scandale des effeuilleuses17. Un bon nombre des jeunes députés
conservateurs sont à lorigine de cette offensive.
En général, le constat le plus révélateur est sans doute le peu de différence
entre les deux groupes dâge et dans lattention portée à certains sujets.
Lécart nest pas suffisant pour indiquer quun nombre important de jeunes
députés « agissent pour » les citoyens canadiens de moins de 40 ans. Il
ny a quune différence combinée dun peu plus de 1 % dans la fréquence
relative des trois sujets les plus souvent abordés durant la période des
questions. Les chiffres qui se dégagent de létude donnent à penser que
les députés de moins de 40 ans, malgré leur nombre peu élevé des dernières
années, jouent encore davantage le rôle de représentants qui « prennent
parti pour » les citoyens que de représentants qui « agissent pour » eux.
Conclusion
Une fois tous ces chiffres posés, une question fondamentale demeure : Les
jeunes députés agissent-ils en fonction de leur âge? Pour certains, la
réponse na pas besoin dêtre claire, directe ou convaincante. Selon Black
et Lakhani, « le fait que des députés ne sidentifient pas à leurs origines
ou vont jusquà les désavouer ne dissuade pas nécessairement les gens de
la communauté en question ou les autres de remarquer et de commenter la
valeur symbolique de leur présence »18. Les jeunes représentent non pas
un groupe ancestral ou ethnique, mais une tranche de la société importante
sur le plan démographique. Il est certainement souhaitable daccroître
la représentation et la participation des jeunes députés pour donner plus
de poids aux questions qui intéressent les jeunes dans les priorités politiques.
Au cours des mois visés par la présente étude, le scandale des commandites
a fait lobjet de 16 % des questions posées, alors que les sujets propres
aux jeunes nont été abordés que dans 0,09 % des cas. Cest léquivalent
de 747 questions contre 4 en faveur du scandale des commandites. Certains
chercheurs croient fermement que, pour faire progresser une cause au sein
de lÉtat, la représentation doit être assurée par le groupe concerné.
Jerome Black a formulé lobservation suivante :
Une forme de représentation plus « authentique » qui peut seulement être
garantie par lélection de membres du groupe [
] cette stratégie politique
repose sur la conviction que seules les personnes qui possèdent les caractéristiques
propres au groupe sont en mesure de comprendre lexpérience du groupe
notamment les difficultés et les préjugés quil affronte depuis longtemps
et donc davoir lempathie et la sensibilité voulues pour bien promouvoir
ses intérêts19.
Les députés qui se situent dans la vingtaine et la jeune trentaine sont
sans doute plus à même de comprendre les préoccupations des jeunes Canadiens,
car eux-mêmes ont terminé leurs études postsecondaires récemment, ont eu
à trouver un emploi et à composer avec les réalités financières de lâge
adulte. Il se peut aussi que les jeunes politiciens soient le fruit dun
intérêt marqué pour la politique à la maison. Grandir dans une famille
de mordus de la politique peut être déterminant dans lévolution dune
personne. Comme lont affirmé Clarke et Price en 1977, « les personnes élevées
dans des familles «politisées » ont tendance à voir lactivité politique
comme une chose «naturelle » et «souhaitable» et sont donc prédisposées
à lactivité politique dune manière très différente du reste de la population »20.
La combinaison de ce profil politique et de lenthousiasme de la jeunesse
devrait inciter la Chambre des communes à envisager des pratiques progressistes.
Faut-il sattaquer à la question de la participation ou de la représentation
des jeunes au Parlement fédéral? La participation des jeunes mérite-t-elle
lattention, comme la participation des groupes sous-représentés (femmes
et minorités visibles)? Certaines assemblées législatives ont répondu aux
appels en faveur de la représentation descriptive en souscrivant à la pratique
de la réservation de sièges ou du remaniement de circonscriptions pour
des groupes distincts21. La réservation de sièges constituerait-elle un
bon moyen institutionnel de faire élire plus de jeunes à Ottawa? La relation
mal assurée qui existe entre les jeunes Canadiens et Ottawa a sans doute
des causes plus profondes auxquelles des stratégies électorales ne peuvent
pas remédier. Pour les femmes, il a été dit que « les attitudes sociales
et les stéréotypes à légard des rôles féminins influencent la décision
des femmes de briguer les suffrages aux élections et ont des conséquences
sur le choix des candidats fait par lélectorat »22.
La situation est-elle
la même pour les jeunes Canadiens? Il faudrait sonder les opinions des
jeunes candidats et des jeunes députés pour répondre à cette question.
Lhistoire politique canadienne et la dépendance à légard du régionalisme
risquent de retarder toute tentative pour accroître la représentation des
jeunes. Des études antérieures ont révélé que, peu importe le groupe auquel
le député fédéral canadien est assimilé, la représentation géographique
demeure sa principale préoccupation23. Le fardeau de la représentation
peut devenir tellement lourd pour les députés fédéraux que le groupe dâge
peut être une caractéristique dans la lutte constante pour la reconnaissance.
Concernant la représentation des jeunes au Parlement, on peut faire la
même observation que celle que formulent Trimble et Tremblay à la fin de
leur chapitre de 2003 sur la représentation des femmes au Parlement. La
relation entre la représentation par les jeunes et la représentation pour
les jeunes cest-à-dire le lien entre les identités et les idées doit
être étudiée plus à fond.
Notes
1. Hanna Fenichel Pitkin, The Concept of Representation, Los Angeles, University
of California Press, 1967, p. 61.
2. Allan Kornberg, Harold D. Clarke et Arthur Goddard, « Parliament and
the Representational Process in Contemporary Canada », Parliament, Policy
and Representation, éd. Harold D. Clarke, Colin Campbell, F.Q. Quo, Arthur
Goddard, Toronto, Methuen, 1980, p. xxvi.
3. Pitkin, p. 122.
4. Bernard Manin, The Principles of Representative Government, Cambridge,
Cambridge University Press, 1997, p. 109.
5. Terrence Ball, « A Republic If you can keep it », Conceptual Change
and the Constitution, éd. Terrence Ball et J. Pocock, Lawrence, University
Press of Kansas, 1987, p. 144.
6. Daniel Rubenson, André Blais, Patrick Fournier, Elisabeth Gidengil et
Neil Nevitte, « Accounting for the Age Gap in Turnout », Acta Politica, 39
(2004), p. 407.
7. Donley T. Studlar, Dianne L. Alexander, Joanna E. Cohen, Mary Jane Ashley,
Roberta G. Ferrence et John S. Pollard, « A Social and Political Profile
of Canadian Legislators, 1996 », Journal of Legislative Studies, vol. 6,
nº 2 (été 2000), p. 94
8. Linda Trimble et Manon Tremblay, « Women Politicians in Canadas Parliament
and Legislatures, 1917-2000: A Socio-demographic Profile », Women and Electoral
Politics in Canada, éd. Linda Trimble et Manon Tremblay, Toronto, Oxford
University Press, 2003, p. 52.
9. Katherine Tate, « The Political Representation of Blacks in Congress:
Does Race Matter? », Legislative Studies Quarterly, vol. XXVI, nº 4 (novembre
2001), p. 625.
10. Robert Stanfield, « Les hauts et les bas de larrière-ban », Revue parlementaire
canadienne, vol. 4, nº 3 (automne 1981), p. 14.
11. Paul Thomas, « Parliamentary Reform through Political Parties », The
Canadian House of Commons: Essays in Honour of Norman Ward, éd. John C.
Courtney, Calgary, University of Calgary Press, 1985, p. 43.
12. Michael Atkinson et Paul G. Thomas, « Studying the Canadian Parliament »,
Legislative Studies Quarterly, vol. 18, nº 3 (août 1993), p. 437.
13. David Docherty, Mr. Smith Goes to Ottawa: Life in the House of Commons,
Vancouver, UBC Press, 1997, p. 53.
14. Gordon Aiken, The Backbencher: Trials and Tribulations of a Member
of Parliament, Toronto, McClelland and Stewart Limited, 1974, p. 49.
15. David Docherty, Legislatures, Vancouver, UBC Press, 2005, p. 95.
16. Chambre des communes, Débats, 15 février 2005.
17. En novembre 2004, des députés de lopposition ont accusé Mme Sgro davoir
accordé un permis dimmigration spécial à une bénévole de sa campagne électorale,
à savoir une Roumaine admise au pays pour travailler comme danseuse exotique.
18. Jerome Black et Aleem S. Lakhani, « Ethnoracial Diversity in the House
of Commons: An Analysis of Numerical Representation in the 35th Parliament »,
Études ethniques au Canada, vol. XXIX, no1 (1997), p. 4.
19. Ibid.
20. Harold D. Clarke et Richard G. Price, « A Note on th Pre-Nomination
Role Socialization of Freshmen Members of Parliament », Revue canadienne
de science politique, vol. 10, nº 2 (juin 1977,) p. 395.
21. Andrew Reynolds, « Reserved Seats in National Legislatures: A Research
Note », Legislative Studies Quarterly, vol. XXX, nº 2 (mai 2005), p. 302.
22. Mi Yung Yoon, « Explaining Womens Legislative Representation in Sub-Saharan
Africa », Legislative Studies Quarterly, vol. XXIX, nº 3 (août 2004), p.
450.
23. Allan Kornberg, Canadian Legislative Behaviour: A Study of the 25th
Parliament, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1967, p. 107.
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