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Jonathan Fershau; Kate Ryan-Lloyd; Josie Schofield
Le Comité permanent des finances et des services gouvernementaux de la
Colombie-Britannique a adopté récemment deux méthodes novatrices de consultation
pour remplir son mandat législatif visant à rechercher la contribution
du public à lélaboration des priorités financières du gouvernement. Après
avoir énoncé les origines et lévolution du processus de consultation prébudgétaire
parlementaire de la province, le présent article décrit et évalue lexpérience
des visites sur le terrain, qui a renforcé la connaissance que les législateurs
urbains ont des défis et des possibilités auxquels font face les collectivités
rurales qui sont axées sur les richesses naturelles. Il démontre ensuite
que la première expérience du Comité avec la cyberconsultation a affecté
considérablement le niveau et la nature de la participation du public à
la consultation prébudgétaire parlementaire effectuée à lautomne 2004.
Au Canada, les gouvernements ont, au cours des vingt dernières années,
élargi le cercle des personnes consultées pendant le processus budgétaire
de façon à englober le grand public, en plus des intervenants représentant
les secteurs clés de léconomie. À lheure actuelle, les consultations
publiques effectuées par les gouvernements font partie intégrante du cycle
budgétaire annuel dans plusieurs des 14 ordres de gouvernement qui constituent
la fédération canadienne.
En Colombie-Britannique, en Ontario et à la Chambre des communes, les comités
parlementaires participent également directement aux consultations publiques
prébudgétaires annuelles. Ils offrent une autre tribune inestimable pour
obtenir la contribution du public sur lorientation future de la politique
financière, telle quelle est énoncée dans une série de questions posées
par le gouvernement. Jusquà tout récemment, chaque comité parlementaire
utilisait des méthodes de consultation semblables et traditionnelles
à savoir des audiences publiques et des demandes de mémoires écrits.
Toutefois, à lautomne 2004, le Comité permanent des finances et des services
gouvernementaux de la Colombie-Britannique a ajouté deux éléments originaux
à ses consultations prébudgétaires publiques annuelles. Le premier a été
lincorporation de visites sur le terrain dans le calendrier des audiences
publiques, afin de permettre aux législateurs de mieux comprendre les secteurs
clés de léconomie provinciale et les préoccupations des collectivités
rurales de la province qui sont axées sur les richesses naturelles. Lautre
a été linclusion du questionnaire du gouvernement sur le site Web du Comité,
afin de fournir aux citoyens dautres moyens de participer au processus
parlementaire de consultation prébudgétaire.
Contexte historique
La Colombie-Britannique a été le troisième ordre de gouvernement canadien
à entamer des consultations publiques prébudgétaires parlementaires. LOntario
a amorcé la tendance, avec la création du Comité permanent des finances
et des affaires économiques en 1986, afin doffrir une tribune pour les
audiences prébudgétaires1. Son exemple a été suivi par la Chambre des communes
fédérale huit ans plus tard, lorsque le Comité permanent des finances a
amorcé la tenue de consultations prébudgétaires annuelles2.
Tableau 1. Consultations publiques prébudgétaires canadiennes, 2004-2005
|
Ordre de gouvernement
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Comité parlementaire
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Organisme gouvernemental
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Audiences publiques / Tables rondes communautaires*
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Visites sur le terrain
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Mémoires écrits
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Enquêtes en ligne
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Enquêtes auprès des ménages
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Colombie-Britannique
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Finances et des services gouvernementaux
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Ö
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Ö
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Ö
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Ö
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Colombie-Britannique
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Ministère des Finances
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Ö
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Ö
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Alberta
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Ministère des Finances
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Ö
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Ö
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Manitoba
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Ministère des Finances
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Ö
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Ö
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Ö
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Ontario
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Finances et des affaires économiques
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Ö
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Ö
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Ontario
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Ministère des Finances
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Ö
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Ö
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Ö
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Québec
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Ministère des Finances
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Ö
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Ö
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Nouvelle-Écosse
|
|
Ministère des Finances
|
Ö
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Ö
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|
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Nouveau-Brunswick
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|
Ministère de Finances
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Ö
|
|
Ö
|
Ö
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Île-du-Prince-Édouard
|
|
Trésor provincial
|
Ö
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Ö
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Terre-Neuve-et-Labrador
|
|
Ministère des Finances
|
Ö*
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Ö
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Yukon
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Bureau du Cabinet
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Ö
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Ö
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Chambre des communes
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Comité permanent des finances
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Ö
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Ö
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Ces trois comités des finances ont en commun le mandat de solliciter les
commentaires du public sur un éventail doptions formulées par le gouvernement
en matière de politique financière et de rédiger un rapport sur les résultats
des consultations publiques prébudgétaires adressé à la Chambre, ainsi
quau ministre des Finances. En outre, ils ont tous été créés dans le contexte
de la poussée vers une plus grande reddition de comptes et une plus grande
transparence dans le processus budgétaire.
Dans le cas de la Colombie-Britannique3, le catalyseur du processus de
réforme a été le budget 1996-1997. Il a été présenté à la Chambre comme
un budget équilibré le 30 avril 1996 quelques heures à peine avant le
déclenchement dune élection générale provinciale. Après la réélection
du gouvernement sortant, la fiabilité des prévisions de recettes incluses
dans le budget a été mise en doute. Par la suite, les comptes publics de
la province ont confirmé que le budget 1996-1997 nétait pas en fait équilibré.
Cette série dévénements a souligné la nécessité dune plus grande responsabilisation
financière.
En février 1999, le vérificateur général de la Colombie-Britannique a publié
un rapport, doté de 25 recommandations visant à améliorer le processus
budgétaire, qui soulignait limportance dun examen législatif minutieux
et dune participation du public4. Le gouvernement a réagi en avril 1999
en mettant sur pied un groupe dexamen du processus budgétaire composé
de 12 membres et présidé par un comptable agréé très respecté, Doug Enns.
Le groupe a organisé des tables rondes avec des universitaires et des gens
daffaires, a invité les organismes publics et privés à formuler des commentaires,
a réalisé des entrevues et a reçu de nombreux mémoires de particuliers.
En septembre 1999, il a publié son rapport final, dans lequel il formule
26 recommandations destinées à améliorer la crédibilité et la transparence
du processus budgétaire en Colombie-Britannique et la reddition de comptes
à son égard. Les deux premières recommandations proposent :
1. Que les textes de loi exigent quun document de consultation prébudgétaire
soit rendu public par le gouvernement au plus tard le 31 octobre de chaque
année comme base des consultations prébudgétaires publiques. Le document
devrait mettre à jour les prévisions économiques et financières du budget
précédent et mentionner les points clés à aborder dans le budget.
2. Que les textes de loi établissent un processus de consultation prébudgétaire
publique qui soit entrepris par un comité permanent de lAssemblée législative
qui aura été créé à cette fin. Les résultats devraient être publiés sous
forme dun rapport adressé au public et au ministre des Finances et des
Relations avec les sociétés au plus tard le 31 décembre. Le processus devrait
prévoir la contribution des groupes dintérêt et comporter des possibilités
de dialogue avec les groupes dintérêt et le public (tables rondes) ainsi
que des mécanismes pour un dialogue avec ce dernier, par exemple par le
truchement de sites Web ou de vastes tribunes publiques sur Internet5.
En réaction au rapport Enns, le gouvernement néo-démocrate a déposé, en
mars 2000, le projet de loi 2, intitulé Budget Transparency and Accountability
Act. Ce projet de loi prévoyait la publication, par le ministre des Finances
et des Relations avec les sociétés, dun document de consultation budgétaire
à transmettre à « un comité permanent de lAssemblée législative ». Aux termes
du paragraphe 3(2), ce comité « doit mener les consultations quil juge
appropriées » et rendre public un rapport sur les résultats de ces consultations
au plus tard le 31 décembre. Le 6 juillet 2000, le projet de loi 2 a été
adopté en troisième lecture. Lors de la même séance, la Chambre a également
approuvé la motion du gouvernement visant à créer le Comité permanent des
finances et des services gouvernementaux, afin de mener « de vastes consultations
publiques dans toute la Colombie-Britannique à propos du budget provincial
et de la politique financière pour le prochain exercice financier, notamment
par des réunions publiques, par voie téléphonique et par des moyens électroniques ».
Tableau 2. Méthodes de consultation publique prébudgétaire en Colombie-Britannique,
par type
|
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Présentations orales
|
268
|
321
|
214
|
169
|
244
|
Mémoires écrits
|
228
|
334
|
89
|
47
|
220
|
Formulaires remplis sur le web
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1335
|
Total
|
496
|
655
|
303
|
216
|
1799
|
Les dix membres du nouveau comité permanent ont amorcé une vaste consultation
publique à lautomne 2000. Comme leur tournée provinciale avait été effectuée
dans lambiance partisane précédant une élection générale provinciale,
ils ont décidé de faire simplement un rapport sur les témoignages reçus
plutôt que de formuler des recommandations spécifiques sur les priorités
en matière de dépenses du prochain budget.
Après la défaite du gouvernement néo-démocrate lors de lélection de mai
2001, la nouvelle administration libérale a modifié le Budget Transparency
and Accountability Act peu après son arrivée au pouvoir. Linstauration
dune date fixe pour le budget (le troisième mardi de février) a déclenché
lavancement, dun mois et demi, du processus parlementaire de consultation
prébudgétaire. La date de publication du document de consultation budgétaire
par le gouvernement a été changée au 15 septembre (au lieu du 31 octobre)
et la date limite de présentation du rapport du Comité permanent a été
avancée au 15 novembre (au lieu de la fin de lannée civile).
Nouvelles méthodes de consultation
Pendant la 37e législature (2001-2005), le Comité permanent des finances
et des services gouvernementaux a mené quatre consultations prébudgétaires
publiques annuelles. Les deux premières ont utilisé les méthodes traditionnelles
des audiences publiques dans différentes régions de la province et de demande
de mémoires écrits. À lautomne 2003, les membres du Comité ont décidé
dinclure des visites sur le terrain dans le calendrier des audiences publiques,
pratique qui a été répétée à bien plus grande échelle lannée suivante.
En outre, une option de cyberconsultation, sous la forme dune enquête
en ligne, a été ajoutée au site Web du Comité des finances à lautomne
2004.
Les visites sur le terrain, également appelées inspections sur le terrain
ou visites guidées, permettent aux parlementaires de sinformer davantage
sur le sujet confié au Comité pour enquête, quil sagisse des installations
fixes des moteurs économiques dune province ou la sécurité des infrastructures
portuaires du Canada6. En tant quoutils dapprentissage, les visites sur
le terrain diffèrent des audiences publiques par le fait que les membres
dun comité parlementaire rencontrent de façon informelle les hauts dirigeants
dune entreprise privée ou dune institution publique pour acquérir une
connaissance directe de ce qui se passe sur les lieux de production ou
dopération.
Lexpérience de la Colombie-Britannique laisse penser que les visites sur
le terrain peuvent jouer un rôle important en exposant les législateurs
qui représentent des régions urbaines aux défis socioéconomiques auxquels
font face les collectivités rurales des régions éloignées. Par exemple,
par suite de la participation à la tournée de consultation prébudgétaire
de 2002, un membre du Comité a insisté sur un message clair quil avait
entendu :
Plusieurs personnes ont mentionné que nous devrions passer plus de temps
dans les collectivités [
] Il sagit dun thème récurrent : « Si vous y allez,
regardez nos routes, si vous y allez, regardez notre hôpital si vous
y allez, regardez ceci, si vous y allez, regardez cela vous verrez ce
que nous voulons dire[...] » Je pense que ce serait du temps bien employé.
Je crois que les habitants des collectivités toutes les collectivités,
pas seulement en milieu rural estimeraient vraiment que ce point est
important7.
Outre leur valeur éducative, les visites sur le terrain peuvent également
promouvoir la collégialité. Puisque les visites organisées sont officieuses,
les questions posées par les députés aux hôtes sur le terrain ont tendance
à être candides et dénuées de la rhétorique souvent affichée à la Chambre
ou même lors des réunions des comités parlementaires. De surcroît, lors
des déplacements en groupe sur le terrain, les législateurs mettent souvent
de côté leurs divergences politiques pour discuter de la façon de formuler
la politique gouvernementale pour aider des industries ou des secteurs
particuliers quils ont visités. En dégageant de façon informelle les principaux
enjeux économiques, les visites sur le terrain peuvent contribuer à instaurer
des « cadres de référence » qui aideront les comités lors de leurs délibérations
futures.
Lors de la planification du processus de consultation prébudgétaire pour
lautomne 2003, le Comité des finances a décidé dinclure quatre visites
sur le terrain, de concert avec les audiences publiques programmées. Comme
la plupart des membres du Comité représentaient des circonscriptions urbaines
des régions métropolitaines de Vancouver ou de Victoria, ils ont estimé
important de recueillir directement des informations sur certaines des
principales industries primaires en activité dans les régions rurales de
la Colombie-Britannique. Le Comité a donc organisé une tournée de six fermes
de la vallée de Comox, une visite guidée en autocar des installations industrielles
et du port en eau profonde de Prince Rupert, ainsi quune visite guidée
de la région de Kamloops après un incendie de forêt dévastateur. Des rencontres
ont également eu lieu avec des intervenants qui participaient à la conférence
2003 des secteurs pétrolier et gazier, à Dawson Creek.
En 2004, lexpérience du Comité des finances a été répétée à une bien plus
grande échelle. Durant les quatre semaines du processus de consultation
prébudgétaire, 20 visites sur le terrain ont été organisées de concert
avec les 17 audiences publiques prévues dans différentes régions de la
province. Ces voyages dobservation ont mis laccent sur ce qui se passe
sur le terrain dans les principaux secteurs primaires de léconomie provinciale
aquaculture, agriculture, foresterie et mines et comportaient des visites
guidées dinstallations postsecondaires nouvelles ou agrandies. Une journée
de voyage typique des membres du comité se déroulait ainsi : visite du site
local le matin, participation à une audience publique laprès-midi et déplacement
vers le lieu de laudience publique suivante le soir.
Pour les membres du Comité, le but principal des visites sur place consistait
« à nous donner une bien meilleure compréhension de lenvironnement local »8.
En outre, les membres étaient tous daccord pour dire que cette nouvelle
méthode de consultation leur avait donné « une meilleure appréciation des
différents défis auxquels sont confrontées les collectivités tributaires
des richesses naturelles et, élément tout aussi important, les possibilités
de développement économique en Colombie-Britannique »9.
Les législateurs provinciaux ont également utilisé les connaissances directes
quils avaient acquises lors des visites sur le terrain à loccasion à
la Chambre qui navaient aucun rapport avec les consultations prébudgétaires
parlementaires. Par exemple, durant la 37e législature, les membres du Comité
des finances ont fait état de ce quils avaient appris pendant les visites
guidées lors de débats sur des projets de loi, des motions et des prévisions
budgétaires et dans les déclarations des simples députés10.
Lexpérience des visites sur le terrain, entreprise par le Comité des finances
au cours des deux dernières années, peut assurément être considérée comme
une méthode novatrice pour les consultations parlementaires publiques prébudgétaires.
Cependant, elle a posé plusieurs défis pour le personnel du Comité qui
a tiré de précieuses leçons durant la phase de démarrage. Parmi ces défis,
mentionnons ceux dordre logistique que posent lélaboration ditinéraires
complexes en fonction des visites sur le terrain et la préparation des
hôtes sur place et des membres du Comité.
Enquêtes en ligne
Bien que les consultations électroniques ou cyberconsultations ne soient
pas encore largement adoptées au Canada, elles sont de plus en plus reconnues
comme étant des moyens de faciliter une plus grande participation aux consultations
parlementaires publiques. Cet outil a été utilisé dans diverses circonstances
par des comités permanents de la Chambre des communes ainsi quau Québec11.
Le Parlement britannique a également reconnu « la valeur des consultations
en ligne », les percevant comme une « véritable possibilité daccroître la
participation du public » et faisant remarquer que, « employées à bon escient,
elles peuvent constituer un atout inestimable pour lexamen parlementaire »12.
Bien que nétant pas encore fortement interactive13, linformation électronique
concernant les comités parlementaires de la Colombie-Britannique sest
révélée être la ressource la plus accessible pour le grand public. Par
exemple, les pages Web des divers comités ont été consultées à plus de
91 000 reprises en 2004, chiffre nettement supérieur à la participation
à toutes les consultations traditionnelles des comités prises ensemble.
Au-delà de son rôle informatif, le site Web dun comité parlementaire peut
également offrir de nouvelles possibilités de consultation. En Colombie-Britannique,
le premier comité parlementaire à avoir offert au public une option denquête
en ligne a été le comité spécial dexamen du Freedom of Information and
Protection of Privacy Act. Parmi les 79 organismes et particuliers qui
ont participé au processus de consultation durant lhiver 2004, seulement
4 p. 100 ont rempli le questionnaire en ligne. Ce taux modeste de participation
a peut-être été causé, en partie, par la nature spécialisée du deuxième
examen, par le comité spécial, dune loi relativement complexe.
Le recours suivant à la cyberconsultation en Colombie-Britannique, à savoir
linclusion du questionnaire gouvernemental relatif aux consultations prébudgétaires
sur le site Web du Comité des finances, offre une meilleure illustration
du potentiel associé à cette nouvelle technologie. Lorsque le Comité des
finances a lancé sa première initiative denquête en ligne en septembre
2004, il avait deux objectifs en tête. Premièrement, il cherchait à obtenir
la contribution du public au processus de consultation prébudgétaire en
améliorant laccès des Britanno-Colombiens à leurs représentants élus.
En fournissant aux citoyens un accès par Internet, loption de lenquête
en ligne a permis aux personnes demeurant dans les collectivités éloignées,
ayant une mobilité réduite ou hésitant à comparaître lors dune audience
publique de présenter leurs commentaires depuis leur ordinateur.
Deuxièmement, le Comité des finances sefforçait dévaluer si loption
de lenquête en ligne offrait une contribution utile et valable au processus
de consultation prébudgétaire. Cette innovation na pas posé de problèmes
spécifiques au niveau de la procédure, puisquil ny a pas de dispositions
explicites en Colombie-Britannique concernant la forme que devraient prendre
les témoignages écrits. Les mémoires destinés à un comité parlementaire
peuvent être envoyés par lettre, télécopieur ou courriel ou sous forme
de document électronique et, tout comme les témoignages oraux, ils sont
protégés par le privilège parlementaire.
Avant de décrire limpact formidable de la cyberconsultation, il convient
de faire remarquer que le mandat du Comité des finances en matière de consultation
prébudgétaire a constamment suscité un intérêt assez vif de la part du
public. Entre 2000 et 2003, les intervenants représentant les principaux
secteurs de léconomie provinciale et dautres ordres de gouvernement,
ainsi que les groupes communautaires, ont saisi loccasion dexprimer leurs
points de vue sur le futur budget provincial et sur la politique financière,
en participant aux audiences publiques ou en envoyant des mémoires écrits.
Avec lajout de la cyberconsultation en 2004, tant le niveau que la nature
de la participation du public ont connu une croissance formidable.
En septembre 2004, le Comité des finances a décidé de compléter ses consultations
traditionnelles (audiences publiques et mémoires écrits) par un accès direct
en ligne au questionnaire inclus dans le document de consultation budgétaire
du gouvernement, par lintermédiaire du site Web du bureau du greffier
des comités. Une option denquête en ligne a été disponible pendant 30
jours et a produit 1 335 réponses au questionnaire, ce qui a établi un record
absolu de participation aux travaux dun comité parlementaire en Colombie-Britannique.
Même si le Comité avait la capacité dafficher les réponses en ligne sur
le site Web, il a décidé quelles ne seraient pas rendues publiques avant
la publication de son rapport.
Lors des réunions ultérieures du Comité, les membres ont été satisfaits
du nombre élevé de réponses. Ils ont mentionné que le formulaire denquête
en ligne sétait révélé un excellent outil pour élargir la base dune enquête
typique dun comité. Lanalyse de ces réponses par le personnel a en outre
révélé que les répondants en ligne étaient principalement des particuliers
qui étaient répartis géographiquement dans toute la province, constituaient
un échantillon représentatif de la population et avaient des priorités
budgétaires différentes. Par contre, la plupart des présentations faites
lors des audiences publiques officielles provenaient de gens qui parlaient
au nom dorganismes établis, notamment des entreprises, des syndicats,
des administrations municipales ou régionales et des groupes communautaires.
Les résultats de lenquête en ligne ont été incorporés dans les documents
résumant les mémoires, qui ont appuyé les députés dans leur examen de tous
les témoignages et les ont aidés dans leurs délibérations et dans la prise
de décisions. Dans le contexte de lanalyse effectuée par le personnel,
il est intéressant de noter que les formulaires remplis sur le Web ont
fourni au Comité des finances les réponses les plus précises à la question
quantitative du sondage qui concernait la répartition en pourcentage des
fonds publics disponibles. Alors que la plupart des répondants en ligne
ont rempli cette question, les témoins aux audiences publiques ont semblé
réticents à fournir une réponse catégorique à cette question quantitative.
Ils ont plutôt choisi de faire des déclarations générales sur lorientation
future de la politique financière.
Lexpérience du Comité des finances avec les enquêtes en ligne semble avoir
atteint ses objectifs déclarés. Les députés ont pu élargir la portée de
leur processus consultatif et obtenir une contribution précieuse du public
au sujet du budget et des priorités financières futures. Les membres du
Comité et leur personnel ont également pu évaluer la méthode de consultation
en ligne, peaufiner les processus et améliorer la capacité interne de soutien
de ce service amélioré. On a également découvert que la cyberconsultation
constitue un moyen relativement économique dévaluer le point de vue du
public sur les priorités budgétaires.
Conclusion
Lexpérience des visites sur le terrain effectuées par les députés sest
révélée positive et instructive pour les parlementaires. Elles ont donné
aux simples députés de circonscriptions principalement urbaines loccasion
de comprendre les défis auxquels font face les entreprises et les organismes
gouvernementaux fonctionnant à lextérieur des principaux centres métropolitains
de la province.
En outre, la valeur de lexpérience du Comité des finances avec la cyberconsultation
a amélioré laccès des citoyens au processus annuel détablissement du
budget. Le grand nombre de réponses à lenquête en ligne a démontré que
la cyberconsultation possède le potentiel de modifier à la fois le niveau
et la nature de la participation du public à un processus de consultation
prébudgétaire parlementaire.
Les deux méthodes de consultation ont répondu aux besoins des parlementaires
en améliorant leur interaction avec les citoyens et en leur offrant des
possibilités de sinformer davantage sur les enjeux politiques daujourdhui.
Par conséquent, il est à espérer que ces innovations contribuent modestement
à lamélioration de lefficacité globale des futures consultations prébudgétaires
parlementaires en Colombie-Britannique et ailleurs.
Notes
1. G. Bruce Doern, « Fairness, Budget Secrecy, and Pre-Budget Consultation
in Ontario, 1985-1992 », dans G. Bruce Doern et al. (dir.), Taxing and Spending:
Issues of Process, Toronto, University of Toronto Press, 1994, p. 10-12;
Ray McLellan, « The Ontario Pre-Budget Consultation Process », Bulletin dactualité
no 202, Bibliothèque de lAssemblée législative de lOntario, Services de
recherche et dinformation, janvier 2000, p. 3.
2. David C. Docherty, Legislatures, Vancouver, UBC Press, p. 146; Evert
A. Lindquist, « Citizens, Experts and Budgets: Evaluating Ottawas Emerging
Budget Process », dans Susan D. Phillips (dir.), How Ottawa Spends 1994-95:
Making Change, Ottawa, Carleton University Press, 1994, p. 116-122.
3. Le reste de cette section se fonde sur le document de E. George MacMinn
intitulé « Pre-budget Consultations in British Columbia: The Budget Transparency
and Accountability Act and the Select Standing Committee on Finance and
Government Services », communication présentée à la 46e Conférence de lAssociation
parlementaire du Commonwealth, qui sest tenue à Londres et à Édimbourg
du 20 au 29 septembre 2000.
4. Bureau du vérificateur général de la Colombie-Britannique, A Review
of the Estimates Process in British Columbia, février 1999, p. 87 et 88.
5. Rapport final du Groupe dexamen du processus budgétaire, Credibility,
Transparency & Accountability: Improving the B.C. Budget Process, 1999,
p. xv.
6. Par exemple, le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale
et de la défense sest rendu à Victoria et à Vancouver durant la semaine
du 25 février 2005 pour tenir des audiences, recueillir de linformation
et organiser des consultations publiques sur les postes frontaliers portuaires
et terrestres, dans le contexte de son étude approfondie de la politique
de défense du Canada.
7. Arnie Hamilton, député provincial (Esquimalt-Metchosin), dans Colombie-Britannique,
Assemblée législative, Record of Proceedings (Hansard) : Select Standing
Committee on Finance and Government Services, Victoria, Issue No. 41, 23 octobre
2002, p. 1298.
8. John Nuraney, député provincial, (Burnaby-Willingdon), dans Colombie-Britannique,
Assemblée législative, Record of Proceedings (Hansard) : Select Standing
Committee on Finance and Government Services, Victoria, Issue No. 75, 11 mai
2004, p. 1836.
9. Colombie-Britannique, Assemblée législative, Comité permanent des finances
et des services gouvernementaux, Report on the 2004 Budget Consultation
Process, 2003, p. 5.
10. Consulter, par exemple, Jeff Bray, député provincial (Victoria-Beacon
Hill), deuxième lecture du Significant Projects Streamlining Act, Hansard,
vol. 18, no 7, 17 novembre 2003, p. 7951; Lorne Mayencourt, député provincial
(Vancouver-Burrard), Motion Without Notice Response to B.C.s Forest
Fires, Hansard, vol. 16, no 9, 6 octobre 2003, p. 7158; Joy
MacPhail, députée
provinciale (Vancouver-Hastings), Supplementary Estimates (No. 5) : Ministry
of Transportation, Hansard, vol. 27, no 4, 22 février 2005, p.12037; Greg
Halsey-Brandt, député provincial (Richmond Centre), Private Members Statement
The Gateway to Asia-Pacific, Hansard, vol. 27, no 19, 28 février 2005,
p. 12154.
11. Consulter Canada, Chambre des communes, Sous-comité de la condition
des personnes handicapées, À lécoute des Canadiens : Une première vision
de lavenir du Programme de prestations dinvalidité du Régime de pensions
du Canada, juin 2003; François Côté, « Institutions parlementaires et cyberdémocratie »,
Revue parlementaire canadienne, vol. 27, no 3 (automne 2004), p. 23-26.
12. Royaume-Uni. Chambre des lords, Select Committee on the Constitution,
Parliament and the Legislative Process, « Volume I : Report », octobre 2004,
p. 50, par. 210 et 212.
13. À lheure actuelle, les pages Web des comités parlementaires de lAssemblée
législative de la Colombie-Britannique contiennent principalement des renseignements
de base statiques concernant le mandat, la composition, les délibérations
et les rapports des comités.
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