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 Kristen Douglas; Nancy Holmes
 
 
 
À lautomne 2004, le Comité permanent de laccès à linformation, de la
 protection des renseignements personnels et de léthique a commencé à entendre
 des témoignages sur les budgets des trois hauts fonctionnaires du Parlement
 qui relèvent de son mandat  le commissaire à linformation, le commissaire
 à la protection de la vie privée et le commissaire à léthique. Le mandat
 du Comité prévoit notamment létude des questions relatives aux rapports
 de ces trois commissaires (dans le cas du commissaire à léthique, principalement
 au titre des responsabilités qui lui incombent aux termes de la Loi sur
 le Parlement du Canada au chapitre des titulaires de charge publique) et
 aux rapports déposés en application de la Loi sur lenregistrement des
 lobbyistes. Le mandat du Comité est défini à lalinéa 108(3)h) du Règlement
 de la Chambre des communes. 
 
Dès ses premiers entretiens avec les commissaires, le Comité a été mis
 au courant de certaines préoccupations partagées par le commissaire à linformation
 et la commissaire à la protection de la vie privée au sujet du financement.
 John Reid, commissaire à linformation, a dit que son bureau était en pleine
 « crise financière ». Il a indiqué au Comité quil avait du mal à sacquitter
 de ses obligations législatives à cause dun manque de ressources. Il a
 fait remarquer que ses effectifs, y compris son personnel denquête, étaient
 nettement insuffisants, et quil en découlait un retard croissant dans
 le traitement des dossiers. De plus, son bureau a dû renoncer aux volets
 affaires publiques, recherche, éducation et formation de son mandat. En
 dépit de ses nombreux plaidoyers auprès du Conseil du Trésor, le Commissariat
 na obtenu que des fonds durgence et un financement partiel1.  
 
La commissaire à la protection de la vie privée, Jennifer Stoddart, a expliqué
 que depuis ladoption de la Loi sur la protection des renseignements personnels
 et les documents électroniques (LPRPDE), elle compte sur deux sources de
 revenus : dune part, des crédits du Budget principal destinés à financer
 les activités qui relèvent de la Loi sur la protection des renseignements
 personnels et, dautre part, des fonds pour lui permettre de remplir ses
 responsabilités aux termes de la LPRPDE. Elle a dit craindre de ne pas
 pouvoir concilier ces ressources de manière à répondre aux besoins financiers
 du commissariat à long terme. Cette préoccupation se trouve au cur de
 négociations continues entre la commissaire et le Secrétariat du Conseil
 du Trésor. Mme Stoddart a fait part au Comité de son intention de présenter
 un mémoire sur le financement permanent à long terme au Secrétariat du
 Conseil du Trésor en 2005. Pour la commissaire à la protection de la vie
 privée, le problème nest pas le manque de fonds, mais la nature du mécanisme
 de financement2.  
 
Les deux commissaires ont réclamé un nouveau mode de financement qui assurerait
 leur indépendance du gouvernement. Leur rôle dombudsman, ou dorganisme
 chargé de surveiller le rendement du gouvernement dans des domaines importants,
 requiert un certain degré dindépendance. Cet argument, qui a été réitéré
 plusieurs fois au cours des audiences sur le mode de financement des hauts
 fonctionnaires du Parlement, a fini par convaincre le Comité de présenter
 un rapport et de recommander des changements. Il sera question plus loin
 du rapport et des recommandations du Comité, ainsi que des réactions quils
 ont suscitées3.  
 
Le Comité nétait pas le premier à se pencher sur la question du mode de
 financement des hauts fonctionnaires du Parlement. Dans son rapport sur
 laffaire Radwanski4, présenté en juin 2003, le Comité permanent des opérations
 gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes
 avait relevé la nécessité de soumettre à un examen exhaustif la structure
 et les fonctions des postes de hauts fonctionnaires du Parlement, y compris
 le mécanisme de reddition de comptes qui gouverne leurs rapports avec le
 gouvernement et le Parlement5. 
Ce comité avait recommandé qu’un comité de la Chambre des communes examine le 
rôle et les fonctions des hauts fonctionnaires du Parlement, la question de leur 
indépendance, le processus budgétaire et « d’autres éléments de leur reddition 
de comptes au Parlement », et qu’il fasse rapport de ses conclusions.   
Par ailleurs, les préoccupations suscitées par le financement des opérations
 du Bureau du vérificateur général ainsi que dautres questions connexes
 ont incité le Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes
 à se pencher, lui aussi, sur cette question6. Le Comité des comptes publics
 avait alors indiqué quil était au courant de problèmes concernant le financement
 du Bureau du vérificateur général depuis quatre ans. Dans son rapport,
 le Comité a fait remarquer que les discussions entre la vérificatrice générale
 et le Secrétariat du Conseil du Trésor au sujet dun nouveau mode de financement
 se sont prolongées bien au-delà de ce qui peut être considéré raisonnable.
 Le Comité a recommandé « quun nouveau mécanisme de financement soit établi
 pour le Bureau du vérificateur général avant la fin doctobre 2005 de façon
 à protéger lindépendance du Bureau et à lui permettre de répondre aux
 attentes du Parlement ».  
 
Le Comité sénatorial permanent des finances nationales a également présenté
 un rapport sur les hauts fonctionnaires du Parlement7. Après avoir examiné
 les prévisions budgétaires de plusieurs hauts fonctionnaires du Parlement,
 le Comité sénatorial a conclu que létablissement du budget était une source
 de préoccupation commune. Dans le contexte de ses audiences sur le budget,
 le Comité sénatorial a rencontré le président du Conseil du Trésor, Reg Alcock.
 Ce dernier a dit au Comité que le Conseil du Trésor prévoyait mettre à
 lessai des processus de rechange cette année en vue daméliorer la situation.
 Le Comité sénatorial a recommandé « que les parlementaires, par lintermédiaire
 des Présidents des deux Chambres et dun comité administratif, participent
 activement au processus détablissement des budgets des hauts fonctionnaires
 du Parlement avant leur présentation au Conseil du Trésor et leur intégration
 au Budget des dépenses ».  
 
Qui sont les hauts fonctionnaires du Parlement? 
 
Lun des premiers points sur lesquels sest penché le Comité de la Chambre
 est la définition de « hauts fonctionnaires du Parlement ». Il sagit dun
 terme utilisé dans divers contextes pour désigner différentes choses. Ce
 nest ni un terme technique, ni un terme défini dans le corpus législatif.
 Pour les besoins de son rapport, le Comité a regroupé sous la définition
 de « hauts fonctionnaires du Parlement » les trois commissaires qui relèvent
 de son mandat, de même que le vérificateur général du Canada, le commissaire
 aux langues officielles et le directeur général des élections. 
 
La signification du terme sest précisée en cours détude. Les hauts fonctionnaires
 du Parlement relèvent directement du Parlement, plutôt que du gouvernement
 fédéral ou dun ministre. Cette particularité renforce leur besoin dindépendance
 à légard du gouvernement de lheure. Ils assument des fonctions prescrites
 par la loi et font rapport au Sénat ou à la Chambre des communes, ou aux
 deux, généralement par lentremise du président. La plupart du temps  bien
 que ce ne soit pas toujours le cas , la Chambre des communes et le Sénat
 interviennent dans la nomination de ces hauts fonctionnaires8.  
 
Lindépendance des hauts fonctionnaires est principalement garantie par
 la présentation de rapports, des procédures de destitution, lattribution
 dun mandat fixe et un contrôle général sur leurs opérations. Néanmoins,
 certains soutiennent que le processus actuel détablissement du budget
 ne permet pas dassurer lindépendance et lintégrité fonctionnelle de
 ces postes. En effet, vu les structures de reddition de comptes et de rapport
 auxquels ils sont soumis, la plupart des hauts fonctionnaires du Parlement
 craignent que le mode de financement actuel ne soulève la possibilité dun
 conflit dintérêts entre eux et le gouvernement ou, du moins, lapparence
 dun conflit dintérêts9. Par exemple, dans son témoignage, la vérificatrice
 générale, Sheila Fraser, a répété plusieurs fois quelle ne manquait pas
 dargent, mais quelle croyait que ses bureaux devaient être soumis à un
 examen budgétaire plus rigoureux et indépendant qui les rendrait plus responsables
 envers le Parlement10. 
 
Les fonctionnaires appelés « hauts fonctionnaires du Parlement » par le
 Comité et la plupart des témoins qui ont participé à létude sont désignés
 « agents » du Parlement au Bureau du Conseil privé et dans la fonction publique.
 Lappellation d« agent » met laccent sur le fait quils travaillent pour
 le Parlement et quils relèvent du Parlement. Cette appellation les distingue
 aussi des autres fonctionnaires du Parlement, comme le président et le
 greffier de chacune des Chambres, le sergent darmes, le légiste et le
 conseiller parlementaire. Tandis que ces derniers font partie du Parlement
 et conseillent ce dernier sur des questions de procédure et dadministration,
 les fonctionnaires qui nous intéressent assurent un rôle de surveillance
 à légard du gouvernement et appuient le Parlement dans lexécution de
 sa fonction de reddition de comptes et dexamen. 
 
Dautres organismes, comme la Commission canadienne des droits de la personne
 et la Commission de la fonction publique, sont parfois assimilés à des
 hauts fonctionnaires du Parlement en raison de leur indépendance et de
 leur fonction de surveillance similaire. De plus, les nominations au sein
 de certains de ces organismes doivent être confiées au Parlement ou ratifiées
 par celui-ci. Le Comité na pas inclus ces organismes dans son étude. 
 
Ce que le Comité a appris 
 
Les hauts fonctionnaires du Parlement, du moins ceux qui réclament un nouveau
 processus détablissement du budget, ont affirmé quils voulaient être
 indépendants du gouvernement et relever davantage du Parlement. Ils jugent
 inapproprié de devoir faire approuver leur budget par le gouvernement quils
 doivent surveiller. Ils souhaitent également que le processus détablissement
 du budget fasse intervenir davantage les parlementaires. 
 
À lheure actuelle, le commissariat à linformation et le commissariat
 à la protection de la vie privée sont financés de la même manière que les
 ministères. Ils soumettent leurs prévisions budgétaires annuelles au Secrétariat
 du Conseil du Trésor. Les crédits approuvés par ces derniers sont ensuite
 transmis à la Chambre des communes, puis au Comité pour être examinés.
 Le commissaire à léthique, Bernard Shapiro, dont le poste a été créé il
 y a moins dun an, compte sur un mode de financement différent, qui lui
 assure une plus grande indépendance par rapport au gouvernement. 
 
Le mode de financement du commissaire à léthique est défini à larticle 72.04
 de la Loi sur le Parlement du Canada et exclut expressément toute intervention
 du Secrétariat du Conseil du Trésor dans létablissement des propositions
 budgétaires. 
 
72.04(8). Létat estimatif est examiné par le président de la Chambre des
 communes puis transmis au président du Conseil du Trésor, qui le dépose
 devant la chambre avec les prévisions budgétaires du gouvernement pour
 lexercice. 
 
Le mode de financement du Bureau du directeur général des élections diffère
 aussi de celui des autres hauts fonctionnaires du Parlement. En effet,
 il obtient la majeure partie de son financement en vertu dune autorisation
 législative, selon des paramètres définis très précisément dans la Loi
 électorale du Canada. Seuls les salaires de ses employés permanents nécessitent
 lapprobation de crédits annuels dans le cadre du processus dexamen des
 prévisions budgétaires. 
 
Contrairement à la plupart des autres hauts fonctionnaires du Parlement,
 le directeur général des élections nest pas un ombudsman. Il doit garantir
 deux droits démocratiques fondamentaux : le droit de vote et le droit de
 se porter candidat à une élection. Du fait de ce rôle exceptionnel, on
 veille à préserver son indépendance de toute influence politique par divers
 moyens, comme le mode de financement, mais surtout, la mise en place de
 processus de nomination et de destitution. 
 
Le professeur Craig Forcese, de lUniversité dOttawa, et le professeur
 Paul Thomas, de lUniversité du Manitoba, ont également plaidé en faveur
 dun mode de financement plus indépendant pour les hauts fonctionnaires
 du Parlement. Le professeur Forcese a soutenu que les pouvoirs quasi judiciaires
 des commissaires11, comme celui de punir les outrages, requièrent, du point
 de vue de la loi, quils soient indépendants du gouvernement12. Le professeur Thomas
 a, pour sa part, soutenu que le processus détablissement des budgets des
 hauts fonctionnaires du Parlement devait refléter la primauté de leurs
 relations avec le Parlement. Il a averti que les commissariats ne devaient
 pas être à labri de la conjoncture économique gouvernementale, mais, au
 contraire, être tenus responsables « de la gestion économe, de lefficience
 et de lefficacité de leurs dépenses »
13. 
 
Modes de financement 
 
Soucieux de concevoir un nouveau processus détablissement du budget qui
 soit plus indépendant du gouvernement, le Comité a étudié diverses propositions
 soumises par les témoins. Le commissaire à linformation a préconisé un
 processus parlementaire simple et transparent semblable à celui du commissaire
 à léthique. Il a proposé que les budgets des hauts fonctionnaires du Parlement
 soient étudiés par les présidents de la Chambre des communes et du Sénat.
 Ceux-ci les transmettraient au président du Conseil du Trésor, pour quils
 soient déposés avec les prévisions budgétaires du gouvernement pour lexercice
 visé. De cette façon, les budgets ne seraient pas soumis à lautorisation
 du Secrétariat du Conseil du Trésor, ni à lapprobation du Conseil du Trésor. 
 
Les fonctionnaires du Secrétariat du Conseil du Trésor craignent cependant
 que ce modèle ne fasse pas suffisamment intervenir le gouvernement (point
 pertinent, compte tenu de la responsabilité du gouvernement à légard de
 la saine gestion des ressources publiques). Selon eux, il serait difficile
 dappliquer un processus aussi simple aux hauts fonctionnaires qui disposent
 dun vaste mandat et dun budget important, comme le commissaire à la protection
 de la vie privée et le vérificateur général. Les fonctionnaires du Secrétariat
 du Conseil du Trésor ont donc proposé une version modifiée du modèle employé
 pour le commissaire à léthique, selon lequel les propositions budgétaires
 des hauts fonctionnaires du Parlement devraient franchir lengrenage administratif
 du Parlement (plus précisément, les mécanismes dexamen de régie interne
 de la Chambre des communes et du Sénat). Ce modèle prévoit aussi la participation
 des comités parlementaires compétents et du Secrétariat du Conseil du Trésor14.
 Une autre option consisterait à combiner les budgets des hauts fonctionnaires
 du Parlement dans une plus grande enveloppe parlementaire, un peu comme
 le font la Chambre des communes, le Sénat et la Bibliothèque du Parlement.  
 
La vérificatrice générale, qui réclame depuis longtemps un processus de
 rechange pour létablissement de son budget, a été en mesure de proposer
 au Comité plusieurs modèles de financement, dont un qui sinspire du National
 Audit Office du Royaume-Uni. Dans ce pays, une commission créée par une
 loi et formée de représentants de tous les partis examine les propositions
 budgétaires du National Audit Office et présente au Parlement un rapport
 contenant les modifications quelle juge indiquées. La commission des comptes
 publics est formée du président du comité des comptes publics, du leader
 à la Chambre des communes et de sept autres députés nommés par la Chambre.
 Ces députés ne peuvent pas être des ministres. Les membres de la commission
 demeurent en poste jusquà ce quils décident de ne plus se présenter aux
 élections, quils soient défaits à une élection ou quils soient remplacés
 par un autre député. La commission se réunit habituellement deux fois par
 année et doit obligatoirement consulter le comité des comptes publics et
 le Trésor (léquivalent du ministère des Finances canadien15).   
Certaines variantes du modèle britannique ont aussi été proposées au Comité.
 Par exemple, on a suggéré de créer un comité parlementaire spécial composé
 de députés et de sénateurs de tous les partis. On a aussi suggéré de renvoyer
 les propositions budgétaires des hauts fonctionnaires du Parlement à un
 ou à plusieurs comités parlementaires, qui les examineraient et présenteraient
 leurs conclusions au Conseil du Trésor. Les propositions budgétaires seraient
 ensuite déposées au Parlement dans le cadre du processus budgétaire gouvernemental.
 Pour sa part, la commissaire aux langues officielles favorise clairement
 lexamen de son budget par les comités des langues officielles de la Chambre
 des communes et du Sénat16.  
 
La vérificatrice générale a proposé un autre modèle prévoyant létablissement
 dun groupe dexperts chargé dexaminer et de critiquer les propositions
 budgétaires des hauts fonctionnaires du Parlement. Le groupe dexperts
 ferait rapport sur le montant et la nature du budget de chaque fonctionnaire
 aux présidents de la Chambre et du Sénat ainsi quau président du Conseil
 du Trésor. Les rapports seraient ensuite déposés au Parlement dans le cadre
 du processus budgétaire. Comme pour le modèle employé pour le commissaire
 à léthique, les propositions budgétaires ne seraient pas sujettes à lautorisation
 finale du Secrétariat du Conseil du Trésor ni à lapprobation du Conseil
 du Trésor. 
 
Enfin, le Comité a entendu parler dune formule de financement pluriannuelle.
 Plus précisément, le professeur Forcese a préconisé une formule de financement
 viable à long terme, qui prévoit laugmentation du financement sur une
 période fixe (comme cinq ans), en fonction dun point de repère objectif.
 Les augmentations annuelles pourraient être déterminées en fonction de
 critères objectifs spécifiques aux fonctions de chaque haut fonctionnaire
 du Parlement (par exemple, le nombre de plaintes reçues par le commissaire
 à linformation). Advenant que la formule soit inscrite dans une loi, les
 critères de financement pourraient également y être précisés. 
 
La principale lacune de cette formule de financement pluriannuelle a toutefois
 été signalée au Comité par le professeur Thomas, qui a fait remarquer que
 le choix du point de repère le plus approprié pour un tel modèle serait
 nécessairement controversé et artificiel. Lintervention dun organisme
 (le Parlement, un groupe dexperts ou lexécutif) serait quand même nécessaire
 pour établir le niveau initial de financement. Par la suite, un mécanisme
 arbitraire, mais automatique, fixerait le montant des hausses budgétaires. 
 
Recommandations 
 
Tous les membres du Comité ont convenu que le Parlement devait intervenir
 davantage dans létablissement des budgets et que les décisions relatives
 à lallocation des ressources devaient reposer sur lanalyse objective
 dexperts. Le Comité a aussi convenu que le processus devait intégrer les
 éléments du processus détablissement et dapprobation des budgets employé
 dans lensemble du gouvernement, qui garantissent la reddition de comptes
 en matière de dépenses publiques. Étant donné lexpertise que possède déjà
 le Secrétariat du Conseil du Trésor dans lexamen critique, lanalyse et
 la formulation de recommandations relativement aux budgets des hauts fonctionnaires
 du Parlement, le Comité estime quil devrait maintenir ce rôle dans le
 nouveau mécanisme de financement qui sera adopté. Par ailleurs, le Comité
 a reconnu que comme son étude sest déroulée en même temps que des consultations
 entre le Secrétariat du Conseil du Trésor et les hauts fonctionnaires du
 Parlement, certains détails du nouveau mode de financement ne pouvaient
 pas être précisés pour linstant17.  
 
Le Comité a donc recommandé que le mécanisme détablissement des budgets
 de tous les hauts fonctionnaires du Parlement18 prenne la forme dun organisme
 parlementaire permanent. Comme dans le modèle britannique, cet organisme
 serait composé de députés et de sénateurs de tous les partis et comprendrait
 un nombre égal de représentants du gouvernement et de lopposition. Afin
 de permettre la participation du Sénat à létablissement des budgets des
 hauts fonctionnaires qui relèvent des deux chambres du Parlement, les deux
 présidents pourraient être membres doffice de lorganisme.  
 
Les propositions budgétaires annuelles des hauts fonctionnaires du Parlement
 seraient soumises directement à lorganisme parlementaire. Elles saccompagneraient
 dun mémoire du Secrétariat du Conseil du Trésor établissant les paramètres
 de chaque budget et fournissant une analyse, des critiques et des recommandations
 relatives à la faisabilité des propositions budgétaires. Bien que le Comité
 ait rejeté lidée de former un groupe dexperts ou de recourir à des comités
 parlementaires existants pour établir les budgets des hauts fonctionnaires
 du Parlement, il a toutefois incorporé lessence de ces suggestions en
 recommandant que lorganisme parlementaire soit appuyé par les comités
 parlementaires compétents et des experts possédant des connaissances approfondies
 dans les sphères de fonctionnement des hauts fonctionnaires. Les recommandations
 du nouvel organisme parlementaire seraient ensuite soumises à la Chambre
 ou au Sénat, ou au deux, puis transmises au Conseil du Trésor en vue de
 leur dépôt dans le cadre du processus budgétaire gouvernemental. 
 
Pour éviter que la mise en uvre de sa recommandation ne suscite des résistances,
 le Comité a recommandé la tenue dun projet pilote pour les exercices 2006-2007
 et 2007-2008. Pour les besoins de ce projet, le Bureau de régie interne
 de la Chambre des communes jouerait le rôle dorganisme parlementaire chargé
 détablir les budgets des hauts fonctionnaires qui relèvent de la Chambre
  les commissaires à linformation, à la protection de la vie privée et
 à léthique , qui seraient les premiers à participer au projet pilote. Cette
 démarche fournirait également des indications sur la meilleure façon de
 procéder pour mettre en place un mécanisme pouvant être appliqué par voie
 législative à tous les hauts fonctionnaires du Parlement. À cette fin,
 le Comité a recommandé de soumettre le projet pilote à un examen parlementaire
 immédiatement après quil sera terminé. 
 
Réactions 
 
Le Comité a présenté son rapport pendant que le Secrétariat du Conseil
 du Trésor consultait les hauts fonctionnaires du Parlement. Daprès ce
 qua laissé entendre le président du Conseil du Trésor, Reg Alcock, lors
 de son passage devant le Comité sénatorial des finances, lélaboration
 du projet pilote est toujours en cours. 
 
Lorsquelle a témoigné devant le Comité au sujet de ses prévisions budgétaires
 pour 2005-2006, la commissaire à la protection de la vie privée, Jennifer
 Stoddart, a félicité le Comité de son rapport et sest dite disposée à
 travailler avec lui à létablissement dun nouveau mécanisme de financement19.  
 
En juin 2005, le Comité sest entretenu avec le commissaire à linformation,
 John Reid, au sujet de son rapport annuel pour lexercice se terminant le
 31 mars 2005 20. À cette occasion, le commissaire adjoint, Alan Leadbeater,
 a indiqué que le commissaire à linformation appuyait fermement le rapport
 du Comité, qui recommande dassujettir les hauts fonctionnaires à des examens
 rigoureux qui soient indépendants du gouvernement de lheure. Il a laissé
 entendre que le Secrétariat du Conseil du Trésor envisageait un projet
 pilote qui serait compatible avec les recommandations du Comité, mais qui
 pourrait viser tous les hauts fonctionnaires du Parlement.  
 
Notes 
 
1. Chambre des communes, Comité permanent de laccès à linformation, séance
 no 3, 3 novembre 2004.  
 
2. Id., séance no 
4, 17 novembre 2004.  
 
3. Un nouveau mécanisme de financement pour les hauts fonctionnaires du
 Parlement, mai 2005. 
 
4. Lancien commissaire à la vie privée, George Radwanski, a démissionné
 en juin 2003 pendant une enquête sur sa gestion des finances et des ressources
 humaines. 
 
5. Étude relative au Bureau du commissaire à la vie privée, juin 2003.
 
 
6. Voir son septième rapport, daté de février 2005. 
 
7. Comité sénatorial permanent des finances nationales, Troisième rapport
 intérimaire sur le Budget principal des dépenses 2005-2006 : Hauts fonctionnaires
 du Parlement, mai 2005. 
 
8. Il importe de noter, toutefois, que le processus de nomination nest
 pas identique pour tous les hauts fonctionnaires du Parlement, malgré une
 recommandation formulée en 2001 par le Comité spécial sur la modernisation
 et lamélioration de la procédure à la Chambre des communes visant à uniformiser
 les processus de nomination. 
 
9. Ni le commissaire à léthique, ni le directeur général des élections
 ne se sont dits préoccupés par la possibilité dun conflit dintérêts.
 
 
10. Chambre des communes, Comité permanent de laccès à linformation,
 séance no 
13, 24 février 2005.  
 
11. Tous les hauts fonctionnaires du Parlement visés par létude du Comité,
 sauf le directeur général des élections. 
 
12. Chambre des communes, Comité permanent de laccès à linformation,
 séance no 
14, 8 mars 2005.  
 
13. Paul G. Thomas, Notes for Submission to House of Commons Standing
 Committee on Access to Information, Privacy and Ethics on the Topic of
 Funding Mechanism for Officers of Parliament, 5 mars 2005, page 1. 
 
14. Certaines provinces ont recours à un processus similaire. 
 
15. Lune des principales réserves suscitées par le modèle britannique
 découle du fait que le financement du contrôleur et vérificateur général
 du Royaume-Uni provient directement du budget présenté devant la Chambre
 des communes par la commission. Au Canada, cependant, le cadre constitutionnel
 veut que ce soit la Couronne qui prenne linitiative des dépenses et que
 le rôle du Parlement se limite à approuver, à rejeter ou à réduire les
 dépenses proposées. Par conséquent, il faudrait modifier le modèle britannique
 en exigeant, par exemple, que les prévisions budgétaires soient présentées
 au Conseil du Trésor en vue dêtre déposées dans le cadre du processus
 budgétaire gouvernemental. 
 
16. Chambre des communes, Comité permanent de laccès à linformation,
 séance no 
11, 15 février 2005.  
 
17. Par exemple, le Comité préférait consulter le Sénat avant de définir
 le rôle de ce dernier au sein du nouvel organisme chargé détablir les
 budgets, surtout que le Comité sénatorial des finances navait pas encore
 présenté son rapport sur les hauts fonctionnaires du Parlement. 
 
18. Les commissaires à linformation, à la protection de la vie privée,
 à léthique et aux langues officielles, le vérificateur général et le directeur
 général des élections. 
 
19. Chambre des communes, Comité permanent de laccès à linformation,
 séance no 
26, 31 mai 2005.  
 
20. Id., séance no 
32, 21 juin 2005.   |