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Jim Nielsen
L'élection des députés n'est pas une fin en soi. Les personnes choisies
d'une manière ou d'une autre peuvent se rassembler et exprimer leur opinion
à des moments particuliers, mais le but de l'élection est de permettre
la formation d'un gouvernement à même le groupe de députés qui ont reçu
l'appui des électeurs.
Les débats au sein d'une assemblée législative peuvent être divertissants,
éclairants et importants, mais, à moins que quelqu'un ne soit à l'écoute
et n'ait le pouvoir de donner suite aux discussions et décisions, la présence
des députés n'a guère d'utilité.
Il faut donc créer un gouvernement formé de députés élus. Le choix d'un
gouvernement se fait le plus facilement lorsqu'un parti dispose d'une majorité
de sièges à la Chambre et qu'on lui demande de former ce gouvernement,
après quoi il est aux leviers de commande pour diriger les affaires publiques.
La représentation proportionnelle tend à favoriser la mise en place de
gouvernements minoritaires, et l'histoire donne à penser que la plupart
des citoyens ne veulent pas de ce type de gouvernements. En Colombie-Britannique,
où des campagnes électorales sont menées par des partis politiques depuis
1903, il n'y a eu que trois gouvernements minoritaires issus d'élections
générales : en 1924, en 1941 et en 1952. Si les électeurs de la province
avaient préféré des gouvernements minoritaires, le résultat des élections
aurait fait écho à ce point de vue. Sur les 28 gouvernements élus depuis
1902, 25 ont été majoritaires.
Les gouvernements de coalition laissent beaucoup à désirer. Trop souvent,
un groupe restreint d'élus peut détenir la balance du pouvoir et l'utiliser
pour concrétiser des objectifs jugés importants ou urgents par un petit
groupe de personnes, mais qui ne sont pas toujours au mieux des intérêts
du grand public.
Depuis 1903, environ 800 personnes ont réussi à se faire élire à l'Assemblée
législative de la Colombie-Britannique. Lorsqu'on examine le dossier des
candidats victorieux, on constate que la plupart avaient des états de service
au sein de la collectivité, dans des postes élus ou non. Au sein des partis
politiques établis de longue date, les candidats retenus doivent habituellement
avoir franchi les étapes d'un processus rigoureux débutant par le recrutement
de partisans au sein de l'organisation de circonscription; l'assemblée
de mise en candidature vient ensuite, puis l'élection elle-même. Souvent,
le processus exige un engagement de quelques années avant l'élection. Les
résidants de la province qui veulent briguer les suffrages se soumettent
alors à un examen rigoureux de la part de leurs pairs, des médias et, en
fin de compte, des électeurs. La plupart du temps, seuls ceux qui désirent
travailler pour tous les électeurs de la circonscription sont victorieux.
En effet, le processus permet d'éliminer rapidement ceux qui veulent faire
une bonne blague ou qui décident de participer sur un coup de tête. Quoique
faillible, le système est efficace pour déterminer la sincérité et l'engagement
des candidats.
Dans une société démocratique, il importe d'éviter aussi bien la tyrannie
de la majorité que celle de la minorité. Les statistiques démographiques
donnent à la région du Grand Vancouver une majorité des sièges à l'Assemblée
législative provinciale. Le poids de cette population et son pouvoir devraient
se limiter à la région métropolitaine de Vancouver. La préférence résiduelle
des électeurs ne devrait pas avoir d'incidence jusque dans les circonscriptions
périphériques d'une vaste région métropolitaine, où les résidents peuvent
très bien avoir un point de vue divergent.
Il importe que les résidants aient le sentiment d'appartenir à leur collectivité
et de contrôler les résultats de l'élection au sein de leur circonscription.
Le choix d'un représentant devrait relever des électeurs à l'intérieur
des limites de la circonscription. La Colombie-Britannique est composée
de petites et grandes collectivités, et les attitudes des gens varient
grandement en fonction de leur lieu de résidence. Le choix d'un représentant
ne doit pas être imposé de l'extérieur.
Il y a toujours des gens qui aiment à faire cavalier seul. Ce n'est pas
parce que ces attitudes extrêmes existent que nous devons accepter de les
intégrer dans notre système de gouvernement. Dans notre tradition, les
points de vue minoritaires et les attitudes extrêmes peuvent souvent s'exprimer
au sein des partis politiques établis. Ceux qui croient être les seuls
à détenir les bonnes réponses sont destinés à demeurer à l'écart et, essentiellement,
seuls.
Avec le temps, et pour une myriade de raisons, certaines administrations
ont opté pour des façons différentes de choisir leurs représentants. Leur
expérience est fonction de leurs besoins, mais non de ceux de la Colombie-Britannique.
Notre système nous rend de fiers services depuis plus d'un siècle. Ceux
qui ont participé à la vie politique de notre province pendant toutes ces
années n'étaient pas sans connaissances ni jugement.
Depuis 133 ans, les citoyens de la Colombie-Britannique envoient le candidat
qui bénéficie du meilleur appui au sein de leur circonscription les représenter
à Victoria.
Le système est issu de notre régime fédéral d'élection des députés et,
auparavant, de la méthode traditionnelle utilisée à cet égard au Royaume-Uni.
Au cours des siècles, de nombreux esprits se sont penchés sur le processus
et, bien qu'une multitude de modifications aient été apportées aux détails
des lois électorales, le concept d'un candidat victorieux choisi par la
population d'un secteur géographique donné est demeuré inchangé.
Serait-ce une amélioration que d'exiger une majorité des votes exprimés
dans une circonscription pour déclarer un candidat élu? En 1952 et 1953,
nous avons fait l'expérience d'un tel régime avec le mode de scrutin préférentiel,
et il a été rejeté.
Afin de préserver la confiance dans notre système et notre gouvernement,
la population de la province doit souscrire aux résultats des élections.
Il y en aura toujours pour souhaiter que les guerres politiques se poursuivent
en dehors des périodes électorales, et c'est leur droit. Mais il importe
que les citoyens de la Colombie-Britannique, les investisseurs éventuels
dans notre province et ceux avec qui elle fait affaire, y compris la fonction
publique, bénéficient d'une période de stabilité et de prévisibilité. Lorsqu'une
campagne électorale est terminée, elle devrait l'être pour de bon et le
gouvernement choisi devrait pouvoir se mettre à l'uvre.
Pour les raisons qui précèdent, je soutiens l'actuel système majoritaire
uninominal et je m'oppose à tout changement en faveur de la représentation
proportionnelle.
Jim Nielsen a siégé pendant 11 ans comme député de Richmond à l'Assemblée
législative de la Colombie-Britannique, où il a été ministre de l'Environnement,
ministre de la Consommation et des Affaires commerciales, ministre de la
Santé et ministre des Services sociaux. En tant que journaliste et membre
du Peachland Council, il a pris la parole devant l'Assemblée de citoyens
de la Colombie-Britannique lors des audiences régionales qu'elle a tenues
à Kelowna le 24 juin 2004, puis a été l'une des neuf personnes retenues
pour revenir présenter un exposé à l'ensemble des délégués. Le présent
article est une version légèrement révisée de son allocution du 11 septembre
2004 devant l'Assemblée.
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