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 Brian Glicksman
 
 
 
La Loi fédérale sur la responsabilité a créé le poste d« administrateur
 des comptes » à la suite des recommandations issues du rapport Gomery et
 dautres études récentes. En mars 2007, le Comité des comptes publics a
 adopté un protocole à lintention des administrateurs des comptes, qui
 a été approuvé par une majorité de députés de la Chambre des communes en
 mai. La notion dadministrateur des comptes a été empruntée du Royaume-Uni.
 Le présent article explique brièvement comment cette notion est appliquée
 dans ce pays. 
 
Jai passé presque six ans comme directeur au Trésor du Royaume-Uni et
 javais le titre de « Treasury Officer of Accounts » (agent des comptes
 du Trésor), un titre ancien dont lorigine remonte au milieu du XIXe siècle.
 Il établit un lien avec lépoque du premier ministre britannique William
 Gladstone, qui a profondément réformé nos comptes publics à lère victorienne.
 Avant de décrire le travail de ladministrateur des comptes contemporain,
 je crois quil vaut la peine de mentionner que cette réforme était le résultat
 dune collaboration du Parlement et du Trésor de lépoque.  
 
Un comité mixte du Parlement et du Trésor a mis au point les nouvelles
 dispositions comptables, qui ont été légalement avalisées par lExchequer
 and Audit Act de 1866. Le comité mixte a été appelé Comité des comptes
 publics qui, jusquà ce jour, conserve dans ses rangs un ministre du Trésor,
 le secrétaire aux Finances, comme membre doffice. Je crois que le Comité
 est le seul de tous les comités restreints du Parlement britannique à avoir
 un ministre comme membre. Normalement, les membres des comités sont choisis
 exclusivement parmi les députés darrière-ban. La présence dun ministre
 du Trésor au Comité des comptes publics souligne la communauté dintérêt
 entre celui-ci et le Trésor à la poursuite dune bonne gestion financière
  et la mise à jour des cas de gestion fautive. 
 
De nos jours, la convention veut que le secrétaire aux Finances ne participe
 quune seule fois aux délibérations du Comité  immédiatement après sa
 nomination, et encore seulement pendant un petit quart dheure, laissant
 le Comité des comptes publics mener ses affaires comme tous les autres.
 Cependant, lagent des comptes du Trésor siège avec le Comité à toutes
 ses réunions et, à loccasion, lors de séances à huis clos, afin de laider
 dans ses délibérations, le cas échéant. 
 
Cette petite digression sur les rapports entre le Trésor et le Comité des
 comptes publics sert à préciser que le processus de reddition de comptes
 est inextricablement lié à lamélioration de la gestion financière. Inévitablement,
 les relations entre le Parlement et lExécutif deviennent parfois un peu
 tendues, mais tant nous-mêmes que le Comité cherchons néanmoins à faire
 en sorte que le travail des membres soit positif. 
 
Le système britannique des administrateurs des comptes 
 
Le concept dadministrateur des comptes vient dêtre introduit au Canada
 après pas mal de discussions. On ma demandé de vous parler du système
 britannique des agents des comptes, de leur rôle et de leur relation avec
 le Parlement. Comme je connais très peu la situation au Canada, je vais
 donc me limiter à décrire le mécanisme que nous avons au Royaume-Uni. Je
 vous laisse le soin de juger des similitudes avec le système canadien.
 Je dirai seulement quil serait manifestement dangereux de supposer que,
 parce que le titre du poste est le même, tout le reste doit être identique
 aussi. À lévidence, beaucoup dépendra du contexte dans lequel travaillent
 les administrateurs des comptes et des pouvoirs quils exercent. Il pourrait
 bien exister des différences considérables à cet égard entre nos deux pays.
 En outre, puisque je suis maintenant à la retraite, je présente mes observations
 à titre personnel. Je ne mexprime plus à titre de représentant du gouvernement
 britannique. 
 
Contrôles parlementaires 
 
Au fil des siècles, le Parlement a conquis de nombreux droits face à lexécutif.
 Je nen mentionnerai que quelques-uns qui sont en rapport avec la fonction
 dagent des comptes. 
 
Premièrement, le gouvernement a besoin de laval du Parlement pour lever
 des impôts et il a besoin de laval du Parlement pour effectuer des dépenses.
 Sur le plan des dépenses, le volet qui nous occupe aujourdhui, le Trésor
 soit présenter un budget des dépenses chaque année au Parlement, budget
 qui indique de combien chaque ministère a besoin pour lannée et, en gros,
 pour faire quoi. Le Parlement alloue alors les crédits budgétaires au gouvernement.
 Si un ministère a besoin de plus pour lannée, le Trésor doit soumettre
 à laval du Parlement un budget des dépenses révisé. 
 
Le contrôleur et vérificateur général du Royaume-Uni (C&VG), mandataire
 du Parlement, doit autoriser loctroi de fonds au gouvernement dans le
 courant de lexercice et veiller à ce que ces octrois soient conformes
 aux crédits votés. Cest là la fonction de « contrôleur ». 
 
À la fin de lexercice, chaque ministère doit dresser une comptabilité
 qui compare les dépenses effectuées aux prévisions budgétaires, selon un
 format convenu avec le Parlement. Ces comptes sont vérifiés par le C&VG.
 Cest là sa fonction de « vérificateur général » et il présente les comptes
 au Parlement avec son rapport. Le Comité des comptes publics les analyse
 au nom du Parlement. 
 
À cela sajoute quantité dautres exigences. Par exemple, le gouvernement
 a également convenu, dans ce que lon appelle le « Concordat de 1932 », de
 ne pas dépenser de fonds pour de nouveaux services, au-dessus de certains
 seuils, sans une loi expresse ly autorisant, et ce même si le Parlement
 a alloué au ministère des crédits suffisants dans son budget. Les ministères
 qui se soustraient à ces exigences et à dautres risquent quun rapport
 défavorable du C&VG soit déposé au Parlement. 
 
Au fil des ans, les pouvoirs du C&VG ont été graduellement accrus, et il
 possède en particulier aujourdhui la faculté généralisée de faire rapport
 au Parlement sur tout aspect de lutilisation par un ministère de ses ressources.
 Ces rapports sont qualifiés de « rapports sur loptimisation des ressources »
 et le personnel du C&VG dans le National Audit Office (NAO) en produit
 60 ou 70 par an. Ces rapports représentent lessentiel du programme de
 travail annuel du Comité des comptes publics, plutôt que les rapports sur
 les comptes. 
 
Tout cela sert à démontrer deux évidences très simples. Premièrement, le
 Parlement a un intérêt réel et légitime dans toutes les dépenses du gouvernement.
 Deuxièmement, les ministères sont des organisations vastes et complexes
 qui ont besoin inévitablement de mécanismes internes pour assurer le respect
 de ces diverses obligations. Quelquun doit exercer la responsabilité de
 veiller à ce que ces systèmes soient en place et fonctionnent correctement.
 Et cest là où interviennent nos agents des comptes. 
 
Lagent des comptes 
 
Au Royaume-Uni, le concept dagent des comptes a été consacré dans lExchequer
 and Audit Act de 1866. Cette loi impose au Trésor de désigner des agents
 des comptes. Cependant, leur rôle légal aux termes de la Loi était très
 limité. La Loi exigeait simplement que ladministrateur des comptes dresse
 les comptes et les soumette au C&VG pour vérification. En 2000, nous avons
 remplacé cette partie de la loi de 1866, mais nous avons laissé inchangées
 les responsabilités légales limitées des agents des comptes. 
 
Cependant, sur cette assise très rudimentaire, nous avons peu à peu, au
 fil de 140 années, construit un édifice plutôt substantiel, en confiant
 aux administrateurs des comptes dimportantes responsabilités non législatives
 auxquelles nous, le Trésor, et auxquelles le Parlement, par lintermédiaire
 du Comité des comptes publics, attachons une grande importance. Ces responsabilités
 sont énoncées dans un document du Trésor appelé Accounting Officer Memorandum.
 Il est une partie dun document beaucoup plus volumineux du Trésor, intitulé
 Government Accounting, qui codifie les règles et les conventions applicables
 à la gestion des ressources dans les ministères. 
 
Quels sont les principaux éléments de lAccounting Officer Memorandum?
 Eh bien, premièrement, dès les premiers jours  depuis 1872, précisément
  le Trésor a voulu désigner comme administrateur des comptes le fonctionnaire
 de plus haut rang dans un ministère, que nous appelons habituellement un
 secrétaire permanent (léquivalent du sous-ministre au Canada). Cela a
 été invariablement le cas depuis 1920. Cela reconnaît le fait que le secrétaire
 permanent, en tant que chef permanent du ministère, est la personne possédant
 lautorité pour assurer que tous les systèmes soient en place et fonctionnels
 pour dresser une bonne comptabilité. 
 
Deuxièmement, étant donné que ladministrateur des comptes se trouve être,
 dans la pratique, le chef du ministère, nous avons pu adjoindre à ce rôle
 dautres responsabilités. En particulier, il possède la responsabilité
 dassurer que le ministère utilise ses ressources conformément aux exigences
 de la régularité et de lintégrité, ainsi que de léconomie, de lefficience
 et de lefficacité  les trois « e » que nous désignons collectivement par
 « optimisation des ressources ». 
 
Pour en revenir à lexpression « régularité et intégrité », par « régularité »
 nous entendons que largent est dépensé conformément aux règles, cest-à-dire
 uniquement pour les choses pour lesquelles le ministère a pouvoir de dépenser.
 « Intégrité » est le terme que nous utilisons pour désigner des dépenses
 conformes aux normes que le Parlement et le public escomptent. Ces normes
 peuvent changer au fil du temps et requièrent un certain discernement.
 En réalité, il nest pas besoin dun mémorandum du Trésor pour spécifier
 que le chef dun ministère doit assurer la conformité à la régularité,
 à lintégrité et à loptimisation des ressources. Ce sont là les responsabilités
 fondamentales du chef de toute organisation. Cependant, en les joignant
 au rôle dadministrateur des comptes et en les énonçant dans lAccounting
 Officer Memorandum, nous les plaçons en exergue. Nous imposons au ministère
 la charge de leur prêter attention, alors même que ses priorités au jour
 le jour se situent ailleurs. 
 
Le mémorandum consacre beaucoup de place au rôle de ladministrateur des
 comptes à titre de gardien des fonds publics. Je ne passerai pas tout en
 revue ici, mais, en substance, ce rôle oblige ladministrateur des comptes
 à mettre en place une bonne direction des finances et à exercer une bonne
 gestion financière dans tout le ministère. Il exige un examen attentif
 des aspects financiers au moment de conseiller des orientations et impose
 au ministre de donner des instructions écrites à ladministrateur des comptes
 dans certaines circonstances. 
 
Les administrateurs des comptes considèrent que lexistence de ce mémorandum
 du Trésor, qui énonce leurs responsabilités, renforce leur position au
 sein du ministère et donc contribue à une bonne gestion financière. 
 
Relations avec les ministres 
 
Curieusement, il ny a pas de débat au Royaume-Uni sur la relation entre
 les administrateurs des comptes et les ministres. Cest sans doute dû au
 fait que le système est en place depuis si longtemps que tout le monde
 sy est habitué  mais il semble bien quil ait été un sujet de controverse
 dans les premières années de notre système. Cest manifestement un aspect
 qui mérite discussion. 
 
Au Royaume-Uni, comme ici, les ministres sont responsables de leur ministère
 et comptables envers le Parlement des actes de leur ministère. Un député
 peut exprimer des objections aux actes dun ministère à la Chambre des
 communes et sattendre à ce que le ministre concerné réponde. Nous avons
 veillé, dans notre Accounting Officer Memorandum, à ne pas entamer cette
 responsabilité. Le mémorandum dit expressément que lagent  comptable est
 responsable « sous le ministre », et non en remplacement du ministre. 
 
Nous navons fait que stipuler explicitement dans le mémorandum que le
 chef dun ministère possède la responsabilité personnelle dassurer que
 le ministère est doté dune gestion financière correcte. Par conséquent,
 le ministre na pas besoin de donner des instructions explicites au chef
 du ministère à cet effet. Les instructions sont là dans un mémorandum permanent
 du Trésor. 
 
Je pense pouvoir dire que cela est considéré comme une façon parfaitement
 naturelle de fonctionner, sans que cela nenlève rien à lautorité du ministre.
 Le chef du ministère assume, de la même façon, la responsabilité dautres
 aspects du fonctionnement du ministère, comme le recrutement, les sanctions
 disciplinaires et la gestion du rendement, sans attendre à en recevoir
 linstruction. De fait, je pense que les ministres seraient surpris si
 quelquun leur disait quils doivent donner instruction à leur secrétaire
 permanent dassumer la responsabilité de la gestion de leur ministère. 
 
Bien entendu, cela nempêche pas un ministre qui sintéresse à la gestion
 financière ou sen soucie dexaminer ou de chercher à modifier les systèmes
 ministériels  car le ministre reste le responsable ultime. Mais, en dessous
 du ministre, ladministrateur des comptes a une responsabilité personnelle
 et si les deux sont en désaccord sur ce quil convient de faire, le mémorandum
 établit une procédure claire de règlement du différend. 
 
Le mémorandum implique quun ministre sache que ladministrateur des comptes
 doit veiller à ce que le ministère se conforme aux exigences de la régularité,
 de lintégrité et de loptimisation des ressources. Les ministres savent
 aussi quils peuvent escompter que ladministrateur des comptes les conseille
 sur tout problème pouvant surgir. Ils nont pas besoin de demander de tels
 avis, ces derniers doivent être donnés automatiquement. Que se passe-t-il
 donc si le ministre est en désaccord avec les avis quil reçoit? 
 
Le mémorandum énonce précisément ce qui se passe dans un tel cas. En substance,
 le point de vue du ministre lemporte, mais le ministre est tenu de donner
 une instruction écrite à ladministrateur des comptes. Le Trésor et le
 C&VG doivent être informés. Si laffaire est portée devant le Comité des
 comptes publics, ce dernier admettra alors que ladministrateur des comptes
 ne porte aucune responsabilité personnelle de cette décision. 
 
En moyenne, ces instructions écrites, que nous tendons à appeler des «
 directives », surviennent peut-être une ou deux fois par an. Certaines
 peuvent être considérées comme de pure forme. Parfois, la directive peut
 se rapporter à un sujet faisant déjà lobjet dun débat public. Cependant,
 je ne connais aucun cas où la directive soit devenue un problème politique
 propre  ce qui ne signifie pas quil nen sera jamais ainsi. 
 
Il est peut-être bon de signaler que lexigence dune directive touchant
 loptimisation des ressources na été introduite quaprès ce que lon a
 appelé « laffaire du barrage de Pergau » dans les années 80. Auparavant,
 des directives nétaient requises quen rapport avec la régularité ou lintégrité.
 Ces dernières ont été introduites en 1883 et lobligation dinformer le
 Trésor et le C&VG est intervenue en 1920. Les décisions doptimisation
 des ressources comportent un élément dappréciation et il nest pas surprenant
 que, de temps à autre, un ministre tire une conclusion différente de celle
 de ladministrateur des comptes, une fois tous les arguments pesés.  
Relations avec le Parlement 
 
Le Comité des comptes publics du Royaume-Uni, et je soupçonne quil en
 va de même ici, a pour tâche principale dexaminer, au nom du Parlement,
 la manière dont les ministères ont dépensé largent alloué par le celui-ci.
 Je suppose que, jadis, il épluchait pour cela les comptes ministériels
 et tenait des audiences à leur sujet. Mais, de nos jours, le Comité consacre
 relativement peu de réunions aux comptes. Sur la soixantaine de séances
 que le Comité tient chaque année, lécrasante majorité  peut-être jusquà
 90 p. 100  portent sur des rapports doptimisation des ressources rédigés
 par le personnel du C&VG au National Audit Office. 
 
Le Comité ne consacre généralement quune seule séance à chaque rapport
 et invite ladministrateur des comptes à venir témoigner au sujet des points
 soulevés dans le rapport. De nos jours, il autorise ladministrateur des
 comptes à venir accompagné de collaborateurs connaissant particulièrement
 les dossiers. Néanmoins, ladministrateur des comptes est censé maîtriser
 les dossiers et répondre à la plupart des questions. 
 
Le Comité aura été breffé par le NAO et le ministère aura préparé à fond
 ladministrateur des comptes à traiter des éléments du rapport. Les administrateurs
 des comptes savent que si le rapport du NAO est défavorable, ils peuvent
 sattendre à passer un rude quart dheure lors de laudience. Le Comité
 ne mâche pas ses mots. 
 
Par convention, le Comité est toujours présidé par un député en vue de
 lopposition, souvent un ancien ministre. Cependant, il cherche toujours
 à agir de manière non partisane. Il ne conteste pas la politique gouvernementale
 et il ne cite pas à témoigner les ministres. Il limite son examen à la
 manière dont les ministères ont dépensé leurs fonds. Cependant, comme vous
 pouvez limaginer, il existe une vaste zone grise où se chevauchent la
 politique et lutilisation des ressources. 
 
Étant donné la manière dont les administrateurs des comptes doivent justifier
 leurs actes au Comité des comptes publics, on a pris coutume de dire quils
 sont « responsables » envers le Comité. De nos jours, nous lacceptons sans
 sourciller, mais, dans les années 1920, le Trésor sest senti obligé dexpliquer
 comment cette responsabilité était compatible avec la responsabilité envers
 les ministres. Le Comité peut faire passer un mauvais quart dheure à ladministrateur
 des comptes, il peut publier un rapport hautement défavorable, il peut
 nuire à la réputation dun administrateur des comptes. Mais il ne peut,
 en fin de compte, ni le congédier ni le sanctionner. Cela ne peut être
 le fait que du ministre ou du chef de la fonction publique. Cependant,
 les administrateurs des comptes sont responsables devant le Comité si lon
 définit ce terme au sens étroit dêtre obligé de rendre compte au Comité
 de la façon dont leur ministère a utilisé ses ressources. 
 
Relations avec le Trésor 
 
Le Trésor désigne les administrateurs des comptes mais cela est principalement
 une formalité une fois quun nouveau chef est nommé à la tête dun ministère.
 Le Trésor guide les administrateurs des comptes, les principaux documents
 pour ce faire étant le mémorandum de ladministrateur des comptes, notre
 manuel dutilisation des fonds publics intitulé Government Accounting et,
 à loccasion, des instructions ponctuelles sous forme de lettres adressées
 au « Cher administrateur des comptes ». Il fournit aussi des consignes plus
 spécifiques, par exemple sur la vérification interne et la gestion du risque,
 ainsi que des conseils sur la comparution devant le Comité des comptes
 publics. 
 
Bien entendu, lon ne sattend pas à ce que les administrateurs des comptes
 connaissent par cur, ou même lisent, toutes ces consignes, mais nous nous
 attendons à ce quils aient une direction des finances qui les connaisse
 par cur.  Et lon sattend à ce que cette direction des finances exerce
 une autorité considérable au sein du ministère et ait le ferme soutien
 de ladministrateur des comptes  dans la pratique, quelle protège la
 charge dadministrateur des comptes. 
 
En outre, étant donné que lagent des comptes du Trésor assiste à toutes
 les audiences du Comité des comptes publics, je participais toujours à
 au moins une séance de breffage de ladministrateur des comptes avant laudience
 afin de me familiariser avec les enjeux. 
 
Enfin, une fois que le Comité des comptes publics publie son rapport sur
 une audience, le gouvernement répond au moyen dune « Minute du Trésor
 » qui, bien que rédigée par le ministère concerné, sera avalisée et présentée
 au Parlement par le Trésor. 
 
Quelques questions litigieuses relatives à ladministrateur des comptes 
 
Lun des problèmes qui survient assez régulièrement est le rôle dex-administrateurs
 des comptes qui ont pris leur retraite ou ont été mutés. Le gouvernement
 et le Comité conviennent que ladministrateur des comptes en place est
 tenu de répondre des actes du ministère, quil ait été ou non en poste
 au moment des faits. Le Comité nacceptera pas une réponse du genre « Je
 ne sais pas, car cétait avant mon arrivée ». 
 
Néanmoins, le Comité se réserve aussi le droit de rappeler des ex-administrateurs
 des comptes sil juge quils peuvent laider dans ses enquêtes. Les administrateurs
 des comptes naiment guère cela, mais, en fin de compte, le Comité possède
 le pouvoir de citer à comparaître qui il veut. Un modus vivendi a donc
 été trouvé sur la base de lassurance donnée par le Comité quil nuserait
 de ce pouvoir que dans des circonstances exceptionnelles. De fait, dans
 les quelques occasions où cela a été fait, tout le monde convenait que
 cétait la chose raisonnable à faire. 
 
Une deuxième question qui a fait lobjet de discussions est de savoir si
 nos mécanismes ont pour effet de renforcer laversion naturelle des fonctionnaires
 à légard du risque. Les gouvernements ont des programmes ambitieux et
 veulent encourager les solutions novatrices. Est-ce que notre système dadministrateurs
 des comptes, leur responsabilité personnelle devant le Comité des comptes
 publics, le mauvais quart dheure quils peuvent passer si leur ministère
 na pas des résultats parfaits, les volumineuses consignes du Trésor 
 est-ce que tout cela alimente une « culture du blâme » que les médias ne
 sont que trop heureux de propager et découragent la prise de risque et
 linnovation? 
 
La troisième question qui mérite peut-être dêtre mentionnée est laccent
 croissant placé au niveau ministériel sur ce que nous appelons « lexécution ».
 Il y a 20 ans, les ministres sintéressaient aux grandes orientations,
 tandis que les fonctionnaires donnaient des avis à leur sujet, puis mettaient
 en uvre les décisions du gouvernement. Tout ministre qui sintéressait
 à la mise en uvre était considéré comme plutôt excentrique. Aujourdhui,
 en revanche, le message est que lexécution des politiques au service des
 citoyens du pays est prioritaire. De plus en plus, les ministres sont censés
 se mêler de la mise en uvre des politiques. 
 
Jusqu’à présent, cela n’a pas eu d’effet sur les mécanismes que j’ai décrits, 
mais je me demande si cela ne pourrait pas avoir des conséquences 
ultérieurement. Par exemple, cela conduira-t-il à un plus grand recours aux 
directives? Est-ce que le Comité des comptes publics se croira obligé de poser 
des questions aux ministres sur certains projets et non plus aux seuls 
administrateurs des comptes? Ce sera intéressant à voir.
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